
On sait trĂšs bien quâon a un problĂšme de contrĂŽleurs aĂ©riens On devrait donc sâinterroger sur les mesures Ă prendre, mais on a tendance Ă laisser sâenterrer les sujets. - Photo JDL
TourMaG.com - Vous avez la dent dure avec les politiques et visiblement pas trĂšs envie de travailler avec eux sur des solutions pour le transport aĂ©rien. Cependant on sent chez vous ce patriotisme, cette envie dâĆuvrer pour la France. Vous avez surement des idĂ©es Ă proposer, mais vous allez rester en dehors ?
Marc Rochet : Câest une bonne question. Jâai eu lâoccasion de travailler Ă lâĂ©tranger. Je ne lâai pas fait. Je rĂ©pondrais trois choses.
La premiĂšre câest que mes dĂ©ceptions personnelles quant Ă la politique, ce nâest pas seulement moi « Marc Rochet et son mauvais caractĂšre ».
Pour prendre un exemple, Madame Elisabeth Borne Ă lâĂ©poque oĂč elle Ă©tait ministre des Transports avait lancĂ© les assises du transport aĂ©rien avec un travail absolument colossal.
107 rĂ©unions de mĂ©moire, des dizaines de personnes mobilisĂ©es, des heures et des heures de travail avec des pointures du transport aĂ©rien comme Jean Dominique Chartier sur le social, Lionel Guerin sur lâimpact environnemental et un dĂ©ploiement dâĂ©nergie Ă©norme avec Ă la sortie rien du tout si ce nâest une dĂ©claration bidon.
Jâai eu Ă lâĂ©poque lâoccasion de croiser le Premier ministre Edouard Philippe, et de lui dire au cours dâune discussion Ă propos de lâĂtat, ma dĂ©ception quant au rĂ©sultat des assises du transport aĂ©rien. Sa rĂ©ponse a Ă©tĂ© de me dire quâil nâen avait pas entendu parlerâŠquelle misĂšre !
Je ne suis donc pas le seul Ă ĂȘtre critique. Tous les gens qui ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă ces assises ont quasiment le mĂȘme sentiment que moi.
DeuxiĂšmement, jâai eu lâoccasion de façon assez discrĂšte et parce quâon me lâa demandĂ© dâĂ©mettre par Ă©crit et Ă diffĂ©rentes reprises des prĂ©conisations et idĂ©es de bon sens sur comment mieux gĂ©rer le transport aĂ©rien, certaines compagnies et aĂ©roports, et tout ça nâa servi Ă rien.
Je suis donc un chat Ă©chaudĂ© qui craint lâeau froide.
Mais si demain et de bonne foi il faut recommencer ce travail je le recommencerais. En gardant mes valeurs et ma façon de mâexprimer. Je reste quelquâun de bonne volontĂ©. Si cela est utile tant mieux et sinon ce ne sera quâun Ă©chec de plus.
Marc Rochet : Câest une bonne question. Jâai eu lâoccasion de travailler Ă lâĂ©tranger. Je ne lâai pas fait. Je rĂ©pondrais trois choses.
La premiĂšre câest que mes dĂ©ceptions personnelles quant Ă la politique, ce nâest pas seulement moi « Marc Rochet et son mauvais caractĂšre ».
Pour prendre un exemple, Madame Elisabeth Borne Ă lâĂ©poque oĂč elle Ă©tait ministre des Transports avait lancĂ© les assises du transport aĂ©rien avec un travail absolument colossal.
107 rĂ©unions de mĂ©moire, des dizaines de personnes mobilisĂ©es, des heures et des heures de travail avec des pointures du transport aĂ©rien comme Jean Dominique Chartier sur le social, Lionel Guerin sur lâimpact environnemental et un dĂ©ploiement dâĂ©nergie Ă©norme avec Ă la sortie rien du tout si ce nâest une dĂ©claration bidon.
Jâai eu Ă lâĂ©poque lâoccasion de croiser le Premier ministre Edouard Philippe, et de lui dire au cours dâune discussion Ă propos de lâĂtat, ma dĂ©ception quant au rĂ©sultat des assises du transport aĂ©rien. Sa rĂ©ponse a Ă©tĂ© de me dire quâil nâen avait pas entendu parlerâŠquelle misĂšre !
Je ne suis donc pas le seul Ă ĂȘtre critique. Tous les gens qui ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă ces assises ont quasiment le mĂȘme sentiment que moi.
