TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone
TourMaG.com, 1e TourMaG.com, 1e

logo TourMaG  




30 COP, 6 rapports du GIEC... le tourisme reste sourd à l’urgence climatique !

L'édito de Romain Pommier


Il y a déjà trois ans, Jean-François Rial, alors patron de VDM, lançait sur TourMaG.com un appel à l’organisation d’une COP du tourisme, alors que la maison brûle et que ses fondations vacillent. Un appel resté lettre morte. Ce lundi 10 novembre 2025, s’ouvre au Brésil la COP 30. Un événement que les États-Unis, tout comme l’industrie touristique, vont bouder. Cherchez l’erreur...


Rédigé par le Lundi 10 Novembre 2025

Quand les congrès polluent autant que des dizaines de tonnes de bœuf ou des milliers de jeans  - Crédit photo : généré par l'IA
Quand les congrès polluent autant que des dizaines de tonnes de bœuf ou des milliers de jeans - Crédit photo : généré par l'IA
Ce lundi 10 novembre 2025, les diplomates du monde entier, excepté les Américains, vont débattre des jours durant pour tenter de maintenir notre planète habitable.

Ironie du sort : Il faudra pour cela des centaines de jets privés et par conséquent quelques milliers de tonnes de CO₂ supplémentaires, pour acheminer les dirigeants internationaux à Belém, un port industriel perdu au cœur de l’Amazonie.

Ce lieu est symbolique parce que la célèbre forêt a perdu une surface équivalente à celle de l’Espagne en seulement 40 ans. Le plus grand piège à CO2 de la planète, abrite 90 % des peuples non contactés de la planète, dont près de la moitié pourrait disparaître d’ici dix ans.

Si vous trouvez le tableau déjà trop sombre, n’ouvrez surtout pas le carnet de santé de la planète.

Après quelques millénaires de présence humaine, la belle bleue en sort rincée, telle une nonagénaire qui enchaînerait son 3e marathon en plein cœur de Pékin. Pour autant, son calvaire n'est pas achevé.

A partir d'aujourd'hui le monde entier se rendra à son chevet et lui fera des ronds de jambes. Il faut bien sauver les apparences. Pour autant, nous savons qu'aucune décision définitive n'en sortira et que les plus grands pollueurs seront libres de poursuivre leur œuvre funeste.

Le tourisme fait partie des mauvais élèves. Nous devons balayer aussi devant notre porte et nous demander ce que nous pouvons faire pour améliorer un monde qui court à sa perte.
Inutile de compter sur les politiques.

"Qu’attendent-ils pour agir ?" me demande ma fille Gabrielle.


Tourisme durable : Arrêtons donc l'hypocrisie !

Je ne sais même plus quoi lui répondre.

Les signaux, eux, sont pourtant bien là. L’ONU tire la sonnette d’alarme bulletin après bulletin, pendant que les catastrophes naturelles se multiplient à travers le monde.

La situation est telle que la modeste ville de Tenbury Wells, au Royaume-Uni, est devenue la première bourgade anglaise abandonnée par les assureurs, victime de crues à répétition.

Un destin funeste qui risque fort de se répéter sur l’ensemble de l’île. Pendant ce temps, les scientifiques s’époumonent jusqu’à finir en prison, à défaut d’être entendus.

Alors qu’on se le dise : le tourisme ne peut pas, et ne doit pas, être tenu pour responsable de tous les maux de la planète. Il possède de nombreuses vertus que trop de médias ignorent par idéologie ou paresse intellectuelle.

Notre secteur est un bienfaiteur pour la santé mentale, un moteur pour les économies locales et un catalyseur du vivre-ensemble.

Mais comme toute activité économique, et plus encore puisqu’elle n’est pas vitale, le tourisme doit agir, montrer l’exemple, surtout à l’heure où il se gentrifie à vitesse grand V.

Le secteur a bien essayé d’avancer sur le sujet… mais sans grand succès.

En 1995, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) organisait sa première conférence sur le tourisme durable. Elle installe le mouvement dans l'opinion publique et envoie une image positive.

Mais trente ans plus tard, qu’a réellement fait l’organisme ? Qu’a vraiment changé le secteur ? Rien… ou presque.

L’OMT fait du greenwashing et pourrait pénaliser le… tourisme !

