En juin 2025, alors que les tour-opérateurs et les agences de voyages s’interrogeaient sur les raisons d’une activité plutôt molle, pour ne pas dire atrophiée, l’Europe est venue mettre fin à ces spéculations.
La Commission européenne a décidé de placer toutes les compagnies aériennes de Tanzanie sur liste noire.
"Cette décision a de lourdes conséquences pour les tour-opérateurs qui commercialisent la Tanzanie ainsi que pour les agences de voyages guyanaises (concernant le Suriname, ndlr).
Le SETO et les EDV Interpellent les autorités tanzaniennes afin qu’elles interviennent rapidement eu égard aux effets escomptés et se mettent au plus vite en conformité par rapport aux exigences de l’AESA," déclaraient alors les Entreprises du Voyage.
Une décision qui a généré une certaine pagaille au cœur des grandes vacances estivales.
En effet, les professionnels ont dû informer tous les clients, leur laissant le choix entre un remboursement intégral ou un transport de remplacement. Certains acteurs n’ont pas donné suite aux demandes, et des voyageurs ont dû, dans l’urgence, se rabattre sur un ferry ou un bus.
Les conséquences à destination sont considérables. Entre 80 000 et 120 000 emplois seraient menacés et les pertes sont estimées à plus de 250 millions de dollars sur l’année 2025.
Pour avancer sur ce dossier, et tenter de faire sortir les compagnies de la liste noire, une mission a été mandatée afin de renouer le dialogue entre l’aviation civile tanzanienne et les fonctionnaires européens.
La Commission européenne a décidé de placer toutes les compagnies aériennes de Tanzanie sur liste noire.
"Cette décision a de lourdes conséquences pour les tour-opérateurs qui commercialisent la Tanzanie ainsi que pour les agences de voyages guyanaises (concernant le Suriname, ndlr).
Le SETO et les EDV Interpellent les autorités tanzaniennes afin qu’elles interviennent rapidement eu égard aux effets escomptés et se mettent au plus vite en conformité par rapport aux exigences de l’AESA," déclaraient alors les Entreprises du Voyage.
Une décision qui a généré une certaine pagaille au cœur des grandes vacances estivales.
En effet, les professionnels ont dû informer tous les clients, leur laissant le choix entre un remboursement intégral ou un transport de remplacement. Certains acteurs n’ont pas donné suite aux demandes, et des voyageurs ont dû, dans l’urgence, se rabattre sur un ferry ou un bus.
Les conséquences à destination sont considérables. Entre 80 000 et 120 000 emplois seraient menacés et les pertes sont estimées à plus de 250 millions de dollars sur l’année 2025.
Pour avancer sur ce dossier, et tenter de faire sortir les compagnies de la liste noire, une mission a été mandatée afin de renouer le dialogue entre l’aviation civile tanzanienne et les fonctionnaires européens.
Tanzanie : qu’est-il reproché aux autorités aériennes ?

Déjà en décembre 2024, la compagnie nationale avait été placée sur la liste noire, six mois avant que les 35 autres opérateurs du pays ne subissent la même sanction.
La Commission expliquait que des lacunes avaient été identifiées, tant sur le plan opérationnel que réglementaire.
Des inspecteurs de l’AESA, l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne, avaient mis en exergue des manquements au niveau des capacités et compétences nécessaires pour superviser efficacement les activités aériennes en Tanzanie.
En consultant des notes ministérielles, nous découvrons que cette décision repose sur des défaillances de suivi et de réaction face aux observations européennes.
La TCAA est jugée comme une autorité inefficace dans son traitement des "findings". Environ 25 % des non-conformités constatées lors d’un audit avaient été clôturées par l’aviation tanzanienne en mai 2025.
La Commission a alerté à de nombreuses reprises, mais l’instance africaine a donné l'impression d'être "absolument non préparée" et "trop décontractée" dans son traitement du dossier, selon les propres mots de l’ambassadrice française.
