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M. Fontugne (DRH Belambra) : « recruter reste un jeu d’équilibriste dans le secteur du tourisme » 🔑

Série spéciale : comment a évolué le marché de l’emploi ces 25 dernières années ?


TourMaG.com fête ses 25 ans en 2023. L’occasion de revenir sur l’évolution du marché de l’emploi. Attractivité, recrutement, fidélisation… Mélanie Fontugne, DRH de Belambra Clubs, partage son analyse et ses bonnes pratiques en matière d’emploi.


Rédigé par le Vendredi 10 Novembre 2023

" La génération qui arrive sur le marché de l'emploi est hyper intéressante et challengeante", affirme Mélanie Fontugne, DRH de Belambra Clubs. -@belambra
" La génération qui arrive sur le marché de l'emploi est hyper intéressante et challengeante", affirme Mélanie Fontugne, DRH de Belambra Clubs. -@belambra
TourMaG - Quel est votre parcours ? Pouvez-vous vous présenter ?

Mélanie Fontugne :
J’ai un parcours académique orienté vers les ressources humaines avec du droit, de l’économie et gestion des ressources humaines option droit du travail européen.

J’ai toujours travaillé dans le domaine des ressources humaines, d’abord dans les secteurs du retail, de la distribution alimentaire et non alimentaire, ainsi que la restauration, avant de rejoindre il y a près de 3 ans le Groupe Belambra. J’ai également une expérience entrepreneuriale, puisque j’ai géré un restaurant français pendant une grosse année, à Mexico.


TourMaG - Comment définiriez-vous vos missions de DRH aujourd’hui ? Etaient-elles différentes quand vous avez débuté votre carrière ?

Mélanie Fontugne :
Aujourd’hui, ma mission première est de construire, avec le président, la stratégie RH de Belambra en lien avec la stratégie globale de l’entreprise. Une fois construite, mon rôle est de la présenter, la déployer et la mettre en œuvre.

Ça passe par beaucoup d’accompagnement à la transformation organisationnelle, le développement des collaborateurs, le recrutement, la formation… et puis des fonctions plus classiques : la paye, le SIRH, les relations sociales…

Depuis quinze ans que j'exerce ce métier, j’observe que la fonction RH est vraiment sortie de la fonction support pour devenir beaucoup plus stratégique au sein du comité de direction.

Le DRH est un Business partner.


"réussir à se démarquer, à expliquer et à convaincre les candidats"

TourMaG - Combien de salariés compte Belambra ? Combien de recrutements effectuez-vous par an ?

Mélanie Fontugne :
Notre activité est saisonnière, nous sommes en moyenne 1 200 salariés à l’année. En période haute, l’effectif monte à 2500 à 2700 collaborateurs. Nous recrutons 4 000 collaborateurs par an, dont 2000 saisonniers.

TourMaG - Vous avez lancé votre campagne de recrutement hiver en octobre dernier. Comment se passe-t-elle ?

Mélanie Fontugne :
Bien. Nous avons anticipé. La transformation de l’entreprise, le développement de la marque employeur, la notoriété de Belambra font que les recrutements se passent de mieux en mieux.

Très clairement, recruter reste un jeu d’équilibriste dans le secteur du tourisme. Il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande, avec plus d’offres que de demandes. Il faut réussir à se démarquer, à expliquer et à convaincre les candidats. Ce n’est pas simple, les candidats ont aujourd’hui le pouvoir. La situation leur est favorable.

Nous capitalisons beaucoup sur nos collaborateurs, qui sont nos meilleurs ambassadeurs. La cooptation est récompensée par une prime.

Nous sommes un groupe, le poids du groupe est important. Quand vous intégrez Belambra, vous n’entrez pas dans une structure isolée. Nous avons une diversité de métiers : restaurant, cuisine, animation, hébergement, technique… mais aussi une pluralité des responsabilités. Nous offrons la possibilité très rapidement d’évoluer sur un poste de responsable de bar, de responsable restauration, de directeur adjoint…

Nous offrons également la possibilité de loger sur place.