DeuxiĂšmement, jâai eu lâoccasion de façon assez discrĂšte et parce quâon me lâa demandĂ© dâĂ©mettre par Ă©crit et Ă diffĂ©rentes reprises des prĂ©conisations et idĂ©es de bon sens sur comment mieux gĂ©rer le transport aĂ©rien, certaines compagnies et aĂ©roports, et tout ça nâa servi Ă rien.
Je suis donc un chat Ă©chaudĂ© qui craint lâeau froide.
Mais si demain et de bonne foi il faut recommencer ce travail je le recommencerais. En gardant mes valeurs et ma façon de mâexprimer. Je reste quelquâun de bonne volontĂ©. Si cela est utile tant mieux et sinon ce ne sera quâun Ă©chec de plus.
"On sait trĂšs bien quâon a un problĂšme de contrĂŽleurs aĂ©riens"
TourMaG.com - Vous Ă©voquez souvent le manque de courage des politiques. Quâentendez-vous par lĂ ?
Marc Rochet : Le courage câest dâabord de dire la vĂ©ritĂ© aux gens sur ce qui ne va pas quitte Ă prendre des prĂ©cautions de langages.
TourMaG.com - Aux contrÎleurs aériens par exemple ?
Marc Rochet : Oui, par exemple. On sait trĂšs bien quâon a un problĂšme de contrĂŽleurs aĂ©riens, quâil y a eu en France un incident grave Ă Bordeaux il y a deux ans avec un rapport du BEA extrĂȘmement critique.
On devrait donc sâinterroger sur les mesures Ă prendre, mais on a tendance Ă laisser sâenterrer les sujets.
Les mĂ©dias dâailleurs ne font pas leur boulot. Ils sautent sur lâinfo, se battent pour la sortir le plus vite possible sur leurs rĂ©seaux et on passe Ă autre chose.
Ensuite, le courage câest de passer Ă des mesures difficiles mais nĂ©cessaires.
Je ne dis pas quâ il faut rĂ©volutionner le contrĂŽle aĂ©rien français immĂ©diatement ...
TourMaG.com - Vous ne voulez tout de mĂȘme pas faire ce quâa fait Ronald Reagan aux Ătats-Unis* ?
Marc Rochet : Non bien sĂ»r, mais au moins quâon attaque le sujet ! Celui-lĂ et bien dâautres. Celui par exemple de la lutte contre la production du COÂČ.
LĂ aussi beaucoup de blabla, mais dĂ©cider que dans quelques annĂ©es, tout le matĂ©riel en France sur les aĂ©roports sera Ă©lectrique, il nâ y a personne qui a le courage de le dire ni de le faire. Je rĂ©pĂšte, on est dans le blabla.
Marc Rochet : Le courage câest dâabord de dire la vĂ©ritĂ© aux gens sur ce qui ne va pas quitte Ă prendre des prĂ©cautions de langages.
TourMaG.com - Aux contrÎleurs aériens par exemple ?
Marc Rochet : Oui, par exemple. On sait trĂšs bien quâon a un problĂšme de contrĂŽleurs aĂ©riens, quâil y a eu en France un incident grave Ă Bordeaux il y a deux ans avec un rapport du BEA extrĂȘmement critique.
On devrait donc sâinterroger sur les mesures Ă prendre, mais on a tendance Ă laisser sâenterrer les sujets.
Les mĂ©dias dâailleurs ne font pas leur boulot. Ils sautent sur lâinfo, se battent pour la sortir le plus vite possible sur leurs rĂ©seaux et on passe Ă autre chose.
Ensuite, le courage câest de passer Ă des mesures difficiles mais nĂ©cessaires.
Je ne dis pas quâ il faut rĂ©volutionner le contrĂŽle aĂ©rien français immĂ©diatement ...
TourMaG.com - Vous ne voulez tout de mĂȘme pas faire ce quâa fait Ronald Reagan aux Ătats-Unis* ?
Marc Rochet : Non bien sĂ»r, mais au moins quâon attaque le sujet ! Celui-lĂ et bien dâautres. Celui par exemple de la lutte contre la production du COÂČ.
LĂ aussi beaucoup de blabla, mais dĂ©cider que dans quelques annĂ©es, tout le matĂ©riel en France sur les aĂ©roports sera Ă©lectrique, il nâ y a personne qui a le courage de le dire ni de le faire. Je rĂ©pĂšte, on est dans le blabla.
Les moteurs, véritables outils de la décarbonation
TourMaG.com - Concernant ces enjeux de dĂ©carbonation et les Ă©missions de COÂČ vous semblez plus croire en des moteurs plus performants quâaux SAF (les carburants durables).
