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Léa : les agents de voyages ne sont pas des robots !

La life de l'agent de voyages (pas si) blonde


Léa revient une nouvelle fois sur les conditions de travail dans les agences de voyages. Elle s'insurge notamment sur les boîtes du style pays-autrement.com, circuit-pays.fr ou voyage-au-pays.fr, qui recherchent "des agents de voyages robots", spécialistes d'une seule et unique destination, et qui passent des appels à la chaîne... Explications.


Rédigé par le Mercredi 4 Mai 2016

J’ai l’impression qu’on nous prend pour des robots. Même dans les cauchemars les plus fous de ceux qui craignaient le taylorisme poussé à l’extrême, on ne trouve pas de jobs aussi répétitifs que ceux qu’on nous propose en agence - DR : Les temps Modernes Raf
J’ai l’impression qu’on nous prend pour des robots. Même dans les cauchemars les plus fous de ceux qui craignaient le taylorisme poussé à l’extrême, on ne trouve pas de jobs aussi répétitifs que ceux qu’on nous propose en agence - DR : Les temps Modernes Raf
La semaine dernière, je m’indignais que d’aucuns proposent des jobs à 1400 € par mois.

Alors bien entendu, certains lecteurs, tout en nuances et en retenue, m’ont accusée d’être un suppôt de Nuit Debout, incapable de me remettre en question, assistée et fainéante.

L’inénarrable Rick Sailor (l’ami de Tonton Dom qu’il a) a même été (je cite) « effaré par cette vision d'assistanat permanent qu'attendent les entrants de la profession ».

Il y a quelques mois, on me soupçonnait d’être à la solde du MEDEF et je ne sais pas ce qui me fait rire le plus !

Monsieur Rick (qui paye des auto-entrepreneurs 3 500 €/mois, soit 27% de plus que le plafond légal) devrait savoir que 3 500 € de revenus d’auto-entrepreneur, ça fait à peu près 2 000 € nets par mois. Et bien figurez-vous que je gagne bien davantage… Je suis assez heureuse de gagner correctement ma vie et de payer des impôts.

En qualité de célibataire et sans enfant, je te promets que je paye bonbon.

Bref, la question n’est pas quel salaire on « mérite », mais « pourquoi se lève-t-on le matin ? ». Moi, je suis une connasse de bobo parisienne, égoïste, fêtarde et consommatrice.

Je n’aurais jamais accès à la propriété. En plus, quand j’analyse ma capacité à gérer ma vie amoureuse, il est peu probable que j’assure la pérennité de l’espèce, donc je ne peux compter que sur moi (s’il me restait des fans, je les ai définitivement perdus).

Je suis plutôt heureuse dans mon job

L’argent n’est pas une fin, mais juste un moyen de claquer et de me faire plaisir. Ne me juge pas : accepte la différence…

Quand j’ai embrassé ma carrière d’agent de voyages blonde, on m’avait promis un job varié, des voyages d’études, des primes sur mes ventes et une ambiance de travail jeune et dynamique.

Dès mon premier job (une boite qui vendait des voyages en promo dégriffés de dernière minute, tu vois ?), j’ai eu ça.

Et, en plus, mes boss étaient jeunes et sexys et on travaillait dans une ambiance dite de start-up. C’était funky.

Au risque de passer pour une fayote, j’ai encore tout ça chez Big-Boss Voyages (même si Big Boss n’a pas l’œil bleu et la mèche rebelle des deux associés de la start-up de mes débuts).

Aujourd’hui, je me tue à la tâche et j’encadre 5 personnes, mais je gagne dans les 36 à 40 K€ bruts par an, je travaille dans un environnement de rêve avec des collègues que j’adore, je suis soutenue par un boss que j’admire, je fais au moins 3 voyages par an et j’en apprends tous les jours.

Bref, je suis plutôt heureuse dans mon job.

Ne jamais savoir en arrivant de quoi sera faite ma journée

Contrairement à ce que peuvent dire quelques esprits chagrins, je ne me sens pas faire partie des meubles chez Big-Boss Voyages et je ne pense pas que je vendrai des voyages derrière un joli comptoir toute ma vie.

J’ai été vendeuse à la serpe au téléphone dans le call center d’une usine à promo de vacances dégriffées sur le web, puis multi-tâches chez Big-Boss Voyages saison 1 ; je suis désormais chef du chic chez Big-Boss Voyages saison 2, mais je reconnais volontiers que certains jours, je ferais bien autre chose…

Alors je tâte le terrain de la reconversion. Comme je ne suis pas complètement tartouille, j’écoute, j’observe, je m’intéresse… je teste.

Ben oui : piger parfois pour TourMaG, relire de temps en temps une communication pondue par un service marketing qui ne sait pas ce qu’est un client, être sollicitée pour intervenir dans une classe de BTS Tourisme, ça donne des idées d’orientation de ma carrière future.

