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Hugues Marchessaux (Air Austral) : la stratégie du hub régional [ABO]

Hugues Marchessaux était présent à l'IFTM sur le stand d'Air Austral


TourMaG a rencontré Hugues Marchessaux sur le stand d’Air Austral lors du dernier IFTM. Après un été correct mais plombé par des A220 cloués au sol et dont il veut désormais se débarrasser, il nous a partagé sa vision stratégique pour faire de Saint-Denis de la Réunion un grand HUB à la croisée des régions Europe, Afrique et Asie.


Rédigé par le Jeudi 2 Octobre 2025

Hugues Marchessaux la semaine dernière à Paris au salon IFTM. Photo : C.Hardin
Hugues Marchessaux la semaine dernière à Paris au salon IFTM. Photo : C.Hardin
Incontournable moment de la rentrée, Hugues Marchessaux, Président du directoire d'Air Austral et ses équipes étaient bien au rendez-vous de l’IFTM la semaine dernière.

Depuis son dernier entretien avec TourMaG en juin dernier, la saison d’été est passée et permet de faire un point d’étape concernant le long et le moyen-courrier, mais aussi d’évoquer cette intéressante stratégie de faire de Saint-Denis un vrai hub régional interconnecté à l’Europe, l’Asie et l’Afrique.


Quelques raisons de se réjouir

Patrick Lebreton, Président du Comité Réunionnais du Tourisme avec Priya Padavatan Miss Réunion 2025 sur le salon IFTM. Photo : C.Hardin
Patrick Lebreton, Président du Comité Réunionnais du Tourisme avec Priya Padavatan Miss Réunion 2025 sur le salon IFTM. Photo : C.Hardin
En cette fin d’été, Hugues Marchessaux, le président du directoire d’Air Austral, avait quelques raisons de se réjouir.

Sur une ligne qui reste très concurrentielle, Air Austral a, cet été, enregistré le taux de remplissage le plus élevé vers la Réunion, « tout en préservant une bonne qualité de recette », a-t-il tenu à préciser.

Le matin même, sur le stand « Réunion » tout proche, Patrick Lebreton, président du Comité réunionnais du tourisme, avait dévoilé les bons chiffres de fréquentation touristique du premier semestre 2025, en augmentation de 3 % par rapport à 2024.


L’A220, le boulet d’Air Austral

Toujours concernant le long-courrier, Bangkok, au rythme de deux fréquences, a également bien performé en tant que destination, mais aussi comme porte d’entrée en Asie.

Concernant la desserte de Mayotte, les choses ont été plus compliquées. En cause, un Boeing 787 qui devait sortir d’une immobilisation longue en Espagne au mois de juillet, mais qui, finalement, n’a pu être disponible qu’en septembre, obligeant Air Austral à réduire ses fréquences.

Mais c’est le réseau et surtout la flotte moyen-courrier qui ont tout de même un peu plombé l’été, avec deux A220 sur trois que compte la compagnie, toujours immobilisés pour des problèmes de moteurs et qui rendent « très en colère » le dirigeant d’Air Austral.

Avec pratiquement les deux tiers de la flotte immobilisée et assez loin des principaux centres techniques mondiaux pour espérer des interventions rapides, le programme moyen-courrier a été littéralement massacré, avec de nombreux changements de programmes, d’horaires, et des indemnisations qui se traduisent par des pertes pour la compagnie, sans compter une dégradation de l’image de l’entreprise.

« On fait subir à nos clients des choses qu’on ne devrait pas leur faire subir, et je m’en excuse très sincèrement auprès d’eux », nous a déclaré Hugues Marchessaux.

Changement de flotte moyen-courrier

« Se débarrasser au plus vite des A.220 ». Photo : Clement Alloing
« Se débarrasser au plus vite des A.220 ». Photo : Clement Alloing
Clairement, il souhaite désormais se débarrasser des A220 et le plus rapidement possible. Air Austral veut revenir sur les bons vieux standards comme le Boeing 737 ou l’Airbus A320, dont la fiabilité n’est plus à démontrer.