À cela s’est ajouté le fait que la TCAA n’a pas été en mesure de présenter un plan global et crédible pour corriger ces problèmes.
Un constat qui ne vient pas uniquement de l’Union européenne, puisque le 6 août dernier, le Royaume-Uni a appliqué la même sanction.
Tous les transporteurs tanzaniens ont été ajoutés à sa liste de sécurité aérienne, interdisant les opérations vers, depuis ou à l’intérieur de l’espace aérien britannique.
Tanzanie : le Seto et les EDV mandatent une mission
Les conséquences sont sévères, puisque les réservations ont globalement chuté de 25 %.
Les transporteurs locaux, voulant rassurer ces deux marchés, se retrouvent avec des coûts de location d’appareils avec équipage exorbitants, dépassant les 2 millions de dollars.
Très rapidement, une solution de secours a été trouvée en accordant des droits de trafic à Ethiopian Airlines et à Qatar Airways.
"Sur les 150 voyageurs qui devaient partir suite à la décision européenne, environ 10 à 15 % ont opté pour une alternative aux vols réservés. Certains sont passés par le Kenya et d’autres par les avions d’Ethiopian Airlines.
Ces vols n’étaient pas non plus optimisés pour nos voyageurs, car les départs avaient lieu en pleine nuit, mais cela restait une solution plus sécurisante que la route ou les ferries," nous explique Jean-Christophe Guérin, le responsable du réceptif Eco Tanzania.
De son côté, Qatar Airways n’a même pas aligné d’avion sur les créneaux accordés par l’Autorité de l’aviation civile de Tanzanie. Une situation qui a surtout impacté un marché émetteur : la France !
Face à un gouvernement tanzanien resté dans le déni, les Entreprises du Voyage et le SETO ont décidé de réagir. Les syndicats français ont missionné une figure bien connue de la politique pour débloquer ce dossier épineux.
"En raison de la responsabilité de plein droit instaurée par la surtransposition de la directive sur les voyages à forfait, nous sommes quasiment les seuls dans ce cas en Europe.
Nous recommandons donc à tous nos membres de ne pas prendre les vols intérieurs, mais plutôt de privilégier les transports terrestres. Dans le même temps, le ministère des Affaires étrangères affirme que les routes sont plus dangereuses que les trajets aériens.
Cette situation est très compliquée, et elle risque de l’être encore davantage.
Nous avons mandaté Jean-Baptiste Djebbari afin qu’il apporte son aide aux autorités tanzaniennes, dans le but de franchir les prochaines étapes et de sortir de cette crise," nous confie Patrice Caradec.
Les transporteurs locaux, voulant rassurer ces deux marchés, se retrouvent avec des coûts de location d’appareils avec équipage exorbitants, dépassant les 2 millions de dollars.
Très rapidement, une solution de secours a été trouvée en accordant des droits de trafic à Ethiopian Airlines et à Qatar Airways.
"Sur les 150 voyageurs qui devaient partir suite à la décision européenne, environ 10 à 15 % ont opté pour une alternative aux vols réservés. Certains sont passés par le Kenya et d’autres par les avions d’Ethiopian Airlines.
Ces vols n’étaient pas non plus optimisés pour nos voyageurs, car les départs avaient lieu en pleine nuit, mais cela restait une solution plus sécurisante que la route ou les ferries," nous explique Jean-Christophe Guérin, le responsable du réceptif Eco Tanzania.
De son côté, Qatar Airways n’a même pas aligné d’avion sur les créneaux accordés par l’Autorité de l’aviation civile de Tanzanie. Une situation qui a surtout impacté un marché émetteur : la France !
Face à un gouvernement tanzanien resté dans le déni, les Entreprises du Voyage et le SETO ont décidé de réagir. Les syndicats français ont missionné une figure bien connue de la politique pour débloquer ce dossier épineux.
