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Guadeloupe : le tourisme peut-il contribuer à désamorcer la crise ?

L’État face à ses responsabilités


Alors que le LKP d’Elie Domota entame de nouvelles mobilisations sociales contre la vie chère en Guadeloupe, des professionnels commentent les récentes déclarations d’Hervé Novelli sur l’état du tourisme dans l'île. Leur constat : il faut aider les Guadeloupéens à se construire un avenir touristique, donc économique.


Rédigé par Yves BARRAUD le Vendredi 8 Janvier 2010

Guadeloupe : le tourisme peut-il contribuer à désamorcer la crise ?
Le 17 décembre dernier, TourMaG.com interrogeait le Secrétaire d’État Hervé Novelli sur la situation du tourisme en Guadeloupe (1).

Ce dernier nous confirmait alors que « la saison hiver est très mauvaise ». Puis, plus loin : « La qualité n’est pas au rendez-vous : l’offre hôtelière a vieilli et s’est dégradée ».

Ce constat a fait réagir Michel-Yves Labbé de Directours : « Je ne pense pas que la qualité des installations aux Antilles françaises soit mauvaise. Elle est plutôt conforme avec un niveau correct pour des prestations 2 et 3 étoiles.

Autrefois, on s’y précipitait et on payait fort cher pour des hôtels de piètre qualité eu égard à leur classement (4 étoiles). Le rapport qualité/prix était moins satisfaisant qu’aujourd’hui
».

Son de cloche comparable du côté d’Yves Brossard de Primea Hotels, qui gère 5 établissements à la Guadeloupe (2 hôtels, 2 résidences et 1 complexe de villas) :

« Le rapport qualité/prix s’est amélioré. Et pour cause : les tarifs de l’hôtellerie et de l’aérien ont baissé. Le produit Guadeloupe est même très attractif en ce moment ».

''Depuis 20 ans, rien n’a changé !''

C’est sur le fond du problème qu’Yves Brossard se fait plus virulent :

« La Guadeloupe n’a jamais bénéficié d’une politique d’aménagement touristique digne de ce nom, contrairement à la plupart des régions de la Métropole, comme la côte Languedoc-Roussillon dans les années 60.

Depuis 20 ans, rien n’a changé ! La seule réalisation, c’est l’aéroport international
».

Et Yves Brossard se montre plutôt compréhensif à l’égard d’Élie Domota, le leader du LKP : « Un syndicaliste est dans son rôle quand il défend le pouvoir d’achat des salariés », et plutôt critique sur l’action des pouvoirs publics :

« L’année dernière, il n’y a pas eu de grèves. 90% des établissements hôteliers fonctionnaient. Seuls le Club Med, Pierre&Vacances et Nouvelles Frontières ont préféré fermer leurs installations ».

Brossard estime que c’est le blocage des routes et des stations service, donc l’entrave à la libre circulation des personnes et des produits, qui a eu le plus d’impact négatif. Et le même de s’interroger : « Le gouvernement va-t-il faire preuve de la même attitude si ça se reproduit ? ».

"La mobilisation ne dégénérera pas en troubles"

Y. Broissard : ''Ce que nous attendons c’est la mise en œuvre d’une vraie politique touristique !''
Y. Broissard : ''Ce que nous attendons c’est la mise en œuvre d’une vraie politique touristique !''
Mais Yves Brossard se veut optimiste : « Ma conviction, c’est que cette mobilisation sociale ne dégénèrera pas en troubles. La situation économique de l’île est déjà catastrophique. Les syndicats ne veulent pas transformer cette voie d’eau en véritable naufrage ! ».

Et le même de placer l'État face à ses responsabilités : « Par ce mouvement, les Guadeloupéens revendiquent un avenir économique. Comme les élus locaux ne répondent pas à cette attente, c’est au gouvernement de reprendre la main ».

Un avis que ne semble pas partager Michel-Yves Labbé de Directours : « La solution viendra des Antillais. Tant qu’elle sera décidée à Paris, elle ne sera pas crédible ».

Mais l'un et l'autre constatent qu'à Paris ou sur place, rien ne bouge !

Une solution : un plan d’aménagements touristiques

À la question : « Avez-vous été indemnisé pour les pertes occasionnées par les troubles de l’année dernière ? », Yves Brossard répond :

« Nous n’avons rien touché. Je n’y tenais pas particulièrement. Mais on aurait pu nous verser une aide pour la réalisation de travaux de rénovation et de modernisation des infrastructures. Ça aurait été une bonne mesure pour l'économie de l'île.

Ce que nous attendons avant tout, c’est la mise en œuvre d’une vraie politique touristique en Guadeloupe et la création de zones d’aménagement concerté : espaces piétonniers dans les centres-villes, plages aménagées, pistes cyclables…
».

Sur cette proposition de bon sens rédigée par Yves Brossard à l’occasion des États Généraux de l’Outre-mer, institutions régionales et Gouvernement se renvoient la balle ou plutôt la patate chaude…

En attendant une nouvelle déflagration sociale désastreuse pour l’image, l’économie et le tourisme de la Guadeloupe ?

(1) Lire ou relire les déclarations d'Hervé Novelli - Antilles françaises : "Une très mauvaise saison"

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Commentaires

1.Posté par Jean-Bruno Queudray le 11/01/2010 16:57 | Alerter
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Les nouvelles gesticulations, les grèves, promises par de petits bourgeois privilégiés disposant de salaires confortables (+ 40%) ne seront, de mon point de vue, pas suivies des mêmes effets que l'an dernier, pour plusieurs raisons:

1) Un président de la République ayant clairement indiqué que la libre circulation sera respectée.

