
Les problèmes politiques nationaux sont une crainte pour les professionnels du voyage - Depositphotos @sbonaime
Depuis la crise sanitaire, chaque été a connu son lot d’événements chaotiques.
L’année dernière, les Jeux olympiques ont plombé les envies de départ de nos compatriotes, tandis que les incendies ont perturbé certaines destinations. Un an plus tard, plusieurs interlocuteurs expliquent avoir enfin passé des vacances loin du téléphone et des préoccupations opérationnelles.
Même l’un des pontes du secteur s’est accordé un mois de congés : c’est dire si l’été fut calme.
""Nous avons l’habitude de gérer des urgences et franchement, il n’y a pas vraiment eu, sauf la grève d’Air Canada, qui a embêté certaines agences sur les voyages individuels et surtout les groupes.
Ils ont dû repositionner leurs voyageurs sur d’autres vols, en haute saison, ce n’est jamais évident," nous résume Valérie Boned, la présidente des Entreprises du Voyage.
Un conflit social qui aura impacté des centaines de vols, entraînant des annulations pour près de 500 000 clients à travers le monde.
Un été calme donc, lié aussi à des réservations en retrait.
Finalement, pour avoir de gros problèmes, il faut aussi avoir énormément de clients… et les ventes de dernière minute n’ont pas permis de rattraper le manque à gagner du printemps.
L’année dernière, les Jeux olympiques ont plombé les envies de départ de nos compatriotes, tandis que les incendies ont perturbé certaines destinations. Un an plus tard, plusieurs interlocuteurs expliquent avoir enfin passé des vacances loin du téléphone et des préoccupations opérationnelles.
Même l’un des pontes du secteur s’est accordé un mois de congés : c’est dire si l’été fut calme.
""Nous avons l’habitude de gérer des urgences et franchement, il n’y a pas vraiment eu, sauf la grève d’Air Canada, qui a embêté certaines agences sur les voyages individuels et surtout les groupes.
Ils ont dû repositionner leurs voyageurs sur d’autres vols, en haute saison, ce n’est jamais évident," nous résume Valérie Boned, la présidente des Entreprises du Voyage.
Un conflit social qui aura impacté des centaines de vols, entraînant des annulations pour près de 500 000 clients à travers le monde.
Un été calme donc, lié aussi à des réservations en retrait.
Finalement, pour avoir de gros problèmes, il faut aussi avoir énormément de clients… et les ventes de dernière minute n’ont pas permis de rattraper le manque à gagner du printemps.
"Juillet fut très calme, même mon pire mois de l’année"

"C’était mon premier été en tant que président, j’étais sur mes gardes, prêt à répondre aux sollicitations en cas de problème.
Finalement, je n’ai pas eu à gérer de grandes problématiques.
Nous avons croisé les doigts pour que tout se passe bien en Tanzanie et pour que les grèves d’Air Canada ne plombent pas trop les TO spécialistes", nous confie Patrice Caradec.
Finalement, la Tanzanie n’aura pas causé de grandes sueurs aux producteurs et distributeurs, même s’ils ont dû s’adapter en trouvant des solutions de repli pour leurs clients.
A lire : Tanzanie : Jean-Baptiste Djebbari à la rescousse des pros du tourisme !
Pour Jean-Charles Franchomme, président du CDMV, qui était d’astreinte en août, la saison estivale a également été atone.
"Déjà que les ventes n’étaient pas au rendez-vous en juin, mais alors juillet a été très mou. Je m’attendais à des ventes de dernière minute, mais l'activité a été très calme. C'est même mon pire mois de l’année.
J’en ai parlé autour de moi et mes confrères ont le même ressenti.
Globalement, l'été a été tranquille, tant sur les départs que sur les ventes, même si je sens que c'est reparti en août", nous explique le cadre commercial groupes et web pour Steam Évasion.
Il y a bien eu tout de même le cas des clients d’une travel planner laissés en plan lors d’un séjour en Tanzanie. Un couple qui avait versé 800 euros, pour n’avoir quasiment aucune prestation réservée sur place.
