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Air Tahiti Nui : "Nous allons dégager un résultat net positif en 2021..."🔑

L'interview de Michel Monvoisin, PDG d'Air Tahiti Nui


Air Tahiti Nui comme toute l’industrie en général n’a bien sûr pas échappé à la crise sanitaire et comme toutes les compagnies survivantes, en ce printemps 2022, elle veut croire et capitaliser sur une reprise vigoureuse des voyages qui lui permettra de reprendre ses positions et même d’ouvrir de nouvelles lignes. L'interview du PDG Michel Monvoisin,


Rédigé par le Mardi 19 Avril 2022

Michel Monvoisin PDG Air Tahiti Nui : "La compagnie est bien armée en cache avec une bonne visibilité jusqu’à 2025 et c’est essentiel. Cela nous a permis de redémarrer, reprendre nos positions et nos routes." - DR
Michel Monvoisin PDG Air Tahiti Nui : "La compagnie est bien armée en cache avec une bonne visibilité jusqu’à 2025 et c’est essentiel. Cela nous a permis de redémarrer, reprendre nos positions et nos routes." - DR
Avant d’embarquer sur un vol Paris - Los Angeles, nous avons rencontré Michel Monvoisin, PDG de la compagnie en compagnie de Jean-Marc Hastings Directeur Europe pour faire un bilan, voir comment l’entreprise a traversé la crise, dans quel état elle en sort et les perspectives pour les mois à venir.

TourMaG : Une question que nous posons à tous les dirigeants de compagnies aériennes : comment avez-vous tenu face à cette grave crise sanitaire qui semble aujourd’hui derrière nous ?

Michel Monvoisin :
Effectivement, c’est une crise majeure dans laquelle nous sommes rentrés comme toute l’industrie, très brutalement et plus durablement qu’on ne l’aurait cru au départ.

Notre chance était notre solidité, grâce à nos fonds propres et 5 exercices bénéficiaires consécutifs, avec une belle trésorerie équivalente à six mois de chiffre d’affaires.

Nous avons, bien sûr, pris des mesures à l’instar des autres compagnies. Nous avons négocié avec les partenaires sociaux un plan de départs volontaires pour faire partir environ 20% du personnel et réduire toutes les charges qui pouvaient être réduites.

Nous avons également pu obtenir des aides et notamment celle de notre actionnaire principal, la Polynésie.

Air Tahiti Nui, c’est 50% du tourisme en Polynésie et le premier instrument de développement de l’industrie touristique. Donc, notre actionnaire est venu rapidement à notre secours. Nous avons également sollicité et obtenu un PGE auquel nous avions droit.

Nous avons pu bénéficier également d’un deuxième PGE global contracté par la Polynésie, principalement pour sauver son système de sécurité sociale, retraite et santé. Avec l’accord de l’Etat, une partie du prêt a pu être orientée vers notre compagnie.


"Nous allons pouvoir dégager un résultat net positif"

TourMaG : Le prêt contracté par la Polynésie représentait 300 millions d’euros, de quelle somme avez-vous pu bénéficier ?

Michel Monvoisin :
Nous avons eu 67 millions d’euros au global, cette enveloppe comprenant les aides de l'Etat, les aides standard autorisées par la Commission Européenne, à savoir, le fonds de solidarité, l’aide aux coûts fixes et très récemment les aides à la fermeture administrative, qui nous a été imposée sur décision de l’Etat.

L’ensemble de ces aides nous a donc aidés à nous relancer, sachant que nous avons vécu sur des montagnes russes avec fermetures et ouvertures alternatives.


TourMaG : Le fameux stop and go que nous avions déjà évoqué...

Michel Monvoisin :
Oui, effectivement. Cependant nous avons toujours maintenu un lien avec la Métropole et assuré la continuité territoriale, avec au moins un à deux vols par semaine, et cela même au moment le plus fort de la crise.

Pendant cette crise, nous n’avons jamais abandonné nos passagers, nous n’avons jamais tergiversé sur le remboursement des billets d’avion.

Avec les Etats-Unis également, et dès que cela était possible nous remettions des vols sur Los Angeles car les Américains nous considéraient comme « un refuge ». Certaines destinations du Pacifique ont été fermées pendant deux ans, contrairement à nous qui avons maintenu le lien ce qui nous a, je crois, aidé.


