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TourMaG.com - Les études sur la fréquentation touristique de la France prêtent chaque année à polémique. Pourquoi ce sujet est-il si sensible selon vous ?
Didier Arino : "Nous sommes dans un secteur où l'outil statistique officiel n'analyse qu'une partie des nuitées en hébergement marchand, à savoir l'hôtellerie et l'hôtellerie de plein air en ignorant des pans entiers de nos hébergements payants tels les meublés locatifs, les résidences de tourisme, les villages de vacances et les chambres d'hôtes.
Cette absence de données fiables sur les seules nuitées marchandes n'empêche nullement nos ministres ou secrétaires d'État en charge du tourisme, de prétendre à un bilan fiable des saisons touristiques avec un aplomb qui confère au ridicule.
Sachant par ailleurs que les nuitées hôtelières sont marquées majoritairement à l'année par le tourisme d'affaires et que l'analyse des nuitées d'agrément reste embryonnaire au niveau des statistiques dites officielles.
Le tout laissait la place aux interprétations les plus fallacieuses et au sempiternel cocorico des élus qui annoncent, quasi-systématiquement, une bonne saison touristique. Et cela que les nuitées réelles soit en progression ou en régression.
Lorsque les chiffres sont, d'évidence trop mauvais sur l'été, nos statisticiens zélés nous expliquent que maintenant le tourisme c'est toute l'année et que, de toutes les manières, septembre sauvera la saison.
L'insuffisance de statistiques permet à n'en pas douter de masquer la perte de compétitivité de notre tourisme hexagonal et de nier une réalité : près d'un français sur deux ne part pas en vacances l'été et près de 40% à l'année (définition des vacances 4 nuits et plus en dehors de son domicile).
Quant aux 82 millions d'arrivées touristiques traduites de facon inappropriée par 82 millions de touristes, cela repose sur une approche peu scientifique qui peut laisser la place à une mystification.
Le rapport Couve remis au Premier ministre en juillet fait l'analyse suivante en abordant la question de l'observation statistique dans le tourisme : "les chiffres présentés par le gouvernement sont à considérer avec circonspection et discernement",
Il appelle à être "plus exigeant sur la méthode de comptage, les sources d'information et encore plus de l'interprétation que l'on peut faire des données produites".
Chez Protourisme c'est parce que nous avons fait ce constat il y a une dizaine d'années que nous avons décidé face à la défaillance publique et l'utilisation tronquée de chiffres erronés de réaliser notre propre observatoire, indépendant de tout groupe de pression."
T.M.com - Cette année, nous sommes carrément face à des contradictions de fond entre l'étude dont vous êtes l'auteur et les chiffres annoncés par le Ministre du Tourisme. Pourquoi ?
D.A. : "Sur le fond de l'analyse nous ne sommes pas en désaccord avec le secrétaire d'État. Nous avons dit que la saison était, certes, décevante avec une baisse des nuitées de, rappelons-le, de plus de 5% en deux ans avec près de 3% de baisse cette année. Pour autant, cela n'était pas catastrophique car les français ont, globalement, privilégié les logements les plus qualitatifs.
Soulignons aussi que le contexte économique et météorologique était défavorable et que, malgré tout, le taux de départs est à peu près stable même si les Français ont réduit leur durée de séjour.Taux de départ stable et baisse de la durée moyenne des séjours = baisse des nuitées.
C'est cette équation élémentaire que nie le secrétaire d'Etat au Tourisme, alors même que les chiffres de ses propres organismes sont concordants (Odit, Fnotsi et TNS Sofres).
On peut alors se demander pour quelle raison Hervé Novelli (certainement mal conseillé) s'obstine, au risque de se décrédibiliser, à nier une évidence admise par tous y compris dans sa propre administration.
Il serait temps de changer ces méthodes d'un autre temps. Cette attitude est stupide, inefficace et porte atteinte au crédit de notre secteur."
T.M.com - Pensez-vous que notre pays disposera un jour d'études sérieuses et sincères permettant notamment aux régions d'avoir une lisibilité sur la mise en tourisme de leurs territoires ?
D.A. : "Le mouvement vers plus de transparence et de professionnalisme est lancé depuis quelques années et le partenariat public-privé doit se renforcer pour rendre plus efficient les dispositifs d'observation.
Le défi est de bénéficier d'une observation économique du secteur et non plus de notes de conjoncture avec des baromètres dérisoires qui n'apportent rien en termes d'analyse.
Nous développons ces nouveaux outils chez Protourisme mais il faudra du temps pour les faire accepter. Cela passe par une plus grande sensibilisation et l'implication des élus à l'économie du tourisme, fondamentale pour la croissance de notre pays.
Si les Assises du tourisme n'ont fait que répéter ce que nous savons tous depuis longtemps, Hervé Novelli a ces derniers mois eu le courage d'aborder de vrais sujets et de poser les bonnes questions, sans langue de bois, sur les problématiques du tourisme hexagonal.
