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Ile Maurice : "Le taux de récupération sur le marché français est au-dessus des 90%"

l'interview de Louis Steven Obeegadoo, Premier ministre adjoint et ministre du tourisme mauricien.


Présent à Paris pour le salon IFTM Top Resa, TourMaG a pu s’entretenir en exclusivité avec l’Honorable Louis Steven Obeegadoo, Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme mauricien. Il est revenu sur la gestion de la crise sanitaire sur l’île avant de se livrer à un plaidoyer passionné pour une île aux multiples facettes sur laquelle les Français reviennent en force. Interview.


Rédigé par le Mardi 27 Septembre 2022

Louis Steven Obeegadoo, Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme mauricien.
Louis Steven Obeegadoo, Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme mauricien.
TourMaG : Vous venez de rappeler ce qu’était le bilan touristique de la dernière année avant le covid. Une situation remarquable, plus d’un million de touristes et des recettes de plus 1,5 milliards de dollars. Quel a été l’impact de la pandémie sur ce secteur crucial qu’est le tourisme ?

L.S Obeegadoo :
L'île Maurice est un pays à vocation touristique. Quand la pandémie nous est « tombée dessus » début 2020 et face à l’inconnu et à l’imprévisible, nous avons fait ce choix douloureux de fermer totalement le pays avec un rapatriement des touristes.

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Nous avons privilégié la santé des Mauriciens en se disant qu’avec une population fortement vaccinée nous serions à même de nous ouvrir au monde à nouveau et accueillir en toute sécurité nos amis qui viendraient visiter notre pays.

C’est ce que nous avons fait alors même qu’il était difficile de se procurer les vaccins, pour atteindre, au moment de la réouverture un taux de plus de 80% d’adultes vaccinés et aujourd’hui nous faisons même mieux que certains pays européens avec plus de 90% d’adultes vaccinés avec les rappels.

Lorsque nous avons à nouveau ouvert les frontières, cela nous a permis d’offrir une véritable bulle vaccinale. Le touriste était vacciné, les personnels dans l’avion également ainsi que les personnes chargées du transfert et les personnels de l’hôtel et cela en plus de la garantie d’une prise en charge médicale en cas de maladie.

Cette bulle a parfaitement fonctionné. Nous n’avons pas eu, et c’est remarquable, un seul cas d’un touriste ayant nécessité une hospitalisation en raison de la Covid.

Par contre nous avons payé un prix fort. Une récession économique telle qu’on ne l’a jamais connue. On parle d’une décroissance de 14% ! Nous avons été un des pays les plus impactés de l’hémisphère sud.

TourMaG : Comment avez-vous aidé le secteur à résister à cette catastrophe ?

L.S Obeegadoo :
L’Etat est venu en aide et nous avons mis en place nous aussi le « quoi qu’il en coute » équivalent à 30% de notre PIB.

Nous avons fait en sorte d’éviter les licenciements, l’Etat prenant en charge à hauteur de moitié les salaires de tous les employés de l’ensemble du secteur de la vie économique avec également un soutien direct aux entreprises et aux employeurs eux-mêmes et ce afin d’éviter les faillites.

Ces mesures ont été efficaces et, concernant les très nombreux hôtels que nous avons à l’île Maurice, pas un seul n’a déposé le bilan. Nous avons donc su faire face.

Retour en force des touristes français

TourMaG : Après la réouverture du pays en octobre 2021, vous avez subi un nouveau coup d’arrêt avec l’apparition du variant Omicron. La France et d’autres pays européens ont suspendu les autorisations de voyage vers l’île Maurice, classée en zone « rouge écarlate ». Pouvez-vous nous dire quelques mot sur cet épisode ?

L.S Obeegadoo :
Quand est arrivé le variant Omicron dont la source était attribuée à l’Afrique du Sud voisine, on a voulu protéger l’île de la Réunion, très près de nos côtes comme vous le savez.

Il y a donc eu cette liste « rouge écarlate ». Heureusement et en raison de la forte amitié qui nous lie à la France, nous avons pu convaincre le gouvernement français de nous enlever de cette liste dans des délais très rapides.

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Il a fallu ensuite rebâtir la confiance parmi les voyageurs français et je dois dire que passé les fêtes de fin d’année la fréquentation a repris très fort. Aujourd’hui, le marché français comme les marchés britanniques et allemands sont ceux où nous faisons les meilleures performances.

Le taux de récupération sur le marché français comparé à l’année pré covid en 2019 est au-dessus des 90%
et je pense que d’ici la fin de l’année, nous pourrions avoir retrouvé les chiffres pré-covid.

Les Français reviennent et plus rapidement que les autres.

TourMaG : Des missions de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MPTA) sont allées en Iran, en Arabie Saoudite. Les pays du Golfe et le Moyen-Orient sont pour vous des marchés intéressants ?

L.S Obeegadoo :
Le tourisme sera le moteur de la croissance de l’économie Mauricienne pour les années à venir.

