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Nouvelle gouvernance, grève, peur d'une liquidation... que se passe-t-il chez Air Antilles ?

Les syndicats appellent à une nouvelle gouvernance d'Air Antilles


Le communiqué de presse de l'intersyndicale d'Air Antilles est tombé comme un couperet. Dans une phase où la compagnie négocie avec de potentiels investisseurs, les représentants du personnel ont décidé de mettre fin au mutisme de l'actionnaire. Ils réclament des prises de décisions pour modifier la gouvernance au plus vite afin d'éviter une nouvelle… liquidation.


Rédigé par le Mardi 25 Novembre 2025

Les syndicats appellent à une nouvelle gouvernance d'Air Antilles - Depositphotos.com, Elena3567
Les syndicats appellent à une nouvelle gouvernance d'Air Antilles - Depositphotos.com, Elena3567
Depuis le renouvellement, fin septembre, de sa licence arrachée aux forceps et par l'entremise politique, Air Antilles ne fait plus parler d'elle.

Sa direction est même devenue étrangement silencieuse, alors que se joue l'avenir du transporteur.

Pour obtenir quatre mois de répit, Louis Mussington, Président d'Air Antilles et président de la Collectivité de Saint-Martin alors épaulé par Jérôme Arnaud (l'ex-PDG d'Air Antilles), s'était rendu à l'Élysée pour rappeler que le président de la Collectivité de Saint-Martin est un allié de toujours de l'actuel président de la République. Il avait aussi visité Manuel Valls, alors Ministre des Outre-mer, dont le cabinet gérait lui-même le dossier.

Ce n'est pas tout, car depuis les Antilles, les coups de fil s'étaient succédé pour accorder une petite rallonge et permettre au transporteur de faire entrer un nouvel actionnaire.

Une fois la grâce obtenue, les dirigeants pouvaient alors se focaliser sur la sélection du nouvel investisseur, indispensable à la survie de la compagnie.

"Le problème, c'est qu'on n'a aucune info de la direction. Certains se demandent pourquoi nous montrons les muscles au regard de la situation dans laquelle nous nous trouvons, nous affirme une source syndicale, alors que l'intersyndicale d'Air Antilles a décidé de sortir de sa réserve, via un communiqué de presse.

Malheureusement, depuis le redémarrage, la compétence et l'expertise sont en baisse du côté de la direction. Des personnes se sont improvisées managers d'une compagnie aérienne, alors qu'ils n'en ont ni la compétence, ni l'expertise.

En parallèle, les discussions s'éternisent toujours avec, d'un côté, la Région Guadeloupe, de l'autre, un pool d'investisseurs privés.

D'autres rumeurs font état de marques d'intérêt en provenance du Canada ou encore du... Koweït.
Dans ce flou artistique et à deux mois de la fin de la licence, l'intersyndicale a décidé de sortir les volets... jusqu'à immobiliser l’avion ?


Air Antilles : "La direction a maintenu en poste des gens qui n'ont pas la compétence"

Face à cette déliquescence des résultats et des pertes toujours plus conséquentes, l'avenir même de l'entreprise parait hypothéqué.

La situation est telle que les salariés ont, pendant un temps, craint pour le versement de leurs salaires. Ils ont finalement été payés, jusque-là, en temps et en heure.

"Il y a eu un argent incroyable qui a été engouffré, pour la bonne cause, afin d'obtenir les autorisations, d'effectuer la maintenance et de payer les 112 salariés durant ce temps. La problématique, c'est que maintenant, l'argent vient à manquer déplore une personne sous couvert d'anonymat.

Le 6 octobre dernier, un conseil territorial s'est tenu à Saint-Martin. C'était assez lumineux, et en même temps effrayant. Nous sommes venus de nouveau demander de l'argent à une collectivité, alors même que les résultats ne sont pas en adéquation avec les dépenses. La direction générale a maintenu en poste des personnes qui n'ont pas la compétence suffisante pour pouvoir mener à bien cette mission".

