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Philibert Voyages fête ses 100 ans et se prépare à relever d'importants défis ! [ABO]

Interview de Marc Philibert, le président de Philibert Voyages


Il est plutôt discret dans la presse, mais il ne pouvait pas éviter les médias en cette année anniversaire. Les acteurs du tourisme qui fêtent leurs 100 ans sont rares, mais ceux qui, en plus de souffler autant de bougies, n'ont connu qu’une seule famille à leur tête, relèvent de l’exception. Philibert Voyages fait partie de cette catégorie. Rencontre avec Marc Philibert, l'actuel président, qui jette un regard derrière lui, mais surtout devant.


Rédigé par le Lundi 8 Septembre 2025

Philibert Voyages : "une entreprise qui n'avance pas, elle recule" selon Marc Philibert - DR
Philibert Voyages : "une entreprise qui n'avance pas, elle recule" selon Marc Philibert - DR
L'aventure de Philibert Voyages a commencé à une époque où les bus étaient équipés de banquettes en cuir et ressemblaient à d'immenses voitures.

Quasiment la même année, le principal aéroport français, celui du Bourget, enregistrait 8 178 mouvements d’avions transportant 17 556 passagers. Les congés payés seront instaurés 22 ans plus tard et permettront alors au tourisme de prendre son envol.

Au milieu des années 1920, pour se déplacer, les Français n’avaient pas de nombreuses alternatives, il faillait soit prendre le train ou le bus.

"Mon grand-père, d'origine dauphinoise, est arrivé à Lyon pour chercher du travail. Grâce à sa formation de comptable, il a obtenu un contrat dans un garage, rue de Marseille, dont il a ensuite repris les parts.

Depuis ce garage de négoce automobile, il a décidé de mettre des banquettes sur un châssis de camion. Voici comment est né le transport de voyageurs. La première ligne régulière, mais un peu à ses risques et périls à cette époque (rire, ndlr), assurait le trajet entre Lyon et Saint-Claude, en passant par Oyonnax et Bourg-en-Bresse.

Nous transportions des paysans qui se rendaient au marché de Bourg-en-Bresse depuis Saint-Claude,
" nous partage Marc Philibert.

C'est ainsi qu’est née l'activité de transport de voyageurs du groupe, en 1925.

Si cette ligne n'existe plus, elle a servi de tremplin pour le garage. De nombreuses autres ont suivi, comme celle reliant Lyon à Bourg-en-Bresse, dont il fut le premier exploitant et qui figure encore aujourd'hui sur la carte routière de l'entreprise.


Philibert Voyages : "une entreprise qui n'avance pas, elle recule"

Une histoire qui n'est pas sans rappeler une autre saga familiale, celle de Girardot Voyages.

"Notre histoire est très similaire, même culturellement, il y a beaucoup de similitudes.

Ils sont juste un peu plus âgés que nous, car je me souviens de leur anniversaire pour fêter les 100 ans du groupe, où j'étais invité. De plus, nous avons suivi les mêmes évolutions des différents métiers,
" rend hommage le président du groupe.

Tout comme ses confrères saône-et-loiriens, de nombreuses activités se sont agrégées autour des lignes régulières de passagers. Il y a eu celles d’autocariste, de réceptif puis d’agence de voyages.

C'est d'ailleurs dans les années 1990, lorsque Marc Philibert prend les rênes du groupe, que l'entreprise développe ce segment.

"En bon écolier sortant d'une école de commerce, j'avais fait une analyse de marché dont il ressortait que ce segment touristique avait un potentiel que nous n'exploitions pas assez et qu’en plus les coûts de commercialisation étaient trop importants.

Puis, selon moi, une entreprise qui n'avance pas recule, nous devions donc prendre une direction.

J'ai tout de suite eu le sentiment que la taille qui nous convenait serait celle régionale. Finalement, nous n’y sommes pas tout à fait, puisque nous sommes présents seulement dans 5 départements,
" poursuit le petit-fils du comptable créateur de l'entreprise.

Il n'en oublie pas pour autant les fondamentaux : les bus.

Pour donner une dimension régionale, différentes acquisitions de sociétés d'autocar ont été réalisées. De plus, au milieu de la décennie, le premier programme de voyages en autocar est publié et distribué dans les boîtes aux lettres du territoire.

Un succès qui ne sera jamais démenti.

Philibert Voyages : "J'attendais des réponses notamment pour travailler dans une compagnie aérienne"

Philibert Voyages : "J'attendais des réponses notamment pour travailler dans une compagnie aérienne" - DR
Philibert Voyages : "J'attendais des réponses notamment pour travailler dans une compagnie aérienne" - DR
Et comme pour d'autres sagas familiales, reprendre l'entreprise de son grand-père, puis celle de son père, n'est pas toujours une évidence.

Il y a parfois des parcours de vie qui bousculent l'ordre établi, mais aussi des accidents qui font que le chemin que l'on devait prendre, nous déroute dans un autre sens.

"Je ne suis pas sorti du berceau pour aller directement à la direction de l'entreprise (rire, ndlr).

À la sortie de mes études, un collaborateur de mon père a eu un grave accident de voiture. Il s'occupait d'une concession de poids lourds. Il m'a alors appelé pour que je lui donne un coup de main et que je le remplace durant sa convalescence, qui devait durer plusieurs mois.

Dans le même temps, j'avais entrepris des démarches en parallèle, avec la volonté de faire mes armes ailleurs, notamment aux USA. J'avais postulé au sein d'une compagnie aérienne.

J'attendais des réponses et j'avais dit à mon père que je voulais bien entrer dans l'entreprise, à condition que si j'avais une réponse positive, il devait me libérer.


Je n'ai finalement pas eu de retour et je suis resté ici,
" nous confie Marc Philibert, heureux que finalement le sort ne l'ait pas éloigné de ses racines.

