La réduction du budget d'Atout France est alarmante aussi bien pour l'opérateur que la promotion de la France - Depositphotos, BrianAJackson
Il est bien loin le temps d'union et de solidarité, du quoiqu'il en coûte...
Durant la crise sanitaire, Emmanuel Macron avait non seulement sauvé le secteur du tourisme, grâce aux milliards injectés pour maintenir hors de l'eau l'écosystème, puis ensuite en les faisant sortir totalement de cette étendue, via le Plan Destination France ou Plan Reconquête Tourisme.
Près de 2 milliards avaient été alloués pour répondre aux défis à venir du secteur.
En outre, pour permettre à la France de conserver la tête du classement mondial, une belle enveloppe avait été déposée sur le bureau de Caroline Leboucher, ancienne directrice générale d'Atout France, pour appuyer la promotion de la destination. Une trentaine de personnes avaient alors rejoint l'Agence de développement touristique.
Cette époque d'insouciance paraît bien lointaine. "Plus le temps passe et plus on se dit que la fusion envisagée avec Business France est un écran de fumée.
En effet, tout le secteur est focalisé sur cette annonce et ce d'autant plus que certains comptent bien en récupérer quelques morceaux...
Notre vrai combat : les budgets," souffle un salarié inquiet ayant préféré conserver l'anonymat, mais bien décidé à tirer la sonnette d'alarme.
Et la récente visite de Marina Ferrari, bien que déterminée à sauver Atout France, n'a pas atténué les inquiétudes des 340 salariés que compte le GIE.
Durant la crise sanitaire, Emmanuel Macron avait non seulement sauvé le secteur du tourisme, grâce aux milliards injectés pour maintenir hors de l'eau l'écosystème, puis ensuite en les faisant sortir totalement de cette étendue, via le Plan Destination France ou Plan Reconquête Tourisme.
Près de 2 milliards avaient été alloués pour répondre aux défis à venir du secteur.
En outre, pour permettre à la France de conserver la tête du classement mondial, une belle enveloppe avait été déposée sur le bureau de Caroline Leboucher, ancienne directrice générale d'Atout France, pour appuyer la promotion de la destination. Une trentaine de personnes avaient alors rejoint l'Agence de développement touristique.
Cette époque d'insouciance paraît bien lointaine. "Plus le temps passe et plus on se dit que la fusion envisagée avec Business France est un écran de fumée.
En effet, tout le secteur est focalisé sur cette annonce et ce d'autant plus que certains comptent bien en récupérer quelques morceaux...
Notre vrai combat : les budgets," souffle un salarié inquiet ayant préféré conserver l'anonymat, mais bien décidé à tirer la sonnette d'alarme.
Et la récente visite de Marina Ferrari, bien que déterminée à sauver Atout France, n'a pas atténué les inquiétudes des 340 salariés que compte le GIE.
Atout France : Le réseau pour Business France pour satisfaire M. Barnier ?
Le mutisme de la nouvelle ministre déléguée au Tourisme préoccupait les équipes, presque deux mois après l'annonce de Michel Barnier et son intention de vouloir fusionner des deux entités.
Puis, jeudi 21 novembre 2024, l'ancienne députée de Savoie s'est rendue dans les bureaux du 14e arrondissement parisien.
"Elle a fait le tour de toutes les équipes. Le long moment d'échange était sympathique, c'est une personne très agréable.
Elle a pu vraiment se rendre compte des projets que nous menons et de notre dynamisme. Nous l'avons sentie à nos côtés, mais elle doit aussi défendre son poste.
Malheureusement, nous n'avons pas vraiment appris grand-chose, alors que nous avions énormément d'interrogations".
A lire en complément : Atout France : des inquiétudes quant à l'avenir de l'agence !
Faute de rassurer, elle a pu prendre le pouls et aussi réconforter un peu les forces vives de l'institution.
Marina Ferrari a tout de même annoncé la future nomination de la mission de préfiguration. Celle-ci devrait débuter en décembre, pour une durée de 3 mois. (le préfigurateur va auditer et donner son avis sur l'opération ndlr).
L'annonce aurait dû être faite publiquement, la semaine dernière. Elle a été retardée par le cabinet de la ministre. Mais il ressort tout de même quelques informations et ressentis.
