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Réchauffement climatique : "le changement viendra des entreprises, pas des politiques !"

Jean-François Rial revient sur son livre "Le chaos climatique n’est pas une fatalité"


Le mur avance et nous avançons à pleine vitesse, sans même chercher à réellement ralentir ou à l'éviter. Le chaos climatique n’est pas une fatalité, c'est du moins la thèse que défend Jean-François Rial et Matthieu Belloir, dans leur dernier livre. Pour éviter le pire, les deux auteurs affirment que nous devons nous donner... du temps. Une approche moins anxiogène du sujet. Mais n’est-ce pas dangereux d’adopter un ton optimiste sur le climat ?
Réponse avec Jean-François Rial.


Rédigé par le Mardi 20 Mai 2025

Jean-François Rial est revenu sur son livre "Le chaos climatique n’est pas une fatalité" écrit avec Matthieu Belloir - Photo CE
Jean-François Rial est revenu sur son livre "Le chaos climatique n’est pas une fatalité" écrit avec Matthieu Belloir - Photo CE
L'année 2025 est particulière à bien des égards.

Depuis janvier, le réchauffement climatique a quasiment disparu des médias. Dans le même temps, les COP fêteront leur trentième anniversaire.

Ce n'est pas tout. En décembre 2015, 196 États se réunissaient à Paris, pour signerun accord historique visant à limiter l’augmentation de la température à 1,5°C.

Pour rappel, le document prévoyait que les émissions de gaz à effet de serre atteignent leur plafond en 2025, avant de redescendre de 43% d'ici 2030. Mais oublions ces objectifs irréalistes, car sauf nouveau Covid, nous ne serons pas au rendez-vous de l’Histoire.

"2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée. Nous avons franchi pour la première fois la barre des + 1,5 degré par rapport à l'ère industrielle.

Pour remédier à cela, nous savons parfaitement ce que nous devons faire. Il faut annuellement baisser les émissions de l'ordre de 4%, or depuis 2022, nous en sommes plutôt à une hausse moyenne de 1%.

Nous ne devons pas baisser les bras
,
" recontextualise Matthieu Belloir, co-auteur du livre "Le chaos climatique n'est pas une fatalité".

Réchauffement climatique : "nous risquons de perdre la moitié des humains"

Le duo est monté sur scène lors du dernier Congrès des Entreprises du Voyage pour présenter leur solution et tenter d’apaiser la crise anxiogène qui touche le monde.

S’offrir du temps pour pivoter serait, selon eux, la meilleure des réponses.

"Pour baisser les émissions, il faudrait revoir notre façon de se loger, se déplacer, manger, etc.

Aujourd'hui, les populations ne sont majoritairement pas prêtes à faire de gros efforts pour y remédier. Et l'autre raison qui fait que nous ne serons pas dans les clous, c'est que nous avons un problème de maturité technologique.

Nous n’arrivons pas à produire suffisamment d’énergie renouvelable, et les solutions industrielles de stockage du carbone ne sont pas encore opérationnelles.

Le temps nous manque pour réussir cette transition climatique, alors il faut en gagner,
" poursuit le PDG du cabinet de conseil Conciliances SAS.

Si le temps c'est de l'argent, c'est aussi... des arbres. Pour réussir cette mission quasi impossible, le livre avance la nécessité de reboiser massivement la planète afin de compenser l’insuffisance de la baisse des émissions humaines.

La solution n'est sans doute pas la meilleure, ni même la plus efficace, mais elle a des avantages : son coût et sa faisabilité technologique.

"Baisser les émissions de 4% correspond à vivre un 2e covid. Il faut bien que les professionnels aient en tête que si nous ne faisons rien, selon une récente étude scientifique, entre 2070 et 2090, nous risquons de perdre 4 milliards d'humains, à cause du réchauffement climatique.

Dans notre secteur, tout le monde est obsédé par les droits de succession. Il faudrait quand même ne pas transmettre à nos enfants une planète invivable. C'est ce vers quoi nous nous dirigeons,
" refroidit quelque peu l'ambiance, Jean-François Rial.

Réchauffement climatique : "réduire deux fois moins vite, en achetant ce temps"

Réchauffement cliamtique : "Le premier secteur qui sera sanctionné : l'aérien" selon Jean-François Rial - CE
Réchauffement cliamtique : "Le premier secteur qui sera sanctionné : l'aérien" selon Jean-François Rial - CE
Se donner du temps, en compensant une petite partie de nos émissions, pourrait aussi être perçu comme une manière de repousser le véritable sujet, et in fine, de ne pas réellement passer à l’action, afin de ne pas brusquer les populations..

"Je ne partage pas cet avis." répond Jean-François Rial. "Tout d'abord, nous ne proposons pas de ne pas réduire, mais plutôt d'avoir une approche plus réaliste. Notre position consiste à réduire deux fois moins vite que ce que prévoit l’Accord de Paris, en achetant ce temps via la compensation.

Cela nous permettra ensuite de bénéficier des avancées technologiques, pour réduire de façon beaucoup plus rapide,
" poursuit le dirigeant.

Dans leur livre, les deux auteurs estiment que le réchauffement pourrait ensuite être atténué par le développement de solutions qui sont pour l'heure encore immatures.

La captation par les sols serait sans doute l’une des meilleures façons de réduire notre empreinte, mais pour cela, il faudrait cesser l’usage des pesticides et de l’agriculture intensive. Il existe aussi une captation industrielle, mais elle reste un épiphénomène encore technologiquement balbutiant.