C'est ainsi qu’a commencé une aventure professionnelle vieille aujourd’hui de 40 ans.

Dès 1992, un peu moins de 10 ans après avoir mis les pieds dans la société familiale, et en raison de l'affaiblissement de son père, il en a pris la présidence.

Trois ans plus tard, il ouvre la première agence de voyages, plusieurs autres suivront.

Philibert Voyages compte en 2025 dix points de vente, un chiffre qui a fluctué au gré des crises, notamment celle sanitaire, et des opportunités, comme la faillite de Bertholet Voyages, un concurrent sur le secteur géographique.

Après 100 ans de développement et de diversification, le groupe a considérablement grandi pour employer désormais environ 600 salariés.

"Les voyages en autocar pèsent toujours près de 55% de notre production"

"Aujourd'hui, notre principale activité reste celle de transporteur, qu’il s’agisse des voyageurs, des lignes conventionnées, mais aussi des liaisons occasionnelles et touristiques.

Nous avons également une concession poids lourds, SCANIA, où nous vendons environ 300 véhicules par an. À titre de comparaison, une ligne de bus génère autant de revenus que la vente d’un seul véhicule de la concession.

Nous exploitons un parc de 500 autocars.

Dans le même temps, l'activité touristique représente un chiffre d'affaires d'environ 30 millions d'euros. Il faut savoir que dans le mix de notre production, les voyages en autocar pèsent tout de même près de 55 % de l'activité,
" nous dévoile le dirigeant.

Un secteur qui a particulièrement souffert durant la crise sanitaire.

En effet, les autocaristes spécialisés dans le tourisme se sont retrouvés avec une flotte et des chauffeurs sur les bras, incapables de les faire rouler.

Face à des charges constantes et sans véritable revenu, hormis les lignes conventionnées, de nombreux acteurs ont souffert, quand d'autres ont tout simplement baissé le rideau, comme ce fut le cas pour Bertholet Voyages.

"On a connu deux années extrêmement difficiles.

Souvenez-vous que c'est tombé en mars : la période de commercialisation avait débuté, nous avions déjà enregistré un chiffre d'affaires de l'ordre de 20 %, mais les 80 % restants ont été totalement anéantis.

Nous avons réduit les effectifs pour tenir, et je peux vous assurer qu'il fallait avoir les reins solides. Malgré tout, il ne fallait pas une année de plus,
" se souvient Marc Philibert.

Finalement, à la réouverture des frontières, l'engouement a été tel que l'entreprise n'était plus dimensionnée pour répondre à la demande. Il a fallu réembaucher des chauffeurs et même expliquer aux clients qu'il n’était pas possible de tous les satisfaire.

Non, l'activité d’autocariste touristique n'est pas morte, elle a ressuscité et retrouvé un engouement nouveau.

Outgoing : "le défi majeur est commercial, il entraînera une consolidation des activités"

Le réseau des agences de voyages a été développé par Marc Philibert - DR
Le réseau des agences de voyages a été développé par Marc Philibert - DR
"Tout le monde était heureux du redémarrage, mais en interne, les équipes ont souffert."

Cette triste période est désormais derrière une industrie et une entreprise qui ont repris leur marche en avant.

Elles ont pu réaliser d’excellents exercices et effacer financièrement ces moments difficiles, durant lesquels a émergé une nouvelle activité autour des croisières fluviales.

Nous sommes en 2021, Philibert Voyages remporte un appel d'offres pour se charger des clients des bateaux de croisières. En manque de véhicules et de conducteurs, le groupe doit externaliser.

Finalement, quatre ans plus tard, ce sont 22 chauffeurs, tous basés en région parisienne. La seule incartade de Philibert Voyages hors de sa région Rhône-Alpes natale.

"Nous avons suivi notre client qui nous demandait d'être présent en région parisienne, plus précisément sur la Seine.

C'est une activité complexe en termes de gestion et de suivi des attentes de ces clients croisiéristes, car ils effectuent des combinés selon les fleuves, les lieux et les périodes.

C'est un véritable métier à part entière.

Une part importante de la demande est américaine, puisque de nombreux tour-opérateurs étrangers sont présents sur nos fleuves. Cette clientèle raffole de ce type de produit."


Maintenant que tout est revenu à la normale, il est temps de se projeter, d'autant plus dans une entreprise dont le patron n'aime pas l'immobilisme. il regarde devant avec envie et inquiétude.

Outre l'urgence climatique et la nécessaire transition de sa flotte, le groupe devra relever le défi social.

"Il est majeur.

Nous avons été extrêmement contraints par le manque de conducteurs ces cinq dernières années et le renouvellement de ces équipes sera nécessaire. Dans le même temps, les jeunes générations n'acceptent plus les conditions de travail des anciens. Nous devons nous adapter.

Pour la partie outgoing, production et distribution des voyages, le défi majeur est commercial. Il entraînera une consolidation des activités.

L'activité groupes est en mutation : les voyageurs sont de plus en plus individualistes, ils ne veulent pas être intégrés dans des groupes trop importants, mais ils souhaitent malgré tout profiter de voyages à moindre coût.

Il y a bien sûr le défi de l'IA, mais ce n'est pas tout.

La survie dans ces métiers-là passe par la valeur ajoutée. Nous avons développé un service marketing, avec un responsable produit en lien étroit avec nos agences, pour écouter, faire remonter et améliorer en permanence l'offre,
" nous confie le dirigeant.

Et l'autre défi, sans doute le plus important, sera de préparer l'avenir de la direction, puisque Marc Philibert, âgé de 68 ans, devrait bientôt ouvrir un nouveau chapitre de sa vie personnelle et laisser à d'autres mains le soin de poursuivre cette belle saga.


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