"De ce que nous comprenons, le réseau (international) pourrait partir chez Business France, sur le reste de nos missions, l'étude décidera du reste," poursuit notre source.
Pour les personnes interrogées, Marina Ferrari n'est pas ravie à l'idée d'une fusion avec l'établissement des investissements à l'étranger.
Elle doit malgré tout, apporter des gages au 1er ministre et lui présenter une feuille de route, avec un gros chiffre dans la case "économies".
Pour démontrer sa loyauté, elle condamnerait les effectifs à l'international (environ 200 personnes) sur l'autel politique et médiatique, dans le but de permettre à Atout France de conserver un minimum de prérogatives et surtout d'indépendance.
Puis, jeudi 21 novembre 2024, l'ancienne députée de Savoie s'est rendue dans les bureaux du 14e arrondissement parisien.
"Elle a fait le tour de toutes les équipes. Le long moment d'échange était sympathique, c'est une personne très agréable.
Elle a pu vraiment se rendre compte des projets que nous menons et de notre dynamisme. Nous l'avons sentie à nos côtés, mais elle doit aussi défendre son poste.
Malheureusement, nous n'avons pas vraiment appris grand-chose, alors que nous avions énormément d'interrogations".
A lire en complément : Atout France : des inquiétudes quant à l'avenir de l'agence !
Faute de rassurer, elle a pu prendre le pouls et aussi réconforter un peu les forces vives de l'institution.
Marina Ferrari a tout de même annoncé la future nomination de la mission de préfiguration. Celle-ci devrait débuter en décembre, pour une durée de 3 mois. (le préfigurateur va auditer et donner son avis sur l'opération ndlr).
L'annonce aurait dû être faite publiquement, la semaine dernière. Elle a été retardée par le cabinet de la ministre. Mais il ressort tout de même quelques informations et ressentis.
"De ce que nous comprenons, le réseau (international) pourrait partir chez Business France, sur le reste de nos missions, l'étude décidera du reste," poursuit notre source.
Pour les personnes interrogées, Marina Ferrari n'est pas ravie à l'idée d'une fusion avec l'établissement des investissements à l'étranger.
Elle doit malgré tout, apporter des gages au 1er ministre et lui présenter une feuille de route, avec un gros chiffre dans la case "économies".
Pour démontrer sa loyauté, elle condamnerait les effectifs à l'international (environ 200 personnes) sur l'autel politique et médiatique, dans le but de permettre à Atout France de conserver un minimum de prérogatives et surtout d'indépendance.
Atout France : "le gouffre qui se présente devant nos pieds"
Une posture qui rejoint celle d'Hervé Novelli.
"Bien sur que je suis inquiet. Quand vous fusionnez deux boîtes dont l'une est quatre fois plus importante, il y a un grand risque de fusion-absorption. C'est ça le sujet. J'ai mis suffisamment de cœur dans la naissance d'un opérateur dédié, pour ne pas le voir disparaitre.
Il ne faudrait pas à la faveur de ce rapprochement, priver la ministre d'un opérateur dédié, qui est le risque qui pèse actuellement," nous a confié le père fondateur d'Atout France.
Une façon efficace de clore le débat sur l'utilité de ce ministère.
En attendant et de l'aveu de tous, l'enjeu prioritaire de l'agence n'est pas de savoir à quoi elle ressemblera dans un an, mais bien si elle aura les moyens de passer cet exercice !
"Nous aurons un conseil d'administration prochainement. En fonction des décisions et sur la base de ce que nous avons actuellement, nous ne serons plus en mesure de payer tous les salaires. Peut être qu'il faudra liquider l'opérateur.
Pour 2024, nous continuons de dérouler la feuille de route, mais la grosse difficulté, c'est 2025. C'est un gouffre qui se présente devant nos pieds. Le budget tel que nous le prévoyons actuellement ne couvre même pas nos frais de fonctionnement. La situation est très grave" résume un cadre.
Pour bien comprendre, le bilan de l'opérateur repose sur deux principaux pôles de recettes : la subvention du ministère de l'Economie et les crédits qui servent aux opérations de communication principalement.
Le premier poste devrait passer de 28,6 millions à 24,9 millions d’euros en 2025, selon le journal Le Monde.