Marc Rochet : Si on parle dâĂ©missions de CO2, les SAF ne rĂšglent rien. Les solutions sont scientifiques, elles sont industrielles. Cela veut dire quâil faut mettre le paquet sur la technologie. Aider, voire contraindre les industriels qui ont dâĂ©normes moyens dâinvestir lĂ -dessus.
Je ne dis pas qu'Airbus, Boeing, ThalĂšs ne font rien, mais il faut sans doute mettre une pression plus forte dans le systĂšme.
Effectivement, Ă lâheure actuelle, une des sources technologiques de rĂ©duction de COÂČ câest le moteur. Aujourdâhui, une gĂ©nĂ©ration technologique de moteurs qui saute un pas et qui permet de rĂ©duire la consommation de COÂČ significativement de 20%, câest quelques milliards dâinvestissements et une prise de risque scientifique.
Ce sont des choses que nous avons su faire dans le passé.
Aujourdâhui sur les avions les plus modernes tels que les A350, les B787, les versions neo, vous avez des moteurs bien plus performants que nâĂ©taient leur prĂ©dĂ©cesseur.
Mais sur ces moteurs de derniĂšre technologie, il nây a pas de visions Ă court terme qui fixent des Ă©chĂ©ances pour de nouveau produire un moteur encore plus Ă©conome.
Pourquoi ? Parce que ni les constructeurs Airbus et Boeing ni lâĂtat dans son rĂŽle de rĂ©gulateur ne peuvent perturber un business model ou Rolls-Royce, Pratt et Whitney, General Electric ont investi des milliards de dollars pour la derniĂšre gĂ©nĂ©ration de moteur et que pendant 20 ans il faut quâils se refassent sur cet investissement sans investir assez dans lâavenir.
On risque donc de vivre pendant 20 ans avec des moteurs performants en sâempĂȘchant d'en sortir de meilleurs, sauf nouvel entrant. LâĂ©tat doit Ćuvrer pour changer de business model et aider la recherche.
Marc Rochet : Si on parle dâĂ©missions de CO2, les SAF ne rĂšglent rien. Les solutions sont scientifiques, elles sont industrielles. Cela veut dire quâil faut mettre le paquet sur la technologie. Aider, voire contraindre les industriels qui ont dâĂ©normes moyens dâinvestir lĂ -dessus.
Je ne dis pas qu'Airbus, Boeing, ThalĂšs ne font rien, mais il faut sans doute mettre une pression plus forte dans le systĂšme.
Effectivement, Ă lâheure actuelle, une des sources technologiques de rĂ©duction de COÂČ câest le moteur. Aujourdâhui, une gĂ©nĂ©ration technologique de moteurs qui saute un pas et qui permet de rĂ©duire la consommation de COÂČ significativement de 20%, câest quelques milliards dâinvestissements et une prise de risque scientifique.
Ce sont des choses que nous avons su faire dans le passé.
Aujourdâhui sur les avions les plus modernes tels que les A350, les B787, les versions neo, vous avez des moteurs bien plus performants que nâĂ©taient leur prĂ©dĂ©cesseur.
Mais sur ces moteurs de derniĂšre technologie, il nây a pas de visions Ă court terme qui fixent des Ă©chĂ©ances pour de nouveau produire un moteur encore plus Ă©conome.
Pourquoi ? Parce que ni les constructeurs Airbus et Boeing ni lâĂtat dans son rĂŽle de rĂ©gulateur ne peuvent perturber un business model ou Rolls-Royce, Pratt et Whitney, General Electric ont investi des milliards de dollars pour la derniĂšre gĂ©nĂ©ration de moteur et que pendant 20 ans il faut quâils se refassent sur cet investissement sans investir assez dans lâavenir.
On risque donc de vivre pendant 20 ans avec des moteurs performants en sâempĂȘchant d'en sortir de meilleurs, sauf nouvel entrant. LâĂ©tat doit Ćuvrer pour changer de business model et aider la recherche.
Construction dâavions : quand la Chine sâĂ©veillera
TourMaG.com : Que voulez-vous dire par nouvel entrant ?
Marc Rochet : Jâen vois un se profiler tout doucement Ă lâhorizon câest la Chine.
Quand on voit à quelle vitesse ils se développent, à quelle vitesse par exemple ils reviennent dans le spatial, je dis attention.
TourMaG.com : Câest un vĂ©ritable avertissement que vous lancez lĂ ?