La double saisonnalité permet de contracter des collaborateurs sur de la longue durée, voire de proposer des CDI. Sur les deux dernières années, nous avons mené une politique massive de cédéisation. L’an dernier, nous avons transformé plus de 60 contrats en CDI. En 2023, nous serons au même niveau.

La jeune génération : "hyper intéressante et challengeante"

TourMaG - Comment expliquez-vous les difficultés de recrutement du secteur du tourisme ?

Mélanie Fontugne :
Il y a toujours eu des difficultés de recrutement, mais elles ont été exacerbées par le covid. Entre 2020 et 2021, nous avons perdu des saisonniers titulaires, partis vers d’autres secteurs d’activités.

Ce sont des métiers qui connaissent des contraintes : travail le soir, le week-end, pendant que les autres sont en vacances, des périodes de rush. Et puis le contact front client est particulier.

Mais, ce sont également des métiers passion. L’envie de faire plaisir au client, de travailler dans un contexte ludique, un endroit agréable… expliquent que nous avons quand même la possibilité de recruter des talents !


TourMaG - Comment ont évolué les attentes des salariés ?

Mélanie Fontugne :
Il y a quelques années, on parlait de temps de travail, de mobilité professionnelle, de carrière interne, on s’inscrivait beaucoup plus sur du long terme. Aujourd’hui, les candidats cherchent les valeurs de l’entreprise et ce qu’elles peuvent apporter à leur carrière.

Les attentes sont différentes ou alors la parole est beaucoup plus libérée sur les attentes vie privée/vie pro. C’est un sujet qui auparavant n’était pas évoqué, voire qui était tabou, en entretien.

Le télétravail est également très demandé. Aujourd’hui, il fait partie des critères des candidats. C’est devenu un critère quasi impératif sur une fonction support.


TourMaG - Quid des jeunes ?

Mélanie Fontugne :
La génération qui arrive sur le marché de l'emploi est hyper intéressante et challengeante. Les jeunes sont hyper inventifs, hyper agiles.

Ils sont incroyables, veulent tout, tout de suite : un job intéressant, des responsabilités, le respect de leur vie privée et vie pro, un salaire confortable, une évolution quasi instantanée…

Nous ne pouvons pas tout cumuler, mais nous essayons d’y répondre. Nous sommes un groupe et en même temps une petite structure. Nous sommes sur des postes à expertise unique, en entrant chez Belambra vous avez tout de suite un niveau de responsabilité intéressant, les initiatives sont plébiscitées.

Nous avons une jolie marque employeur, nous arrivons à embaucher et à garder des profils talentueux.

"C’est en local que ça se passe, au plus près des opérationnels"

TourMaG - En 2023, la communication est un levier important sur le marché du travail ?

Mélanie Fontugne :
Oui, avec les réseaux sociaux, les fonctionnements différents, la marque employeur et la communication sont extrêmement importantes.

Mais attention, il ne faut pas raconter des carabistouilles aux candidats ! Il faut être transparent en entretien et ne pas oublier d’aborder les difficultés liées notamment aux budgets serrés.

Nous avons lancé des campagnes de communication qui amènent du trafic. Nous ne connaissons pas de pénurie de CV et surtout nous arrivons à transformer l’essai en racontant l’histoire, en expliquant ce qu’on propose : la formation, les possibilités d’évolution, la diversité des métiers et au final garder nos collaborateurs. Aujourd’hui, la première cause de départ reste la retraite.


TourMaG - Que pensez-vous du plan saisonnier lancé par le gouvernement ?

Mélanie Fontugne :
Le Gouvernement prend le sujet à bras le corps, c’est réjouissant. En parlant du tourisme, cette initiative nous a aidés. La diffusion de spots TV a permis de mettre en avant le tourisme.

Le plan a été tardif, lancé en juin. Nous avions déjà activé une grosse partie de nos recrutements.