"Bien sur que je suis inquiet. Quand vous fusionnez deux boîtes dont l'une est quatre fois plus importante, il y a un grand risque de fusion-absorption. C'est ça le sujet. J'ai mis suffisamment de cœur dans la naissance d'un opérateur dédié, pour ne pas le voir disparaitre.
Il ne faudrait pas à la faveur de ce rapprochement, priver la ministre d'un opérateur dédié, qui est le risque qui pèse actuellement," nous a confié le père fondateur d'Atout France.
Une façon efficace de clore le débat sur l'utilité de ce ministère.
En attendant et de l'aveu de tous, l'enjeu prioritaire de l'agence n'est pas de savoir à quoi elle ressemblera dans un an, mais bien si elle aura les moyens de passer cet exercice !
"Nous aurons un conseil d'administration prochainement. En fonction des décisions et sur la base de ce que nous avons actuellement, nous ne serons plus en mesure de payer tous les salaires. Peut être qu'il faudra liquider l'opérateur.
Pour 2024, nous continuons de dérouler la feuille de route, mais la grosse difficulté, c'est 2025. C'est un gouffre qui se présente devant nos pieds. Le budget tel que nous le prévoyons actuellement ne couvre même pas nos frais de fonctionnement. La situation est très grave" résume un cadre.
Pour bien comprendre, le bilan de l'opérateur repose sur deux principaux pôles de recettes : la subvention du ministère de l'Economie et les crédits qui servent aux opérations de communication principalement.
Le premier poste devrait passer de 28,6 millions à 24,9 millions d’euros en 2025, selon le journal Le Monde.
Atout France : pas de budget de promotion en 2025 ?
A cela, il convient d'ajouter des crédits réduits à la portion congrue.
Ils passeraient, selon les arbitrages (puisque rien n'est définitif) de plusieurs dizaines de millions d'euros à... zéro !
"Il n'y a rien et nous sommes même en déficit. Cette absence de crédit pour accompagner le développement et l'activité des professionnels, est plus que préjudiciable.
D'autant plus que je ne sais pas si tout le monde comprend la gravité de la situation : quand nous lançons une campagne, Atout France met 1 euro, et l'opérateur public et l'opérateur privé mettent le même montant.
Sauf qu'aujourd'hui, nous ne sommes plus en mesure d'investir ce 1er euro," déplore un salarié.
La Plan Destination France touche à sa fin et une trentaine de salariés devraient quitter le navire fin décembre. La suivante, celle d'Explore France, ne verra peut-être pas le jour.
Au printemps 2021, alors que le gouvernement imagine la fin de la crise sanitaire, une grosse enveloppe est débloquée pour conquérir les clientèles européennes et françaises.
En plus de l'apport d'Atout France de 3 millions, l'opérateur va fédérer des partenaires régionaux (CRT) et privés, pour faire gonfler le budget à 10 millions d'euros.
Habituellement, le coup d'envoi de la campagne débute en mars. Or, cette année, à fin novembre, nul ne sait si la 5e édition aura lieu.
"Nous avions fait un boulot énorme pour rassembler les CRT et les acteurs privés. Les retombées étaient très positives. Vous comprenez bien que tout l'écosystème sera mis à mal.
Sachant que les collectivités locales vont aussi être aussi asséchées financièrement. Mobiliser des fonds pour faire rayonner la destination va devenir très compliqué," se désole ce cadre. Ce sera une sorte de double peine qui pourrait bien fragiliser l'industrie.
Ils passeraient, selon les arbitrages (puisque rien n'est définitif) de plusieurs dizaines de millions d'euros à... zéro !
"Il n'y a rien et nous sommes même en déficit. Cette absence de crédit pour accompagner le développement et l'activité des professionnels, est plus que préjudiciable.
D'autant plus que je ne sais pas si tout le monde comprend la gravité de la situation : quand nous lançons une campagne, Atout France met 1 euro, et l'opérateur public et l'opérateur privé mettent le même montant.
Sauf qu'aujourd'hui, nous ne sommes plus en mesure d'investir ce 1er euro," déplore un salarié.
La Plan Destination France touche à sa fin et une trentaine de salariés devraient quitter le navire fin décembre. La suivante, celle d'Explore France, ne verra peut-être pas le jour.
Au printemps 2021, alors que le gouvernement imagine la fin de la crise sanitaire, une grosse enveloppe est débloquée pour conquérir les clientèles européennes et françaises.