Ils ont même dû acheter eux-mêmes, et sur place, leurs billets pour un safari sur GetYourGuide et prendre les vols intérieurs.
Le président du CMDV a bien sûr aidé ces naufragés, pour sauver leurs vacances. Et voilà, presque le seul rebondissement d’une période habituellement riche en imprévus.
"J’étais inquiet à cause de mai et juin, finalement cela se redresse en août"
Si ce n’est cet épisode malheureux, le redressement de la courbe des ventes se fait aussi ressentir dans le groupe Marietton.
Après un mois de juin compliqué, les voyants étaient dans le rouge, avec des prises de commandes en baisse de 20 %, les Français ont décidé de s’offrir une respiration.
"Ce n’était pas une haute saison facile, mais elle s’est relativement bien passée.
J’étais inquiet à cause des réservations de mai et juin, finalement cela se redresse en août.
Les gens ont envie de partir, même s’ils ont besoin d’argent. L’arrière-saison s’annonce belle. Sauf catastrophe, 2025 sera un bon cru, du même acabit que 2024," nous confie Laurent Abitbol, Président du groupe Marietton Développement.
Une reprise qui coïnciderait avec la baisse récente des billets d’avion, selon le président du directoire de Selectour. En juillet, l’indice des prix du transport aérien de passagers de la DGAC était en hausse de 6,8 % pour les billets d’avion au départ de France.
Le moyen-courrier reste en très forte hausse (+11,6 %), tandis que le long-courrier est aussi orienté à la hausse (+3,5 %), même si l’Amérique du Nord affiche une légère baisse (-0,7 %).
Le témoignage d’Yves Verdié, Président du groupe Verdié est sur la même ligne que ceux de ses concurrents, à une nuance près.
"Nous sommes en progression, dans les clous de notre business plan, où nous estimions croître de 5 %. Ce sera une bonne année. Nous intégrons les agences Univairmer, et cela se passe bien.
Il faut reconnaître que la gestion des dossiers clients a été complexe, cela a pris énormément de temps aux équipes.
Ce qui m’inquiète le plus, c’est la rentrée, elle s’annonce chaude.
L’instabilité est mauvaise conseillère. L’année dernière, cela s’est passé en novembre, et là ça pourrait être en septembre, soit en pleine haute saison des ventes. Ils ne se rendent pas compte de l’impact que cela peut avoir sur l’activité. Cela nuit à l’économie", estime t-il.
Après un mois de juin compliqué, les voyants étaient dans le rouge, avec des prises de commandes en baisse de 20 %, les Français ont décidé de s’offrir une respiration.
"Ce n’était pas une haute saison facile, mais elle s’est relativement bien passée.
J’étais inquiet à cause des réservations de mai et juin, finalement cela se redresse en août.
Les gens ont envie de partir, même s’ils ont besoin d’argent. L’arrière-saison s’annonce belle. Sauf catastrophe, 2025 sera un bon cru, du même acabit que 2024," nous confie Laurent Abitbol, Président du groupe Marietton Développement.
Une reprise qui coïnciderait avec la baisse récente des billets d’avion, selon le président du directoire de Selectour. En juillet, l’indice des prix du transport aérien de passagers de la DGAC était en hausse de 6,8 % pour les billets d’avion au départ de France.
Le moyen-courrier reste en très forte hausse (+11,6 %), tandis que le long-courrier est aussi orienté à la hausse (+3,5 %), même si l’Amérique du Nord affiche une légère baisse (-0,7 %).
Le témoignage d’Yves Verdié, Président du groupe Verdié est sur la même ligne que ceux de ses concurrents, à une nuance près.
"Nous sommes en progression, dans les clous de notre business plan, où nous estimions croître de 5 %. Ce sera une bonne année. Nous intégrons les agences Univairmer, et cela se passe bien.
Il faut reconnaître que la gestion des dossiers clients a été complexe, cela a pris énormément de temps aux équipes.
Ce qui m’inquiète le plus, c’est la rentrée, elle s’annonce chaude.
