Iran et Afghanistan : les grands blessés
Quant aux autres grands gagnants de la rĂ©gion, ceux qui Ćuvrent mĂ©thodiquement au dĂ©veloppement de leur tourisme, depuis des dĂ©cennies et y parviennent avec un succĂšs indiscutable, ce sont les Ămirats arabes unis avec en tĂȘte DubaĂŻ et Abu Dhabi - Depositphotos.com Auteur zenmaster8
Et pourtant, tout allait bien⊠Dans les annĂ©es soixante-dix, les routes des Indes Ă lâaller et au retour, semblaient sans danger. On quittait New Delhi et lâon traversait le Pakistan dans un confort relatif mais une sĂ©curitĂ© quasiment assurĂ©e.
On dĂ©gringolait ensuite sur Kaboul en passant par lâun des cols les plus dangereux du monde, le Kyber Pass, mais la capitale afghane accueillait Ă bras ouverts les routards venus fumer quelques joints et faire des emplettes dans Chicken-Street.
Les femmes derriĂšre leurs grillages bleus Ă©taient rares et allaient Ă lâĂ©cole. Le pays Ă©tait une rĂ©publique dĂ©mocratique dirigĂ©e par un gouvernement socialiste pro communiste. Les Talibans nâexistaient pas encore. Et les plus tĂ©mĂ©raires des routards allaient galoper dans les montagnes, encadrĂ©s par des agences de voyages comme Air Alliance.
Quant Ă lâIran, aurĂ©olĂ© du prestige de la Perse ancienne, il faisait oublier lâautoritarisme de son monarque en proposant aux visiteurs des richesses culturelles exceptionnelles. SurveillĂ©s mais sĂ©curisĂ©s par la Savak, les touristes nâavaient rien Ă craindre, pourvu quâils nâĂ©mettent aucune remarque malveillante Ă lâĂ©gard du pouvoir du Shah dâIran et de sa cĂ©lĂšbre famille.
HĂ©las, dĂšs les annĂ©es quatre-vingt, le fragile Ă©quilibre de lâAfghanistan vacillait et lâon ne voit guĂšre quand et comment ce pays tenu par le pire des rĂ©gimes pourrait rouvrir ses frontiĂšres.
Quant Ă lâIran, une rĂ©publique islamique qui a pourtant connu un vĂ©ritable succĂšs touristique durant une petite pĂ©riode dâapaisement et rĂȘvait de devenir une grande destination en accueillant 20 millions de visiteurs, le voilĂ de nouveau et sans doute pour longtemps, lancĂ© dans un marchandage nuclĂ©o Ă©conomique dĂ©favorable, le privant de tout espoir de retour en grĂące.
Pause dans sa course au nuclĂ©aire contre levĂ©e des sanctions Ă©conomiques, voilĂ le marchĂ© ! Mais, les tractations nâaboutissent pas et le pays se referme dâautant plus que le financement du Hezbollah et sa guerre ouverte avec IsraĂ«l ne le rendent pas trĂšs frĂ©quentables.
A lire aussi : Une gĂ©opolitique bouleversĂ©e conditionne lâavenir du tourisme
Et câest lĂ que lâon retrouve le conflit israĂ«lo-palestinienâŠ
On dĂ©gringolait ensuite sur Kaboul en passant par lâun des cols les plus dangereux du monde, le Kyber Pass, mais la capitale afghane accueillait Ă bras ouverts les routards venus fumer quelques joints et faire des emplettes dans Chicken-Street.
Les femmes derriĂšre leurs grillages bleus Ă©taient rares et allaient Ă lâĂ©cole. Le pays Ă©tait une rĂ©publique dĂ©mocratique dirigĂ©e par un gouvernement socialiste pro communiste. Les Talibans nâexistaient pas encore. Et les plus tĂ©mĂ©raires des routards allaient galoper dans les montagnes, encadrĂ©s par des agences de voyages comme Air Alliance.
Quant Ă lâIran, aurĂ©olĂ© du prestige de la Perse ancienne, il faisait oublier lâautoritarisme de son monarque en proposant aux visiteurs des richesses culturelles exceptionnelles. SurveillĂ©s mais sĂ©curisĂ©s par la Savak, les touristes nâavaient rien Ă craindre, pourvu quâils nâĂ©mettent aucune remarque malveillante Ă lâĂ©gard du pouvoir du Shah dâIran et de sa cĂ©lĂšbre famille.
HĂ©las, dĂšs les annĂ©es quatre-vingt, le fragile Ă©quilibre de lâAfghanistan vacillait et lâon ne voit guĂšre quand et comment ce pays tenu par le pire des rĂ©gimes pourrait rouvrir ses frontiĂšres.
Quant Ă lâIran, une rĂ©publique islamique qui a pourtant connu un vĂ©ritable succĂšs touristique durant une petite pĂ©riode dâapaisement et rĂȘvait de devenir une grande destination en accueillant 20 millions de visiteurs, le voilĂ de nouveau et sans doute pour longtemps, lancĂ© dans un marchandage nuclĂ©o Ă©conomique dĂ©favorable, le privant de tout espoir de retour en grĂące.