Une vision que les chercheurs démontent pourtant régulièrement.

"Je ne suis pas un technosolutionniste, je pense juste que des solutions ne sont pas encore prêtes et d'autres insuffisamment déployées.

Modifier la composition du ciel pour réfléchir davantage les rayons du soleil, ou stocker le carbone sous terre, je n’y crois pas du tout. En revanche, je crois en celles qui permettent de produire une énergie bien plus propre.

Et ça marche. En France, nous produisons 95% de notre électricité de façon décarbonée
" poursuit Jean-François Rial.

Reste une problématique pour le tourisme et l'aviation, produire du carburant durable n’est pas neutre.

Dans un dernier rapport d'OXfam, nous apprenons que cette solution représente une menace majeure pour la sécurité alimentaire, alors que d'ores et déjà le changement d'affectation des sols correspond à la taille de l'Irlande.

"Le premier secteur qui sera sanctionné : l'aérien"

Dans l’histoire de l’humanité, toutes les sources d’énergie se sont toujours additionnées. Malgré l’émergence du nucléaire, du pétrole ou des énergies renouvelables, l’exploitation du charbon n’a jamais diminué.

"Nous allons de toute évidence devoir baisser l'utilisation du pétrole dans les avions, et développer le SAF.

Il existe une alternative pour ce moyen de transport : nous acceptons que l'aérien ne soit pas décarboné, en raison de son utilité sociale car sa transformation serait trop complexe à mettre en œuvre.

En contrepartie, l'absorption deviendra obligatoire. Cette option semble toutefois peu réaliste, car les autres secteurs refuseraient de compenser à sa place.

La seule solution reste donc d’arrêter d’additionner les sources d’énergie. Sinon, nous ne tiendrons pas les objectifs des 2 degrés,
et nous entrerons dans l’inconnu,
" résume le dirigeant.

A lire : Gaz à effet de serre : le tourisme doit (vite) agir ou mourir ?

D'après une étude parue dans Nature, la terre abriterait 3 000 milliards d’arbres dans le monde. Il existe un potentiel de 900 milliards d'arbre à planter sans piétiner aux activités humaines indispensables, comme l'agriculture. Une surface équivalente à celle du... Canada, (9 millions de km carré), tout simplement le 3e plus grand pays du monde.

Pour nous faire gagner du temps, nous devrions selon les deux auteurs planter 250 milliards d'arbres, soit 25% de ce potentiel, pour absorber les 2% manquant pour faire baisser les émissions mondiales.

Le coût est estimé à 600 milliards de dollars, l'équivalent de 0,05% du PIB mondial annuel. Une partie sera financée sur la base du volontariat, une autre par les crédits carbone, puis par l'exploitation de ces forêts et pour finir... une taxe carbone mondiale.

"Il ne peut pas se cacher derrière ses 3% d'émission, car ce chiffre pour un seul secteur est tout simplement colossal. Il est aussi celui qui affiche le plus de croissance dans le monde.

Je suis convaincu que dans 10 ou 15 ans, les catastrophes naturelles seront bien plus violentes. Face à cela, les responsables politiques vont surréagir, pour montrer à la population qu’ils sont proactifs et qu’ils la protègent.

Ils vont sanctionner les secteurs les plus émetteurs, les plus visibles et les moins indispensables. Le premier d’entre eux sera l’aviation,
" prédit le PDG de Voyageurs du Monde.

Climat : "il reviendra à la pointe de l'actualité dans les 5 ans"

Pour éviter de se retrouver avec des taxes carbone délirantes, pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros , voire davantage, le secteur doit agir dès maintenant.

S’il veut se montrer responsable, il doit donc s’engager dans une politique d’absorption massive de ses émissions.

Pour mener à bien ce projet ambitieux, il n'est pas question de s'appuyer sur de grandes instances internationales ou des gouvernements.La gestion serait confiée à un panel de décideurs composé de milliardaires, de prix Nobel de la paix, de chefs d’État, etc.

Pour être actif contre l'urgence climatique, le plan doit être mis en place dès l'année prochaine.

Nous ne serons pas au rendez-vous. Et surtout, la politique internationale laisse penser que le sujet ne figurera pas parmi les priorités des dirigeants mondiaux avant... au moins 2028, année de la prochaine élection américaine.

"Je ne suis pas spécialement inquiet par le climat politique. À mon sens, le changement viendra moins des politiques que des entreprises et des citoyens. Il faut aussi dire que ça bouge, les émissions baissent dans les pays occidentaux et sont stoppées en Chine, mais cela reste insuffisant.

Tout le monde reste focalisé sur l’instant présent, alors qu’en réalité, tout peut évoluer très rapidement.

D'ici un petit moment, nous n'entendrons plus parler de Trump. Il aura réalisé toute la liste de ses absurdités sans rien obtenir, et il finira par rentrer dans le rang.

Donc oui, le climat n’est pas aujourd’hui en haut de l’agenda politique, mais cela peut changer très vite. Et face aux prochaines catastrophes naturelles, il reviendra forcément sur le devant de la scène. Je suis convaincu qu’il redeviendra un sujet central dans les cinq prochaines années,
" conclut Jean-François Rial.



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Commentaires

1.Posté par Martino180 le 20/05/2025 08:23 | Alerter
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"selon une récente étude scientifique"...... "dans un dernier rapport d'oxfam" ..... ça en fait beaucoup des références "définitives" d'organismes qui ne nous parle avec assurance de 2070 !!!!!

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