En plus de l'apport d'Atout France de 3 millions, l'opérateur va fédérer des partenaires régionaux (CRT) et privés, pour faire gonfler le budget à 10 millions d'euros.
Habituellement, le coup d'envoi de la campagne débute en mars. Or, cette année, à fin novembre, nul ne sait si la 5e édition aura lieu.
"Nous avions fait un boulot énorme pour rassembler les CRT et les acteurs privés. Les retombées étaient très positives. Vous comprenez bien que tout l'écosystème sera mis à mal.
Sachant que les collectivités locales vont aussi être aussi asséchées financièrement. Mobiliser des fonds pour faire rayonner la destination va devenir très compliqué," se désole ce cadre. Ce sera une sorte de double peine qui pourrait bien fragiliser l'industrie.
Atout France : "nous n'étions déjà pas bien haut par rapport aux autres pays"
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Marina Ferrari se démènerait pour minimiser l'impact de ces coupes, en faisant en sorte que "les arbitrages soient favorables. Naturellement, elle défend le secteur et les budgets de ses opérateurs," nous dit-on à Bercy.
Elle chercherait quelques recettes supplémentaires, pour compenser en partie la disparition des fonds visas.
L'avenir d'Atout France est désormais entre les mains du gouvernement qui pourrait lui aussi mettre le sien entre celles d'une possible motion de censure en cas d'usage du 49.3.
"Par rapport aux budgets des autres destinations, nous n'étions déjà pas bien hauts.
Quand vous regardez, les moyens de l'Espagne, l'Italie ou du Royaume-Uni, ils ne savent même pas comment dépenser leur argent. A ce rythme nous allons nous retrouver avec le budget d'un pays pour qui le tourisme est une activité comme une autre," déplore un salarié.
A titre de comparaison, Turespana était doté en 2022, d'un budget de 89 millions d'euros, dont près de 33 millions dédiés à la seule promotion. Et encore ce chiffre ne prend pas en compte, les sommes des offices régionaux qui pourraient plus que doubler ce montant.
En Italie, l'ENIT (Office National du Tourisme Italien) affichait un budget de 60 millions d'euros l'année passée, contre près de 79 millions d'euros pour VisitBritain et un peu moins de 30 millions pour leur concurrent français.
Ne parlons pas de l'Arabie Saoudite, où l'office de tourisme compte plus de 600 salariés, selon Claude Blanc.
Dans une période de marasme économique, le chômage de masse pourrait faire son retour sur fond de réduction des dépenses sociales. Or, le tourisme est l'une des rares industries à bien se comporter et à nous permettre d'arborer une croissance continue.
Casser le jouet serait fâcheux, car les économies de bout de chandelle n'ont jamais éclairé Versailles...
Elle chercherait quelques recettes supplémentaires, pour compenser en partie la disparition des fonds visas.
L'avenir d'Atout France est désormais entre les mains du gouvernement qui pourrait lui aussi mettre le sien entre celles d'une possible motion de censure en cas d'usage du 49.3.
"Par rapport aux budgets des autres destinations, nous n'étions déjà pas bien hauts.
Quand vous regardez, les moyens de l'Espagne, l'Italie ou du Royaume-Uni, ils ne savent même pas comment dépenser leur argent. A ce rythme nous allons nous retrouver avec le budget d'un pays pour qui le tourisme est une activité comme une autre," déplore un salarié.
A titre de comparaison, Turespana était doté en 2022, d'un budget de 89 millions d'euros, dont près de 33 millions dédiés à la seule promotion. Et encore ce chiffre ne prend pas en compte, les sommes des offices régionaux qui pourraient plus que doubler ce montant.
En Italie, l'ENIT (Office National du Tourisme Italien) affichait un budget de 60 millions d'euros l'année passée, contre près de 79 millions d'euros pour VisitBritain et un peu moins de 30 millions pour leur concurrent français.
Ne parlons pas de l'Arabie Saoudite, où l'office de tourisme compte plus de 600 salariés, selon Claude Blanc.
Dans une période de marasme économique, le chômage de masse pourrait faire son retour sur fond de réduction des dépenses sociales. Or, le tourisme est l'une des rares industries à bien se comporter et à nous permettre d'arborer une croissance continue.
Casser le jouet serait fâcheux, car les économies de bout de chandelle n'ont jamais éclairé Versailles...