
Peut-on encore débattre sereinement du sujet de la transition du tourisme ? Depositphotos.com Auteur Elnur_
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Poser ainsi la question induit forcément une partie de la réponse, qui va bien au-delà du seul sujet de la transition touristique.
Il n’y a plus de de débat ! il y a des clans, des convictions qui deviennent des certitudes, qui deviennent ensuite des vérités et des vérités qui peuvent même devenir des croyances. Pour éviter de confronter des idées et des points de vue, finalement chacun reste dans son camp, organise des temps d’échanges mais uniquement avec les gens qui partagent les mêmes convictions et à la fin … il ne se passe rien ou presque alors que le temps presse.
Il y a une urgence à repenser le tourisme au prisme de la transition écologique, sur ce point pas un acteur de la filière ne dira le contraire, mais le tourisme est à la fois la cause et la conséquence, il faut admettre que le dit prisme ne sera pas le même selon la place occupée au sein de la filière.
Si le tourisme fait du surplace, voir recule au regard des objectifs qui auraient pour ambition de faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre, c’est justement parce que nous n’arrivons pas à valider des objectifs au niveau international comme au niveau national. On reste dans une forme d’incantation dont l’illustration la plus criante s’exprime par l’affirmation que la France deviendra la première destination durable du monde.
A lire aussi : Futuroscopie - Un tourisme en transition à l’heure des contradictions et des dilemmes
On fait preuve d’une grande lâcheté

Donc on en revient à la mesure de nos progrès, et je me dis qu’on pourrait faire une longue liste de toute la production et type de consommation touristique, afin de hiérarchiser nos priorités de manière à mettre beaucoup d’énergie pour accompagner ce qui pèse le plus dans « l’irresponsabilité du tourisme » de manière à le rendre plus responsable.
Mais même sur ce sujet qui parait simple, on n’y arrive pas, et j’ai même envie de dire qu’on fait preuve d’une grande lâcheté. Le transport aérien pèse 50% du problème, non seulement on ne propose rien, mais on finance avec de l’argent public les compagnies low cost dont on sait tous que les vols en France sont plus export qu’import.
C’est-à-dire qu’on finance une production qu’il faudrait diminuer, mais le deuxième effet kiss cool de ces subventions, c’est que nous aidons financièrement des clientèles françaises à consommer du tourisme en dehors de la France, mais là silence total !
A lire aussi : Le tourisme durable est-il forcément « green » ?
La nécessaire transition du tourisme en montagne
Donc faute de courage pour dénoncer et s’attaquer à ce qui pèserait le plus dans un objectif de transition, on va reporter notre énergie vers d’autres sujets, à l’impact certain, mais bien moindre, et ce qui intéressant de noter c’est de contraster comme ces sujets sont très impactant du point de vue médiatique.
Je ne vais pas aborder une nouvelle le sujet du tourisme masse qui est une proie facile quand on veut dénoncer l’impact négatif du tourisme, mais prendre appui sur le débat impossible de la transition du tourisme en montagne.
Comme ce sujet m’intéresse, j’imagine que les algorithmes de Linkedin me font lire beaucoup de posts sur le sujet, et celui-ci est la parfaite illustration d’un débat qui n’existe pas tant nous n’arrivons à poser le sujet de manière simple, pragmatique, factuelle.
Quel est le sujet ? Celui de la nécessaire transition du tourisme en montagne au regard d’un réchauffement climatique plus impactant en montagne qui se réchauffe plus vite que le reste du territoire, mais plus impactant aussi parce que les conséquences de ce réchauffement sont beaucoup plus visibles, un glacier qui fond se voit plus qu’une mer ou un océan qui se réchauffe.
Donc il faut faire évoluer la production touristique de la montagne, et tout particulièrement la production d’hiver, celle de l’été ne faisant pas étonnamment de débat.
Je ne vais pas aborder une nouvelle le sujet du tourisme masse qui est une proie facile quand on veut dénoncer l’impact négatif du tourisme, mais prendre appui sur le débat impossible de la transition du tourisme en montagne.
Comme ce sujet m’intéresse, j’imagine que les algorithmes de Linkedin me font lire beaucoup de posts sur le sujet, et celui-ci est la parfaite illustration d’un débat qui n’existe pas tant nous n’arrivons à poser le sujet de manière simple, pragmatique, factuelle.
Quel est le sujet ? Celui de la nécessaire transition du tourisme en montagne au regard d’un réchauffement climatique plus impactant en montagne qui se réchauffe plus vite que le reste du territoire, mais plus impactant aussi parce que les conséquences de ce réchauffement sont beaucoup plus visibles, un glacier qui fond se voit plus qu’une mer ou un océan qui se réchauffe.
Donc il faut faire évoluer la production touristique de la montagne, et tout particulièrement la production d’hiver, celle de l’été ne faisant pas étonnamment de débat.
