Alain Leviel, groupe Oceane Voyages, Ă la tĂȘte de huit agences Selectour, Havas, Tui et une indĂ©pendante.
Départs massifs, réassurance, recrutements, les petites structures ne sont pas exemptées des changements organisationnels induits par la crise de la Covid-19. -Depositphotos
« Depuis deux ans, sur lâeffectif de 35 salariĂ©s, nous avons connu 9 dĂ©parts. Nous les avons laissĂ©s partir, ne voyant pas lâissu de cette crise sanitaire. Ce sont des jeunes intĂ©grĂ©s Ă lâĂ©quipe depuis deux ou trois ans, ils sont partis vers des domaines diffĂ©rents, dont la banque.
Nous avons eu plusieurs petites sorties de crise. Cet Ă©tĂ©, nous avons bien travaillĂ©, les Ă©quipes se sont bien remobilisĂ©es. DĂ©cembre et janvier sont plus calmes, avec cette nouvelle vague. Il y a beaucoup de monde en agence, de demandes de devis, mais nous sommes dans lâattente de rĂ©servations.
Nous sommes sortis du tricotage, dĂ©tricotage, des avaloirs que lâon a remboursĂ©s.
En septembre, nous avions lancé des recrutements, avant de les mettre de cÎté et de rappeler deux retraités. Nous avions eu des difficultés dans le processus de recrutement.
DifficultĂ©s que la crise a certainement accrues. Les formations ont Ă©tĂ© gelĂ©es, beaucoup dâĂ©tudiants nâont pas pu effectuer leurs stages. Et puis, la formation fait moins rĂȘver les jeunes. Câest le cas dans beaucoup de secteur. Tout le monde reprend en mĂȘme temps et a besoin de main dâĆuvre.
Malheureusement, notre secteur nâest pas celui qui paye le mieux. Les marges ne sont pas exponentielles. La seule option envisageable serait dâaugmenter les prix de vente, on y vient.
Nous espĂ©rons tous une embellie pour mars et avril. Pour le moment, on sent un frĂ©missement, il y a beaucoup de demandes de devis, mais pas encore de rĂ©servations, le chiffre dâaffaires ne revient pas Ă la normal. En janvier, nous avons mĂȘme remis en place lâAPLD sur lâensemble de nos agences. »
A lire aussi : Pénurie : la crise accentue encore les difficultés du secteur à recruter
Nous avons eu plusieurs petites sorties de crise. Cet Ă©tĂ©, nous avons bien travaillĂ©, les Ă©quipes se sont bien remobilisĂ©es. DĂ©cembre et janvier sont plus calmes, avec cette nouvelle vague. Il y a beaucoup de monde en agence, de demandes de devis, mais nous sommes dans lâattente de rĂ©servations.
Nous sommes sortis du tricotage, dĂ©tricotage, des avaloirs que lâon a remboursĂ©s.
En septembre, nous avions lancé des recrutements, avant de les mettre de cÎté et de rappeler deux retraités. Nous avions eu des difficultés dans le processus de recrutement.
DifficultĂ©s que la crise a certainement accrues. Les formations ont Ă©tĂ© gelĂ©es, beaucoup dâĂ©tudiants nâont pas pu effectuer leurs stages. Et puis, la formation fait moins rĂȘver les jeunes. Câest le cas dans beaucoup de secteur. Tout le monde reprend en mĂȘme temps et a besoin de main dâĆuvre.
Malheureusement, notre secteur nâest pas celui qui paye le mieux. Les marges ne sont pas exponentielles. La seule option envisageable serait dâaugmenter les prix de vente, on y vient.
Nous espĂ©rons tous une embellie pour mars et avril. Pour le moment, on sent un frĂ©missement, il y a beaucoup de demandes de devis, mais pas encore de rĂ©servations, le chiffre dâaffaires ne revient pas Ă la normal. En janvier, nous avons mĂȘme remis en place lâAPLD sur lâensemble de nos agences. »
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Yann Leroux - La boutique des vacances, 11 salariĂ©s, 4 agences Arras, Hesdin, Boulogne-sur-Mer, Abbeville (PrĂȘt-Ă -Partir).
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« Nous nâavons pas connu de dĂ©parts, nous avons mĂȘme recrutĂ© en pleine crise deux alternants.
