L’écotourisme, levier d’attractivité des Alpes du Sud

Depuis l’été 2022, le produit rencontre un vif succès.

A Allos, village de montagne des Alpes-de-Haute-Provence, les rencontres organisées entre les estivants et un berger lors de balades en alpage avec les troupeaux font un tabac.

« Nous avons de très bons retours du partage d’expérience avec le berger.

Les gens veulent être au plus près des moutons, comprendre le rôle du gardien de troupeau et des chiens. Le berger fait aussi découvrir la faune et la flore, il est heureux de partager son travail », explique-t-on à l’Office de tourisme du Val d’Allos.

Dans le Buëch, territoire des Hautes-Alpes, l’ONF a racheté il y a quelques années des maisons de villages abandonnées pour les transformer en refuges, créant dès 1996 des itinéraires pédestres les reliant, sous la marque Retrouvance.

Un circuit de 5 nuits/6 jours est ainsi proposé par l’Office de tourisme des Sources du Buech, pour de petits groupes, avec un accompagnateur.

Profitant de la tendance « outdoor responsable », « il est encore plus adapté à la clientèle aujourd’hui qu’en 1996 », est-on convaincu à l’Office de tourisme, regroupant 17 communes rurales autour de Veynes et d’Aspres-sur-Buech.

Etre proche de la nature, comprendre les métiers ruraux, découvrir les produits du terroir, participer à la vie locale…

Ce qui était parfois jadis rangé au rayon du « tourisme vert » a été boosté par la prise de conscience écologique et la pandémie de Covid-19, accélérateurs d’une demande de séjours centrés sur la nature et les rencontres humaines.

L’écotourisme, nouveau nom de cette appétence pour la ruralité et le partage, est devenu un segment de marché.

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Les deux départements alpins de la Région Sud ont compris l’intérêt de jouer sur ce registre. Tout dans leur environnement et leur histoire plaide pour une offre adaptée à ces nouveaux besoins.

Les Hautes-Alpes peuvent faire valoir trois parcs naturels (les Ecrins, le Queyras, les Baronnies Provençales), quantité de réserves naturelles et quasiment pas d’industries polluantes, ni d’autoroute. Ils sont en prime le premier département bio de France.

Même profil du côté des Alpes-de-Haute-Provence. Au carrefour de la Provence, des Alpes et du Verdon, le département est un terrain de jeu logiquement tourné vers les espaces naturels. « Avec près de 50% de notre territoire en zones protégées, l’écotourisme est intrinsèquement dans notre ADN », assure l’agence de développement touristique du « 04 ».

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Du potentiel à la structuration de l’offre, il y a toutefois un long chemin, que les deux territoires tentent de baliser.

Du côté des Hautes-Alpes, on travaille sur les filières identitaires. La « nature » est mise en avant, autour de l’alpinisme, de l’escalade, des randonnées, des sports d’eaux vives, des loisirs aériens (vol à voile, parapente, etc.), du cyclisme.

Le « terroir » est aussi mieux valorisé. L’Agence Départementale du tourisme a ainsi créé une offre « Road Trip Terroir », itinérance gourmande de 5 jours à travers le Dévoluy, le Champsaur et le pays de Sisteron, de producteur à producteur.

Elle met en valeur les produits ovins, bovins, les fromages, les miels, les produits distillés… Très alléchant, le produit gagnerait à inclure aussi des propositions d’hébergement.

Autre filière promue : les festivals ruraux.

Début juillet se tient, dans la vallée de la Clarée, Terre Sauvage Festival, que le département a souhaité ardemment accueillir et qu’il soutient.

La tenue de la quatrième édition du Festival Games of Trees, du 31 juillet au 3 août 2025, dans la station des Orres, série de conférence-débats autour de la nature, illustre aussi l’intérêt croissant des estivants pour ces questions.

Au cœur des territoires, des acteurs locaux « responsables », parfois anciens, voient également leur audience augmenter.

Dans le Buëch, c’est le cas de la Ferme du Forest, à Montbrand. Cette boulangerie paysanne, installée de longue date dans le village, connait un regain de fréquentation autour de ses pains et farines biologiques.

Même engouement pour ce couple d’accompagnateurs en moyenne montagne, qui a aménagé ses gîtes écologiquement et propose des balades accompagnées à dos d’ânes (Les Bayles Abeilles).

Le constat est identique à Allos. Le travail de l’Office de tourisme auprès des acteurs locaux a mis un coup de projecteur sur des artisans et des métiers qui, jusque-là, étaient un peu dans l’ombre.

Et ça marche ! Un menuisier au village ouvre désormais son atelier au public pour des initiations au tournage sur bois. « C’est un vrai succès, la fréquentation est très forte », se réjouit l’Office de tourisme.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, on tente de conjuguer les offres initiées par les institutions avec celles engagées par des opérateurs privés, dans une sorte de gouvernance partagée.

Côté offre publique, l’agence départementale promeut La Routo (nouveau GR tracé sur les chemins de la transhumance, entre France et Italie), des circuits de découverte autour du réseau « Bienvenue à la ferme » ainsi que la « Route des Senteurs et des Saveurs ».

Autant de produits estampillés « durables » et « terroir ».