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Perpignan, les pulsions catalanes

TourMaG.com fait son tour de France


C'est parti pour le Tour de France 2018 ! Durant 3 semaines, TourMaG.com vous propose de partir à la découverte des régions françaises, en suivant plus ou moins le tracé officiel de la Grande Boucle. Aujourd'hui, alors que les coureurs sont au repos à Carcassonne, nous faisons un détour par Perpignan. L’ex-capitale des Rois de Majorque surprend par son patrimoine médiéval et sa forte communauté gitane, piliers de son identité. La préfecture des Pyrénées-Orientales, française et catalane, regarde beaucoup vers le Sud et Barcelone. Découverte d’une ville qui aimerait bien, à sa mesure, incarner un nouvel élan en Catalogne du nord.


Rédigé par Jean-François RUST le Dimanche 22 Juillet 2018

Son statut de ville carrefour, synonyme de passage et d’ancrage, dont celle de la communauté gitane, font de Perpignan une ville à forte personnalité - DR : J.-F.R.
Son statut de ville carrefour, synonyme de passage et d’ancrage, dont celle de la communauté gitane, font de Perpignan une ville à forte personnalité - DR : J.-F.R.
L’identité de Perpignan puise fortement ses racines dans les événements d’hier.

Française depuis seulement 355 ans, la cité fut, dès 1172, aragonaise, capitale du Royaume de Majorque, aragonaise encore, puis rattachée à la couronne d’Espagne, avant d’échoir à la France, en 1659. Ouf !

Dire qu’elle a une partie de son âme tournée au Sud est une évidence. Française, oui. Mais historiquement catalane, membre de cette aire linguistique dont elle forme grosso modo la limite Nord, et qui s’étend de la région de Valence à l’Aragon, en passant par les Baléares.

Il n’est qu’à voir la puissante attraction exercée par sa voisine Barcelone pour s’en convaincre.

Ajoutons-y un statut de ville carrefour, synonyme de passage et d’ancrage, dont celle de la communauté gitane, et l’on obtient deux clefs socio-culturelles majeures d’une ville à forte personnalité.

Palais-forteresse et quartier médiéval Saint-Jean

Au point le plus haut de la ville, le palais-forteresse des Rois de Majorque incarne la puissance d’un Royaume dont Perpignan fut le centre, de 1276 à 1349.

De style gothique méridional, avec sa façade sertie de galets, il s’organise en une cour d’honneur encadrée de bâtiments et de tours.

Les plus remarquables sont l’Aula, grande salle aux fenêtres en ogive, la tour de l’Hommage, table d’orientation sur la ville et ses toits de tuiles, les Corbières, le Canigou, les Albères et la mer… ; ainsi que le donjon, avec ses deux chapelles superposées.

Les rois de Majorque, Jacques II et successeurs, mirent aussi leur ardeur à développer les quartiers, Saint-Jean, Saint-Jacques, Saint-Mathieu, La Real. Ils constituent le puzzle urbain du Perpignan d’aujourd’hui.

C’est dans Saint-Jean, écheveau de ruelles étroites médiévales et commerçantes, que se trouve la plus forte concentration de vestiges. Dont l’emblématique Castillet.

L’édifice fortifié marque l’entrée nord du centre ancien. Il fut construit au 14e s. pour protéger la cité des attaques des Français.

De nos jours, Perpignanais et touristes franchissent son porche pacifiquement, pour aller faire du lèche-vitrines rue d’Alsace-Lorraine, choisir jambons ou primeurs dans la minuscule rue-marché Paratilla, ou prendre un verre au Grand Café de la Bourse, place de la Loge, en épluchant dans l’Indépendant les commentaires qui encensent ou s’inquiètent des performances de l’USAP, club de rugby porte-drapeau de la ville.

La Loge de Mer, clef identitaire 

Place de la Loge, justement. Là, se trouvent les trois symboles du pouvoir aragonais : économique, avec la Loge de Mer, l’ancienne bourse maritime d’un splendide gothique flamboyant ; politique, avec l’Hôtel de Ville ; et administratif, avec le Palais de la députation.

La Loge de Mer est-elle toujours un enjeu identitaire ? Théâtre au 18e s., elle s’adressait pour certains aux élites francisées, alors que le catalan était plutôt rattaché aux campagnes.

Puis la Loge fut Café de… France, Mac Donald’s et désormais, à nouveau, restaurant… Le France. Une marque de la politique d’assimilation française, pour les plus remontés.