Lors de cette réunion à la collectivité de Saint-Martin, différentes parties prenantes sont intervenues sur le sujet d'une potentielle nouvelle aide pour permettre à Air Antilles de passer le trou d'air et pouvoir tenir au moins jusque fin janvier.

Samuel Braconnier, le directeur général du transporteur, a pris la parole devant les élus pour faire un point sur la situation financière de l'entreprise : les comptes étaient exsangues et ne pouvaient pas supporter la dérive dans le temps.

"La situation ne permet plus à la compagnie de faire face, non seulement à ses besoins pour l’exploitation, mais également à son passif.

Donc, ça veut dire une chose : aujourd’hui, soit on se donne les moyens de réaliser un plan qui n’a pas, pour l’instant, à cause de la licence temporaire, trouvé la possibilité de se déployer... ou alors on part en liquidation,
" avait alors affirmé le responsable. Des propos repris par nos collègues de la Première.

Finalement, à deux voix près, la collectivité lui a accordé une subvention de 3 millions d'euros, sous la forme d'un prêt. De quoi lui permettre de tenir jusque fin janvier et d’assurer le plan de vol durant les fêtes.

Air Antilles : "confier la gouvernance à quelqu'un qui a de l'expérience"

Mais aujourd'hui, l'intersyndicale réclame de pouvoir échanger très rapidement avec l'équipe dirigeante, et pas seulement.

"Prenez des décisions ! Laissez les salariés confier la gouvernance à quelqu'un qui a de l'expérience, du poids, qui sait où il va, qui a une feuille de route simple, claire, pragmatique, efficace, qui va gérer de nouveau cette compagnie d'une main de fer, qui va anticiper ce qui nous tombe dessus.

Le nouveau DG doit avoir une feuille de route claire.
L'anticipation, pour l'instant, est absente, donc systématiquement, nous subissons tout ce qui nous arrive,
" poursuit la source syndicale.

Les représentants du personnel veulent la nomination, dans les prochaines heures, d'un nouveau directeur général.

Non pas que Samuel Braconnier soit décrié, bien au contraire ; l'intersyndicale salue ses qualités humaines et sa capacité à s'adapter à un poste qu'il découvre.

Néanmoins, elle exige un meneur d'hommes, en mesure de prendre des décisions et d'imposer une vision à la compagnie, dont elle semble totalement dépourvue. Une personne qui doit idéalement bien connaître le tissu politique local.

Pourtant, cette personne idoine semblait avoir été trouvée. Fin août 2025, Louis Mussington avait même signé une lettre de nomination d'un futur directeur général.

"Je tiens à souligner que cette prise de poste ne se conçoit pas comme une rupture, mais au contraire comme une dynamique de continuité et de collaboration avec la direction en place et l’ensemble des équipes.

Je souhaite m’appuyer sur le travail important qui a déjà été accompli, en le confortant et en lui donnant les moyens supplémentaires nécessaires pour restaurer durablement la compétitivité et la pérennité de la SEML Air Antilles.

Dans cet esprit, mon engagement se veut avant tout collaboratif et fédérateur, afin de renforcer la cohésion interne, rétablir la confiance auprès des partenaires institutionnels et économiques, et consolider la place de la compagnie dans l’espace aérien caribéen,
" avait expliqué le principal intéressé, dans ce courrier que nous avons pu consulter.

Air Antilles : "Les salariés sont inquiets de la situation. Ils prennent peur"

Sauf que depuis la nomination de Samuel Braconnier, signée des mains mêmes du président, rien ne s'est passé.

Le nouveau dirigeant de la compagnie devait arriver avec un pool d'investisseurs privés, prêts à mettre 6 millions d'euros sur la table, pour renflouer les comptes de l'entreprise.

