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Le Marais Poitevin, à la découverte d'un territoire naturel à l’écosystème remarquable

TourMaG.com fait son tour de France


C'est parti pour le Tour de France 2018 ! Durant 3 semaines, TourMaG.com vous propose de partir à la découverte des régions françaises, en suivant plus ou moins le tracé officiel de la Grande Boucle. Aujourd'hui, alors que les coureurs sont à Cholet, nous retournons dans le marais poitevin, où le Tour est passé samedi, à cheval entre la Vendée, les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime. Cette région, dénommée la « Venise Verte », est autant un espace de découverte touristique qu’un territoire naturel à l’écosystème remarquable.


Rédigé par Jean-François RUST le Lundi 9 Juillet 2018

Le marais poitevin, à cheval entre la Vendée, les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime, est surnommé la « Venise Verte » - DR : J.-F.R.
Le marais poitevin, à cheval entre la Vendée, les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime, est surnommé la « Venise Verte » - DR : J.-F.R.
Tournons d’abord le dos aux entrées touristiques du marais.

Pour prendre la mesure de ce vaste territoire (plus de 100 000 ha), cap sur la Baie de l’Aiguillon, au bord de l’océan.

C’est ici qu’il faut entamer la découverte, dans ce golfe bordé par les pointes de l’Aiguillon et de Saint-Clément. Ici, car les deux espaces - baie d’un côté, marais de l’autre - témoignent d’une interaction savante entre terre et mer.

« Toute l’eau de pluie collectée en amont finit dans la Sèvre Niortaise et la baie de l’Aiguillon. Sauf que celle-ci s’envase de quelques centimètres par an et que Xynthia a rappelé que l’on ne pouvait plus gagner de terres sur la mer », explique Alain Texier, chargé de mission au Parc naturel régional du Marais Poitevin, animateur de l’observatoire du patrimoine naturel.

Ne plus gagner de terres sur la mer... C’est pourtant toute l’histoire du marais, de ce golfe des Pictons qui remontait jadis jusqu’aux portes de Niort, avant que l’homme ne décide, au 12e s., de le domestiquer à coup de digues, talus et canaux.

Neuf siècles plus tard - la dernière digue date des années 1960 -, l’agriculture est toujours vivace, avec plus de 1 000 exploitations.

« La partie du marais dit asséché, 60 000 hectares, porte l’essentiel des cultures, maïs, blé, un peu de tournesol. Le marais mouillé, 28 000 hectares, est constitué de prairies naturelles utilisées pour l’élevage bovin. Il encadre la Sèvre Niortaise et sert de bassin de rétention lorsque celle-ci déborde, évitant d’inonder le marais desséché », explique Alain Texier.

Marais mouillé… ou asséché

Liés hydrauliquement et historiquement, baie et marais le sont aussi biologiquement.

120 000 oiseaux stationnent dans l’Aiguillon l’hiver, une population de canards, hérons, aigrettes, grues… en légère augmentation, car le réchauffement offre à certains des conditions suffisantes pour ne plus avoir besoin d’aller au Sud.

Illustration ? « L’hiver, les canards restent la journée dans la baie mais la nuit, ils vont chercher leur nourriture dans le marais. C’est leur garde-manger », ajoute Alain Texier.

Un garde-manger fragilisé à cause des rejets de nitrates agricoles et parce que les dates de fauches, avancées en raison du réchauffement, perturbent amphibiens et libellules. Elles coïncident également avec le temps où les œufs d’oiseaux nicheurs n’ont pas encore éclos, provoquant leur destruction.

« L’activité agricole printanière demande des niveaux d’eau bas, au moment où les espèces ont encore besoin de hauteurs élevées. La gestion hydraulique est un sujet très délicat », confesse le chargé de mission du parc. Sans parler de l’arrivée de l’écrevisse de Louisiane, espace invasive dévoreuse d’œufs d’amphibiens…

Pour autant, une gestion « intelligente » semble à l’œuvre.

93 des 95 communes du territoire sont adhérentes au Parc. « Et nous donnons des primes de plus en plus élevées aux agriculteurs qui acceptent de faucher tard », illustre Alain Texier, représentant d’un Parc régional qui a ouvert plusieurs « maisons » pour les visiteurs et propose quantité d’animations.

Spatules, cormorans, tadornes

Qui dit gestion raisonnée dit aussi protection rapprochée !

C’est le rôle du CREN, le Conservatoire Régional d’Espaces Naturels de Poitou-Charentes.

L’organisme gère 14 secteurs dans le territoire maraîchin, soit 5 000 hectares, surtout dans le marais mouillé.