"En raison de la responsabilité de plein droit instaurée par la surtransposition de la directive sur les voyages à forfait, nous sommes quasiment les seuls dans ce cas en Europe.
Nous recommandons donc à tous nos membres de ne pas prendre les vols intérieurs, mais plutôt de privilégier les transports terrestres. Dans le même temps, le ministère des Affaires étrangères affirme que les routes sont plus dangereuses que les trajets aériens.
Cette situation est très compliquée, et elle risque de l’être encore davantage.
Nous avons mandaté Jean-Baptiste Djebbari afin qu’il apporte son aide aux autorités tanzaniennes, dans le but de franchir les prochaines étapes et de sortir de cette crise," nous confie Patrice Caradec.
Tanzanie : Jean-Baptiste Djebbari appelait en aide pour débloquer le problème
En effet, nous avons appris que l'ancien ministre des Transports s'est rendu dans le pays d'Afrique de l'est, à la fin du mois de juillet pour s'apercevoir de la situation sur place.
Il y a rencontré, durant 3 jours, différents institutionnels tanzaniens, politiques, responsables de compagnies, etc.
À la suite de cela, par l’intermédiaire de sa société de conseil, un plan de sortie de crise a été proposé aux autorités tanzaniennes.
"La mission et notre position, au SETO et aux EDV, c'est que nous ne voulons pour donner de leçons, nous souhaitons avancer conjointement pour trouver des solutions à cette crise.
Nous espérons maintenant que les autorités locales vont accepter ce programme de travail," poursuit celui qui a succéder en juin à René-Marc Chikli.
Ce dernier document aurait été remis au gouvernement le 9 août dernier, demandant une prise de décision rapide, afin d'enclencher le travail. Il n'a pour l'heure pas reçu de refus ou d'approbation.
Le profil de l'ancien ministre du gouvernement Castex n'a pas été choisi au hasard, non seulement il a été pilote, mais a aussi travaillé à la DGAC ou encore été un expert pour la Cour d'appel de Paris sur des sujets qui touchaient à l'aviation ou la sécurité aérienne.
De par son C.V. il bénéficie aussi d'une aura lui offrant une écoute des autorités compétentes, en raison de sa légitimité, mais aussi d'ouvrir quelques portes au niveau européen.
D'après les différentes notes que nous avons pu consulter, émanant de l'équivalent de la FNAM tanzanienne, nous comprenons que la TCAA a perdu la confiance des régulateurs européens et anglais.
Jean-Baptiste Djebbari a aussi été missionné pour rétablir ce lien de confiance indispensable entre les différentes parties. Un rapport est attendu de sa part, sur les bureaux de Patrice Caradec et Valérie Boned, dans les prochaines semaines.
Il y a rencontré, durant 3 jours, différents institutionnels tanzaniens, politiques, responsables de compagnies, etc.
À la suite de cela, par l’intermédiaire de sa société de conseil, un plan de sortie de crise a été proposé aux autorités tanzaniennes.
"La mission et notre position, au SETO et aux EDV, c'est que nous ne voulons pour donner de leçons, nous souhaitons avancer conjointement pour trouver des solutions à cette crise.
Nous espérons maintenant que les autorités locales vont accepter ce programme de travail," poursuit celui qui a succéder en juin à René-Marc Chikli.
Ce dernier document aurait été remis au gouvernement le 9 août dernier, demandant une prise de décision rapide, afin d'enclencher le travail. Il n'a pour l'heure pas reçu de refus ou d'approbation.
Le profil de l'ancien ministre du gouvernement Castex n'a pas été choisi au hasard, non seulement il a été pilote, mais a aussi travaillé à la DGAC ou encore été un expert pour la Cour d'appel de Paris sur des sujets qui touchaient à l'aviation ou la sécurité aérienne.
De par son C.V. il bénéficie aussi d'une aura lui offrant une écoute des autorités compétentes, en raison de sa légitimité, mais aussi d'ouvrir quelques portes au niveau européen.