En revanche sur la pertinence des préconisations et les moyens à mettre en œuvre, nous sommes très loin du compte..."
Didier Arino : "Nous sommes dans un secteur où l'outil statistique officiel n'analyse qu'une partie des nuitées en hébergement marchand, à savoir l'hôtellerie et l'hôtellerie de plein air en ignorant des pans entiers de nos hébergements payants tels les meublés locatifs, les résidences de tourisme, les villages de vacances et les chambres d'hôtes.
Cette absence de données fiables sur les seules nuitées marchandes n'empêche nullement nos ministres ou secrétaires d'État en charge du tourisme, de prétendre à un bilan fiable des saisons touristiques avec un aplomb qui confère au ridicule.
Sachant par ailleurs que les nuitées hôtelières sont marquées majoritairement à l'année par le tourisme d'affaires et que l'analyse des nuitées d'agrément reste embryonnaire au niveau des statistiques dites officielles.
Le tout laissait la place aux interprétations les plus fallacieuses et au sempiternel cocorico des élus qui annoncent, quasi-systématiquement, une bonne saison touristique. Et cela que les nuitées réelles soit en progression ou en régression.
Lorsque les chiffres sont, d'évidence trop mauvais sur l'été, nos statisticiens zélés nous expliquent que maintenant le tourisme c'est toute l'année et que, de toutes les manières, septembre sauvera la saison.
L'insuffisance de statistiques permet à n'en pas douter de masquer la perte de compétitivité de notre tourisme hexagonal et de nier une réalité : près d'un français sur deux ne part pas en vacances l'été et près de 40% à l'année (définition des vacances 4 nuits et plus en dehors de son domicile).
Quant aux 82 millions d'arrivées touristiques traduites de facon inappropriée par 82 millions de touristes, cela repose sur une approche peu scientifique qui peut laisser la place à une mystification.
Le rapport Couve remis au Premier ministre en juillet fait l'analyse suivante en abordant la question de l'observation statistique dans le tourisme : "les chiffres présentés par le gouvernement sont à considérer avec circonspection et discernement",
Il appelle à être "plus exigeant sur la méthode de comptage, les sources d'information et encore plus de l'interprétation que l'on peut faire des données produites".
Chez Protourisme c'est parce que nous avons fait ce constat il y a une dizaine d'années que nous avons décidé face à la défaillance publique et l'utilisation tronquée de chiffres erronés de réaliser notre propre observatoire, indépendant de tout groupe de pression."
T.M.com - Cette année, nous sommes carrément face à des contradictions de fond entre l'étude dont vous êtes l'auteur et les chiffres annoncés par le Ministre du Tourisme. Pourquoi ?
D.A. : "Sur le fond de l'analyse nous ne sommes pas en désaccord avec le secrétaire d'État. Nous avons dit que la saison était, certes, décevante avec une baisse des nuitées de, rappelons-le, de plus de 5% en deux ans avec près de 3% de baisse cette année. Pour autant, cela n'était pas catastrophique car les français ont, globalement, privilégié les logements les plus qualitatifs.
Soulignons aussi que le contexte économique et météorologique était défavorable et que, malgré tout, le taux de départs est à peu près stable même si les Français ont réduit leur durée de séjour.Taux de départ stable et baisse de la durée moyenne des séjours = baisse des nuitées.
C'est cette équation élémentaire que nie le secrétaire d'Etat au Tourisme, alors même que les chiffres de ses propres organismes sont concordants (Odit, Fnotsi et TNS Sofres).
On peut alors se demander pour quelle raison Hervé Novelli (certainement mal conseillé) s'obstine, au risque de se décrédibiliser, à nier une évidence admise par tous y compris dans sa propre administration.
Il serait temps de changer ces méthodes d'un autre temps. Cette attitude est stupide, inefficace et porte atteinte au crédit de notre secteur."
T.M.com - Pensez-vous que notre pays disposera un jour d'études sérieuses et sincères permettant notamment aux régions d'avoir une lisibilité sur la mise en tourisme de leurs territoires ?
D.A. : "Le mouvement vers plus de transparence et de professionnalisme est lancé depuis quelques années et le partenariat public-privé doit se renforcer pour rendre plus efficient les dispositifs d'observation.
Le défi est de bénéficier d'une observation économique du secteur et non plus de notes de conjoncture avec des baromètres dérisoires qui n'apportent rien en termes d'analyse.
Nous développons ces nouveaux outils chez Protourisme mais il faudra du temps pour les faire accepter. Cela passe par une plus grande sensibilisation et l'implication des élus à l'économie du tourisme, fondamentale pour la croissance de notre pays.
Si les Assises du tourisme n'ont fait que répéter ce que nous savons tous depuis longtemps, Hervé Novelli a ces derniers mois eu le courage d'aborder de vrais sujets et de poser les bonnes questions, sans langue de bois, sur les problématiques du tourisme hexagonal.
En revanche sur la pertinence des préconisations et les moyens à mettre en œuvre, nous sommes très loin du compte..."