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Jean-Pierre Nadir, FairMoove : "Ce n'est pas l'emballement que j'aurais aimé" [ABO]

Green-score veut devenir le label de référence dans l'hospitalité mondiale


Un peu plus de quatre ans après son lancement, FairMoove s'est imposé dans le paysage touristique, grâce notamment à l'entregent et au pouvoir médiatique de son fondateur. Jean-Pierre Nadir avait imaginé la plateforme qui devait révolutionner le tourisme en le rendant plus responsable. Si son patron ne ménage pas ses efforts et ses acquisitions, il reconnaît que FairMoove ne rencontre pas encore le succès escompté à son lancement. Alors, quel avenir pour la start-up ?


Rédigé par le Mardi 16 Septembre 2025

Jean-Pierre Nadir, FairMoove  : Green-score veut devenir le label de référence dans l'hospitalité mondiale - DR
Jean-Pierre Nadir, FairMoove : Green-score veut devenir le label de référence dans l'hospitalité mondiale - DR
Connu pour être l'un des membres du jury de l’émission "Qui veut être mon associé ?", Jean-Pierre Nadir est aussi un entrepreneur star du tourisme.

Après la réussite d'Easyvoyage, sa revente et son départ, il s’est lancé dans un nouveau projet : réinventer la distribution touristique. En juin 2021, FairMoove débarque sur le web français.

"Je constate et je regrette que depuis 20 ans le socle de réinvention des modèles de distribution n'ait été que le prix. En dehors du prix, assez peu de choses ont été faites.

Finalement, le voyage est passé du sens au prix, de la mission à la promotion
", nous confiait à son lancement Jean-Pierre Nadir.

Avec ce nouveau site, il souhaite réenchanter le voyage, mais surtout le rendre plus responsable et durable.

Lancé avec l'aide d'investisseurs importants du secteur, puis grâce à une levée de fonds de 5,5 millions d'euros, l'entreprise a réalisé de nombreuses acquisitions, dont celles de Double Sens et Betterfly Tourism, avant de lancer des clubs en partenariat avec Top of Travel.

Un développement éclair qui pourrait donner l'impression d'une belle réussite, sauf que celle-ci cache une autre réalité.

Entre la complexité d'imposer une plateforme en BtoC sur le web des années 2020, mais aussi la relative faible du marché du tourisme durable... retour sur quatre années de travail acharné, avec le sponsor du village des initiatives durables.


FairMoove : "le décollage est relativement compliqué"

En effet, le lancement, bien que spectaculaire, ne s’est pas traduit par le succès économique escompté.

"Le critère 'tourisme responsable' comme critère numéro un de choix des voyageurs n'existe pas encore ou très peu. Je fais peu de chiffre d'affaires et le décollage est relativement compliqué.

Nous avons beau avoir de bonnes positions sur Google et sur l'ensemble des mots-clés du secteur, j'en arrive au constat que personne ne recherche cela.

Comme je suis quelqu'un qui voit le verre à moitié plein, j'ai envie de penser que nous avons tout de même réussi à faire du tourisme responsable un critère de choix, même si ce n'est pas le critère numéro un des voyageurs,
" résume, quelque peu fataliste, l'investisseur star.

À la base, FairMoove reprend en quelque sorte ce qui a fait le succès d'Easyvoyage.

Le site regorge de guides de voyage alimentés par 50 pigistes.

Au-delà de ce contenu, la plateforme propose aussi des produits, hôtels et séjours ayant subi une curation de la part de ces experts, avec une vision plus durable.

La conclusion après 4 ans d'exercice n'est pas que le public n'existe pas, ni même la sensibilité, le problème est ailleurs. Preuve en est, les pages créées et le tapage médiatique ne génèrent qu'un intérêt relatif sur la toile.

En août dernier, 9 595 internautes auraient consulté FairMoove, selon Similarweb. Un score relativement faible qui démontre que l'intérêt ne s'est pas généralisé en dehors d'un public averti.

Malgré tout, quelques signaux sont encourageants pour la start-up et montrent qu’elle a encore du potentiel.

Green-score : "devenir le label de référence dans l'hospitalité mondiale"

Double Sens va réaliser un exercice historique en explosant les compteurs. Le chiffre d'affaires est passé de 2,5 millions à 5 millions en 2025, puis atteindra 7,5 millions d'euros l'année prochaine.

Une courbe de croissance intéressante qui démontre bien que le public est là, mais que la complexité reste encore de communiquer avec lui et de le rassurer dans ses choix.

"Certes, ce n'est pas l'emballement que j'aurais aimé.

Maintenant, nous avons rebondi en voulant faire avancer la cause au niveau des hébergements, d'où le label Green-score de Betterfly Tourism. Nous avons pas mal de personnes dessus, c'est un gros projet.

Nous faisons beaucoup d'investissements, c'est dur, je dois me battre comme jamais. Nous sommes tout juste à l'équilibre, mais ça progresse,
" nous explique le dirigeant.