Nous sommes une petite entreprise, avec des relations assez privilĂ©giĂ©es avec le personnel. Cette proximitĂ© permet beaucoup dâĂ©changes, de pondĂ©rer les choses, dâaccompagner, de rassurer. Pendant le chĂŽmage partiel, de la formation via le dispositif FNE-Formation pour ceux qui le souhaitaient a Ă©tĂ© mises en place.
Comme pour toutes les agences, le quotidien est compliquĂ©, mais nous avons la capacitĂ© de nous soutenir. Ăa marche plutĂŽt bien.
Evidemment, il y a des doutes pour certaines personnes, un Ă©puisement face aux difficultĂ©s relationnelles fut un temps. Lâordonnance a brusquĂ© les relations avec les clients. Sans compter sur les difficultĂ©s de gestion : faire, dĂ©faire, refaire, ne plus savoir si on doit faire.
La complexité des évolutions des conditions sanitaires, des formalités, etc⊠a mené à une pression, une lassitude des collaborateurs. Il y a des doutes en permanence sur la capacité à réussir, mais ça reste gérable avec des échanges, un bon accompagnement et du soutien.
Nous sommes transparents, nos équipes ont pleinement conscience de nos difficultés et de la situation de nos entreprises. »
Nous sommes une petite entreprise, avec des relations assez privilĂ©giĂ©es avec le personnel. Cette proximitĂ© permet beaucoup dâĂ©changes, de pondĂ©rer les choses, dâaccompagner, de rassurer. Pendant le chĂŽmage partiel, de la formation via le dispositif FNE-Formation pour ceux qui le souhaitaient a Ă©tĂ© mises en place.
Comme pour toutes les agences, le quotidien est compliquĂ©, mais nous avons la capacitĂ© de nous soutenir. Ăa marche plutĂŽt bien.
Evidemment, il y a des doutes pour certaines personnes, un Ă©puisement face aux difficultĂ©s relationnelles fut un temps. Lâordonnance a brusquĂ© les relations avec les clients. Sans compter sur les difficultĂ©s de gestion : faire, dĂ©faire, refaire, ne plus savoir si on doit faire.
La complexité des évolutions des conditions sanitaires, des formalités, etc⊠a mené à une pression, une lassitude des collaborateurs. Il y a des doutes en permanence sur la capacité à réussir, mais ça reste gérable avec des échanges, un bon accompagnement et du soutien.
Nous sommes transparents, nos équipes ont pleinement conscience de nos difficultés et de la situation de nos entreprises. »
Patricia SaĂŒquere, Sorelh Voyages Havas Ă Mont de Marsan.
« Une personne a démissionné pour se reconvertir dans les assurances, elle ne voyait pas la fin de cette crise. Et maintenant, elle ne travaille plus le samedi et finit plus tÎt.
Nous sommes deux au sein de lâagence. Jâai toujours une collaboratrice trĂšs motivĂ©e, malgrĂ© le contexte. Il y a de quoi baisser les bras. Actuellement, elle bĂ©nĂ©ficie toujours dâun jour et demi de chĂŽmage partiel. Lâagence est fermĂ©e deux demi-journĂ©es supplĂ©mentaires. On travaille sur rendez-vous, un mode de fonctionnement que lâon va conserver.
Actuellement, nous avons Ă©normĂ©ment de demandes de devis. Si on garde ce rythme de croisiĂšre, il faudra penser Ă recruter. Mais câest compliquĂ©. On ne peut pas embaucher des intĂ©rimaires pour faire de la vente, le mĂ©tier est trop technique. Les grands rĂ©seaux peuvent recruter et faire tourner leur personnel sur les points de vente, pas moi.
Et puis, on ne va pas sâemballer comme en septembre ou novembre lâan dernier, pour reprendre une gifle le mois suivant, suite Ă lâarrivĂ©e dâun nouveau variant. Si on nâapprend pas Ă vivre avec le covid, on ne sâen sortira pas dans nos jobs.
Je vais attendre 2023 avant de réfléchir à embaucher. »
Nous sommes deux au sein de lâagence. Jâai toujours une collaboratrice trĂšs motivĂ©e, malgrĂ© le contexte. Il y a de quoi baisser les bras. Actuellement, elle bĂ©nĂ©ficie toujours dâun jour et demi de chĂŽmage partiel. Lâagence est fermĂ©e deux demi-journĂ©es supplĂ©mentaires. On travaille sur rendez-vous, un mode de fonctionnement que lâon va conserver.