Depuis deux ans, nous développons le tissu local, nous prenons attache avec Pole emploi, les missions locales, les chambres de commerce. Nous demandons aux directeurs d’être beaucoup plus actifs au niveau local pour développer notre notoriété. Nous participons aux forums emploi.

Deux responsables RH sont aujourd’hui beaucoup plus sur le terrain. Ils passent plus de la moitié de leur temps à accompagner de façon opérationnelle les directeurs sur ce volet du recrutement, mais aussi de l’intégration et la fidélisation.

C’est en local que ça se passe, au plus près des opérationnels.

"Nous sommes prêts à adapter l’offre et le produit pour intégrer des actions de QVT"

TourMaG - Recrutement, fidélisation, attractivité ... Quels sont les principaux enjeux aujourd'hui ?

Mélanie Fontugne :
La fidélisation, car ce sont de vrais métiers, avec de l’expertise. Tenir une salle de restaurant, avoir le regard circulaire et s’occuper des clients demande une réelle expérience.

Attirer des talents de l’extérieur c’est génial, car ça permet de renforcer les expertises en interne, mais les garder est un vrai challenge.

Nous pouvons offrir de vrais parcours professionnels quelle que soit la durée de la carrière. Aujourd’hui, il faut accepter une certaine flexibilité et être ouvert d’esprit.


TourMaG - La rémunération reste le point noir de l’industrie du tourisme ?

Mélanie Fontugne :
Un point noir je ne sais pas. C’est un sujet d’équilibriste. Les entreprises ont des marges faibles, avec des métiers règlementés par le SMIC ou la convention d’entreprise.

Chez Belambra, nous sommes conformes au marché. Nous avons amélioré les mesures sociales à mon arrivée il y a trois ans.

Nous avons mis en place des avantages supplémentaires au salaire de base : des primes d’ancienneté, un 13e mois qui représente a minima 8% de la rémunération mensuelle, des congés supplémentaires à prendre ou à se faire payer à la fin du contrat, des primes sur objectifs, des primes cooptation. Certaines années, comme l’an dernier, de l’intéressement peut venir en supplément.

Le salaire restera toujours un sujet dans ces métiers, car ce sont des postes prenants, passions, mais Belambra ne se démarque pas négativement.

Nous travaillons aussi sur l’amélioration des conditions de travail. Nous sommes prêts à adapter l’offre et le produit pour intégrer des actions de QVT. Par exemple, nous essayons d’adapter l’offre restauration pour permettre à nos cuisiniers de travailler en journée continue.

Dans la rénovation de nos clubs, une partie du budget est allouée aux logements personnels. Nous essayons de proposer plus de logements individuels, le Wifi est gratuit pour les collaborateurs… ça ne fait pas partie de la rémunération, ce sont des actions ellipses qui font que le package s’en trouve amélioré.


TourMaG - A quoi ressemblera le monde du travail demain ?

Mélanie Fontugne :
Avant nous recrutions un collaborateur pour un emploi en CDI, à temps complet, en présentiel, avec un objectif de carrière assez linéaire et affiché.

Aujourd’hui, c’est très différent, les jeunes et les moins jeunes recherchent une flexibilité dans les horaires et les lieux de travail.

J’ai mis en place une offre télétravail sur site. Une semaine par an, pour les collaborateurs du siège, il est possible d’aller télétravail sur le site de son choix. La société prend en charge les déplacements, l’hébergement et la restauration. Le salarié peut prendre une journée de RTT pendant la semaine. La personne qui l’accompagne bénéficiera d’un tarif préférentiel.

La flexibilité, le sens, l’épanouissement personnel, la qualité de vie sont des tendances fortes qui entrent dans la fonction travail.

Les statuts évoluent également. Nous voyons plus d’auto-entrepreneurs. Certaines plateformes très professionnelles et qui fonctionnent bien mettent en relation des auto-entrepreneurs et des entreprises. Ils choisissent la durée de leur mission, le lieu et leur employeur. L’adhésion est parfaite car il s’agit d’un choix du cœur.


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