D'après les différentes notes que nous avons pu consulter, émanant de l'équivalent de la FNAM tanzanienne, nous comprenons que la TCAA a perdu la confiance des régulateurs européens et anglais.
Jean-Baptiste Djebbari a aussi été missionné pour rétablir ce lien de confiance indispensable entre les différentes parties. Un rapport est attendu de sa part, sur les bureaux de Patrice Caradec et Valérie Boned, dans les prochaines semaines.
Tanzanie : sans doute pas de rétablissement avant la fin de l’hiver... 2025/2026
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Après cette visite officielle, l’ancien ministre s’est rendu compte du chemin à parcourir pour rentrer de nouveau dans les clous.
Il ne s’est pas rendu sur place seul, puisqu’il était accompagné d’un ex-membre de cette même commission européenne et d’un responsable transport d’un tour-opérateur pour qui la Tanzanie est une destination phare.
S’il n’a, semble-t-il, pas été trop alarmiste, il a reconnu des manquements.
Il a pour cela prévu un programme de "soutien technique et réglementaire" sur six mois, afin de restaurer l’accès aux marchés européens "lors de la haute saison 2026". Différents axes de travail ont été détaillés.
Le plan vise à apporter toutes les réponses, dûment documentées, aux constats de non-conformités observés par Bruxelles.
Il dévoile également des mesures pour réformer la gouvernance et renforcer les compétences du personnel de l’autorité tanzanienne de l’aviation civile, puis pour rétablir sa crédibilité internationale.
L’enjeu est d’être fin prêt pour l’audit ICAO-USOAP d’avril 2026, indépendant de la démarche européenne, mais qui sera un bon indicateur s’il est réussi haut la main.
"Au-delà du problème de confiance, il va falloir repasser tous ces examens, franchir à nouveau les différentes étapes, montrer patte blanche, puis démontrer que les recommandations européennes sont désormais suivies.
Le problème, ce n’est pas de réussir l’examen, c’est de savoir quand il aura lieu.
C’est là toute la problématique. Nous avons prévenu nos membres, pour qu’ils se préparent à ce que, tout l’hiver 2025/2026, les trajets internes se fassent par la route.
L’hiver prochain ne sera pas un hiver record pour la Tanzanie, sur le marché français," conclut Patrice Caradec.
Il ne s’est pas rendu sur place seul, puisqu’il était accompagné d’un ex-membre de cette même commission européenne et d’un responsable transport d’un tour-opérateur pour qui la Tanzanie est une destination phare.
S’il n’a, semble-t-il, pas été trop alarmiste, il a reconnu des manquements.
Il a pour cela prévu un programme de "soutien technique et réglementaire" sur six mois, afin de restaurer l’accès aux marchés européens "lors de la haute saison 2026". Différents axes de travail ont été détaillés.
Le plan vise à apporter toutes les réponses, dûment documentées, aux constats de non-conformités observés par Bruxelles.
Il dévoile également des mesures pour réformer la gouvernance et renforcer les compétences du personnel de l’autorité tanzanienne de l’aviation civile, puis pour rétablir sa crédibilité internationale.
L’enjeu est d’être fin prêt pour l’audit ICAO-USOAP d’avril 2026, indépendant de la démarche européenne, mais qui sera un bon indicateur s’il est réussi haut la main.
"Au-delà du problème de confiance, il va falloir repasser tous ces examens, franchir à nouveau les différentes étapes, montrer patte blanche, puis démontrer que les recommandations européennes sont désormais suivies.
Le problème, ce n’est pas de réussir l’examen, c’est de savoir quand il aura lieu.
C’est là toute la problématique. Nous avons prévenu nos membres, pour qu’ils se préparent à ce que, tout l’hiver 2025/2026, les trajets internes se fassent par la route.
L’hiver prochain ne sera pas un hiver record pour la Tanzanie, sur le marché français," conclut Patrice Caradec.