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Recrutement : vive la cooptation, mais avec modĂ©ration ! 🔑

la chronique de Marie-Sophie Zambeaux, responsable recrutement - Editorialiste RH


La cooptation peut ĂȘtre un puissant levier de recrutement et prĂ©sente de nombreux avantages. Toutefois, attention Ă  certains piĂšges. Marie-Sophie Zambeaux, responsable recrutement et Ă©ditorialiste RH fait le point sur cette technique de recrutement participative.


Rédigé par le Jeudi 19 Janvier 2023

La cooptation est un puissant levier de recrutement - Depositphotos.com Auteur everythingposs
La cooptation est un puissant levier de recrutement - Depositphotos.com Auteur everythingposs
La cooptation est une technique de recrutement participative qui consiste, pour une entreprise, Ă  faire appel au rĂ©seau de ses collaborateurs (les coopteurs) pour recruter des candidats externes et donc des futurs collaborateurs (les cooptĂ©s). Bref, il s’agit de demander Ă  ses propres collaborateurs de recommander une personne qu’ils connaissent disposant des compĂ©tences requises pour occuper un poste Ă  pourvoir au sein de son organisation.

La cooptation est un puissant levier de recrutement ! Qui plus est simple et relativement facile Ă  mettre en Ɠuvre. Aussi, il n’est guĂšre Ă©tonnant que, selon l’APEC, 44% des entreprises aient utilisĂ© la cooptation pour recruter des cadres en 2020.

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Je trouve mĂȘme ce chiffre faible au vu du potentiel de cette technique, de ses nombreux avantages et du fait que le « taux de cooptation naturelle » soit de 25% sans que les recruteurs fassent quoi que ce soit selon un article de l’Ecole du Recrutement. [1]

La cooptation présente de nombreux et indéniables avantages. Voici les principaux :


L’accĂšs Ă  un « marchĂ© invisible » ou « marchĂ© gris »

Tout d’abord, le principal atout de la cooptation est de permettre aux organisations et recruteurs d’accĂ©der Ă  des profils qui n’étaient pas forcĂ©ment en recherche active d’emploi ou disponibles sur les canaux « classiques » de recrutement. La cooptation permet ainsi de toucher le « marchĂ© gris » ou « marchĂ© invisible » Ă  savoir les personnes qui ne sont pas en recherche active d’emploi mais qui restent cependant ouvertes Ă  l’idĂ©e d’un nouveau challenge.

Des candidatures de « meilleure qualité »

Recourir Ă  la cooptation permet d’accroitre de maniĂšre significative la qualitĂ© et la pertinence des candidatures reçues et limite ainsi les candidatures « spams » qui n’ont rien Ă  voir avec la choucroute.

En effet, l’acte de coopter un candidat est un acte engageant pour les collaborateurs qui s’y prĂȘtent et les coopteurs vont donc effectuer un premier tri et ne soumettre que des candidatures qu’ils jugent rĂ©ellement adĂ©quates que ce soit sur le volet compĂ©tences techniques mais Ă©galement compĂ©tences comportementales. Un vrai gain de temps pour les recruteurs !

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Ainsi, en moyenne, ce serait un candidat cooptĂ© sur 16 qui serait recrutĂ© versus 1 candidat sur 22 pour des candidats proposĂ©s par des cabinets de recrutement, 1 sur 72 pour des candidats identifiĂ©s via du sourcing ou bien encore 1 profil sur 152 candidats ayant rĂ©pondu Ă  une annonce. La diffĂ©rence est vertigineuse et parle d’elle-mĂȘme ! La cooptation est un canal extrĂȘmement efficace pour recruter.

Des recrutements plus pérennes

Autre bienfait de la cooptation, elle génÚre des recrutements plus pérennes : 43% des candidats recrutés via la cooptation sont encore en poste aprÚs 3 ans contre 14% des candidats recrutés via un jobboard. [2]

Le recrutement par cooptation permettrait ainsi d’embaucher des candidats plus « fiables » lit-on rĂ©guliĂšrement. Je n’irai pas jusqu’à utiliser et faire mien ce qualificatif mais force est de constater que la cooptation permet de recruter des candidats qui s’inscrivent davantage dans la durĂ©e au sein des organisations.

