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World Connect by APG : une édition 2025 très politique

16e édition du World Connect by APG à Séville


C'est au cœur de l’Andalousie, à Séville, dans les salons de l’hôtel Barcelo Renacimiento, que s’est tenue la 16e édition du World Connect by APG, le réseau mondial de représentation aérienne. Le thème choisi cette année, « Le pouvoir de la communication dans le transport aérien » a pris un tour très politique dans les prises de parole des principaux intervenants.


Rédigé par le Vendredi 31 Octobre 2025

Au World Connect APG de Séville et autour de Marc Rochet : Nicholas Calio,CEO Airlines for America (à gauche) et Jean-François Copé,Président de Roissy-Meaux Aéropôle, Président du Pays de Meaux et  Maire de Meaux . Photo : C.Hardin
Au World Connect APG de Séville et autour de Marc Rochet : Nicholas Calio,CEO Airlines for America (à gauche) et Jean-François Copé,Président de Roissy-Meaux Aéropôle, Président du Pays de Meaux et Maire de Meaux . Photo : C.Hardin
Une ex-cheffe de l’État, d’anciens ministres du gouvernement français, une assemblée multiculturelle, un thème aux angles variés... tels sont les ingrédients qui ont donné à la 16e édition du World Connect by APG une couleur très politique.

Pas étonnant finalement puisque, comme le faisait remarquer Sandrine de Saint-Sauveur, présidente et CEO du groupe APG, dans son discours d’introduction, la communication « est affaire de pouvoir et c’est un art humain ». Comme la politique.

La première à s’exprimer devant l’assemblée cette année a été Salomé Zourabichvili. Ancienne diplomate française, elle a été ambassadrice de France en Géorgie avant d’obtenir la nationalité géorgienne et d'être élue, en 2018, comme première femme présidente de la Géorgie.

En décembre 2024, elle a été remplacée par Mikheïl Kavelachvili, connu pour ses positions ultraconservatrices et anti-occidentales, « élu » par un collège électoral contrôlé par le parti au pouvoir, « Rêve géorgien ». Un mode de désignation qui a remplacé l’élection présidentielle directe, supprimée par une réforme controversée.

Devenue opposante, menacée, fervente Européenne soutenue par une grande partie de la population, elle est venue délivrer son message au micro qu’APG lui a tendu.

L’appel d’urgence de l’ex-Présidente de la Géorgie

De gauche à droite : Salomé Zourabichvili et Sandrine de Saint Sauveur. Photo : C.Hardin
De gauche à droite : Salomé Zourabichvili et Sandrine de Saint Sauveur. Photo : C.Hardin
Car le « World Connect », c’est aussi cette idée de relier les pays du monde, d’échanger, de s’ouvrir aux cultures et aux marchés. Tout ce qui semble, à l’heure actuelle, manquer à la Géorgie qui se referme sur elle-même, et dont le pouvoir lorgne vers l’ogre russe.

« Depuis plus de 300 jours, les gens de Géorgie protestent dans les rues contre les élections truquées, contre cet éloignement de nos partenaires européens traditionnels. Ils ne veulent qu’une chose, se connecter, communiquer, être vus et entendus. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai fait ce voyage, parce qu'aujourd'hui, c'est essentiel pour moi, qui représente maintenant l'unique institution indépendante, la dernière présidente légitimement élue.

Peut-être que dans quelques mois, je ne pourrais pas venir et m'adresser à de telles audiences. C’est donc très important de communiquer, de parler, et de maintenir ces connexions
», a-t-elle lancé aux participants.

Elle a aussi souligné que ce « petit » pays jouait un rôle important en matière de connectivité, expliquant que la plupart des grands projets d’infrastructures que l'ONU a prévus pour les prochaines décennies passent par son pays.

Enjeu majeur également et dépendant de décisions souveraines le trafic des avions qui, en raison de la guerre en Ukraine remonte d’une grande partie du Monde vers l’Europe et au-delà par le corridor du Caucase en Géorgie.

Chaudement applaudie par l’assemblée, John Melchior, le maître de cérémonie a trouvé les mots pour la remercier : « Vous êtes une porte-parole pour la liberté, pour l'unité, pour l'entendement et pour la paix, vous êtes certainement un symbole de la façon dont nous devons tous communiquer… Nous souhaitons que vous ayez de la force pour continuer à faire ce que vous faites.Merci Madame la Présidente, d'être venue et de nous parler. »

Thierry Breton : « Parlez d’une seule voix ! «

Thierry Breton, ancien commissaire européen et ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie en France à lui aussi fait une intervention très politique avec plusieurs messages dont celui à l’attention des acteurs aériens d’être audible et de « parler d’une seule voix » et en particulier pour défendre leur secteur auprès des grandes institutions politiques.

« Il y a des années, quand vous me disiez : je travaille dans l'aviation, c'était un rêve. Et quand je suis arrivé à la Commission européenne, j’ai dû vous dire : ne dites pas que vous travaillez dans l'aviation. »

Que s’est-il passé ? Et Thierry Breton d’expliquer que sur de vrais et importants sujets tels que l’environnement et le climat, ceux, mieux organisés et qui parlaient d’une seule voix ont été plus influents pour faire voter des lois contraignantes.