Il devait aussi, dans un premier temps, mettre les mains dans le cambouis à la direction générale, puis déposer les fonds, une fois la viabilité de la compagnie assurée. Faute de retours, cette piste se serait évaporée et la lettre d'intention serait devenue caduque.

L'autre piste, qui était encore sur le bureau de Louis Mussington, à savoir celle de l'Allemand Panaf, ne serait plus d'actualité non plus.

"Les salariés, mécaniquement, sont mis sous pression. Ils sont inquiets de la situation. Ils prennent peur. Même si les chiffres sont un peu meilleurs, ils restent négatifs.

Les passagers sont mécontents, se sentent abandonnés.

Les investisseurs se posent aussi des questions : quand ils voient la réalité financière, ils rachètent quoi ? Personne ne va faire un chèque en blanc, il faut des résultats.

Pourtant, tout est là. Les finances, le matériel… Tout ce qui nous manque, c'est un nouveau chef
,
" poursuit notre source syndicale.

Dans le même temps, alors que des rumeurs faisaient état d'échanges avec un investisseur canadien, un koweïtien, ou encore un pool d'investisseurs privés, nous avons eu écho aussi de tractations avec la Région Guadeloupe.

En publiant leur communiqué deux mois avant la fin de la licence temporaire, les syndicats ont décidé qu'était venu le temps d'agir et de prendre des décisions avant qu'il ne soit trop tard.

Selon eux, le temps est compté et si aucun investisseur n'est identifié rapidement, la prochaine étape sera, à n'en pas douter, la liquidation.

C'est du moins la crainte de l'intersyndicale, qui appelle les salariés à se prononcer sur les suites à donner à ce communiqué dans les prochaines heures, puisqu'une assemblée générale est convoquée mardi 25 novembre au soir.

Air Antilles : des dizaines de millions d'euros de dettes

Il pourrait être décidé de déclencher une grève. Et rappelons que c'est un mouvement social qui avait entraîné la faillite d'Air Antilles, version Eric Koury.

Pour l'heure, la direction, bien que contactée à de nombreuses reprises, ne nous a jamais répondu.

Du côté des syndicats, il est encore temps de sauver l'entreprise. "Les passagers ne sont pas au rendez-vous parce que cette gouvernance fait qu’au travers d'un programme de vols, de la gestion de sa flotte et de son personnel, il n'y a pas le service attendu, estime un syndicaliste.

Le chiffre d'affaires d'une compagnie aérienne comme Air Antilles est en partie basé sur les partenariats avec les agences de voyages et les tours opérateurs. Ce sont ces gens-là qui nous permettent de remplir nos avions. Mais si ces acteurs ne veulent pas faire affaire avec nous à cause de certains responsables, c'est problématique.

D'où notre requête de changer la gouvernance pour apporter de la confiance à nos partenaires financiers, aux institutionnels, à l'écosystème du voyage et à nos passagers. Si nous ne tirons pas le frein à main, il ne nous sera pas possible de convaincre toutes ces parties".


Pour sortir de l'impasse, des discussions ont aussi été amorcées avec Sunrise, une compagnie haïtienne qui dessert toute la Caraïbe, pour parapher un contrat ACMI - soit la location d'un avion à une autre compagnie aérienne avec l’équipage nécessaire, les services de maintenance et d’assurance.

Une solution qui permettrait à la compagnie de se débarrasser d'un appareil, à cause d'une maintenance sur un moteur extrêmement coûteuse et que ne peut pas assumer, en l'état, Air Antilles. Néanmoins, le document serait loin d'être signé.

Après un an et demi d'exploitation et près de 150 000 passagers enregistrés, pour environ 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, l'endettement n'a cessé de se creuser chez Air Antilles, pour atteindre plusieurs dizaines de millions d'euros, selon nos informations - d'où la nécessité de faire rentrer urgemment de l'argent.

Les marges de manœuvre sont faibles mais existent encore. Reste à savoir si la Région de Guadeloupe ou tout autre groupe privé ira s'y confronter…


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