Il nous importe de retrouver le niveau de revenu de la période pré-covid et au-delà.

Nous devons donc, sur les marchés traditionnels faire mieux. Je rappelle que le marché de la Chine reste pour l’instant fermé. C’est un déficit à combler et cela nous impose d’étudier de nouvelles opportunités.

Nous souhaitons donc effectivement valoriser l’image de Maurice dans les pays du Golfe. Nous avons maintenant trois vols au quotidien au départ de Dubaï et effectivement nous avons aussi choisi d’explorer des pays qui connaissent moins Maurice. Deux exemples : Israël et l’Iran.

Les Israéliens voyagent beaucoup et nous souhaitons leur faire connaitre Maurice. En Iran, il y a également une classe moyenne très conséquente qui elle aussi rêve d’ailleurs… Pourquoi pas Maurice ? Nous sommes dans le même fuseau horaires et à environ quatre heures de vol.

Nous sommes des insulaires, nous cherchons à découvrir l’autre, à savoir ce qui existe au-delà de l’horizon. Et c’est aussi pour cela que nous accueillons à bras ouverts les étrangers.

Ile Maurice : diversifier l'offre touristique

L'île Rodrigues
L'île Rodrigues
TourMaG : Vous semblez aussi vouloir diversifier l’offre touristique. A quel type de tourisme pensez-vous ?

L.S Obeegadoo :
Qu’est ce qui fait la force du tourisme Mauricien ici en France ? C’est d’abord cette image idyllique de nos lagons, de nos plages, l’accueil des Mauriciens, leur sourire qui en font une destination très prisée et aussi le fait d’avoir le français en partage.

Voilà pour les acquis qu’il s’agit de préserver et de cultiver.

Cependant les temps changent. Nous cherchons donc d’une part à préserver la qualité de notre offre mais aussi de la diversifier.

Nous avons un avantage comparatif eu égard aux Maldives, aux Seychelles ou aux Comores, c’est l’intérieur de l’île Maurice.

Nos forêts, nos montagnes, nos lacs… nous permettent d’offrir aussi un tourisme vert si je puis dire, un tourisme de retour vers la nature et qui désormais intéresse beaucoup de voyageurs.

J’ai également avec moi ce soir au sein de ma délégation des représentants et le commissaire chargé du tourisme Monsieur Jean Alain Wong So de l’île Rodrigues, la deuxième île de la République de Maurice, très peu connue des étrangers et qui est à l’état naturel et très protégée. Nous pouvons donc diversifier nos produits touristiques et aussi valoriser le tourisme culturel et historique.

Maurice, c’est une très riche histoire. D’abord de peuplement avec, sur un territoire plutôt exiguë, toutes les grandes civilisations du monde les hindous, les musulmans, les chrétiens ainsi que des populations d’origines africaines, européennes, chinoises, indiennes qui ont appris le « vivre ensemble ».

Dans la rue, vous pourrez apercevoir côte à côte une église catholique, un temple hindou, une mosquée musulmane. Nous souhaitons donc valoriser ce tourisme culturel et cette histoire.

TourMaG : Trois compagnies françaises desservent l’île Maurice, des compagnies « classiques ». Pensez-vous qu’il y a de la place pour une compagnie française à vocation plus « loisirs » comme par exemple French Bee ? Y seriez-vous favorable ?

L.S Obeegadoo :
Nous sommes à l’écoute de toutes les nouvelles demandes qui nous sont formulées. Si cela correspond à la stratégie qui est la notre pourquoi pas mais je ne peux préjuger d’une décision quelconque n’étant pas en présence d’une demande particulière.

TourMaG : Vous êtes venu à Paris pour le grand salon mondial du tourisme. Quel message avez-vous adressé aux professionnels du tourisme français, aux distributeurs, aux agents de voyage, aux tours opérateurs et au-delà aux Français ?

L.S Obeegadoo :
Les Français, ceux qui connaissent Maurice reviennent déjà. Je voudrais faire découvrir Maurice à ceux qui ne la connaissent pas.

En ces temps de guerre, en ces temps de pandémie, ce que recherche avant tout le touriste c’est la sécurité, et, même sur des destinations long-courrier, savoir que l’on est tout près de chez soi. Qu’en cas de problème quelconque, il y a une prise en charge immédiate avec un environnement qui offre toute les garanties de sécurité médicale et sanitaire.

A Maurice, avec les nombreux vols quotidiens vers la Métropole on peut en cas d’urgence rentrer quand on veut. Les Français à Maurice sont chez eux. Ils séjournent dans nos hôtels mais aussi dans le para hôtelier. Les Français, plus que les autres visiteurs, se mélangent à la population et font l’expérience au plus près de la vie Mauricienne.

Il faut venir nous voir une fois et vous comprendrez pourquoi les Français qui viennent une première fois reviennent de générations en générations.

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Tags : ile maurice
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