Marc Rochet : Oui. Si on ne fait rien, alors d'autres vont faire.
De mĂȘme sur la composition des Ă©quipages, le nombre de pilotes dans lâavion. Je ne dis pas zĂ©ro ni mĂȘme 1, mais il faut considĂ©rer ce sujet au-delĂ des pressions techniques, humaines, syndicales et sociĂ©tales.
Demain, on aura peut-ĂȘtre un avion chinois qui va sortir avec un seul pilote et on sera tous comme des idiots Ă regarder lâavion « made in China ».
TourMaG.com - Oui, mais ici il y a peut-ĂȘtre un juste milieu entre notre systĂšme et le modĂšle social chinois tout de mĂȘme ?
Marc Rochet : Bien sĂ»r ! je suis Ă©videmment dâaccord, mais quâon ne sâen serve pas dâexcuse pour rester dans le statu quo.
Je dis attention. On a beaucoup reproché aux Chinois et aux Japonais de copier et à un moment ils passent devant.
TourMaG.com - Mais quand vous parlez à des motoristes de ces sujets, quelle réponse avez-vous ?
Marc Rochet : On reconnait quâil faut regarder cela de prĂšs, mais je crois que chacun voit son intĂ©rĂȘt Ă sa porte.
Les constructeurs qui autrefois avaient des compĂ©tences « moteur » les ont dĂ©lĂ©guĂ©s aux motoristes. Ils nâont donc plus la main.
Aujourdâhui les ingĂ©nieurs qui connaissent bien les moteurs sont chez les motoristes et plus chez les fabricants dâavions. LĂ aussi il y a un modĂšle quâil faudra recrĂ©er.
Marc Rochet : Jâen vois un se profiler tout doucement Ă lâhorizon câest la Chine.
Quand on voit à quelle vitesse ils se développent, à quelle vitesse par exemple ils reviennent dans le spatial, je dis attention.
TourMaG.com : Câest un vĂ©ritable avertissement que vous lancez lĂ ?
Marc Rochet : Oui. Si on ne fait rien, alors d'autres vont faire.
De mĂȘme sur la composition des Ă©quipages, le nombre de pilotes dans lâavion. Je ne dis pas zĂ©ro ni mĂȘme 1, mais il faut considĂ©rer ce sujet au-delĂ des pressions techniques, humaines, syndicales et sociĂ©tales.
Demain, on aura peut-ĂȘtre un avion chinois qui va sortir avec un seul pilote et on sera tous comme des idiots Ă regarder lâavion « made in China ».
TourMaG.com - Oui, mais ici il y a peut-ĂȘtre un juste milieu entre notre systĂšme et le modĂšle social chinois tout de mĂȘme ?
Marc Rochet : Bien sĂ»r ! je suis Ă©videmment dâaccord, mais quâon ne sâen serve pas dâexcuse pour rester dans le statu quo.
Je dis attention. On a beaucoup reproché aux Chinois et aux Japonais de copier et à un moment ils passent devant.
TourMaG.com - Mais quand vous parlez à des motoristes de ces sujets, quelle réponse avez-vous ?
Marc Rochet : On reconnait quâil faut regarder cela de prĂšs, mais je crois que chacun voit son intĂ©rĂȘt Ă sa porte.
Les constructeurs qui autrefois avaient des compĂ©tences « moteur » les ont dĂ©lĂ©guĂ©s aux motoristes. Ils nâont donc plus la main.
Aujourdâhui les ingĂ©nieurs qui connaissent bien les moteurs sont chez les motoristes et plus chez les fabricants dâavions. LĂ aussi il y a un modĂšle quâil faudra recrĂ©er.
Sâadapter aux Ă©volutions rapides du marchĂ©
TourMaG.com - Pour en revenir Ă votre actualitĂ© et Ă Air CaraĂŻbes et French Bee, vous restez administrateur au sein du groupe Dubreuil AĂ©ro, ce nâest pas complĂštement fini ?
Marc Rochet : Câest maintenant Christine OurmiĂšres-Widener qui dirige ces entreprises et qui en a la charge opĂ©rationnelle, financiĂšre et Ă©conomique pour le futur.
Jâai Ă©tĂ© lĂ pour lui passer le relais, ça sâest plutĂŽt bien passĂ© et la page est tournĂ©e. Il nây a quâun pilote dans lâavion.
TourMaG.com - Pas dâinfos alors sur cet A350 biclasse qui doit rejoindre le groupe et sous quelle couleur ?