Des dizaines de congrès, séminaires et colloques ont été organisés sur la question, mais il n'en est rien sorti. La vision du secteur n'a pas changé d'un iota sur ces problèmes. Pas plus que sa façon de concevoir les voyages et de réduire leur impact.

Il y a pile trois ans, Jean-François Rial plaidait sur TourMaG.com pour la tenue d’une COP du tourisme, afin que l’industrie s’engage à réduire ses émissions.

"Arrêtez donc d’être hypocrites !" me balance Gabrielle, en pleine figure. Oui, les enfants de ce nouveau millénaire s’inquiètent déjà pour leur avenir. A juste titre : ils risquent d'en être les grands sacrifiés.

La situation est telle que Caroline Le Roy, lors de son intervention au séminaire d’ATR, appelait à refermer définitivement la page du tourisme durable.

Un constat partagé par Stefan Gössling.

"Nous avons souligné (dans un article scientifique) à plusieurs reprises que l'Organisation mondiale du tourisme n'a pas de stratégie pour lutter contre le changement climatique.

On pourrait arguer que ce n'est pas sa tâche principale, pas plus que de promouvoir la croissance du tourisme à tout prix.

Nous soulignons que les 'objectifs' que l'OMT s'est elle-même fixés n'ont aucun sens, puisqu'ils ne seront jamais atteints. Il s'agit simplement de greenwashing.

En bref, il faudra une réglementation pour limiter le secteur,
" m’avait confié le chercheur, spécialiste du tourisme et de son impact sur le climat.

Des congrès qui polluent autant que des milliers de jeans !

Et la dernière publication de l’ADEME sur les BEGES du tourisme (bilan des émissions de gaz à effet de serre) rappelle l’urgence absolue d’agir.

Le secteur représente 11 % des émissions françaises, sans même compter les vols internationaux, qui feraient grimper ce chiffre de 4,4 % supplémentaires.

A lire : Gaz à effet de serre : le tourisme doit (vite) agir ou mourir ?.

Et face à cette montagne de carbone, l’économie touristique ne pèse que 5 % du PIB national. Le compte n’y est pas. Mais alors, pas du tout !

Pour rester dans les clous de l’accord de Paris, il faudrait que le tourisme réduise ses émissions de 35 à 50 % d’ici 2030. Cinq petites années pour y parvenir... et des leviers d’action quasi inexistants.

Alors que la maison brûle, les professionnels n’ont même pas commencé à sortir les seaux d’eau. Pire, puisque tradition oblige, octobre et novembre sont les mois des… congrès !

Et là, ma fille, me balance en pleine poire : "C’est bien sympa de faire la morale, mais tu t’es regardé ? Tu pars pas en Afrique du Sud à la fin du mois, me laissant seule avec mon doudou."

Elle a du répondant cette petite...

Les réseaux de distribution et bureaux régionaux des Entreprises du Voyage profitent de l’accalmie dans les agences pour réfléchir à l’avenir de la profession.
De beaux moments de réseautage, certes… mais loin d’être neutres.

Imaginez un peu que le seul transport du congrès Selectour pèsera au minimum 1 404 tonnes de CO₂, selon le calculateur d’Ecotree, pour acheminer 600 participants en Afrique du Sud.

Un montant astronomique, équivalent à 326 512 nuits dans un hôtel ou la production de 16 354 smartphones ou de 50 126 kg de boeuf, mais encore l'envoi de 570 311 480 emails.

L’an prochain, bonne nouvelle, l’événement sera un peu plus "responsable", puisqu’il se tiendra à Prague.

De son côté, Les EDV Centre-Est ont, elles, émis à minima 78 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de 3 125 jeans, 1,23 million d’heures de streaming vidéo ou encore 123 375 litres de café

Ajoutez à cela les congrès des régions Grand Est, Ouest et bientôt Île-de-France… tout ça, sans aucun engagement concret pour le climat.

Pendant ce temps, ATR tenait son séminaire dans le Vaucluse, réunissant les trois quarts de ses adhérents, et Prêt à Partir s’apprête à accueillir plus de 900 participants à Gondreville, au siège du réseau.

Lueur d'espoir : le congrès national des Entreprises du Voyage se tiendra en 2026… en France.

Pour le climat, chaque petit geste compte. Et Gaby vous remercie.


Lu 441 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus

Dans la même rubrique :
< >









































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias