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La plage, il n'est pas interdit d'interdire ! [ABO]

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Alternant avec un quotidien contraignant, les territoires de vacances devraient bel et bien autoriser une forme de liberté indispensable au bien-être de nos contemporains. Hélas ! Si l’on en croit quelques informations glanées ici et là dans l’actualité estivale, répression, sanctions, amendes pleuvent sur des vacanciers oubliant souvent que le vivre ensemble en harmonie impose des règles qu’il convient de respecter. Une preuve de plus de la mise sous contrôle de nos sociétés et sur celle de nos plages qui, saturées pendant l’été, deviendraient des zones de non droit. Décryptage.


Rédigé par le Mardi 2 Septembre 2025

La plage, il n'est pas interdit d'interdire ! - Depositphotos.com Auteur ruslanchik
La plage, il n'est pas interdit d'interdire ! - Depositphotos.com Auteur ruslanchik
Premier exemple : Les journaux espagnols ont découvert un nouveau sujet prêtant à polémique. Il s’agit de l’interdiction de laisser sur une plage une serviette et un parasol vides, pour marquer son territoire.

Taxée d’appropriation non autorisée de l’espace public, cette interdiction est passible de 200 à 750 euros d’amende selon les communes. Sanctions supplémentaires : les objets laissés sur la plage peuvent être confisqués par la police municipale. Sans espoir de restitution.

Même scénario sur le bord des piscines où certaines clientèles européennes avaient pris la mauvaise habitude de réquisitionner matelas et parasols tôt le matin et s’en autorisaient la propriété toute la journée ! Et où cela se produit-il ?

En Andalousie, aux Canaries, en Catalogne et aux Baléares (ex. : Torrox, Benidorm, Vigo, Nerja, Palma de Majorque…).


Plage : attention aux bonnes mœurs et aux cigarettes

Relativement nouvelle, cette interdiction mise en place par les communes, est loin d’être la seule. Dans un article récent, un chroniqueur espagnol évoque quelques exemples spectaculaires d’amendes établies auprès de vacanciers oublieux des règles de bonne conduite sur les plages.

A Agaete dans la Grande Canarie, une sanction de 3000 euros a frappé un couple en pleins ébats sexuels ! Pire, un adulte faisant ses besoins sur une plage, a du payer 750 euros à la mairie de Malaga.

Quant à un naturiste un brin exhibitionniste, il a dû s’acquitter dans une commune de la Riviera française d’une amende de 11 euros.

Concernant l’interdiction de fumer, elle fait l’objet d’amendes de l’ordre de 300 à 600 euros. A ce jour : 725 plages espagnoles ont sévi sur ce qui est considérée désormais comme une effraction grave. En France, n’oubliez pas que l’amende peut-être de 135 euros depuis le 29 juin dernier.

Même tarif, voire plus élevé, dans l’espace public.

Du même ordre, notons encore que l’on prévoit de mettre en place une interdiction d’écouter de la musique sans casques. Laredo a fait payer 500 euros aux auteurs de nuisances musicales exagérées.

Mais, si l’on s’éloigne de la plage, l’ambiance est la même. Les trains irlandais par exemple envisagent des sanctions similaires à bord de leurs wagons.

Tandis que l’on pourrait encore citer la décision de Ryanair d’interdire les passagers à embarquer avec une bouteille, y compris de l'eau, sur les liaisons avec Ibiza. Certains vols au départ d'aéroports britanniques tels que Liverpool, Manchester, Glasgow et Édimbourg sont en effet particulièrement problématiques.

Nudisme, topless, hijab : le corps comme cible

En matière de mœurs toujours, la plage est un territoire trop sensible pour ne pas mériter des interdits. Totalement interdit dans bon nombre de pays, le nudisme l’est également en France sauf dans des zones expressément autorisées.

En dehors de ces 73 plages recensées dans l’Hexagone, se baigner nu peut constituer un délit d’exhibition sexuelle, puni jusqu’à 1 an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende selon l’article 222 32 du Code pénal.

De l’autre côté des Pyrénées, même constat. Le naturisme est contrôlé sur les plages qui ne lui sont pas consacrées et les amendes liées aux effractions varient selon les communes.

Mais le Topless n’est généralement pas verbalisé, sauf arrêté contraire de la part de la municipalité. Il faut dire qu’il est passé de mode. Tandis que le tchador et le hijab, après une période de turbulences, ils sont désormais pllus ou moins tolérés.