Marc Rochet : Non, je ne peux pas donner dâinformations qui relĂšvent du domaine de dĂ©cision de Christine et de ses Ă©quipes.
Je peux cependant expliquer comment ça marche.
Aujourdâhui les marchĂ©s et les comportements des clients Ă©voluent trĂšs vite. Ce qui pousse en ce moment câest le segment Ă©co et premium Ă©co. Soyons clairs aujourdâhui la reprise du transport aĂ©rien, ce nâest pas le business.
Aussi, nous sommes dans un monde en perpétuelle évolution avec de la concurrence.
Les pilotes par exemple disent "on veut des garanties sur lâavenir", mais il nây a aucune garantie. Lâavenir dĂ©pend des clients de la performance de lâentreprise, de lâengagement de tous y compris des pilotes que je salue, mais personne ne peut donner de garanties.
Demain, le marché peut complÚtement se retourner, le covid peut revenir, on ne sait pas.
On est donc, concernant cet avion, Ă un an de la livraison, il est normal que les Ă©quipes dâAir CaraĂŻbes et de French Bee gardent leur latitude. Le but est de prendre la meilleure dĂ©cision le plus tard possible parce quâon sera le plus prĂšs de ce qui aura changĂ©.
Comment va se passer lâĂ©tĂ© sur La RĂ©union, les Antilles, les Ătats-Unis ? Ăa peut influencer la dĂ©cision.
Marc Rochet : Câest maintenant Christine OurmiĂšres-Widener qui dirige ces entreprises et qui en a la charge opĂ©rationnelle, financiĂšre et Ă©conomique pour le futur.
Jâai Ă©tĂ© lĂ pour lui passer le relais, ça sâest plutĂŽt bien passĂ© et la page est tournĂ©e. Il nây a quâun pilote dans lâavion.
TourMaG.com - Pas dâinfos alors sur cet A350 biclasse qui doit rejoindre le groupe et sous quelle couleur ?
Marc Rochet : Non, je ne peux pas donner dâinformations qui relĂšvent du domaine de dĂ©cision de Christine et de ses Ă©quipes.
Je peux cependant expliquer comment ça marche.
Aujourdâhui les marchĂ©s et les comportements des clients Ă©voluent trĂšs vite. Ce qui pousse en ce moment câest le segment Ă©co et premium Ă©co. Soyons clairs aujourdâhui la reprise du transport aĂ©rien, ce nâest pas le business.
Aussi, nous sommes dans un monde en perpétuelle évolution avec de la concurrence.
Les pilotes par exemple disent "on veut des garanties sur lâavenir", mais il nây a aucune garantie. Lâavenir dĂ©pend des clients de la performance de lâentreprise, de lâengagement de tous y compris des pilotes que je salue, mais personne ne peut donner de garanties.
Demain, le marché peut complÚtement se retourner, le covid peut revenir, on ne sait pas.
On est donc, concernant cet avion, Ă un an de la livraison, il est normal que les Ă©quipes dâAir CaraĂŻbes et de French Bee gardent leur latitude. Le but est de prendre la meilleure dĂ©cision le plus tard possible parce quâon sera le plus prĂšs de ce qui aura changĂ©.
Comment va se passer lâĂ©tĂ© sur La RĂ©union, les Antilles, les Ătats-Unis ? Ăa peut influencer la dĂ©cision.
« Jâaiderais si on me le demande »
TourMaG.com - Vous restez le Président de votre société de conseils « Aérogestion ». Quels sont vos projets ?
Marc Rochet : Aerogestion est une sociĂ©tĂ© que jâai montĂ©e avec Dominique Gretz pour ne plus ĂȘtre tributaire de quoi que ce soit.
Câest une sociĂ©tĂ© dâexperts dâune douzaine de personnes. Le mĂ©tier de conseils impose une certaine confidentialitĂ©.
La sociĂ©tĂ© se porte bien, elle a pas mal de marchĂ©s. Nous conseillons des Ătats, des rĂ©gions, des compagnies aĂ©riennes, des aĂ©roports, des constructeurs.
Au dĂ©but; notre cĆur dâactivitĂ© portait sur lâĂ©conomie de ligne, le yield management, une science complexe avec beaucoup de chiffres, beaucoup de bases de donnĂ©es.
Nous aidons aussi actuellement dans un pays que je ne citerai pas Ă la crĂ©ation dâune compagnie aĂ©rienne.