TourMaG : La situation financière de la compagnie est donc plutôt bonne aujourd’hui ?

b[Michel Monvoisin :
Oui, sur l’année 2021, et du fait de la subvention du Pays nous allons pouvoir dégager un résultat net positif, qui nous exonère d’aller chercher une augmentation de capital.

La compagnie est bien armée en cash, avec une bonne visibilité jusqu’à 2025 et c’est essentiel. Cela nous a permis de redémarrer, reprendre nos positions et nos routes.

"Les engagements sur nos vols sont excellents"

TourMaG : Et vous sentez un redémarrage ?

Michel Monvoisin : Le tourisme reprend très bien. Les engagements sur nos vols sont excellents ainsi que ceux dans l’hôtellerie.

TourMaG : Justement concernant vos routes elles réouvrent toutes ?

Michel Monvoisin :
Pratiquement oui. La Nouvelle-Zélande avait annoncé sa réouverture en juillet et puis, petite surprise, la Première Ministre a anticipé pour annoncer une ouverture en mai.

Nos équipes ont donc travaillé ardemment pour proposer un vol par semaine, dès le mois de mai et trois vols par semaine en juillet, ce qui était initialement prévu.


TourMaG : Pour le Japon c’est plus compliqué...

Michel Monvoisin :
Oui, nous avons supprimé les vols pour les remettre à partir du mois d’octobre.

Nos équipes au Japon nous confirment que, sauf miracle, il n'y a pas d’espoir d’ouverture cet été. Les Japonais qui ne sont pas loin de la Chine sont très prudents. C’est donc la dernière route que nous n’avons pas pu rouvrir.

"Seattle, nous voilà"

TourMaG : Il y a les routes existantes et celles que vous ouvrez….Parlez-nous de Seattle, votre nouvelle ligne au départ des USA. Pourquoi avoir choisi cette ville ?

Michel Monvoisin :
C’est vrai que Seattle a été un vrai effet de surprise. Personne ne nous attendait là !

Ces derniers temps il y avait beaucoup de supputations sur l’ouverture d’une route. Certains pensaient à l’Australie, d’autres à la Chine ou Vancouver, mais non.

La vie est faites d’opportunités. Lorsque nous nous sommes rendu à la réunion IATA de Boston au mois de novembre dernier, notre partenaire American Airlines avec laquelle nous sommes en code share sur une trentaine de villes, nous a fait rencontrer Alaska Airlines. Cette dernière a été très enthousiaste pour nous accueillir et nous commercialiser.

C’était pour eux la possibilité de rajouter une destination "soleil" au départ de Seattle. Les habitants de l’Etat de Washington cherchent beaucoup le soleil en période d’hiver et aujourd’hui les destinations en vol direct à leur disposition ne sont qu’au nombre de deux : Hawaï et le Mexique.
(Seattle est la plus grande ville de l’état de Washington situé au nord-ouest des Etats Unis.)

Avec Alaska qui nous a aidés à faire une étude marketing, nous nous sommes rendu compte que l’état de Washington était le 3e état le plus riche des Etats-Unis en PIB par habitant.

C’est également intéressant pour nous d’aller chercher des gens qui voyagent sur la période hiver qui est la période creuse pour nous (janvier, février, mars) et où nous avons de bonnes disponibilités en chambres d’hôtel.


Le code share avec Alaska est donc très intéressant. C’est une excellente compagnie qui vient d’ailleurs de remporter le titre de meilleure compagnie aérienne 2021. Également, l’aéroport de Seattle, est le plus gros Hub de la côte Ouest. Ils ont profité de la crise pour rajouter un nouveau terminal international qui va nous accueillir.

Cette conjoncture de bonnes nouvelles rajoutés au code share avec Alaska et les échanges de miles du code share pour les passagers des deux compagnies est très positive.

Aux Etats-Unis c’est difficile d’exister pour une petite compagnie. Nous l’avions expérimenté lorsque nous avions voulu ouvrir New-York, nous étions un peu seuls à l’époque.

Pour Seattle, nous avons un ami, un bon partenaire qui pèse et qui nous a permis d’ouvrir la route en moins de six mois.

Nous allons commencer nos campagnes de communication. Mais déjà, ne serait-ce que par les effets d’annonce des médias il est intéressant de voir que les premiers booking sont à 35% effectués par des Canadiens de Colombie Britannique. Vancouver n’est pas loin de Seattle et nous voyons donc aussi une clientèle canadienne intéressée.

