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P. de Izaguirre : taxe Chirac, "aucun réajustement ne sera effectué sur les billets émis"

Congrès Selectour 2024 à Doha au Qatar


La hausse de la taxe de solidarité sur les billets d'avion, dite taxe Chirac, était au menu du congrès Selectour 2024 qui se tient jusqu'à dimanche à Doha, au Qatar. Les compagnies aériennes l'ont exprimé clairement : "il n'y aura aucun réajustement sur les billets déjà émis".


Rédigé par le Vendredi 29 Novembre 2024

Christian Vernet (La Compagnie), Christine Ourmières-Widener (Air Caraïbes), Pascal de Izaguirre (Corsair) et Gilles Talec (Air Austral) ont évoqué l'impact de la hausse de la taxe de solidarité au Congrès Selectour - Photo CE
Christian Vernet (La Compagnie), Christine Ourmières-Widener (Air Caraïbes), Pascal de Izaguirre (Corsair) et Gilles Talec (Air Austral) ont évoqué l'impact de la hausse de la taxe de solidarité au Congrès Selectour - Photo CE
Le sujet aurait été en réflexion, et c'était en tout cas une crainte du côté des voyagistes et des agences de voyages.

Les compagnies aériennes vont-elles répercuter la hausse de la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA) sur les billets déjà émis ?

La réponse apportée par les compagnies aériennes lors d'une table ronde organisée dans le cadre du Congrès Selectour 2024 qui se tient à Doha est claire : "nous n'appliquerons pas de réajustement tarifaire sur les billets déjà émis, le contrat de vente l'interdit" ont assuré d'une même voix, Pascale de Izaguirre patron de Corsair, Christine Ourmières-Widener, PDG d'Air Caraïbes, Christian Vernet PDG de La Compagnie, et Gilles Talec, directeur commercial d'Air Austral.

"Pour tous les billets déjà émis pour des départs à partir du 1er janvier 2025, nous serons quand même redevables vis-à-vis de l'État du versement de la taxe, alors même que nous n'aurons pas pu la répercuter sur les tarifs aux passagers.

Ce sera pour nous une perte financière sèche",
a ajouté Pascal de Izaguirre, qui est aussi président de la FNAM.

Lire aussi : Billets émis et taxe Chirac : attention à pas franchir la ligne rouge !

"Les marges des entreprises aériennes sont extrêmement faibles"

Pour limiter la casse, les transporteurs ont décidé d'anticiper cette surcharge prévue dans le cadre du projet de loi de finances 2025 sur les réservations effectuées depuis la mi-octobre et le début novembre pour des voyages en 2025, avant le vote par le gouvernement. Une attitude qui a fait plus que grincer des dents les opérateurs de voyages.

Air France-KLM a tiré la première. Depuis le 23 octobre dernier, toutes les compagnies du Groupe ont mis en machine la hausse prévue dans le PLF.

Les autres compagnies aériennes ont suivi ensuite le mouvement. "Le gouvernement fait cette annonce sans avoir réalisé aucune étude d'impact", rappelle Christine Ourmières-Widener.

"A partir du 1er janvier, si cette hausse de taxe n'est pas collectée en amont pour les billets qui ont été réservés, ce sera un trou dans les comptes, poursuit-elle. Et ce qu'on oublie de dire quand même, c'est que pour les compagnies aériennes, on peut se poser la question suivante : quelle est la légalité pour l'Etat de collecter une taxe qui n'a pas été prélevée en amont ?".

"Les marges des entreprises aériennes sont extrêmement faibles, nous n'avons pas la capacité financière d'assumer cette taxe," ajoute Pascal de Izaguirre, qui rappelle que la France est le pays où le secteur aérien est le plus taxé.

Lire aussi : Taxe de solidarité : le Sénat change le barème !

Hausse de la taxe Chirac : "plusieurs millions d'euros" pour les compagnies

"Quand nous avons fait les calculs, nous nous sommes rendus compte qu'économiquement c'était une catastrophe", témoigne à son tour Gilles Talec d'Air Austral.

"Dans la situation de transformation et de redressement de la compagnie, c'est juste impossible. C'est un montant de plusieurs millions d'euros".

"Si cela ne choque personne que les compagnies aériennes doivent payer, alors qu'elles n'auront pas été rémunérées par le passager, je pense qu'on a déjà un petit problème de fond", poursuit Christian Vernet pour La Compagnie, qui n'a pas encore anticipé la hausse. "Il est probable que nous appliquions la surcharge dès la semaine prochaine, nous attendions de savoir comment le Sénat allait éventuellement statuer sur les différentes propositions et amendements".

Les Entreprises du Voyage et le SETO ont œuvré pour appliquer la surcharge sur les réservations à partir du 1er janvier 2025 et non sur les départs.

"Mais le problème que nous avons rencontrés, c'est que le gouvernement veut rapidement trouver ces 850 millions d'euros supplémentaires, et donc ils auraient augmenté le barème, sur une décision qui s'annonce pérenne. Cela aurait voulu dire un impact financier significativement plus important", détaille le président de la FNAM qui se dit totalement "aligné" sur la vision des deux syndicats.

Quel impact de cette hausse sur la demande ?

Autre inquiétude pour les compagnies aériennes : l'impact de cette hausse sur la demande.

"Cette taxe a aussi un impact considérable en terme sur la capacité des clients à voyager, notamment sur les marchés ultramarins", analyse Gilles Talec.

"La sensibilité au prix dans le contexte actuel est un vrai sujet", abonde Christine Ourmières-Widener. Si sur le segment du business travel, Christian Vernet est relativement protégé, en revanche sur les voyageurs loisirs, qui choisissent la business class, l'évolution des tarifs peut aussi avoir des conséquences. "Penser que sur la catégorie business, il y a une sensibilité nulle sur l'élasticité au prix, c'est je pense, une erreur de fondement qu'il faut éviter de faire absolument".

Reste une interrogation : quid des avances effectuées si une motion de censure venait à renverser le gouvernement entraînant un retour au budget 2024 ?

"Toutes les compagnies aériennes ont été très claires dès le début et se sont engagées à rembourser intégralement la totalité de l'augmentation s'il n'y avait pas de taxe, ou la différence si le barème était révisé à la baisse" assure Pascal de Izaguirre...

De quoi redonner un peu plus de travail aux agences et tour-opérateurs qui auraient alors répercuté par ricochet, cette surcharge non votée...

Céline Eymery Publié par Céline Eymery Rédactrice en Chef - TourMaG.com
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