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Didier Arino : "C'est la fin des vacances quoi qu'il en coûte !" 🔑

Interview de Didier Arino, directeur général de Protourisme


A quelques jours de la 1ère vague de départ pour les vacances d'hiver, nous avons interrogé Didier Arino, le directeur général de Protourisme, sur les intentions des Français pour cette période. Si les réservations ont été un temps en avance, les appels et les clics se sont fortement calmés sous l'impulsion du manque d'enneigement et de la colère des agriculteurs. Nous en avons profité pour faire un tour d'horizon de l'industrie touristique.


Rédigé par le Mardi 6 Février 2024

"nous étions un peu dans un phénomène de "vacances coute que coute", ou même "quoi qu'il en coute", sauf que c'est bel et bien terminé" selon Didier Arino - Depositphotos @focus_bell@hotmail.co.th
"nous étions un peu dans un phénomène de "vacances coute que coute", ou même "quoi qu'il en coute", sauf que c'est bel et bien terminé" selon Didier Arino - Depositphotos @focus_bell@hotmail.co.th
TourMaG.com - Une nouvelle année débute et aussi un nouvel exercice pour les professionnels. Faut-il s'attendre à des changements dans le comportement des Français à la veille des grands départs en vacances ?

Didier Arino : Pour la montagne, les Français ont beaucoup beaucoup dépensé ces deux dernières années. Par conséquent, nous faisons face à un problème de budget disponible pour les vacances.

Ils ont puisé dans leurs économies, nous étions un peu dans un phénomène des "vacances coûte que coûte", ou même "quoi qu'il en coute", mais c'est bel et bien terminé.

A lire : Vacances de février : la montagne tombe de haut !

Dans le même temps, les prix n'ont cessé de croître.

Malgré ce coup d'arrêt, les réservations étaient en avance, la saison se présentait très bien. Il n'y avait pas de manque d'appétence pour la montagne.

Le conflit israélo-palestinien a renforcé aussi la destination France, avec une défiance et une baisse des réservations pour les pays du Maghreb, Egypte, Jordanie et même le Maroc.


Budget vacances : "Il y a un petit décrochage"

TourMaG.com - Qu'en est-il du budget ?

Didier Arino :
Il y a un petit décrochage. Pour la première fois depuis des années, les Français disent vouloir réduire leur budget vacances.

Ce n'est que du déclaratif, parfois la réalité est différente, mais ça donne une tendance.


TourMaG.com - Finalement, allons-nous assister à un arbitrage si jamais les prix sont trop élevés ?

Didier Arino :
Une grande majorité continuera de partir, mais je pense qu'il y a aura un arbitrage sur les destinations et les opérateurs.

Il y a un important décalage entre le discours volontariste, pour dire que tout va bien, et la réalité. D'autant plus que nous sommes dans une année olympique, donc spéciale pour les voyageurs étrangers et français.

Il y a un vrai questionnement sur l'impact des Jeux olympiques, un évènement qui pourrait faire fuir une partie de la clientèle.

D'une façon générale, nous assistons à une sorte de méthode Coué à grande échelle, en nous disant que tout va bien et que nous battons tous les records de fréquentation.

Le juge de paix sera une nouvelle fois, les chiffres de l'INSEE.

Nous remarquons toujours une très grande différence entre ceux des cabinets ministériels et la réalité de l'INSEE.

"Sur le chiffre de 100 millions de visiteurs...ce n'est pas possible"

TourMaG.com - Le chiffre des 100 millions de touristes avancé par le cabinet de l'ancienne ministre déléguée au Tourisme, vous y croyez ?

Didier Arino :
Je ne veux pas polémiquer.

Cela me fait penser aux 50 milliards de recettes touristiques de Le Drian, puis en changeant le monde de calcul nous avions subitement atteint cet objectif, bien avant le laps de temps envisagé.

Après les journalistes doivent investiguer, analyser les chiffres.

Sur le chiffre de 100 millions de visiteurs, je ne sais pas s'il est vrai, je n'ai pas cherché, mais à bien y regarder, ce n'est pas possible.

Après nous en revenons à l'éternel débat de la première destination touristique au monde. Nous avions chuté à un moment donné, car avec les vols low cost les voyageurs qui voulaient se rendre en Espagne, ne prenaient plus la voiture, mais passaient au-dessus de nos têtes.

Nous développons le tourisme pour avoir des créations d'emplois et créer de la richesse en France, donc le juge de paix ne peut être que la consommation touristique.

Nous avons deux fois moins de recettes touristiques que les USA.

Inflation : "Une grande partie de la clientèle n'arrive plus à suivre"

TourMaG.com - Quel bilan faites-vous de 2023 et comment vous projetez-vous sur 2024 ?

Didier Arino :
Pour 2024, la saison vient de débuter, je ne peux pas vraiment me prononcer. D'autant que je n'ai pas tous les retours des socio-pros.

Nous venons de lancer notre grande enquĂŞte.

Sur 2023, contrairement à ce qui a été dit, l'avant et l'arrière-saison ont permis de générer un bon bilan du tourisme. Par contre l'été a été décevant. En juillet et août, nous avons observé une légère baisse des nuitées touristiques.

Et l'année dernière, nous avons eu une sorte d'airbag puisque près d'un million de Français ne sont pas partis à l'étranger, malgré leurs intentions de départ, principalement en raison des coûts du transport aérien.

La clientèle étrangère a compensé, en grande partie, la baisse des nuitées des Français.

L'activité a été stable d'une année sur l'autre, avec une hausse des prix moyens de 10%, l'augmentation à Paris a été de 15%. Les taux d'occupation ont augmenté de 2 à 3% en Île-de-France, quand la Province affiche 0%.

Globalement les destinations internationales s'en sont bien sorties, comme Nice. Le reste des territoires, notamment ruraux, ont observé une baisse des nuitées. Sur les meublés, nous avons enregistré une hausse de l'activité.

"Une baisse de fréquentation pour les villages de vacances et les résidences"

TourMaG.com - La victoire des meublés entraine-t-elle des pertes ailleurs ?

Didier Arino :
On note, dans le même temps, une baisse de fréquentation pour les villages de vacances et les résidences.

Tout ce qui est issu du tourisme social et associatif a connu une rétractation, plutôt logique, puisqu'ils ne peuvent pas jouer sur la variable prix, pour compenser la baisse de fréquentation.

Nous sommes arrivés à un seuil de hausse des prix, où une grande partie de la clientèle n'arrive plus à suivre.

La notion de bon rapport qualité-prix va encore davantage jouer en 2024.


Pour résumer, nous n'avons pas de quoi sauter au plafond, ni de faire du catastrophisme.


TourMaG.com - Finalement, c'est le retour du monde d'avant ?

Didier Arino :
Oui, nous avons retrouvé les départs vers l'étranger, finalement nous avons retrouvé les chiffres d'avant covid.

Le monde du tourisme de 2019 est de retour.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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