Et comme je ne suis pas une assistée, je cumule mon CDI avec ce petit statut d’auto-entrepreneuse qui me permet de mettre du beurre dans mes épinards bio de bobo (et du sucre de canne dans mes mojitos)

Ce que j’aime le plus dans mon métier ? Ne jamais savoir le matin en arrivant de quoi sera faite ma journée.

En agence aujourd'hui, on trouve de nombreux jobs répétitifs

Dans le monde merveilleux des agences de voyages, je sais que je suis une privilégiée. Il suffit de regarder les offres d’emploi qui passent actuellement pour que je m’en persuade : J’ai l’impression qu’on nous prend pour des robots.

Même dans les cauchemars les plus fous de ceux qui craignaient le taylorisme poussé à l’extrême, on ne trouve pas de jobs aussi répétitifs que ceux qu’on nous propose en agence.

Je ne sais pas qui a eu l’idée moisie (dans le but d’améliorer la productivité, sans doute) d’inventer le partage du travail entre ceux qui bossent en « front-office » (ceux qui parlent aux clients, les « vendeurs ») et le back-office (les petites mains qui remplissent des formulaires et tritouillent du papier), mais cette idée est cruelle.

Dans certaines grosses agences parisiennes (c’est ainsi qu’on nous appelle en région), on trouve des services entiers qui s’occupent des « CP » : les contre-propositions.

J’explique en quelques mots pour ceux qui ne connaissent pas le principe : c’est un job très sympa où tu passes ta vie au téléphone à appeler des gens sur le mode « bonjour, l’hôtel que vous aviez choisi (et qui était en request) est complet.

A la place, je vous propose un hôtel tout moisi dont personne ne voulait qui en plus va vous coûter plus cher
».

On promet des agents spécialistes ou consultant expert

Le pire, c’est quand même toutes ces boites qui pullulent sur le net, du genre pays-autrement.com, circuit-pays.fr ou voyage-au-pays.fr (à décliner en 50 pays pour la même boite).

On promet au futur voyageur un spécialiste de telle ou telle destination, natif du pays en question ou « qui y a longtemps vécu » et « le connaît comme sa poche ». Un copié-collé du pauvre du profil de « référant destination » de Voyageurs du Monde.

On va visser ce pauvre « agent spécialiste » (les plus ambitieux l’appellent « consultant expert ») à une chaise à roulettes et lui accorder une petite planche sur deux tréteaux. On va lui coller un téléphone high-tech, un casque et c’est parti !

Coups de téléphone, mails, chat… le pauvre agent spécialiste va passer sa journée à :

- vendre le même voyage « sur mesure » (laissez-moi rire : les 8 itinéraires proposés sur chaque pays sont déjà en ligne sur le site de l’agence et les devis prêts à être envoyés)

- harceler ses clients au téléphone « vous avez pris une décision ? parce que j’ai pas reçu votre inscription »,

- utiliser des stratagèmes ridicules pour leur faire peur « j’ai une option sur les vols mais elle tombe demain »,

- demander à son superviseur des accords pour des « gestes commerciaux » (il faut faire rentrer du chiffre, quitte à dégrader la marge), le tout avec l’œil rivé sur ses « matrices de pilotage ».

Dans ces boites, rencontrer un client en face-à-face, c’est une perte de temps

Parce que oui : en plus, le pauvre agent spécialiste a peur de ne pas atteindre son objectif, celui qui va lui permettre d’obtenir la fameuse prime sur CA de 100 € s’il réussit à facturer 100 000 ou 150 000 € dans le mois (ça dépend des boites).

Cette prime qui peut « grossir très vite » s’il explose son objectif de vente. Sans ce bonus, il devra se contenter de 1 790 € par mois pour 39 heures par semaine.

Des voyages d’études ? S'il te reste des vacances à prendre ! (mais bon, tu sais… si tu pars en voyage, tu feras moins de chiffre puisque tu ne seras pas à l’agence).

Et là, le conseiller spécialiste préfère suivre vite fait un e-learning pour obtenir une « certification » et se scléroser un peu plus dans sa spécialisation.

Dans ce type de boites, tu te dis que rencontrer un client en face-à-face, c’est une perte de temps (parce que forcément, il va s’installer… alors qu’au téléphone, tu peux réciter ton script rapido).

Alors, le client, tu ne le reçois pas « à l’agence » : tu lui proposes un rendez-vous « au show-room ». (je vous promets, je n’invente rien) .

Le pire, c'est d'être cantonné à une seule destination

Mais le pire, c’est que ces agents de voyages sont le plus souvent cantonnés à travailler sur une seule destination.

Sur les annonces cette semaine, on nous propose (comme d’habitude) des postes de spécialistes de l’Italie, d’experts des Etats-Unis, des champions de l’Australie…

Si j’ai bien compris, c’est sur ces trois destinations que tu peux faire carrière… et négocier 50€ de plus en passant d’un employeur un peu rat à un autre aux abois parce qu'il lui manque un « spécialiste ».