La concurrence de French bee

TourMaG : Parlons un peu de la concurrence et particulièrement de French Bee, qui vient d’arriver à Los Angeles. Ne craigniez-vous pas qu’ils soient tentés de proposer une continuation vers la Polynésie en plus de San Francisco ?

Michel Monvoisin :
« Craindre » est un mot un peu fort… Je ne suis pas dans la tête de mes concurrents. J’ai compris qu’ils se positionnaient sur le transatlantique avec du Los Angeles "sec".

La complexité, de ce type de vol, nous le savons tous, c’est le « double leg », très couteux notamment avec les hébergements équipages.

Ce que j’ai compris également de la concurrence, c’est plutôt d’avoir ouvert New York, et Los Angeles, et d’autres destinations aux Etats-Unis. Elle est donc plus en train de regarder le marché nord-américain que le marché Polynésien, qu’elle dessert déjà, avec trois fréquences par semaine et un avion de 400 sièges.

Il faut aussi parler du risque de surcapacité. Je rappelle qu’en 2023 nous aurons un million de sièges à destination de la Polynésie toutes compagnies confondues, avec un gros problème actuel, celui de l’aéroport.

Le développement de l'aéroport en suspens...

TourMaG : Quel est le problème avec l’aéroport de Tahiti Faa'a ?

Michel Monvoisin :
C’est celui de l’attribution de la concession, un feuilleton qui dure depuis 10 ans.

EGIS CDC avait gagné l’appel d’offre. Il y a eu un recours et l’appel d’offre a été cassé, confirmé par le conseil d’Etat et aujourd’hui nous sommes dans un brouillard absolu. On ne se sait toujours pas qui sera le futur concessionnaire.

Avec une recherche de nouveau concessionnaire dont one ne sait pas combien de temps elle va durer, il n’y a pas d’investissement sur les infrastructures. Nous avons donc tous les problèmes que nous trainons depuis des années : salles d’embarquement qu’il faudrait rénover, l’accès aux avions qui ne sont pas au contact, problématiques en cas de pluie, les places de parking...

Quand vous avez de la croissance, l’aéroport doit suivre le rythme. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et je ne jette pas la pierre au concessionnaire (EGIS CDC ndlr). Le conseil d’Etat a confirmé l’annulation de l’attribution du marché ce qui fait qu’à présent maintenant l’Etat a deux choix : soit attribuer la concession au second concurrent, le groupe Vinci, soit relancer un appel d’offre qui va encore durer des années.

On ne sait toujours pas ce qu’ils vont faire, et la période, avec les élections, n’est pas très propice.

L'Etat a tenu ses promesses

TourMaG : Justement, en parlant des élections et pour conclure, souhaitez-vous adresser un message au futur ou à la future Président(e) ?

Michel Monvoisin :
(sourires) Je me garderais bien d’aller sur ce terrain-là, mais il y a une chose que je dois reconnaitre quand même. Je me suis beaucoup exprimé dans les médias pour solliciter l’aide de l’Etat.

J’étais même un peu « remonté » par moments, parce que nous sommes une compagnie française et nous étions les seuls à ne pas bénéficier du chômage partiel parmi les aides de l’Etat.
(Michel Monvoisin dénonçait alors une distorsion de concurrence par rapport à Air France et French bee, qui avaient accès au financement de l’indemnisation de l’activité partielle, ce qui n’était pas possible en Polynésie.)

Quand le Chef de l’Etat est venu au mois de juillet dernier où il a reçu un accueil dont il se souvient encore, j’ai eu la chance de le voir avec les principaux managers de l’industrie touristique qu’il a voulu rencontrer. Il a eu des mots assez forts, nous disant qu’Air Tahiti Nui était une très belle compagnie qui devait continuer de voler.

Nous concernant, il a tenu parole et nous avons pu bénéficier certes de l’aide de notre actionnaire mais aussi d’un soutien assez fort de l’Etat.

De par ses engagements, il a pu rassurer l’ensemble des salariés de la compagnie qui étaient très inquiets. Les équipes de Bercy, le SIRI, la DGAC, le Haut-Commissariat de la République, toute la machine de l’Etat s’est mise en marche et elle a bien fonctionné.

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Commentaires

1.Posté par Castagné le 20/04/2022 19:40 | Alerter
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Des articles très intéressants ! Toujours très précis et « sourcés »

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