Une voix unique qui lui a manqué nous a t-il dit, lorsqu’il était commissaire européen, d’où son message à l’assistance : « Nous devons entendre une seule voix pour ce que vous représentez dans cette salle, et pas trois ou quatre voix. Les autres sont très organisés. Défendez d’une seule voix ce que vous représentez ces rêves, cette passion, ce progrès, la façon de connecter les gens et dont nous avons besoin ensemble »

Jean-François Copé pragmatique

Initié par Marc Rochet, le dialogue entre Nicholas Calio, CEO d’Airlines For America et Jean-François Copé, ancien ministre, Président de Roissy Meaux Aéropôle, Président du Pays de Meaux et Maire de Meaux a lui aussi mis en lumière les différences de perception et de dialogue entre le secteur aérien et le politique.

Autant, dans le discours de Nicholas Calio les participants ont eu l’impression d’un « partenariat » entre l’administration américaine et les compagnies aériennes, autant les prises de position de Jean-François Copé ont donné l’impression d’une défiance de la Commission européenne à l’égard du secteur aérien. Et là encore, selon lui, c’est un problème politique.

« J'ai entendu ce que disait Thierry Breton, vous n'avez pas assez de voix, mais en fait, c'est un problème politique, et pour être précis c’est un problème politique européen. » a-t-il déclaré.

Évoquant la communication, il a déploré « i[l’envoi et la publication de centaines de rapports, venant d'où que ce soit, sur le danger du changement climatique, amenant l'opinion publique européenne à une véritable panique, surtout pour la jeune génération, beaucoup plus que sur d'autres continents.

Et cela a amené certains leaders politiques à changer d'avis, et éliminer l'arbitrage qui devait être fait entre l'industrie, le développement économique, le progrès, la recherche, et le changement climatique. Et c'est exactement ce qui se passe en ce moment,
» a-t-il regretté.

Quand au souhait de « parler d’une seule voix », Jean-François Copé a taclé son ex-collègue ministre : « Je n'aime pas l'utopie, c’est-à-dire des choses qui ne vont jamais se passer. Quand on dit qu'il faut être unifié, qu'il faut dire la même chose, en fait, vous ne le ferez pas car avec la compétition, il n'y a pas d'alignement d'intérêts chaque fois qu'il y a des problèmes dans ce secteur. »

L’aérien, un secteur pas comme les autres

Jean-François Copé : "L'aérien n'est pas un secteur comme les autres"Photo : C.Hardin
Jean-François Copé : "L'aérien n'est pas un secteur comme les autres"Photo : C.Hardin
Cependant, et pour le maire de Meaux, le secteur pourrait se fédérer autour d’un message qui devrait faire l’unanimité et à l’attention des gouvernants : « L’aérien n’est pas un secteur comme les autres. C’est une question de souveraineté, une question de défense, de capacité pour notre continent d'être autosuffisant concernant la fourniture d’avion. Voyez la fantastique réussite d’Airbus. ».

Et au passage, de fustiger également les taxes sur l’aérien : « Pour moi, quand vous avez un problème financier, que vous décidez de régler par des impôts sur l'avion, vous êtes exactement à l'opposé de ce que signifie le courage politique. »

En aparté et pour les lecteurs de TourMaG.com, Jean-François Copé a développé sa pensée : « Nous sommes véritablement à un tournant.

C'est vraiment là, dans les 2-3 ans qui viennent, qu'il faut absolument qu'il y ait une prise de conscience que si l'Europe veut continuer à être ce qu'elle est, c'est-à-dire une puissance, il faut qu'elle passe de puissance économique à puissance politique et c’est ce que les citoyens demandent.

Il faut être pragmatique, comme on l'est sur l'automobile. Mais en revanche, ce qui est capital, c'est qu'il y ait derrière tout ça une vision politique mais la structure même de l'institution européenne est très lourde et la prise de décision passe beaucoup par la qualité des chefs d'État.
»

Et d’ajouter, parce qu’il reste un « fauve » de la politique française, une pique envers le chef de l'État : « Le problème, c'est que nous avons des chefs d'État et de gouvernement qui, aujourd'hui, sont prisonniers de contingences nationales pour beaucoup d'entre eux, qui les paralysent. A commencer par la France, malheureusement. »

Bertrand Piccard un rassembleur

La politique s’est donc largement invitée dans les intéressants débats de cette 16e édition de l’APG World Connect et avec elle, inévitablement de la subjectivité, un peu de caricature, de la passion, fustigeant une Europe impotente, influencée par la doxa d’une écologie punitive, fondée sur la restriction et l’impôt plutôt que sur l’innovation.

Mais il y a eu aussi de la franchise, du "parler cash" et même de l’émotion et de la sincérité notamment avec l’intervention de Madame Salomé Zourabichvili.

Pour finir, citons un sage, Bertrand Piccard, pionnier de l’aéronautique durable et président de la Fondation Solar Impulse, qui, quand il parle de sujets dont se sont emparés les politiques, l’écologie par exemple, sait dépassionner les débats et rassembler en affirmant : « L'écologie n'est pas une contrainte, c'est une opportunité d'innovation et de compétitivité. »

Présent au World Connect, et au sujet de la communication, il déclarait : « La communication ne doit pas promettre l'impossible. » De même pour la politique avait t-on envie d’ajouter.

Christophe Hardin Publié par Christophe Hardin Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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