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Air Caraïbes : une nouvelle ère commence en 2024🔑


La fin de l’année a été une période particulièrement festive pour Air Caraïbes. Les réjouissances traditionnelles de fin d’année et celles qui célébraient de part et d’autre de l’océan, à Pointe-à-Pitre et à Paris, 20 ans de vols entre les Antilles et la Métropole.
TourMaG revient sur la genèse de l’aventure long-courrier d’Air Caraïbes et se projette dans le futur avec la nouvelle équipe qui fait entrer la compagnie antillaise dans une nouvelle ère.


Rédigé par le Lundi 8 Janvier 2024

Air Caraïbes : L’objectif est d’augmenter les capacités en optimisant l’utilisation de la flotte avec comme difficulté principale des tensions en effectifs - Photo : C.Hardin
Air Caraïbes : L’objectif est d’augmenter les capacités en optimisant l’utilisation de la flotte avec comme difficulté principale des tensions en effectifs - Photo : C.Hardin
20 ans qu’Air Caraïbes a fait de l’Atlantique une succes story.

À l’origine de cette aventure transatlantique, Jean-Paul Dubreuil et Marc Rochet qui aujourd’hui passent le témoin.

Construire ce pont entre les Antilles et la Métropole ne fut pas « simple comme un coup de fil », mais c’est bien par un appel téléphonique que l’aventure a commencé.

Un appel entre un entrepreneur déterminé et audacieux et un patron reconnu de l’aérien.


Prise de risques : retour sur l'histoire d'Air Caraïbes

Jean Paul Dubreuil et Marc Rochet à l'origine des vols transatlantiques d'Air Caraïbes. Photo : C.Hardin
Jean Paul Dubreuil et Marc Rochet à l'origine des vols transatlantiques d'Air Caraïbes. Photo : C.Hardin
En 2002, Jean-Paul Dubreuil, à la tête du groupe éponyme, avait déjà un passé dans l’aéronautique. En 1974, il avait créé Air Vendée pour relier La Roche-sur-Yon à l’île d’Yeu. Une micro compagnie avec à ses débuts une secrétaire, un mécanicien et un pilote pour faire voler un petit bimoteur de 9 places.

De l’artisanat « avec des réservations prises sur un carnet d’écolier » comme le rappelle Jean-Paul Dubreuil.

Mais avec le sens des affaires et sa passion pour l’aérien, l’homme développera sa petite entreprise pour en faire une vraie compagnie aérienne Regional Airlines d’une vingtaine d’avions et assez performante pour qu’il puisse la vendre au groupe Air France en 2000.

Jean-Paul Dubreuil passionné de l’aérien se lance alors dans une autre aventure.
Il souhaite reprendre et fusionner les compagnies Air Guadeloupe et Air Martinique qui assurent les liaisons inter îles aux Antilles .

L’affaire se révèlera plus compliquée que prévu. Même après avoir investi pour renouveler une partie de la flotte et baptisée la nouvelle entité Air Caraïbes, les résultats ne sont pas là et la pérennité de la compagnie et l’emploi de ses 300 salariés sont en danger.

C’est alors que Jean-Paul Dubreuil décroche son téléphone pour appeler Marc Rochet, fin connaisseur des « vols Antilles » grâce à son expérience avec Aéromaritime et la compagnie AOM dont l’aventure s‘est récemment terminée.

Les deux hommes se connaissent. « Je suis planté aux Antilles avec une compagnie dans une situation difficile, qu’est-ce qu’on peut faire ? » Demande en substance Jean-Paul Dubreuil à Marc Rochet qui est à la tête d’une entreprise de conseils.

L’ancien patron d’AOM étudie le dossier et rend, quelques semaines plus tard, ses conclusions et recommandations :

- « Jean-Paul, c’est mal parti, l’analyse de départ de la situation de la compagnie n’est pas bonne, le mieux c’est de se retirer. »

- « Marc, je me suis engagé, je veux aller jusqu’au bout je ne me retire pas, j’ai besoin d’un plan B »

OK répond Marc Rochet « alors il faut prendre des risques et se lancer sur le long-courrier. »

Air Lib, survivance bordélique d’AOM et récemment liquidée libérait de la place.