C’est l’enjeu des mois à venir avec, s’il le faut, un recours à l’affrètement temporaire. Il y a urgence à stabiliser le programme moyen-courrier dont Hugues Marchessaux rappelle qu’il est complémentaire du long-courrier. « Quand vous avez deux programmes dont l’un dysfonctionne, ça pose d’énormes problèmes. »

Pour l’instant, et concernant les appareils moyen-courriers, les choix ne sont pas faits entre Airbus et Boeing.

Plus tard, mais les discussions se tiennent déjà, se posera le sujet du remplacement de la flotte long-courrier où, là aussi, le match se déroulera entre l’A350 et ses concurrents de chez Boeing.

Ouverture de lignes et accords commerciaux

Quant à la conjoncture actuelle, le dynamisme du marché « Océan Indien » a favorisé la mise en place de nombreux accords commerciaux.

Le dernier en date est un accord avec la compagnie Condor, qui va permettre de capter un nouveau marché en permettant aux touristes allemands de rejoindre la Réunion depuis Francfort jusqu’à quatre fois par semaine via une connexion Air Austral bien étudiée à l’île Maurice.

Aussi, en plus de celui signé il y a quelque temps avec Madagascar Airlines, Hugues Marchessaux nous a annoncé avoir signé un accord de SPA (Special Prorate Agreement) avec Aircalin (Air Calédonie Internationale) pour reconnecter la Réunion à Nouméa via Bangkok.

Air Austral a également signé un accord avec Airlink, compagnie sud-africaine, qui va lui permettre de redistribuer au-delà de Johannesburg sur le cône sud-africain grâce au réseau très dense d’Airlink.

Une dizaine de nouvelles destinations en Afrique du Sud sont disponibles, et des discussions avec d’autres compagnies sont en cours pour étendre encore cette offre.

En termes de lignes, une réflexion est en cours pour ouvrir Moroni de façon saisonnière dans un premier temps, et la filiale Ewa, basée à Mayotte, a annoncé l’ouverture de la ligne Mayotte-Tananarive à Madagascar, en complément de Majunga, Nosy Bé et Diego-Suarez.

Côté produit, le programme de fidélité, MyCapricorn vient d’être rénové pour plus de simplicité et de facilité pour les clients dans la conversion de points cumulés en billets d’avion.

S’affirmer en tant que HUB régional

Évoquant la stratégie, l’idée d’un hub régional fait son chemin et semble être le grand projet stratégique d’Air Austral.

À ce sujet, le président du directoire d’Air Austral fait le constat suivant : « Quand on regarde l’océan Indien, c’est à peu près 13 millions de passagers chaque année qui transitent d’un point A à un point B, pas forcément au départ de la Réunion. Cela peut être de Madagascar en allant à Maurice ou aux Maldives, par exemple.

Aujourd’hui, nous transportons un peu plus d’un million de passagers, donc un peu moins de 10 % de ce marché pour lequel nous sommes très bien placés.
»

L’Afrique et son avenir important en termes de développement aérien font aussi partie des réflexions au sein d’Air Austral, sans que son patron ne puisse nous en dire plus pour l’instant.

Connexions vers l’Europe, vers l’Afrique, mais aussi vers l’Asie.

« Bangkok est un axe majeur dans notre développement actuel et dans le futur », nous a-t-il confié.

Pour lui, la Thaïlande allie deux intérêts forts. D’abord, c’est un pays touristique en soi et plutôt bon marché, avec une qualité de service que tout le monde relève.

C’est aussi une gateway sur l’Asie et, depuis l’aéroport de Bangkok, il est possible d’aller n’importe où en Asie.

C’est avec cette stratégie, soutenue par les actionnaires privés et publics, et fort d’un exercice où, pour la première fois depuis 2018, la compagnie a dégagé un petit résultat d’exploitation positif, qu’Hugues Marchessaux espère un retour à une croissance rentable sur les années à venir, tout en restant prudent.

Christophe Hardin Publié par Christophe Hardin Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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