Comment fait-on débattre des gens qui vivent de l'activité et ceux qui n'en vivent pas ?
Pourquoi cette transition produit autant de bouquins, d’émission, de colloques, de conférences, de prises de paroles et donc de post sur les réseaux sociaux ? La fréquentation des stations de ski l’hiver c’est 6% du total des nuitées touristiques, les pistes de ski et donc l’aménagement des stations c’est, allez 1 à 2% de l’espace montagnard français, la montagne c’est là où le gradient de naturalité est le plus élevé de tous les territoires français, donc qu’est ce qui n’est plus durable dans la montagne pour que le sujet de la transition du tourisme en montagne l’emporte sur l’enjeu de faire baisser le trafic aérien à vocation touristique ?
Une de réponses c’est que le milieu montagnard est fragile, et il l’est assurément. Il est hostile aussi et c’est la raison qui explique que pendant des années les habitants ont fui la montagne. Mais là elle devient attractive, les habitants ne la quittent plus, mieux le nombre d’habitants progresse, parce que le tourisme s’y est développé, et je considère que le tourisme a fait du bien aux territoires de montagne les plus reculés qui n’ont jamais été prioritaires dans les stratégies de développement économiques avant le plan neige.
Des gens en montagne vivent parce qu’ils perçoivent des revenus d’une activité nouvelle qui leur permette de financer les études de leurs enfants, ils sont 250 000 dans cette situation dans les montagnes de France. Penser que ces gens n’ont pas conscience que le réchauffement climatique va impacter leur vie quotidienne, c’est un peu leur faire injure, et c’est là où le débat sur la transition devient difficile.
Comment fait-on débattre des gens sur une sujet aussi important des gens qui vivent de l’activité qu’il faut transformer de manière différente selon les montagnes, et des gens qui n’en vivent pas ?
Une de réponses c’est que le milieu montagnard est fragile, et il l’est assurément. Il est hostile aussi et c’est la raison qui explique que pendant des années les habitants ont fui la montagne. Mais là elle devient attractive, les habitants ne la quittent plus, mieux le nombre d’habitants progresse, parce que le tourisme s’y est développé, et je considère que le tourisme a fait du bien aux territoires de montagne les plus reculés qui n’ont jamais été prioritaires dans les stratégies de développement économiques avant le plan neige.
Des gens en montagne vivent parce qu’ils perçoivent des revenus d’une activité nouvelle qui leur permette de financer les études de leurs enfants, ils sont 250 000 dans cette situation dans les montagnes de France. Penser que ces gens n’ont pas conscience que le réchauffement climatique va impacter leur vie quotidienne, c’est un peu leur faire injure, et c’est là où le débat sur la transition devient difficile.
Comment fait-on débattre des gens sur une sujet aussi important des gens qui vivent de l’activité qu’il faut transformer de manière différente selon les montagnes, et des gens qui n’en vivent pas ?
Transition dans le tourisme : la méthode c'est la clé
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Ce nécessaire débat ne doit pas se faire au détriment des enjeux environnementaux, mais il ne peut pas se faire non plus sur le dos des gens qui vivent de l’économie touristique en montagne. Alors comment on pose ce débat sereinement, avec de la donnée, de la vraie, comment on évite de poser le débat autour de concept éculé, tel que celui de la montagne 4 saisons, que je trouve tellement dépassé !
Si j’aborde le sujet de la méthode qui doit permettre de débattre sereinement de la transition du secteur du secteur du tourisme, c’est que je suis terrorisé à l’idée qu’un débat mal posé soit repris par les partis populistes qui agiteront le chiffon rouge du déclassement des populations de montagne.
Et malheureusement c’est comme ça que les choses se passent, on vient de le voir sur les ZFE. Donc la méthode c’est la clé, et si on veut y arriver, il va falloir sortir du clanisme actuel qui ne produit que de l’énergie statique !
Sur les enjeux du tourisme durable, arrêtons que de nous faire croire que l’eau tiède des concepts faciles c’est du feu.
Si j’aborde le sujet de la méthode qui doit permettre de débattre sereinement de la transition du secteur du secteur du tourisme, c’est que je suis terrorisé à l’idée qu’un débat mal posé soit repris par les partis populistes qui agiteront le chiffon rouge du déclassement des populations de montagne.
Et malheureusement c’est comme ça que les choses se passent, on vient de le voir sur les ZFE. Donc la méthode c’est la clé, et si on veut y arriver, il va falloir sortir du clanisme actuel qui ne produit que de l’énergie statique !
Sur les enjeux du tourisme durable, arrêtons que de nous faire croire que l’eau tiède des concepts faciles c’est du feu.
Jean Pinard - Mini Bio
Président de la société de conseils Futourism :
Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.
Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.