
Certains estiment que le tourisme pourrait passer à travers les crises, notamment celle politique - Crédit photo : depositphotos @HJBC
La fin d'année 2024 avait plongé la France dans une forme de "belgisation" politique. Un an plus tard, la situation n'est guère meilleure, voire même pire.
Le 25 août dernier, François Bayrou réunissait toute la presse française pour défendre le budget 2026. Au cours de son discours, le Premier ministre avait annoncé la tenue d'un vote de confiance devant l'Assemblée nationale.
Celui-ci s'est tenu le 8 septembre et, sans surprise, le gouvernement du maire de Pau est tombé. Il devient le premier à perdre un vote de confiance de l'histoire.
La proportion de la contestation parlementaire interroge, puisque 364 députés ont voté contre le maintien de François Bayrou à Matignon, et seulement 194 en faveur d'un statu quo.
Quelques élus du socle commun ont voté pour celui qui a remis ce mardi 9 septembre sa démission à Emmanuel Macron.
"Bien sûr, la situation m’inquiète en tant que chef d’entreprise.
Vous avez en France une classe patronale excellente, mais nous ne pouvons pas en dire autant de nos politiques. Ils font bien souvent passer leurs intérêts personnels au-dessus de ceux du pays.
Aujourd'hui, nous sommes plongés dans l'incertitude à un moment charnière, car les mois de septembre, octobre et novembre sont très importants," nous confie Laurent Abitbol, Président du groupe Marietton Développement.
Le 25 août dernier, François Bayrou réunissait toute la presse française pour défendre le budget 2026. Au cours de son discours, le Premier ministre avait annoncé la tenue d'un vote de confiance devant l'Assemblée nationale.
Celui-ci s'est tenu le 8 septembre et, sans surprise, le gouvernement du maire de Pau est tombé. Il devient le premier à perdre un vote de confiance de l'histoire.
La proportion de la contestation parlementaire interroge, puisque 364 députés ont voté contre le maintien de François Bayrou à Matignon, et seulement 194 en faveur d'un statu quo.
Quelques élus du socle commun ont voté pour celui qui a remis ce mardi 9 septembre sa démission à Emmanuel Macron.
"Bien sûr, la situation m’inquiète en tant que chef d’entreprise.
Vous avez en France une classe patronale excellente, mais nous ne pouvons pas en dire autant de nos politiques. Ils font bien souvent passer leurs intérêts personnels au-dessus de ceux du pays.
Aujourd'hui, nous sommes plongés dans l'incertitude à un moment charnière, car les mois de septembre, octobre et novembre sont très importants," nous confie Laurent Abitbol, Président du groupe Marietton Développement.
Incertitude politique : "C'est assez anxiogène"

Alors que s’ouvre actuellement la deuxième fenêtre pour remplir les voyages et les carnets de commandes, cette incertitude politique n’incitera guère les consommateurs à réserver.
A lire : Après un été plutôt calme, les professionnels du voyage redoutent la rentrée...
"Tout le monde s’attendait à une rentrée compliquée et l’événement d’hier ne devrait rien arranger.
Nous savions que septembre serait difficile socialement, sauf que c’est un mois important pour les tour-opérateurs, au niveau des prises de commandes pour l’hiver.
Faute de réaliser ses ventes en septembre, nous espérons que les acteurs pourront les rattraper par la suite. Mais vous savez par expérience que tout ce qui n’est pas pris aujourd’hui, vous le récupérez rarement demain," nous livre, fataliste, Patrice Caradec, Président du SETO.
Après un été simplement correct, pour ne pas dire médiocre, la situation politique, dont personne n’entrevoit réellement de sortie de crise, pourrait peser lourdement sur l’activité du secteur.
Du côté des Entreprises du Voyage, il n’est pas encore l’heure de tirer la sonnette d’alarme - d’autant plus après trois années exceptionnelles - mais le constat reste grave.
Surtout que cette démission et le flou qui l’accompagne interviennent après un été loin d’être flamboyant.
"C’est assez anxiogène, nous n’allons pas nous mentir. Nous n’affichons pas une confiance excessive au regard des événements en cours.
Nous voyons bien, de manière générale - et je ne parle pas uniquement du tourisme - que cela freine les investissements et les projections des entreprises. Notre priorité est de maintenir l’emploi.
Pour l’heure, la remise en cause de la masse salariale des entreprises n’est pas un sujet. Même si les trois mois à venir s’annonçaient plutôt bons en prises de commandes, nous ne savons pas si ceux qui ont un budget pour partir en vacances vont maintenir leurs dépenses," souligne Valérie Boned, la présidente des EDV.
Incertitude politique : "Nous avons devant nous 3 semaines très musclées"
Cette démission va donc plonger la France dans l’une des plus graves crises politiques de la Ve République.
De l’aveu même d’un député, notre pays est arrivé à un tournant de son histoire politique. Cette crise pourrait marquer le début d’une prise de conscience générale en faveur d’un changement de système.
"Nous en sommes à trois, bientôt quatre Premiers ministres en seulement un an. Politiquement, l’Assemblée est éclatée, donc c’était inéluctable.