Actuellement, près de 600 établissements se sont soumis à ce label, dont la chaîne Eklo, Nomad et des hôtels du groupe Accor.

FairMoove en attend 1 000 pour pouvoir réellement communiquer à grande échelle et aussi se lancer à l'international. L'enjeu n’est pas de devenir une solution franco-française, mais bien un acteur mondial de la transition du tourisme.

Depuis quelques semaines, le Green-score est aussi disponible sur Google lors de la recherche d'hôtels.

"Nous voudrions être référencés chez Booking, car ils cherchent une solution pour pallier la fin des icônes en forme de feuilles qui symbolisaient la durabilité des établissements.

Nous échangeons sur le sujet, cela prend du temps.

Ce n'est peut-être pas visible et audible pour le secteur, mais nous avançons énormément. Nous avons encore trois ans de travail devant nous, puis à terme, nous voulons devenir le label de référence dans l'hospitalité mondiale,
" fixe comme cap le fondateur de FairMoove.

Green-score doit devenir un véritable levier marketing pour les hôtels !

En tout, deux millions d'euros ont été investis dans cette initiative, pour rendre l'outil de notation scalable et exportable à l'étranger.

"Vous voyez, quand certains me disent que je suis opportuniste, ils ne se rendent pas compte du travail réalisé. Nous en bavons.

Je me bats pour une cause qui est plus grande que moi. Peut-être qu'à la fin je sortirai gagnant de cette bataille. Si tel est le cas, ce sera mérité, sinon ce sera dommage, mais au moins j'aurai essayé.

Même si c'est un peu trop tôt, heureusement qu'il y a des pionniers pour insuffler quelque chose de nouveau,
" se projette Jean-Pierre Nadir.

En attendant cette échéance, FairMoove doit grandir et poursuivre sa conquête du secteur du tourisme.

Une avancée qui se fera sans Antoine Richard, qui a quitté la direction de Double Sens, l'agence qu'il avait cofondée en 2006. Il est aussi épuisant d'être dans l'équipe des pionniers, et ce ne sont pas les startuppeurs du secteur qui diront le contraire.

L'un des constats initiaux dressés par l'ex-juré de "Qui veut être mon associé ?" au lancement de la plateforme était que, pour créer un marché autour du tourisme durable, il fallait une offre abondante, car le tourisme est avant tout une économie de l'offre : c'est elle qui déclenche l'achat.

C'est pourquoi les experts ont effectué un important travail de curation, afin faire briller les hébergements qui étaient parfois écoresponsables sans le savoir, puis ensuite le label a été créé.

Il doit passer à la vitesse supérieure.

"L'intérêt du label est de baisser les coûts marketing, car un hôtel sera choisi par rapport à un autre pour ses engagements. Cette valeur marketing doit se retrouver dans de gros carrefours de vente, comme Google, Booking ou Expedia.

À partir du moment où Booking, puis les autres grandes plateformes du secteur, ajouteront notre solution pour classer les établissements notés de A à C, alors la partie sera gagnée.

Nous devons valoriser tous ces engagements, rendre visible l'invisible.

Le Green-score aura alors une véritable valeur marketing.
"

FairMoove : de nouvelles acquisitions possibles ?

D'ici peu, une dimension éthique sera donnée au Green Score, afin qu'il devienne équitable.

Une commission de travail a été désignée pour intégrer le volet social de l'hôtellerie, comme les rémunérations des salariés, mais aussi la pénibilité et la formation.

Finalement, comme d'autres acteurs, FairMoove s'est cassé les dents sur le BtoC, avant de pivoter vers un axe de développement plutôt BtoB. Les positions acquises sur le web mondial ne peuvent plus vraiment bouger, sauf avec des moyens colossaux, tout en reposant sur un business model fragile.

"C'est pourquoi nous poussons beaucoup le BtoB.

Pour faire avancer le débat, nous devons avoir des métriques claires, donc nous devons évangéliser, sensibiliser et démocratiser l'accès à l'information.

Nos principaux enjeux, pour bien réaliser cela, résident dans le SEO, pour exister malgré tout en tant que plateforme, mais aussi pour être bien référencés dans les différents outils d’IA, comme OpenAI.

Nous avons des retours positifs, sauf que nous attaquons le SEO à un moment où il est moins performant. Nous arrivons un peu à contre-cycle, mais je pense qu'il est possible de prendre des positions.

Nous faisons un gros travail sur le sujet, j'estime qu'il y aura un avant et un après,
" conclut Jean-Pierre Nadir.

Et le serial entrepreneur et investisseur ne ferme pas la porte à une croissance externe.

De futures acquisitions sont toujours possibles, pour permettre de positionner le groupe FairMoove comme un incontournable de la distribution du voyage responsable en France.

Le rachat d'un spécialiste du sur-mesure pourrait bien compléter Double Sens (GIR) et les autres activités.


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