Actuellement, nous avons Ă©normĂ©ment de demandes de devis. Si on garde ce rythme de croisiĂšre, il faudra penser Ă recruter. Mais câest compliquĂ©. On ne peut pas embaucher des intĂ©rimaires pour faire de la vente, le mĂ©tier est trop technique. Les grands rĂ©seaux peuvent recruter et faire tourner leur personnel sur les points de vente, pas moi.
Et puis, on ne va pas sâemballer comme en septembre ou novembre lâan dernier, pour reprendre une gifle le mois suivant, suite Ă lâarrivĂ©e dâun nouveau variant. Si on nâapprend pas Ă vivre avec le covid, on ne sâen sortira pas dans nos jobs.
Je vais attendre 2023 avant de réfléchir à embaucher. »
Ludovic Plouvier - Groupe Ulys Voyages, rĂ©seau PrĂȘt-Ă -Partir, Tui store, et agences indĂ©pendantes « Ă la carte »
« On a perdu plus de la moitiĂ© de nos collaborateurs, 6 sur les 9 salariĂ©s ont dĂ©missionnĂ©. On culpabilise toujours quand on a un salariĂ© qui part. Mais la remise en cause est tout simplement liĂ©e au mĂ©tier, Ă lâattitude des clients et puis il y a une lassitude Ă travailler pour tout annuler.
Ce sont essentiellement des personnes qui ont un peu de métier, entre 10 et 30 ans, qui ont connu les belles années qui sont partis. Les jeunes sont restés.
On nâest pas formĂ© au rapport de force avec le client.
Jâattends la reprise pour recruter. On embauche plus facilement quâon ne licencie, il faut sâassurer du redĂ©marrage Ă long terme pour pouvoir embaucher quelquâun.
Depuis une dizaine de jours on a Ă©normĂ©ment de clients, mais lâan dernier câĂ©tait pareil. On a beaucoup travaillĂ© avant dâannuler tout notre travail en mars et avril. On a lâespoir de voir la fin du tunnel ou dâapprendre Ă vivre avec le covid. Mais un entrepreneur ne peut embaucher aprĂšs une reprise de quinze jours.
JâespĂšre pouvoir recruter au moins deux ou trois conseillers de voyages en avril.
En attendant, je me suis restructurĂ© en externalisant la comptabilitĂ© et une partie de la vente, sur la partie recherche « basique » pour garder lâexpertise en agence et accorder plus de temps Ă mes collaborateurs. Câest aussi amĂ©liorer les marges et payĂ© un temps de travail qui correspond Ă lâactivitĂ©. Câest un peu original, je suis en phase test.
Je pense quâon nâaura pas le choix dâaugmenter les salaires, les conventions collectives vont Ă©voluer. Ce mĂ©tier est extrĂȘmement mal payĂ© en comparaison des compĂ©tences quâil demande, du fait des marges trĂšs basses. Il faut attendre 5 ans pour gagner un SMIC +200 euros. Il reste une chose la passion. »
Ce sont essentiellement des personnes qui ont un peu de métier, entre 10 et 30 ans, qui ont connu les belles années qui sont partis. Les jeunes sont restés.
On nâest pas formĂ© au rapport de force avec le client.
Jâattends la reprise pour recruter. On embauche plus facilement quâon ne licencie, il faut sâassurer du redĂ©marrage Ă long terme pour pouvoir embaucher quelquâun.
Depuis une dizaine de jours on a Ă©normĂ©ment de clients, mais lâan dernier câĂ©tait pareil. On a beaucoup travaillĂ© avant dâannuler tout notre travail en mars et avril. On a lâespoir de voir la fin du tunnel ou dâapprendre Ă vivre avec le covid. Mais un entrepreneur ne peut embaucher aprĂšs une reprise de quinze jours.
JâespĂšre pouvoir recruter au moins deux ou trois conseillers de voyages en avril.
En attendant, je me suis restructurĂ© en externalisant la comptabilitĂ© et une partie de la vente, sur la partie recherche « basique » pour garder lâexpertise en agence et accorder plus de temps Ă mes collaborateurs. Câest aussi amĂ©liorer les marges et payĂ© un temps de travail qui correspond Ă lâactivitĂ©. Câest un peu original, je suis en phase test.
Je pense quâon nâaura pas le choix dâaugmenter les salaires, les conventions collectives vont Ă©voluer. Ce mĂ©tier est extrĂȘmement mal payĂ© en comparaison des compĂ©tences quâil demande, du fait des marges trĂšs basses. Il faut attendre 5 ans pour gagner un SMIC +200 euros. Il reste une chose la passion. »