Au blocage, à la grève du 18 septembre, vous ajoutez un climat social et politique instable… bien sûr que c’est inquiétant. Nous ressentions un frémissement depuis quelques jours - pas de quoi parler de reprise, mais les chiffres se redressaient.
Et comme le futur chef du gouvernement va devoir déposer le projet de budget au plus tard le 7 octobre, nous avons devant nous trois semaines très musclées. Les prochains jours vont donner la tendance au niveau des réservations," explique Raouf Benslimane, le président d’ÔVoyages.
Emmanuel Macron a nommé dans la foulée mardi 9 septembre, Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées, Premier Ministre pour succéder à François Bayrou.
"Nous sentons que nos compatriotes ont pris conscience de l’importance du moment, que nous faisons face à une crise économique et surtout politique majeure. Ce n’est pas une rentrée sereine pour l’ensemble des Français," poursuit le nouveau patron du SETO.
Pour garantir la présentation d’un budget à temps, Gabriel Attal a proposé la désignation d’un négociateur chargé de réunir les forces politiques représentées à l’Assemblée nationale, afin de bâtir un accord d’intérêt général.
De l’aveu même d’un député, notre pays est arrivé à un tournant de son histoire politique. Cette crise pourrait marquer le début d’une prise de conscience générale en faveur d’un changement de système.
"Nous en sommes à trois, bientôt quatre Premiers ministres en seulement un an. Politiquement, l’Assemblée est éclatée, donc c’était inéluctable.
Au blocage, à la grève du 18 septembre, vous ajoutez un climat social et politique instable… bien sûr que c’est inquiétant. Nous ressentions un frémissement depuis quelques jours - pas de quoi parler de reprise, mais les chiffres se redressaient.
Et comme le futur chef du gouvernement va devoir déposer le projet de budget au plus tard le 7 octobre, nous avons devant nous trois semaines très musclées. Les prochains jours vont donner la tendance au niveau des réservations," explique Raouf Benslimane, le président d’ÔVoyages.
Emmanuel Macron a nommé dans la foulée mardi 9 septembre, Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées, Premier Ministre pour succéder à François Bayrou.
"Nous sentons que nos compatriotes ont pris conscience de l’importance du moment, que nous faisons face à une crise économique et surtout politique majeure. Ce n’est pas une rentrée sereine pour l’ensemble des Français," poursuit le nouveau patron du SETO.
Pour garantir la présentation d’un budget à temps, Gabriel Attal a proposé la désignation d’un négociateur chargé de réunir les forces politiques représentées à l’Assemblée nationale, afin de bâtir un accord d’intérêt général.
Tourisme : "nous avons un avantage, nous sommes habitués aux crises"
Ce futur budget apparaît déjà comme une source de crispation pour les chefs d’entreprise.
"Le choix du prochain Premier ministre et surtout de la politique qu’il va mener auront une influence sur nos clients et nos entreprises.
Les décisions qui seront prises par le nouveau gouvernement, notamment au niveau fiscal, pèseront sur l’équilibre de certaines entreprises, aussi bien pour leurs investissements, leurs rachats, mais aussi sur la confiance des banques et des modèles économiques.
Nous ne sommes pas en crise, et nous sommes plus résilients que certains secteurs, mais nous restons très concernés par l’actualité," résume Valérie Boned.
Les professionnels sont donc dans l’expectative, une fois de plus.
Et le patron de Marietton Développement avait prévenu lors du dernier congrès Selectour que la dynamique constatée en fin d’année dernière n’était pas normale.
Il avait même conseillé aux adhérents d’être prudents dans leurs investissements et recrutements. Un conseil qu’il réitère à nouveau.
"Je pense que nous allons souffrir un peu, les gens vont faire des économies. En plus, vous avez les mouvements sociaux. L’activité était correcte, mais cela va baisser. Nous allons avoir des conséquences, il faut faire attention.
Après, nous avons un avantage : nous sommes habitués aux crises," poursuit Laurent Abitbol.
Pour les présidents des syndicats, ce renouvellement au sommet de l’État est aussi l’occasion de repartir de zéro, de devoir se présenter à nouveau, et de reprendre leur bâton de pèlerin pour défendre l’industrie.
"Le choix du prochain Premier ministre et surtout de la politique qu’il va mener auront une influence sur nos clients et nos entreprises.
Les décisions qui seront prises par le nouveau gouvernement, notamment au niveau fiscal, pèseront sur l’équilibre de certaines entreprises, aussi bien pour leurs investissements, leurs rachats, mais aussi sur la confiance des banques et des modèles économiques.
Nous ne sommes pas en crise, et nous sommes plus résilients que certains secteurs, mais nous restons très concernés par l’actualité," résume Valérie Boned.
Les professionnels sont donc dans l’expectative, une fois de plus.
Et le patron de Marietton Développement avait prévenu lors du dernier congrès Selectour que la dynamique constatée en fin d’année dernière n’était pas normale.
Il avait même conseillé aux adhérents d’être prudents dans leurs investissements et recrutements. Un conseil qu’il réitère à nouveau.