VoilĂ le schĂ©ma de notre activitĂ©. Nous sommes en croissance et cherchons des talents et il y a beaucoup de choses Ă faire. ComparĂ©s Ă de grands cabinets, nous sommes certes en infĂ©rioritĂ© numĂ©rique, mais nous facturons moins cher quâeux et avons plus de proximitĂ©s avec les clients.
Notre fiertĂ© câest dâaider les gens Ă monter en niveau, former au sein des entreprises et donner les grandes orientations.
TourMaG.com - On sent que la passion vous habite encore. Seriez-vous tenté pour une nouvelle aventure « entrepreneuriale » ?
Marc Rochet : Il faut ĂȘtre rĂ©aliste, je ne cache pas mon Ăąge. Place aux jeunes.
Mais quelquâun qui veut monter une entreprise, qui a des idĂ©es et qui me dirait « Marc, jâai besoin dâaide », je lâaiderai.
Marc Rochet : Aerogestion est une sociĂ©tĂ© que jâai montĂ©e avec Dominique Gretz pour ne plus ĂȘtre tributaire de quoi que ce soit.
Câest une sociĂ©tĂ© dâexperts dâune douzaine de personnes. Le mĂ©tier de conseils impose une certaine confidentialitĂ©.
La sociĂ©tĂ© se porte bien, elle a pas mal de marchĂ©s. Nous conseillons des Ătats, des rĂ©gions, des compagnies aĂ©riennes, des aĂ©roports, des constructeurs.
Au dĂ©but; notre cĆur dâactivitĂ© portait sur lâĂ©conomie de ligne, le yield management, une science complexe avec beaucoup de chiffres, beaucoup de bases de donnĂ©es.
Nous aidons aussi actuellement dans un pays que je ne citerai pas Ă la crĂ©ation dâune compagnie aĂ©rienne.
VoilĂ le schĂ©ma de notre activitĂ©. Nous sommes en croissance et cherchons des talents et il y a beaucoup de choses Ă faire. ComparĂ©s Ă de grands cabinets, nous sommes certes en infĂ©rioritĂ© numĂ©rique, mais nous facturons moins cher quâeux et avons plus de proximitĂ©s avec les clients.
Notre fiertĂ© câest dâaider les gens Ă monter en niveau, former au sein des entreprises et donner les grandes orientations.
TourMaG.com - On sent que la passion vous habite encore. Seriez-vous tenté pour une nouvelle aventure « entrepreneuriale » ?
Marc Rochet : Il faut ĂȘtre rĂ©aliste, je ne cache pas mon Ăąge. Place aux jeunes.
Mais quelquâun qui veut monter une entreprise, qui a des idĂ©es et qui me dirait « Marc, jâai besoin dâaide », je lâaiderai.
Compétitivité et consolidation
Autres articles
-
Air Austral : "Marc Rochet veut-il nous faire boire le bouillon ?"
-
Marc Rochet : "Tout seul, je nâaurais rien pu faire..." đ
-
Ch. OurmiĂšres-Widener (Air CaraĂŻbes) : "la transition se passe trĂšs bien" đ
-
"Marc Rochet a fait d'Air CaraĂŻbes une success-story"
-
Air CaraĂŻbes : Marc Rochet prend du recul Ă la tĂȘte de la compagnie
TourMaG.com - On ne peut pas se quitter sans vous demander quelle est votre vision du transport aĂ©rien. Comment voyez-vous les choses ? Des consolidations ? Vous dites souvent que ce pays, la France, qui va recevoir dans les annĂ©es Ă venir 100 millions de touristes, est bĂ©nie des dieux pour le transport aĂ©rien. Or on voit dans notre pays quelques petites compagnies dont certaines sont fragilisĂ©es Ă lâombre dâun gĂ©ant. Que va-t-il se passer ? Quâest quâi faudrait quâil se passe ?
Marc Rochet : En ce dĂ©but dâannĂ©e 2024, je suis profondĂ©ment et objectivement optimiste.
PremiÚrement , la façon dont est revenu le trafic passager post-covid est trÚs impressionnante. Cela a pris du temps, mais cela a été traité globalement avec une réponse médicale de bon niveau et soyons clairs, nous avons échappé à un drame qui aurait pu faire 200 millions de morts.
La force du retour du trafic est fascinante et ce rebond se fait sur la clientĂšle VFR (les visites Ă des amis et Ă des parents) et le tourisme et câest porteur dâespoir.