Quand tu travailles chez Asia, je comprends qu’on puisse te demander de travailler sur l’Asie…

Mais pourquoi s’obliger quand on travaille dans une « grosse agence », se limiter à travailler toute l’année sur un seul pays ? Quelle tristesse, quel manque d’ouverture !

Ce que j’aime dans mon métier, c’est de passer en une demi-journée, d’un autotour aux Etats-Unis à une croisière expédition, en passant par un safari et un city break dans une capitale européenne… de chercher des photos, rédiger un texte, me battre avec excel, manipuler le CRM de Big Boss, recevoir un commercial, bref… vivre.

Utiliser mes poumons, mon cœur et mon cerveau. Parce que si tu marches avec une seule jambe, tu boîtes… non ?

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Tags : agence, lea, léa
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Commentaires

1.Posté par Ayla le 04/05/2016 14:02 | Alerter
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Comme me disait ma maman quand je faisais un caprice : si j'avais le temps, j'irais me coucher pour vous plaindre.

2.Posté par céline le 04/05/2016 16:06 | Alerter
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j'adore votre article plein d'humour, et oui le métier est parfois cruel mais le plus important c'est d'être heureux dans son travail. Certains ont des salaires même après 20 ans d'ancienneté et des responsabilités, bien moindre par rapport à ceux que vous annoncez. Acceptons la différence, soyons tolérant dans ce métier où être "conseiller en voyage" amène à tellement de postes différents. SOYONS HUMAINS. Et même en vendant un voyage à la journée ont peut aussi prendre du plaisir dans l'échange avec nos clients! Bonnes ventes à tous parce que le principal est quand même de faire vendre !

3.Posté par slaimi le 05/05/2016 15:53 | Alerter
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Mes respects,
Vous avez tout dis.

4.Posté par Vanessa le 06/05/2016 11:03 | Alerter
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Un article au top ! Je ressens exactement la même chose ! Je me lève le matin car je suis passionnée par mon travail, et non pour le salaire ! Nos journées ne se ressemblent pas et Heureusement ! Nous avons de la chance de faire "le tour du monde" en 1 journée .... Puis l'échange avec les clients je ne m'en lasserai pas même avec les plus pénibles ....

5.Posté par julien le 07/05/2016 19:27 | Alerter
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Tu ne manques pas d'humour c'est le moins que l'on puisse dire.

6.Posté par Rick Sailor le 08/05/2016 15:48 | Alerter
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Ma chère Lea

Surtout restez salariée car si avec 3500 € il ne doit rester que 2000 € dans la poche de l'autoentrepreneur.. (soit 1500 € de charges mensuelles...). Personne ne travaillerait pour moi ! Refaites vos calculs, et évitez de parler "chiffres", c'est pas votre truc.

Restez dans l'enfoncement de protes ouvertes et les grandes idées stupides.
Comme votre ami Dom, vous êtes dans le pipeau rédactionnel et non dans la réalité.
La vraie vie est bien différente de vos affirmations et de vos constats, effectivement très bobos.

Vous êtes dans les clichés éculés, les idées reçues, les "je sais tout et je suis mieux que les autres". le "moi mieux que vous" !

Le pire c'est que vous enseignez !
J'ose espérer que vos étudiants sauront être lucides !

Bref sans intérêt

Rick

7.Posté par Dingustar le 08/05/2016 20:21 | Alerter
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Tout à fait d'accord avec vous!

8.Posté par idress le 10/05/2016 15:07 | Alerter
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Bonjour

Message a rick

Vous êtes qui ? Parfois vous êtes obsequieux,parfois désinvolte....mais jamais vous ne révéler votre identité

A un moment, faut arretez de jouer a Fantômas.


Qui êtes vous Rick ?

9.Posté par Nath le 11/05/2016 10:05 | Alerter
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Les réactions sont bien souvent plus intéressantes que l'article !
Travailler pour le plaisir, travailler pour l'argent, travailler pour satisfaire à son mode de vie
On fait de son mieux parfois par obligation, parfois on a le choix ou on peut se le donner
Cetains se suffisent d'un job, d'autre comme Lea les cumule
Lea a toujours été très suffisante, contente d'Elle, peu respectueuse de ceux qui ne font pas comme Elle, tellement satisfaite de juger (un besoin de pouvoir non accompli ?) de parler ... oups écrire sur Elle
Parfois je clique sur l'article ... pour voir
Il faut prendre ça de loin et comme un mauvais livre s'octroyer le luxe de ne pas le lire ou ne pas le terminer
Mais surtout ne vous en énervez pas, si je peux me permettre ce conseil, car vous avez le choix alors qu'Elle elle est dans l'obligation de la pige
Très belle journée, bonne ambiance et belles ventes

10.Posté par Marine le 08/08/2016 13:32 | Alerter
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Moi j'aime bien Rick, c'est l’archétype du provocateur à 2 francs. 1/4 aigri, 1/4 beauf, 1/4 reac, 1/4 exploiteur (mais dans ses rêves only) et surtout 100% ce que vous savez :-)
Longue vie à sa suffisance !

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