2) Un nouveau préfet qui, heureusement, ne ressemble pas au précédent, et a compris les véritables visées du groupuscule qui mène le LKP.

3) Bon nombre de familles ont parmi les leurs quelques chômeurs de plus grâce au LKP; c'est la vraie conséquence du mouvement de l'an dernier.

Le véritable enjeu de cette saison est le suivant: Soit les journalistes des grands média relatent les faits, seulement les faits, et ne se contentent pas de diffuser des images d'échauffourrées de l'an dernier pour parler de ce QU'IL POURRAIT ARRIVER dans quelques semaines...La communication alarmiste, et fausse, de ce week end sur LCI, ITélé, TF1 et FRANCE 2 nuit directement et gravement au tourisme. C'est une forme d'inconscience !

Un sujet trés proche de celui-ci: Voyez la leçon que les élécteurs de Martinique ont donné ce week-end à leurs leaders indépendantistes déclarés ou non (la majorité des élus): Près de 80% des électeurs ont voté le statu quo institutionnel, ont ainsi manifesté leur attachement à la France, et reconnu aucune compétence aux leaders locaux à diriger efficacement leur île.

Les politique locaux ont choisi de ne pas poser la question aux Guadeloupéens...Ils craignaient, et connaissaient, cette réponse.

Aussi, la Guadeloupe restera encore cette année un beau lieu de vacance, et s'il y a au moins un intérêt à cette polémique, c'est que les prix sont bas !

2.Posté par Monique APAT le 14/01/2010 13:36 | Alerter
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Mr Brossard oublie trop souvent d'évoquer le travail de fond qu'effectuent les pouvoirs locaux pour définition d'une stratégie de développement touristique depuis plus de 3 ans. Quoiqu'on en dise, ce travail en profondeur porte ses fruits sur l'amélioration progressive de l'offre, notamment.... Les faits existent, les résultats sont concrets pour ceux qui veulent bien se donner la peine de le constater. Quel dommage que certains de nos professionnels ne soient pas les porte-drapeaux de notre destination pour mieux relayer tout ce travail auxquels ils participent aussi pour partie.....

3.Posté par Gérard RAFINON le 17/01/2010 23:35 | Alerter
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Les "experts" semblent oublier que plus de la moitié des chambres en Guadeloupe sont dans des gîtes ou résidences de tourisme.
Si les grands hôtels sont importants pour Domota pour ses membres de l'UGTG ou pour quelques agences de voyage, ceux -ci ne représente qu'une petite portion du chiffre d'affaire du tourisme en Guadeloupe. Depuis qu' Internet s'est installé comme élément incontournable, la majeure partie du tourisme guadeloupéen échappe aux agences de voyage. Surtout que les commissions sur les billets d'avion se sont réduites à peau de chagrin.
Les agences de voyages font tout dans leur pouvoir pour diriger leur clientèle sur d'autres destinations comme la République Dominicaine ou les commissions sur les hôtels avoisinent les 30%.
Contrairement aux petites structures qui reposent presque exclusivement sur Internet, ces agences de voyages sont de gros acheteurs de publicité dans les journaux.
Ceci explique la très mauvaise presse faite à la Guadeloupe par les médias.
Quand au LKP sa force réside plus dans l'habilité de Domota à contrôler les médias qu'a sa popularité.


4.Posté par Yves Brossard - Primea Hotels Guadeloupe le 22/01/2010 13:25 | Alerter
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En réponse à Monique APAT

Non, Monique, je n'oublie pas le travail de fond qui est effectué par le Conseil régional de la Guadeloupe notamment, et je l'en remercie à chaque occasion ; ni le travail de promotion réalisé par le Comité du tourisme de la Guadeloupe avec le soutien actif du Conseil régional et du Conseil général.

Et je ne manque jamais une occasion de prendre la défense de la Guadeloupe.

Pour autant, nous sommes dans un monde qui bouge très vite, avec des acteurs politiques et économiques qui vont également, parfois, très vite. Le Maroc, qui souffre également, vient, par exemple, de réaménager intégralement la corniche de la station d'Agadir, ainsi que la corniche de la ville de Casablanca : deux superbes réalisations au bénéfice tant des marocains que des visiteurs du Maroc.

Donc le vrai sujet est double :

1) la vitesse à laquelle nous travaillons, institutions publiques comme professionnels au développement du tourisme à la Guadeloupe ; car si nos compétiteurs vont plus vite que nous, notre retard s'accentue ;

2) l'affichage des réalisations physiques : et j'ai la faiblesse de penser que les agents de voyages attendent de nous des réalisations sur le terrain.

Vous savez Monique, je suis le premier à critiquer mon propre travail, qui est parfois très insatisfaisant, faute de moyens financiers ou en raison de contraintes d'ordre juridique ou social qui m'interdisent de bien faire mon travail. Cette auto-critique ne m'exonère pas de mes responsabilités et lorsque des agents de voyages me reprochent une qualité insatisfaisante, ils leur importe peu de savoir quelles sont ces contraintes, et ils ont raison, car ils ont leurs propres soucis ; ils constatent juste mes insuffisances, et les comparent à celles des autres destinations comparables.

Une chose est sûre : vous ne pouvez pas me reprocher une indifférence à l'avenir du développement touristique de la Guadeloupe. Avenir superbe, j'en ai la certitude ! Mais si des réalisations concrètes pouvaient se matérialiser rapidement, tout le monde en serait très heureux. Vous la première.

Yves Brossard - Primea Hotels Guadeloupe

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