La cathédrale Saint-Jean Baptiste, autre exemple de gothique méridional, rappelle aussi les ambitions du royaume de Majorque. Entamée en 1324, elle ne fut achevée qu’en 1509.

Adossée à elle, les visiteurs découvrent avec surprise la chapelle du Dévot-Christ, à l’exceptionnel crucifix en bois sculpté, et le Campo Santo, l’un des plus vieux cimetières-cloîtres de France, étonnant espace de silence au cœur de la ville.

On pourrait multiplier les exemples de ce Perpignan moyenâgeux. Il témoigne aussi de la bonne fortune des marchands drapiers.

Quelques indices : la Casa Xanxo (du début 16e s., rue de la Main de Fer) ; la rue des Fabriques d’en Nabot et ses maisons en cayrou (brique) et galets, où l’on confectionnait les draps roussillonnais ; et la discrète impasse du Mas Saint-Jean, vieille cour avec fontaine, dans son jus médiéval.

Saint-Jacques, plus grand quartier gitan de France

Dans son jus, c’est l’impression qui domine aussi en parcourant le quartier Saint-Jacques.

A la différence de son voisin Saint-Mathieu, en voie de réhabilitation, Saint-Jacques affiche des signes extérieurs de dénuement.

Voici le plus grand quartier gitan de France, aux rues étroites et à l’urbanisme dégradé. Indissociable de l’identité perpignanaise - les Gitans sont présents depuis le 19e s. -, il ne faut pas craindre de se déplacer en journée dans ce périmètre.

Enfants dans les rues, familles au frais sur le trottoir, « bohémiennes » en jupes serrées et chignons, odeurs de cuisine, airs de flamenco, coqs chantant dans d’arrière-cours invisibles… : l’atmosphère est surréaliste pour qui ne connait que les quartiers aseptisés des villes contemporaines.

C’est dans ce secteur, où les anciens parlent encore le calo, un « vieux catalan », que se trouve l’église Saint-Jacques, siège de la confrérie de la Sanch, organisatrice de la célèbre procession éponyme, le vendredi Saint.

Dalí et la gare de Perpignan

Hors les « murs », Perpignan a grandi avec son temps et s’imagine, comme toutes les villes en quête d’image, un avenir attrayant.

La destruction des remparts, au début du 20e s., signa la première expansion de la cité.

A cette époque sont créés le cinéma Le Castillet, les grands boulevards, plus tard l’aménagement des bords de la Basse. C’est l’époque des beaux immeubles, comme la « maison de l’Américaine », au n°13, bd. Wilson, œuvre de Claudius Trenet, grand-père du chanteur.

Le temps aussi des grands magasins, telles les actuelles Galeries Lafayette (Place de la Résistance) ou les Dames de France (Place de Catalogne, aujourd’hui la FNAC).

L’essor du chemin de fer profite au quartier de la Gare, dont le bâtiment, récemment rénové, devra plus tard une fière chandelle à Dalí.

Quel autre artiste aurait pu voir dans cette bâtisse banalement ferroviaire « el centre del món » (le « centre du monde ») et ressentir « à la gare de Perpignan une espèce d’extase cosmogonique (…) une vision exacte de la constitution de l’univers ». Mystères de l’imagination artistique…

Théâtre de l’Archipel, renouveau de Perpignan

Il n’empêche. Le quartier veut incarner aujourd’hui le Perpignan du futur.

Une gare TGV et un centre commercial doublent déjà l’ancienne gare. Autour, des programmes immobiliers sont en cours.

Ailleurs, près du Palais de Justice, un Centre d’art contemporain a ouvert en 2014, dans l’annexe de la Haute Ecole d’Art. Rue du Musée, le bâtiment des Archives municipales s’est refait une beauté.

Surtout, Jean Nouvel a imaginé le théâtre de l’Archipel, ouvert en 2011. Le lieu, multidisciplinaire, affiche une architecture résolument contemporaine, illustrée par sa grande salle de 1 100 places en forme d’ovoïde rouge, près des berges de la Têt.

Perpignan veut s’affirmer « capitale culturelle » et rattraper son retard sur le Sud et Gérone. Sans doute souhaite-t-elle mieux ainsi asseoir son rôle, longtemps contenu, de capitale identitaire de la Catalogne Nord.

Pour aller plus loin : www.tourisme-pyreneesorientales.com/

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Tags : rust, TDF2018
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