Coquillages, galets, sable… On ne les ramasse pas !

Autres actes interdits faisant l’objet d’une répression de plus en plus sévère : aux Seychelles, on ne ramasse pas de coquillages.

Mais, dans de nombreuses plages nord-américaines, aux Philippines, en Thaïlande, c’est pareil. Seules sont autorisées les collectes de petites quantités de coquillages pour un usage personnel.

A condition que cela ne se fasse pas dans des zones protégées et que les coques soient vides. Passibles d’amendes lourdes, ces actes concernent également le vol de sable, une denrée de plus en plus précieuse, et celui des coraux bien-sûr.

En fait, même un petit coquillage ramassé dans une zone protégée peut entraîner une amende ou être confisqué à la douane.

Mieux vaut donc toujours vérifier les règles locales affichées sur les plages ou demander aux autorités et ne pas risquer des contraventions allant jusqu’à 1500 euros.

Couper une plante protégée peut valoir 150 000 € pour « atteinte à la conservation d’espèces végétales non cultivées ». « Ramasser, récolter ou détenir » une espèce protégée expose aussi à trois ans d’emprisonnement, selon l’article L415-3. La qualification pénale s’applique sur tout le territoire français.

Chiens, feux, déchets… des interdictions communes à l'Europe et aux États-Unis

Mais ce « territoire du vide » qu’est la plage, pénalise également les feux et barbecues, les chiens non tenus en laisse : autorisés parfois à certaines heures ou saisons uniquement.

Les abandons de déchets, notamment les mégots. Passible d’amendes également : le fait de laver sa vaisselle dans l’eau après un pique-nique.

Une conduite irresponsable qui s’accompagne aussi de l’interdiction de consommer un verre de trop. Relativement indulgente la police française intervient dans les cas jugés excessifs et dangereux…

Une amende de 150 euros est alors encourue. Quant aux nuisances sonores, elles sont de plus en plus souvent réglementées ou interdites. La vente ambulante pour sa part, n’est plus autorisée sauf exceptions. Et la circulation motorisée encore plus.

Elle concerne les motos, les quads, les voitures et même les vélos. Tandis que surf, body-board et jet ski sont réglementées par zones et horaires et soumis à la surveillance des sauveteurs.

En revanche, soulignons une autorisation souvent ignorée : dormir sur la plage est légal à condition de ne pas y installer un campement !

Veiller sur l’ordre public et l’environnement

Si ces innombrables mesures de contrôle et de répression sont prises et constituent un phénomène relativement récent, il va de soi que la législation mise en place soit par arrêtés municipaux, soit au niveau national, a pour but de protéger non seulement les estivants et leurs familles.

Notamment les plus jeunes. Mais, il s’agit aussi de plus en plus souvent de préserver la faune et la flore maritimes, donc l’environnement d’une manière générale afin de le transmettre en bonne santé aux générations futures.

Ce qui constitue un défi d’autant plus difficile à relever que le littoral reste la destination préférée des estivants et qu’une mer comme la Méditerranée accueille tous les ans, prés de 300 millions de touristes.

Et le plastique dans tout ça ?

Ajoutons encore à ce constat, l’impossibilité des 180 participants du sommet sur le plastique de Genève, de se mettre d’accord sur une diminution de la production de ce qui se révèle être le pire ennemi de nos mers et nos plages.

Du 5 au 14 août 2025, 1 400 délégués nationaux auxquels s'ajoutaient 1 000 observateurs n’ont pas été capables de sceller un accord mondial juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique.

Or, en France seule, les déchets non collectés ont entraîné la fuite de 80 000 tonnes de plastique dans la nature. Chaque année, 11 200 tonnes des plastique déversées dans la nature pénètrent en Méditerranée dont 79% proviennent des activités côtières. Un drame méritant des interdictions sévères et des amendes spectaculaires et dissuasives.

Mais, dans l’escalade des interdits, nous n’en sommes malheureusement pas là ! Un paradoxe de plus.

A lire aussi : Futuroscopie : La plage, un témoin irremplaçable des évolutions contemporaines

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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Commentaires

1.Posté par Pierre T le 02/09/2025 10:18 | Alerter
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Dans quelle triste société on vit aujourd'hui ! Ca devient sidérant. Cela dit les gens aussi deviennent de + en + fous.

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