Je pense que cela va continuer. Je vois lâexemple de lâOutre-mer. Dans une famille, un jeune Ă©tudiant allant faire ses Ă©tudes en MĂ©tropole, avant, il revenait tous les deux ans et aujourdâhui câest deux fois par an et la grand-mĂšre vient le voir aussi une fois par an et cela continuera. Il faudra faire des progrĂšs quant Ă lâĂ©cologie, mais ça continuera. Je suis donc assez optimiste sur ce point.
Compte tenu de ces atouts « Bénie des dieux », la France va profiter de cette forme de nouvelle croissance.
TourMaG.com - Vous entendez quâon pourrait arrĂȘter cette malĂ©diction pour le transport aĂ©rien français de perdre un point de part de marchĂ© par annĂ©e ?
Marc Rochet : Oui, mais cette nouvelle croissance ce seront soit des compagnies françaises qui iront la chercher, soit des opérateurs étrangers.
Aller chercher la croissance suppose deux choses :
- avoir les bons outils, la bonne flotte, car câest un atout majeur,
- avoir des coûts non pas bas, mais cohérents avec la demande
En France nous avons des coĂ»ts trop Ă©levĂ©s. Il nây a pas que le social. Il y a dâautres contraintes. Quand je regarde les chiffres de 2023, on voit que Ryanair sâen tire trĂšs bien avec plus de deux fois et demie les bĂ©nĂ©fices du groupe Air France.
TourMaG.com - Vous voulez mettre sur le podium le modĂšle social de Ryanair ? Il y a quand mĂȘme deux ou trois choses Ă redire lĂ -dessus.
Marc Rochet : Bien sĂ»r, mais ce que je veux expliquer par lĂ câest que si nous ne savons pas nous adapter Ă cette clientĂšle-lĂ et au prix quâelle est prĂȘte Ă payer ce sont des gens comme ça, bien ou pas bien qui feront le boulot sur le moyen-courrier.
En France, est-ce quâon dĂ©cide que câest Wizzair, Vueling, Easyjet, Ryanair qui vont piquer 60% de ce trafic chez nous ou est-ce quâon dĂ©cide que NON ?
Je pense que la mĂšre des batailles doit ĂȘtre menĂ©e avec courage et ce nâest pas avec les coĂ»ts que nous avons quâon y arrivera.
Une partie du problĂšme pourrait dâailleurs peut-ĂȘtre se rĂ©gler par la concentration.
Je prends lâexemple des compagnies dâOutre-mer long-courrier. Il y a Air Tahiti, Air Calin, Air Austral, French Bee, Air CaraĂŻbes, Corsair ⊠6 compagnies.
Air CaraĂŻbes Ă la flotte la plus importante et a donc un temps dâavance sur les autres, mais avons-nous tous besoin dâavoir nos avions, nos moteurs chacun diffĂ©rents, nos routes ? On peut penser quâil pourrait y avoir de la concentration qui ne passe pas non plus forcĂ©ment par de lâabsorption.
Quand on voit les accords commerciaux entre toutes ces compagnies, câest trĂšs pauvre et je trouve que ce nâest pas bien, surtout face Ă Air France.
Faire du code share entre French Bee et Air Tahiti Nui je ne vois pas oĂč est le problĂšme.
On nous explique que ce nâest pas possible. Je nây crois pas.
TourMaG.com :Il y a des accords dans lâair pourtant ?
Marc Rochet : Câest dans lâair depuis tellement longtemps.
On sent quâil nây a pas dâenvie. Les gens nây vont pas de gaitĂ© de cĆur. Il ne faut pas ĂȘtre dans le « y a quâa faut quâon », mais quand mĂȘme, trois compagnies sâenfermeraient pendant une journĂ©e en se disant quâest ce quâon pourrait faire ensemble cela aurait du sens surtout pour certaines dâentre elles basĂ©es Ă Orly alors quâAir France va quitter la plateforme.
* En 1981, le prĂ©sident des Ătats-Unis, Ronald Reagan a brisĂ© la grĂšve des contrĂŽleurs aĂ©riens qui Ă©taient des fonctionnaires fĂ©dĂ©raux. Plus de 11 000 d'entre eux furent licenciĂ©s sur-le-champ.
Marc Rochet : En ce dĂ©but dâannĂ©e 2024, je suis profondĂ©ment et objectivement optimiste.
PremiÚrement , la façon dont est revenu le trafic passager post-covid est trÚs impressionnante. Cela a pris du temps, mais cela a été traité globalement avec une réponse médicale de bon niveau et soyons clairs, nous avons échappé à un drame qui aurait pu faire 200 millions de morts.