Ainsi pouvait commencer l’aventure. Avec deux Airbus A330 loués, Air Caraïbes se lance vers la Métropole et entame ainsi un sans-faute. 20 ans de gestion rigoureuse, d’investissements judicieux dans des machines performantes, de croissance de bénéfices.

Le Covid viendra faire trembler la compagnie avec toutes les autres. Le Groupe Dubreuil ne lâche pas, Marc Rochet et les personnels s’accrochent. « On garde tout le monde et on se serre la ceinture ».

Finalement, voilà Air Caraïbes qui ressort de la crise plus forte en 2023.

Un nouveau binôme

Christine Ourmières Widener et Jean Paul Dubreuil.
Christine Ourmières Widener et Jean Paul Dubreuil.
Jean-Paul Dubreuil, qui a passé le cap des 80 ans, avait tenu à rester aux commandes du groupe pendant la crise sanitaire. La tempête étant passée, il a souhaité il y a un an passer le relais à Paul-Henri, son fils qui a pris en charge la présidence du groupe Dubreuil (qui fêtera ses cent ans l'année prochaine) et sa division aéro au sein de laquelle sont regroupées Air Caraïbes et sa petite sœur Frenchbee.

À Pointe-à-Pitre lors des festivités organisées pour les 20 ans des vols transatlantiques et après un émouvant discours de son père, Paul-Henri Dubreuil a expliqué qu’il souhaitait constituer un nouveau binôme pour diriger les compagnies aériennes du groupe en faisant équipe avec Christine Ourmieres Widener, « une très grande professionnelle de l’aérien qui a tout de suite compris comment nous fonctionnons ».

Marc Rochet restera administrateur de la compagnie, mais une nouvelle ère s’ouvre à présent pour Air Caraïbes.

"Nous sommes là pour durer et Air Caraïbes n’est pas une entreprise qui s’éteindra"

Les nouveaux uniformes. Photo : C.Hardin
Les nouveaux uniformes. Photo : C.Hardin
Symbole de ce changement dans la continuité, les nouveaux uniformes que les personnels porteront dans quelques jours et qui ont été présentés à Pointe-à-Pitre.

Créés par la maison parisienne Paul & Joe, ils s’inspirent largement des anciennes tenues. Près du corps, ils gagnent en fonctionnalités avec des poches supplémentaires et « des lignes qui mettent en valeur les formes sans trop les montrer » selon sa créatrice.

En Guadeloupe, Paul-Henri Dubreuil a tenu à rassurer sur sa volonté de poursuivre l’aventure d’Air Caraïbes alors que quelques voix s’étaient exprimées pour mettre en doute son attachement au pôle aérien du groupe .

« Nous sommes là pour durer et Air Caraïbes n’est pas une entreprise qui s’éteindra. Vous pouvez compter sur notre groupe familial pour accompagner Air Caraïbes le plus longtemps possible » a-t-il affirmé.

Il a souhaité aussi rassurer les Antillais : « j’ai bien conscience de notre ancrage aux Antilles et comptez sur moi pour garder cet influx d’ancrage local «

Pas de révolution

Comme ce fut le cas durant ces dernières années, le nouveau binôme en charge d’Air Caraïbes ne prévoit pas de véritable rupture quant à la stratégie de l’entreprise dans les années qui viennent .

« Il n’y aura pas de révolution » a lancé Paul-Henri Dubreuil. Avec les A350, l’entreprise a fait des choix pour le long terme.

Dans vingt ans, il y aura toujours des A350, « il n’y a pas mieux comme avion » selon Paul-Henri Dubreuil.

Cependant sur ce que l’on mettra dans les réservoirs, le Groupe Dubreuil, qui préfère jusqu’à maintenant rester discret a quand même laissé entendre qu’il travaillait sur deux projets concernant du bio carburant.