Pause dans sa course au nuclĂ©aire contre levĂ©e des sanctions Ă©conomiques, voilĂ le marchĂ© ! Mais, les tractations nâaboutissent pas et le pays se referme dâautant plus que le financement du Hezbollah et sa guerre ouverte avec IsraĂ«l ne le rendent pas trĂšs frĂ©quentables.
A lire aussi : Une gĂ©opolitique bouleversĂ©e conditionne lâavenir du tourisme
Et câest lĂ que lâon retrouve le conflit israĂ«lo-palestinienâŠ
IsraĂ«l : lâespoir des accords dâAbraham
Parmi ses visiteurs fidĂšles, certains sont avides de soleil, de plages et de dĂ©sert. On les retrouve Ă Tel Aviv ou Ă Eilat⊠Mais ils ne sont pas les seuls. Les juifs du monde entier, ceux de la diaspora, ne boudent pas les plaisirs de lâĂ©tĂ© et sont lĂ aussi pour les principales fĂȘtes de leur calendrier.
Tandis que les pÚlerins chrétiens se déversent en flots continus le plus souvent en voyages organisés, sur les pas de Jésus, de Jérusalem à Tibériade, à travers la Galilée et Nazareth.
Rien, ni guerre, ni attentats, nâa rĂ©ussi Ă arrĂȘter dĂ©finitivement ce flux constant de touristes venus du monde entier. Ni la Guerre des six jours qui vit lâarmĂ©e israĂ©lienne aller jusquâau Jourdain, gommant ainsi lâannexion de ce territoire par la Jordanie. Ni la guerre de Kippour en 1973. Ni les diffĂ©rentes attaques menĂ©es au Liban pour Ă©carter la menace des milices chiites du Hezbollah, surarmĂ©es par lâIran. Ni lâoccupation du GolanâŠ
Et encore moins, les multiples attentats. Certes, quelques moments de tension affectent le tourisme israëlien, temporairement. Puis le pays habitué à vivre en situation de guerre, rouvre ses portes.
Une seule chose Ă verrouillĂ© le pays pendant prĂšs de deux ans, câest le Covid qui a immobilisĂ© totalement la population et gelĂ© toutes ses liaisons aĂ©riennes.
Aujourdâhui, le recul du virus semble ĂȘtre dĂ©finitif et la reprise touristique est de nouveau au rendez-vous.
Mieux, mĂȘme, elle sâest Ă©largie Ă de nouveaux venus, les Marocains, les habitants des Ămirats Arabes Unis et la petite population du Koweit. Demain, ce sera sans doute au tour des Saoudiens et peut-ĂȘtre mĂȘme des Ăgyptiens qui retrouveront le chemin de JĂ©rusalem, eux qui ont reconnu IsraĂ«l il y a bien longtemps !
Cette frĂ©quentation touristique nouvelle est rĂ©ciproque. Des investissements sont rĂ©alisĂ©s de part et dâautre. Ce sont les fruits des « Accords dâAbraham », des accords qui sont une vĂ©ritable promesse de paix et qui font un peu oublier les menaces nuclĂ©aires de lâIran et sa volontĂ© sans doute vaine dâeffacer IsraĂ«l de la carte du monde.
Et les grands gagnants sont et seront ⊠?
Quant aux autres grands gagnants de la rĂ©gion, ceux qui Ćuvrent mĂ©thodiquement au dĂ©veloppement de leur tourisme, depuis des dĂ©cennies et y parviennent avec un succĂšs indiscutable, ce sont les Ămirats arabes unis avec en tĂȘte DubaĂŻ et Abu Dhabi.
Bien plantés dans le décor désertique du Golfe, ils ont accueilli en 2019 plus de 25 millions de visiteurs et visent des performances de plus en plus élevées chaque année grùce à des investissements continus et un événementiel tout aussi dynamique.
Pas loin, lâArabie saoudite prĂ©pare aussi lâaprĂšs pĂ©trole en mettant Ă jour son patrimoine culturel prĂ© islamique et en se dotant dâĂ©quipements balnĂ©aires et de bien-ĂȘtre de grand luxe.
Si bien quâĂ moins dâaccident, lâ avenir de la rĂ©gion pourrait ĂȘtre radieux. Tandis que le Sultanat dâOman, avec une croissance plus modĂ©rĂ©e mais un positionnement plus authentique, attend pour 2040, 6 millions de visiteurs internationaux !
Bien plantés dans le décor désertique du Golfe, ils ont accueilli en 2019 plus de 25 millions de visiteurs et visent des performances de plus en plus élevées chaque année grùce à des investissements continus et un événementiel tout aussi dynamique.
