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Nicolas Dayot (FNHPA) : "les campings français vont faire au moins aussi bien que l'été 2019"

L'interview de Nicolas Dayot, président de la Fédération Nationale de l'Hôtellerie de Plein Air (FNHPA)


Après l'attente du printemps et l'application du pass sanitaire au 9 août, les campings et les hébergements de plein air, à quelques jours de la fin du mois d'août, sont arrivés au bout de la saison estivale. Pour le secteur, la saison été devrait au moins atteindre les niveaux de 2019, qui étaient une année record. Nicolas Dayot, président de la Fédération Nationale de l'Hôtellerie de Plein Air (FNHPA), nous dresse un premier bilan.


Rédigé par le Jeudi 26 Août 2021

Nicolas Dayot (FNHPA) : "Nous serons dans le même esprit qu'en 2019. Et sans doute nous aurons une bonne surprise..." - DR FNHPA
Nicolas Dayot (FNHPA) : "Nous serons dans le même esprit qu'en 2019. Et sans doute nous aurons une bonne surprise..." - DR FNHPA
TourMaG.com - Même si le mois d'août n'est pas totalement terminé, pouvez-vous nous dresser un premier bilan de la saison été 2021 pour les campings et hébergements de plein air ?

Nicolas Dayot :
Effectivement nous n'avons pas encore toutes les données mais nous avons les grandes tendances malgré tout.

Les réservations au cours du printemps ont été assez soutenues et ont permis d'atteindre un taux de remplissage équivalent à 2019, sachant qu'il reste l'inconnue des personnes qui ne réservent pas, notamment la clientèle de passage en tentes, caravanes et camping-cars.

En termes de zones géographiques, la partie qui a le mieux marché, c'est le littoral sans surprise. En 2019, au cours de l'été, le littoral a représenté 56% des nuitées à lui tout seul, sachant que 29% des campings sont situés dans cette zone.

Cette année la tendance s'est confirmée, même si je n'ai pas les chiffres précis. Après dans le détail, l'arc Méditerranéen a bien fonctionné, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur en particulier avec le Var en tête.

La partie Basque jusqu'à la Bretagne incluse a aussi tiré son épingle du jeu. La partie Normandie et Hauts-de-France a un peu moins bien fonctionné.

"Nous serons dans le même esprit qu'en 2019. Et sans doute nous aurons une bonne surprise..."

TourMaG.com - Si le littoral est une valeur sûre, les territoires dits "verts" de montagne ou à la campagne ont-ils réussi leur été ?

Nicolas Dayot :
Nous notons une bonne dynamique des territoires "verts" de moyenne montagne comme l'an dernier : Auvergne, Vosges, Jura ou encore Aveyron.

Les champions des territoires "intérieurs" l'Ardèche et la Dordogne font moins bien que 2019. Ce n'est pas une saison exceptionnelle pour ces deux départements, qui restent tout de même les grands champions.

Dans l'Est, la région Grand Est et la Bourgogne-Franche Comté enregistrent des résultats assez contrastés selon les établissements.

Au global les campings français vont faire au moins aussi bien qu'en 2019, qui était une année record. Et peut-être mieux que 2019, mais il est encore tôt pour le savoir.

Des établissements vont faire mieux qu'en 2019 notamment en région PACA, certains groupes de campings aussi vont faire mieux qu'en 2019... Mais la question reste : est-ce qu'en terme de volumétrie, le succès des uns va compenser la contre-performance des autres sur l'ensemble du secteur de l'hôtellerie de plein air ?

Donc par prudence je dirais que nous serons dans le même esprit qu'en 2019. Et sans doute nous aurons une bonne surprise...

Je rappelle quelques chiffres : en juillet, août et septembre 2019, nous avons réalisé 98 millions de nuitées sur 125 millions enregistrées sur l'année. L'été (juillet et août), c'est aussi 80% du chiffre d'affaires annuel.

"L'hébergement locatif a clairement tiré la saison"

TourMaG.com - Comment s'est comportée la clientèle internationale ?

Nicolas Dayot :
Nous avons eu moins de clientèles étrangères qu'en 2019 mais davantage qu'en 2020, notamment des Allemands, Belges, Néerlandais et Suisses.

Par contre les voyageurs en provenance de Grande-Bretagne ont été absents. Quant aux Espagnols et aux Italiens, nous avons eu moins de fréquentation que d'habitude, même si ce n'est pas une grosse frange de clientèle.

TourMaG.com - Quid de l'hébergement locatif ?

Nicolas Dayot :
L'hébergement locatif a clairement tiré la saison : mobil-home, chalets, yourtes... Les réservations effectuées au printemps étaient très concentrées sur ce segment de produits plus que sur les emplacements, notamment car nous avons recruté un certain nombre de néo-campeurs.

L'idée c'est de réussir à transformer l'essai sur cette nouvelle clientèle et d'arriver à les fidéliser. Il restera forcément quelque chose de cela.

Néanmoins sur les emplacements tentes, caravanes et camping-cars nous commençons à voir une dichotomie entre campings haut de gamme et les autres.

Les campings haut de gamme ont perdu une partie de la clientèle nord-européenne amatrices d'emplacements dans ce type d'établissements. Même si les résultats sont meilleurs que l'an dernier.

En revanche les emplacements dans les campings 3 étoiles ont séduit un partie de la clientèle française. Par exemple dans le Val de Loire, les campings 2 ou 3 étoiles ont eu pas mal de clientèle française.

"Nous pensons que le pass sanitaire a contribué à stabiliser la situation sanitaire dans les campings."

TourMaG.com - Avez-vous constaté d'autres faits saillants sur cette saison ?

Nicolas Dayot :
Cette année, le mois de juillet a été plutôt meilleur que d'habitude, notamment la première quinzaine. Août a été très bon sur le locatif et est traditionnellement bien rempli.

Le mois de septembre s'annonce également plutôt bon. Les retraités vaccinés semblent répondre présent, au vu d'une situation sanitaire qui semble se stabiliser. Pour l'instant, septembre a plutôt l'air de bien se remplir.

TourMaG.com - Le pass sanitaire n'a pas impacté l'été, c'était une crainte ?

Nicolas Dayot :
L'application du pass sanitaire s'est très bien passée dans les campings. Il est évident que la proposition que le gouvernement a acceptée, à savoir un contrôle unique à l'arrivée, a été absolument déterminante. Sans cela, la saison n'aurait pas été la même.

Nous avons eu très peu d'annulations. Nous pensons même que le pass sanitaire a contribué à stabiliser la situation sanitaire dans les campings.

Certains clients qui se sont faits tester avant leur séjour pour obtenir leur pass sanitaire ont eu des tests positifs. C'est ce que nous ont remonté certains adhérents.

S'il n'y avait pas eu de contrôle avant l'arrivée dans le camping, il y aurait eu sans doute un peu plus de clusters dans les établissements. Finalement les clients ont bien joué le jeu, aussi parce que nous avions enregistré beaucoup de réservations avant l'été.

L'été 2021 dans les campings est globalement sauvé et dans certaines régions plutôt réussi. Nous sommes heureux d'être arrivés au bout de l'été.

"La crise ne va pas changer le paysage du camping mais conforter les équilibres actuels"

TourMaG.com - La crise que nous traversons va-t-elle modifier le paysage du secteur de l'hébergement de plein air ?

Nicolas Dayot :
La France compte 7 800 campings dont 690 qui appartiennent à des groupes. Le secteur reste composé d'un grand nombre d'indépendants. 580 campings indépendants sont rattachés de leur côté à des chaînes.

Ces groupes et ces chaînes représentent 17% du parc et réalisent 55% du chiffre d'affaires de la profession, ils pèsent donc lourd. La résilience de notre secteur d'activité va renforcer le phénomène qui consiste à rendre attractif le camping et à motiver les investisseurs à acheter des sites.

Ce que l'on constate c'est que côté groupes, les achats d'établissements ne baissent pas. Les fonds d'investissements ou les banques qui soutiennent le secteur vont être rassurés par cette résilience.

Sur les indépendants qui souhaitent acheter les campings, on se retrouve dans une situation où l'offre et la demande sont assez tendues.

La crise ne va pas changer le paysage du camping mais cela va conforter les équilibres et le modèle économique actuel.

"La crise nous a fait gagner en agilité, en repositionnement stratégique"

TourMaG.com - Ces groupes ne sont-ils pas perçus par le secteur comme un danger ?

Nicolas Dayot :
Pas du tout. Au contraire, la stratégie de ces groupes amène les indépendants à se professionnaliser encore plus, à atteindre certains fondamentaux pour être aussi performants que les groupes.

Cela crée une dynamique positive. Nous avions un défaut de segmentation de l'offre. Auparavant nous faisions un peu tout, désormais les campings spécialisent leurs produits : familles avec jeunes enfants, seniors, familles avec ados...

Et les groupes l'ont parfaitement bien compris comme CapFun ou Huttopia qui ne proposent pas du tout le même positionnement.

Les indépendants sont en train de comprendre cela. Et puis il y a toute la partie technique sur tous les fondamentaux : community manager, webmarketer, revenu manager... des domaines dans lesquels l'hôtellerie s'est engagée depuis longtemps.

Nous sommes en train de changer et de progresser de ce point de vue. Et la crise va renforcer encore le phénomène.

Par exemple, certains campings qui étaient très dépendants de la clientèle britannique ont réussi à "switcher" de clientèles entre 2020 et 2021. Ils ont réussi à aller chercher des Français grâce à cette professionnalisation.

La crise nous a fait gagner en agilité, en repositionnement stratégique y compris vis-à-vis de l'arrivée des nouvelles clientèles qui nous obligent à réfléchir à notre offre pour les conserver.

Des clientèles villages-vacances ont des attentes sur les prestations hôtelières : lits faits à l'arrivée, ménage... C'est lié à des nouvelles clientèles que le Covid-19 nous a apportées. La crise nous a sans doute ouvert des opportunités par ce biais-là.

L'idée est de transformer l'essai lorsque que l'épidémie sera derrière nous.

TourMaG.com - Avez-vous rencontré des difficultés de recrutements ?

Nicolas Dayot :
Le recrutement des saisonniers a été difficile notamment sur la partie ménage et entretien.

Nous attendons avec impatience le plan de reconquête et de transformation du tourisme notamment sur le volet emploi et formation, attractivité des métiers.

Le potentiel est là mais sans les hommes, nous ne pourrons pas relever le défi. Cette année, le recrutement a été particulièrement difficile notamment parce que nous avons dû embaucher à la dernière minute.

Certains saisonniers n'étaient pas sur le marché et nous avons dû nous rabattre sur d'autres populations. Le vivier était moins important que d'habitude.

Céline Eymery Publié par Céline Eymery Rédactrice en Chef - TourMaG.com
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