La force du retour du trafic est fascinante et ce rebond se fait sur la clientĂšle VFR (les visites Ă des amis et Ă des parents) et le tourisme et câest porteur dâespoir.
Je pense que cela va continuer. Je vois lâexemple de lâOutre-mer. Dans une famille, un jeune Ă©tudiant allant faire ses Ă©tudes en MĂ©tropole, avant, il revenait tous les deux ans et aujourdâhui câest deux fois par an et la grand-mĂšre vient le voir aussi une fois par an et cela continuera. Il faudra faire des progrĂšs quant Ă lâĂ©cologie, mais ça continuera. Je suis donc assez optimiste sur ce point.
Compte tenu de ces atouts « Bénie des dieux », la France va profiter de cette forme de nouvelle croissance.
TourMaG.com - Vous entendez quâon pourrait arrĂȘter cette malĂ©diction pour le transport aĂ©rien français de perdre un point de part de marchĂ© par annĂ©e ?
Marc Rochet : Oui, mais cette nouvelle croissance ce seront soit des compagnies françaises qui iront la chercher, soit des opérateurs étrangers.
Aller chercher la croissance suppose deux choses :
- avoir les bons outils, la bonne flotte, car câest un atout majeur,
- avoir des coûts non pas bas, mais cohérents avec la demande
En France nous avons des coĂ»ts trop Ă©levĂ©s. Il nây a pas que le social. Il y a dâautres contraintes. Quand je regarde les chiffres de 2023, on voit que Ryanair sâen tire trĂšs bien avec plus de deux fois et demie les bĂ©nĂ©fices du groupe Air France.
TourMaG.com - Vous voulez mettre sur le podium le modĂšle social de Ryanair ? Il y a quand mĂȘme deux ou trois choses Ă redire lĂ -dessus.
Marc Rochet : Bien sĂ»r, mais ce que je veux expliquer par lĂ câest que si nous ne savons pas nous adapter Ă cette clientĂšle-lĂ et au prix quâelle est prĂȘte Ă payer ce sont des gens comme ça, bien ou pas bien qui feront le boulot sur le moyen-courrier.
En France, est-ce quâon dĂ©cide que câest Wizzair, Vueling, Easyjet, Ryanair qui vont piquer 60% de ce trafic chez nous ou est-ce quâon dĂ©cide que NON ?
Je pense que la mĂšre des batailles doit ĂȘtre menĂ©e avec courage et ce nâest pas avec les coĂ»ts que nous avons quâon y arrivera.
Une partie du problĂšme pourrait dâailleurs peut-ĂȘtre se rĂ©gler par la concentration.
Je prends lâexemple des compagnies dâOutre-mer long-courrier. Il y a Air Tahiti, Air Calin, Air Austral, French Bee, Air CaraĂŻbes, Corsair ⊠6 compagnies.
Air CaraĂŻbes Ă la flotte la plus importante et a donc un temps dâavance sur les autres, mais avons-nous tous besoin dâavoir nos avions, nos moteurs chacun diffĂ©rents, nos routes ? On peut penser quâil pourrait y avoir de la concentration qui ne passe pas non plus forcĂ©ment par de lâabsorption.
Quand on voit les accords commerciaux entre toutes ces compagnies, câest trĂšs pauvre et je trouve que ce nâest pas bien, surtout face Ă Air France.
Faire du code share entre French Bee et Air Tahiti Nui je ne vois pas oĂč est le problĂšme.
On nous explique que ce nâest pas possible. Je nây crois pas.
TourMaG.com :Il y a des accords dans lâair pourtant ?
Marc Rochet : Câest dans lâair depuis tellement longtemps.
On sent quâil nây a pas dâenvie. Les gens nây vont pas de gaitĂ© de cĆur. Il ne faut pas ĂȘtre dans le « y a quâa faut quâon », mais quand mĂȘme, trois compagnies sâenfermeraient pendant une journĂ©e en se disant quâest ce quâon pourrait faire ensemble cela aurait du sens surtout pour certaines dâentre elles basĂ©es Ă Orly alors quâAir France va quitter la plateforme.
* En 1981, le prĂ©sident des Ătats-Unis, Ronald Reagan a brisĂ© la grĂšve des contrĂŽleurs aĂ©riens qui Ă©taient des fonctionnaires fĂ©dĂ©raux. Plus de 11 000 d'entre eux furent licenciĂ©s sur-le-champ.

Voir tous les articles de Christophe Hardin