Cela s’explique principalement par le fait que les personnes cooptĂ©es sont plus alignĂ©es avec la culture d’entreprise et s’intĂšgrent donc mieux et plus facilement. Elles bĂ©nĂ©ficient, en outre, de l’accompagnement et des conseils avisĂ©s de leur coopteur.

Selon une Ă©tude Careerfy citĂ©e par l’Ecole du Recrutement « une personne recrutĂ©e par cooptation a 23 fois moins de chances de quitter son poste ». Plusieurs Ă©tudes dĂ©montrent Ă©galement que les salariĂ©s coopteurs restent eux aussi plus longtemps dans l’entreprise.

Une entreprise recourant massivement à la cooptation voit ainsi son taux de fidélisation des collaborateurs grimper en flÚche et son turnover se réduire comme peau de chagrin. Une belle opération !

La réduction des coûts et délais de recrutement

Enfin, dernier avantage que je voulais mettre en avant et qui résume les points précédemment évoqués : recruter via la cooptation permet de réduire aussi bien les coûts que les délais de recrutement.

Recourir à la cooptation permet, en effet, de gagner du temps sur le processus global de recrutement (beaucoup moins de temps consacré à la présélection, au sourcing et aux démarches de recherche ; impasse éventuelle sur certaines étapes
). Selon une étude de Jobvite [2], un recrutement via la cooptation prendrait 29 jours contre 39 jours via un jobboard et 55 jours via le site carriÚre.

Recruter grĂące Ă  la cooptation Ă©tant ainsi plus rapide et efficace, cela engendre de facto un gain d’argent car le temps c’est de l’argent ! Cette rĂ©duction des coĂ»ts s’explique aussi par des Ă©conomies rĂ©alisĂ©es grĂące Ă  la non-diffusion payante d’offres d’emploi, la non-sponsorisation d’annonces ou bien encore le non-recours Ă  des cabinets de recrutement.

Bref, vous l’aurez compris, la cooptation est un redoutable levier de recrutement dont il ne faut pas se priver et qui prĂ©sente d’indĂ©niables atouts mais, attention, cependant Ă  ne pas en abuser non plus. A haute dose, la cooptation prĂ©sente une face plus sombre.

Cooptation : les piÚges à éviter

PassĂ© un certain stade, la cooptation peut se retourner contre l’organisation elle-mĂȘme.

Voici les 3 principaux piĂšges et risques :

‱ Entre-soi et clonage
Comme le dit si bien l’adage « qui se ressemble s’assemble ». Aussi, il n’est guĂšre Ă©tonnant que la cooptation aboutisse in fine Ă  favoriser de maniĂšre extrĂȘmement prononcĂ©e l’entre-soi et la rĂ©plication sociale.

En effet, lorsqu’un de vos collaborateurs coopte un candidat, il va assez logiquement et naturellement proposer un profil qui lui ressemble, qu’il a croisĂ© lors de ses Ă©tudes ou cĂŽtoyĂ© lors d’une prĂ©cĂ©dente expĂ©rience professionnelle. RĂ©sultat, les profils cooptĂ©s ont de trĂšs grandes chances d’avoir des parcours et des expĂ©riences similaires.

Aussi, mise en Ɠuvre sans discernement et de maniĂšre intensive, la cooptation peut dĂ©boucher sur le recrutement d’une armĂ©e de clones pensant exactement la mĂȘme chose au mĂȘme moment et privant ainsi les organisations des rĂ©els bienfaits de la diversitĂ© (diversitĂ© de formation / de parcours/ diversitĂ© cognitive
) Ă  savoir la crĂ©ativitĂ©, l’innovation, l’émergence de nouvelles idĂ©es et stratĂ©gies, la capacitĂ© Ă  se remettre en question et Ă  challenger la stratĂ©gie et les processus Ă©tablis.