"Je pense que nous allons souffrir un peu, les gens vont faire des économies. En plus, vous avez les mouvements sociaux. L’activité était correcte, mais cela va baisser. Nous allons avoir des conséquences, il faut faire attention.
Après, nous avons un avantage : nous sommes habitués aux crises," poursuit Laurent Abitbol.
Pour les présidents des syndicats, ce renouvellement au sommet de l’État est aussi l’occasion de repartir de zéro, de devoir se présenter à nouveau, et de reprendre leur bâton de pèlerin pour défendre l’industrie.
"Nous avons tous largement appris à vivre dans ce climat anxiogène"
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"Nous commençons à avoir l’habitude, et nous pouvons donc penser être plus efficaces dans la façon de faire.
Nous devons tout reconstruire, retrouver les contacts, identifier les têtes connues pour activer des leviers, puis recréer un lien avec les nouvelles équipes.
Je rencontre ceux qui ont un impact sur notre destinée, non pas pour collectionner les rendez-vous, mais pour faire connaître le secteur. Il faut bien avouer que nous ne sommes pas connus," nous partage la présidente des EDV.
Et comme après le départ précipité de Marina Ferrari, les institutionnels semblent regretter celui de Nathalie Delattre, même si rien ne dit que la ministre déléguée conservera sa place dans le nouveau gouvernement.
Ses équipes avaient rapidement identifié le secteur et l’avaient défendu, notamment dans le cadre de la fusion avortée d’Atout France avec Business France.
Pour d’autres patrons, la situation n’est certes pas glorieuse, ni vraiment porteuse d’espoir, mais il ne faut pas trop dramatiser.
"Le contexte politique et économique est compliqué.
Je pense que plus nous vivons dans un climat toxique, plus le voyage devient vital pour tout le monde. Ce que nous vivons justifie encore davantage le besoin de se déconnecter de cette réalité nauséabonde, de s’offrir une parenthèse de dépollution," philosophe Raouf Benslimane.
Le marasme politique ne date pas d’aujourd’hui.
Depuis le 2ᵉ mandat d’Emmanuel Macron, seule Élisabeth Borne a réussi à rester plus d’une année en place. Pourtant, dans le même temps, l’industrie du tourisme a enregistré les trois plus belles années de son histoire.
"Nous avons tous largement appris à vivre dans ce climat anxiogène depuis la pandémie et avons aussi retrouvé le sens des priorités.
Les week-ends, les vacances, les voyages et tous ces temps de loisirs partagés en famille et entre amis, loin des problématiques sociales, politiques ou géopolitiques, sont plus que jamais devenus des besoins fondamentaux, non négociables.
Les premières tendances chez Asia, liées aux prises de commandes des dernières semaines, le confirment en tout cas. Le degré d’anticipation pour les départs de l’hiver 2026 est en nette hausse par rapport à l’an dernier.
Je reste donc très optimiste pour notre activité en 2026," conclut Guillaume Linton.
Nous devons tout reconstruire, retrouver les contacts, identifier les têtes connues pour activer des leviers, puis recréer un lien avec les nouvelles équipes.
Je rencontre ceux qui ont un impact sur notre destinée, non pas pour collectionner les rendez-vous, mais pour faire connaître le secteur. Il faut bien avouer que nous ne sommes pas connus," nous partage la présidente des EDV.
Et comme après le départ précipité de Marina Ferrari, les institutionnels semblent regretter celui de Nathalie Delattre, même si rien ne dit que la ministre déléguée conservera sa place dans le nouveau gouvernement.
Ses équipes avaient rapidement identifié le secteur et l’avaient défendu, notamment dans le cadre de la fusion avortée d’Atout France avec Business France.
Pour d’autres patrons, la situation n’est certes pas glorieuse, ni vraiment porteuse d’espoir, mais il ne faut pas trop dramatiser.
"Le contexte politique et économique est compliqué.
Je pense que plus nous vivons dans un climat toxique, plus le voyage devient vital pour tout le monde. Ce que nous vivons justifie encore davantage le besoin de se déconnecter de cette réalité nauséabonde, de s’offrir une parenthèse de dépollution," philosophe Raouf Benslimane.
Le marasme politique ne date pas d’aujourd’hui.
Depuis le 2ᵉ mandat d’Emmanuel Macron, seule Élisabeth Borne a réussi à rester plus d’une année en place. Pourtant, dans le même temps, l’industrie du tourisme a enregistré les trois plus belles années de son histoire.
"Nous avons tous largement appris à vivre dans ce climat anxiogène depuis la pandémie et avons aussi retrouvé le sens des priorités.
Les week-ends, les vacances, les voyages et tous ces temps de loisirs partagés en famille et entre amis, loin des problématiques sociales, politiques ou géopolitiques, sont plus que jamais devenus des besoins fondamentaux, non négociables.
Les premières tendances chez Asia, liées aux prises de commandes des dernières semaines, le confirment en tout cas. Le degré d’anticipation pour les départs de l’hiver 2026 est en nette hausse par rapport à l’an dernier.
Je reste donc très optimiste pour notre activité en 2026," conclut Guillaume Linton.