Pas loin, lâArabie saoudite prĂ©pare aussi lâaprĂšs pĂ©trole en mettant Ă jour son patrimoine culturel prĂ© islamique et en se dotant dâĂ©quipements balnĂ©aires et de bien-ĂȘtre de grand luxe.
Si bien quâĂ moins dâaccident, lâ avenir de la rĂ©gion pourrait ĂȘtre radieux. Tandis que le Sultanat dâOman, avec une croissance plus modĂ©rĂ©e mais un positionnement plus authentique, attend pour 2040, 6 millions de visiteurs internationaux !
Liban, Syrie⊠une petite chance de revenir sur la carte touristique
En revanche, Ă quelques encablures, la recrĂ©ation dâune « grande Syrie » est-elle Ă lâordre du jour ?
Le Liban peut-il rester indépendant dans un Moyen-Orient gangréné par les conflits religieux, la montée en puissance des courants islamistes, une corruption endémique, une situation économique dramatique ?
Déjà , la Syrie a tenté un retour sur la scÚne touristique dÚs 2020, malgré les sanctions et la désapprobation internationales.
Il ne fait donc guĂšre de doute que, bien que dĂ©truits en partie, ses sites sauront reconquĂ©rir un tourisme peu scrupuleux, prĂȘts Ă de petits arrangements avec les drames du monde, aussi noirs soient-ils ! Câest le « black tourism ».
Quant au Liban, via son immense diaspora, il a des chances de revenir sur la carte du tourisme moyen-oriental. A condition cependant que les partis islamistes et le conflit larvĂ© avec IsraĂ«l ne le rendent pas trop dangereux et quâil puisse remettre son Ă©conomie sur pied. Ce qui sera long et difficile, malgrĂ© lâargent de la diaspora.
Le Liban peut-il rester indépendant dans un Moyen-Orient gangréné par les conflits religieux, la montée en puissance des courants islamistes, une corruption endémique, une situation économique dramatique ?
Déjà , la Syrie a tenté un retour sur la scÚne touristique dÚs 2020, malgré les sanctions et la désapprobation internationales.
Il ne fait donc guĂšre de doute que, bien que dĂ©truits en partie, ses sites sauront reconquĂ©rir un tourisme peu scrupuleux, prĂȘts Ă de petits arrangements avec les drames du monde, aussi noirs soient-ils ! Câest le « black tourism ».
Quant au Liban, via son immense diaspora, il a des chances de revenir sur la carte du tourisme moyen-oriental. A condition cependant que les partis islamistes et le conflit larvĂ© avec IsraĂ«l ne le rendent pas trop dangereux et quâil puisse remettre son Ă©conomie sur pied. Ce qui sera long et difficile, malgrĂ© lâargent de la diaspora.
Turquie : un avenir touristique probable
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Quant Ă la Turquie, elle a trop investi sur le dĂ©veloppement de son tourisme (10% de son PIB), tant au niveau balnĂ©aire quâau niveau aĂ©rien en crĂ©ant le plus gros aĂ©roport de la rĂ©gion, pour renoncer Ă ses objectifs.
Certes, les Russes ne viendront pas trĂšs nombreux cette annĂ©e alors que lâon en attendait 4.5 millions. Ni les Ukrainiens qui devaient ĂȘtre 2.5 millions !
Mais, une fois le choc passĂ©, le tourisme turc qui a un objectif de frĂ©quentation de 40 millions de touristes internationaux, a de quoi remplir ses hĂŽtels avec dâautres clientĂšles, notamment les populations coreligionnaires de la rĂ©gion et plus loin de Malaisie ou IndonĂ©sie auxquelles elle propose un tourisme de plus en plus « halal ».
De plus, la Turquie possĂšde lâune des villes les plus emblĂ©matiques du monde : Istanbul et sait, derriĂšre sa vitrine touristique, faire oublier lâintransigeance de ses dirigeants vis-Ă -vis des droits de lâhomme. Bon an, mal an, elle restera donc trĂšs probablement un acteur majeur du tourisme rĂ©gional.
Certes, les Russes ne viendront pas trĂšs nombreux cette annĂ©e alors que lâon en attendait 4.5 millions. Ni les Ukrainiens qui devaient ĂȘtre 2.5 millions !
Mais, une fois le choc passĂ©, le tourisme turc qui a un objectif de frĂ©quentation de 40 millions de touristes internationaux, a de quoi remplir ses hĂŽtels avec dâautres clientĂšles, notamment les populations coreligionnaires de la rĂ©gion et plus loin de Malaisie ou IndonĂ©sie auxquelles elle propose un tourisme de plus en plus « halal ».
De plus, la Turquie possĂšde lâune des villes les plus emblĂ©matiques du monde : Istanbul et sait, derriĂšre sa vitrine touristique, faire oublier lâintransigeance de ses dirigeants vis-Ă -vis des droits de lâhomme. Bon an, mal an, elle restera donc trĂšs probablement un acteur majeur du tourisme rĂ©gional.
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin dâen analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.
AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de lâactualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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