‱ Fragilisation de la coopĂ©ration et de l’esprit critique
Avoir au sein de son organisation de nombreuses personnes cooptĂ©es facilite indĂ©niablement leur intĂ©gration et est un plus indĂ©niable pour la cohĂ©sion d’équipe. En effet, cooptĂ©s et coopteurs se connaissent, s’apprĂ©cient, partagent des codes communs et ont l’habitude de travailler ensemble. La collaboration n’en est que plus aisĂ©e, simple et fluide.

Mais attention, le prix Ă  payer est parfois tout simplement exorbitant. En effet, se sentant redevables pour leur nouvel emploi et ayant dĂ©veloppĂ© un fort sentiment de loyautĂ© envers ceux qui les ont cooptĂ©s, les cooptĂ©s peuvent assez naturellement se censurer et taire leurs divergences pour ne pas entrer en conflit ouvert avec leur coopteur ou l’organisation qui vient de les intĂ©grer. Cela est fort dommageable pour l’organisation qui perd ainsi de rĂ©elles opportunitĂ©s d’amĂ©lioration.

Dans la mĂȘme veine, l’abus de cooptation est dangereux dans la mesure oĂč il gĂ©nĂšre la formation de clans Ă  l'intĂ©rieur mĂȘme d’une organisation. Ces clans sont constituĂ©s des cooptĂ©s redevables aux coopteurs et se sentant obligĂ©s de leur prĂȘter serment d’allĂ©geance. Ils se sentent ainsi forcĂ©s et contraints d’acquiescer aux demandes et prĂ©conisations de leur coopteur et de s’opposer aux directives et demandes Ă©manant de ce qui est perçu comme le « camp adverse ». On peut alors dire bye-bye esprit critique et bienvenue conformisme !

‱ « Effet domino »
Enfin, dernier effet nocif de la cooptation : le fameux « effet domino » ! Je m’explique : quand un collaborateur trĂšs actif sur le volet cooptation quitte l’organisation, il est trĂšs frĂ©quent que son dĂ©part soit accompagnĂ©, dans la foulĂ©e, du dĂ©part de plusieurs personnes cooptĂ©es par ses soins. Et lĂ , c’est la cata la cata la catastrophe !

Le poison est dans la dose

Relativement simple Ă  mettre en Ɠuvre et rudement efficace, la cooptation est, sans l’ombre d’un doute, un puissant levier de recrutement et prĂ©sente de nombreux avantages : accĂšs au « marchĂ© invisible », candidatures de meilleure qualitĂ©, recrutements plus pĂ©rennes, turnover rĂ©duit, rĂ©duction des coĂ»ts et des dĂ©lais de recrutement.

Je ne peux qu’encourager les organisations Ă  dĂ©velopper leur politique de cooptation ainsi que les dĂ©marches affĂ©rentes.

Mais, attention, cependant Ă  ne pas en abuser car le poison est dans la dose ! A forte dose, la cooptation se retourne contre l’organisation elle-mĂȘme en portant tout particuliĂšrement atteinte Ă  la diversitĂ© et Ă  l’esprit critique, moteurs indispensables pour qu’une organisation prospĂšre ! Il est donc impĂ©ratif de bien encadrer et organiser la cooptation !

[1] Article « Tout savoir sur la cooptation en recrutement » de Laurent Brouat - [https://blog.lecoledurecrutement.fr/tout-ce-quil-faut-savoir-sur-la-cooptation-en-recrutement/

[2] Etude Jobvite « Why Employee Referrals are the Best Source of Hire »

Marie-Sophie Poggi-Zambeaux
Marie-Sophie Poggi-Zambeaux
PassionnĂ©e par le recrutement qu’elle exerce depuis prĂšs de 20 ans, Marie-Sophie Poggi-Zambeaux est actuellement Responsable d’un PĂŽle Recrutement au sein d’une collectivitĂ© publique.

Elle s’exprime rĂ©guliĂšrement sur le recrutement et de maniĂšre plus large sur les RH et le management que ce soit sur diffĂ©rents blogs, lors de confĂ©rences ou bien encore dans sa newsletter hebdomadaire sur LinkedIn.

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