L’instabilité est mauvaise conseillère. L’année dernière, cela s’est passé en novembre, et là ça pourrait être en septembre, soit en pleine haute saison des ventes. Ils ne se rendent pas compte de l’impact que cela peut avoir sur l’activité. Cela nuit à l’économie", estime t-il.
"Le contexte très compliqué politiquement n’est pas confortable pour nos clients"
Et ce n’est pas la récente conférence de presse de François Bayrou, le Premier Ministre qui a rassuré les patrons de l’industrie.
Ce dernier a pris la parole lundi dernier pour désamorcer la bombe sociale qui se préparait dans le cadre de l’examen du budget 2026. Au lieu d’apaiser les tensions, il a plutôt suscité une grogne politique à son encontre.
Les principaux partis représentés à l’Assemblée nationale ont appelé à voter contre le vote de confiance prévue le 8 septembre.
Gérald Darmanin a d’ailleurs rappelé qu’il ne fallait pas écarter l’hypothèse d’une dissolution.
"Le contexte très compliqué politiquement n’est pas confortable pour nos clients.
Même si nous avons toutes sortes de clientèles, nous accueillons en moyenne des clients qui ont un peu plus de moyens : des chefs d’entreprise, des commerçants, etc.
Personne ne sait comment cela va évoluer sur le plan fiscal, il y a un climat attentiste. Je ne suis pas particulièrement inquiète pour cette rentrée sociale et politique, mais attentive. L’IFTM donnera le pouls," ajoute Valérie Boned.
La grand-messe de l’industrie donne toutefois l’impression de peiner à démarrer, tant les mails de sollicitation se font rares à la rédaction. L’attentisme politique se propagerait-il aussi au secteur économique et au voyage ?
Malgré tout, il n’est pas question de crier au drame. Les niveaux de réservations restent plutôt bons dans les différents réseaux et tour-opérateurs, que ce soit pour l’arrière-saison ou la fin d’année.
Ce dernier a pris la parole lundi dernier pour désamorcer la bombe sociale qui se préparait dans le cadre de l’examen du budget 2026. Au lieu d’apaiser les tensions, il a plutôt suscité une grogne politique à son encontre.
Les principaux partis représentés à l’Assemblée nationale ont appelé à voter contre le vote de confiance prévue le 8 septembre.
Gérald Darmanin a d’ailleurs rappelé qu’il ne fallait pas écarter l’hypothèse d’une dissolution.
"Le contexte très compliqué politiquement n’est pas confortable pour nos clients.
Même si nous avons toutes sortes de clientèles, nous accueillons en moyenne des clients qui ont un peu plus de moyens : des chefs d’entreprise, des commerçants, etc.
Personne ne sait comment cela va évoluer sur le plan fiscal, il y a un climat attentiste. Je ne suis pas particulièrement inquiète pour cette rentrée sociale et politique, mais attentive. L’IFTM donnera le pouls," ajoute Valérie Boned.
La grand-messe de l’industrie donne toutefois l’impression de peiner à démarrer, tant les mails de sollicitation se font rares à la rédaction. L’attentisme politique se propagerait-il aussi au secteur économique et au voyage ?
Malgré tout, il n’est pas question de crier au drame. Les niveaux de réservations restent plutôt bons dans les différents réseaux et tour-opérateurs, que ce soit pour l’arrière-saison ou la fin d’année.
"Un véritable sujet d’observatoire de l’économie touristique"
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"Septembre et octobre seront de bons mois, les portefeuilles sont bien remplis.
Nous sommes contents d’avoir un peu d’avance. Avec une telle rentrée, nous risquons d’avoir des rythmes de prises de commandes plus que fébriles", anticipe Patrice Caradec.
Pour l’heure, les différentes personnes interrogées se disent satisfaites de la dynamique commerciale.
Désormais, tout le monde s’interroge sur la robustesse de cette tendance. Seul l’avenir dira si les Français ne choisissent pas de se tourner radicalement vers l’épargne, en reportant leurs projets de voyage à plus tard.