Comme ici, aux Portes de Vix, dans ce polder de l’Andelène serti dans une boucle de la Sèvre Niortaise, sur la commune de Marans.

« Notre rôle est de protéger les espaces naturels et les habitats fauniques spécifiques mais aussi de valoriser la mosaïque de paysages (…), en relouant quand c’est possible les prairies délaissées à des agriculteurs », témoigne Marie Duclosson, chargée de mission « marais poitevin » au CREN.

Sur les 330 hectares acquis en propre par le conservatoire dans le marais, la moitié a été attribuée à des fermiers.

Cette gestion raisonnée s’accompagne d’un tourisme… raisonnable. Le CREN organise ainsi des sorties gratuites, l’occasion d’apercevoir spatules, cormorans, tadornes, pigeons ramier, avocettes…

« Il existe deux grands pôles touristiques dans le marais, les 18 000 hectares de la Venise Verte et le secteur des plages de la Tranche-sur-Mer et de la Faute-sur-Mer.

L’effort porte sur une meilleure répartition des visiteurs sur le territoire, en favorisant les pistes cyclables et le tourisme ornithologique
 », est convaincue Marie Duclosson.

Maisons basses et saules pleureurs

Il suffit d’aller à Marans, petite capitale charentaise du marais, pour l’expérimenter.

A deux roues, la Vélofrancette, véloroute tracée entre La Rochelle et… Ouistreham, s’échappe le long de la Sèvre Niortaise et de ses canaux.

Maisons basses chaulées à volets bleus, saules pleureurs flirtant avec l’eau des chenaux, petits vergers et passerelles, îlots boisés, pêcheurs attentifs aux sandres, tanches et anguilles… il règne sur ces terres flottées la candeur proverbiale des pays d’eau, lumière rasante ou fuyante, temps suspendu ou infini.

Au bout de 20 km, l’itinéraire bute sur les écluses de Bazoin, angle ouest de la Venise Verte, la plus sauvage.

La communauté de communes y a ouvert un embarcadère, histoire de sacrifier à l’habituelle virée en barque à fond plat. Il faut choisir ce départ pour son isolement, loin des foules qui débarquent en car au « terminal » de Coulon, côté Deux-Sèvres.

Glissant sous la voûte sombre de verdure, la maraîchine (barque servant naguère à conduire les vaches aux prairies) longe frênes têtards et peupleraies, parcelles humides et talus intriqués.

A gauche, une conche conduit à une prairie invisible ; à droite, un héron s’envole ; devant, un ragondin traîne sa queue lourde à la surface de l’eau…

Et quelques belles parthenaises broutent une herbe riche et verte. « Le canal du Vieux-Bejou est l’un des seuls où l’on peut voir des vaches, des ragondins et des loutres », assure Maxime Ledos, notre guide-batelier naturaliste, s’aidant de rames et non pas de la traditionnelle pigouille, pour faire avancer la bateau.

L’itinérance de deux heures évoque immanquablement cette vie paysanne de jadis, lorsque les hommes embarquaient canards et mogettes (de fameux haricots blancs, toujours produits) sur leurs canettes, des barques plus petites qui se faufilaient dans la moindre goulette.

Marans, quais animés et joli port

Visiter le marais intelligemment, c’est enfin ne pas manquer les quelques ressources patrimoniales.

Côté Charente-Maritime, l’église fortifiée d’Esnandes (12e-14e s.), comme celle de Marsilly, témoignent de l’austérité guerrière de fortifications que l’on retrouve aussi à La Rochelle et qui viendront plus tard cadenasser la côte, du côté de Rochefort.

Les écluses du Brault, entre Charron et Marans, démontrent s’il était besoin l’ingéniosité hydraulique à l’œuvre dans le marais.

Marans, elle, a le mérite de constituer un pôle de vie dans cette jungle de hameaux et de villages cois.

Surtout, sorti de sa rue principale délaissée, elle dévoile sur les bords de la Sèvre Niortaise un joli port de plaisance, des quais animés en saison, un marché couvert et une ancienne halle aux poissons.

Tous témoins d’une vieille activité portuaire, lorsque Marans était, en 1933-1934… troisième port de France pour l’exportation de céréales ! Preuve que ce marais poitevin ne se mouchait pas avec le dos de la pigouille…

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Commentaires

1.Posté par André le 09/07/2018 14:26 | Alerter
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Marans est une belle bourgade particulièrement agréable qui vaut le détour. Depechez vous de la visiter ou de vous y installer tant que les prix de l'immobilier y sont abordables

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