"Les courbes pour l’hiver 2025 et 2026 sont bonnes, les gens se projettent même bien plus tard", souligne Yves Verdié.
De son côté, Jean-Charles Franchomme se montre plutôt optimiste pour les mois à venir, porté par un carnet de commandes déjà bien garni, même si les vacances de la Toussaint s’annoncent comme un véritable casse-tête.
"i[Nous avons un peu de demande, mais les prix sont vraiment très élevés.
Toute la France est en vacances en même temps, donc ça crée un bouchon. b[Généralement, les clients veulent partir à 4 ou 5 heures de vol maximum de chez eux, mais les hôtels sont parfois en fin de saison et ferment, ce qui réduit le nombre de destinations possibles.
Et globalement, c’est un sujet dont on parle assez peu : les événements géopolitiques réduisent petit à petit le terrain de jeu depuis quatre ans]]bi", analyse le responsable.
La brouille entre la Thaïlande et le Cambodge a aussi suscité des interrogations chez les voyageurs.
Et si l’heure n’est pas encore au bilan — les chiffres des différentes institutions seront publiés lors de l’IFTM Top Resa —, la présidente des Entreprises du Voyage livre une analyse qui rejoint les observations de Jean Pinard.
"Il résulte des chiffres que nous lisons dans la presse une grande cacophonie.
Nous avons eu en moyenne un été un peu compliqué, durant lequel les Français ont fait attention à leurs dépenses. Mais lorsqu’on regarde les bilans de certains territoires, ils font mieux que l’année dernière.
Il existe un véritable sujet d’observatoire de l’économie touristique. Chacun essaie d’apporter sa lecture, mais au final on ne sait plus qui dit vrai et tout le monde est perdu," conclut Valérie Boned.
Nous sommes contents d’avoir un peu d’avance. Avec une telle rentrée, nous risquons d’avoir des rythmes de prises de commandes plus que fébriles", anticipe Patrice Caradec.
Pour l’heure, les différentes personnes interrogées se disent satisfaites de la dynamique commerciale.
Désormais, tout le monde s’interroge sur la robustesse de cette tendance. Seul l’avenir dira si les Français ne choisissent pas de se tourner radicalement vers l’épargne, en reportant leurs projets de voyage à plus tard.
"Les courbes pour l’hiver 2025 et 2026 sont bonnes, les gens se projettent même bien plus tard", souligne Yves Verdié.
De son côté, Jean-Charles Franchomme se montre plutôt optimiste pour les mois à venir, porté par un carnet de commandes déjà bien garni, même si les vacances de la Toussaint s’annoncent comme un véritable casse-tête.
"i[Nous avons un peu de demande, mais les prix sont vraiment très élevés.
Toute la France est en vacances en même temps, donc ça crée un bouchon. b[Généralement, les clients veulent partir à 4 ou 5 heures de vol maximum de chez eux, mais les hôtels sont parfois en fin de saison et ferment, ce qui réduit le nombre de destinations possibles.
Et globalement, c’est un sujet dont on parle assez peu : les événements géopolitiques réduisent petit à petit le terrain de jeu depuis quatre ans]]bi", analyse le responsable.
La brouille entre la Thaïlande et le Cambodge a aussi suscité des interrogations chez les voyageurs.
Et si l’heure n’est pas encore au bilan — les chiffres des différentes institutions seront publiés lors de l’IFTM Top Resa —, la présidente des Entreprises du Voyage livre une analyse qui rejoint les observations de Jean Pinard.
"Il résulte des chiffres que nous lisons dans la presse une grande cacophonie.
Nous avons eu en moyenne un été un peu compliqué, durant lequel les Français ont fait attention à leurs dépenses. Mais lorsqu’on regarde les bilans de certains territoires, ils font mieux que l’année dernière.
Il existe un véritable sujet d’observatoire de l’économie touristique. Chacun essaie d’apporter sa lecture, mais au final on ne sait plus qui dit vrai et tout le monde est perdu," conclut Valérie Boned.