Nous devrions en savoir plus en ce début d’année 2024. Le groupe dévoilera des noms de partenaires quant à la production de SAF, un carburant à propos duquel Paul-Henri Dubreuil n’a pas les réserves qu’avait exprimées Mar Rochet.
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Autre personnalité de ce binôme de Direction, Christine Ourmières Widener, désormais présidente d’Air Caraïbes (et aussi de Frenchbee) qui pilotera au quotidien la compagnie.

Stabilisation et croissance raisonnable

Quelle stratégie va-t-elle mettre en place ?

Après avoir consolidé la République dominicaine avec Saint-Domingue, 2024 sera l'année d'une stabilisation du réseau

« L’objectif est d’augmenter les capacités en optimisant l’utilisation de la flotte avec comme difficulté principale des tensions en effectifs qu’il nous faudra gérer en recrutant un maximum », explique Christine Ourmières Widener.

2025 et 2026 devraient être marquées par une reprise de la croissance avec des potentiels de nouvelles destinations pour Air Caraïbes.

« Au-delà de ces années, c’est une question de flotte », ajoute la présidente. « Quel que soit ce que nous décidons en termes de commandes d’avions, on est sur du post 2026. Ce ne sera pas de l’achat, mais de la location que nous déciderons si les potentiels sont confirmés. »

Air Caraïbes compte bien également profiter de l’arrêt programmé des vols Air France depuis Orly vers Fort-de-France et Pointe-à-Pitre pour capter des clients appréciant de partir et de revenir vers Orly.

Des envies de croissance donc à moyen terme, mais une croissance raisonnable.

« On n’a pas l’intention de devenir énorme, nous n’avons pas cette approche mégalomane » précise Christine Ourmières Widener en citant Jean de la Fontaine et sa grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf.

Aussi, et pour optimiser les revenus, les recettes à la carte qui marchent bien sur la petite sœur Frenchbee sont aussi mises en place sur Air Caraïbes comme le système d’enchères juste avant le vol ou le passager se voit proposer une possibilité de surclassement plus ou moins accessible en fonction de la somme qu’il est prêt à ajouter.

Avec Frencbee, il y a toujours deux compagnies et deux positionnements, cependant Air Caraïbes pourrait bien voir arriver dans sa flotte le prochain A350-1000,le dernier de la commande de 2015, un bi-classe, avec ses couleurs, et donc sans produit « business ».

La décision devrait être prise dans les jours qui viennent. Un avion « low cost » (les dirigeants d’Air Caraïbes préfèrent dire « à la carte ») sur les Antilles au départ de Paris, si le groupe Dubreuil ne le fait pas, d’autres le feront.

L’agilité étant aussi ce qui caractérise la gestion du groupe Dubreuil Aéro, Marc Rochet avait pris soin d’obtenir la possibilité de basculer, à tout moment, les avions des deux compagnies dans une flotte ou dans une autre en fonction des besoins et des aléas opérationnels.

Corsair, la concurrence: oui, mais...

Lors de nos échanges avec Christine Ourmières Widener, nous lui avons demandé ce qu’elle pensait des derniers développements concernant son concurrent sur les Antilles au départ d’Orly, la compagnie Corsair dont le PDG Pascal de Izaguirre, espère obtenir des aides de l’État et notamment un effacement de sa dette fiscale et sociale qui se chiffre à plusieurs dizaines de millions d’euros.

Ce point serait en discussion avec le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) qui gère le dossier Corsair.

Une situation que regarde de près la présidente d’Air Caraïbes.

« Nous avons bénéficié des aides classiques de l’État, mais pas plus. Nous nous sommes débrouillés tout seuls. Évidement nous souhaitons beaucoup de bonnes choses à Corsair qui emploie de nombreux salariés et qui a sûrement un rôle à jouer.
On lit beaucoup de choses aujourd’hui. Quand nous aurons des éléments concrets à regarder, nous étudierons si le dispositif qui est mis en place ne crée pas une distorsion de concurrence.

C’est important pour nous de rester dans un marché avec une concurrence qui donne l’opportunité à tous les acteurs d’avoir les mêmes conditions pour pouvoir être efficace et ou les dés ne sont pas pipés
», nous a-t-elle déclaré.

Ancrage local, nouvelle génération, stabilisation et croissance raisonnable, décarbonation, voilà quelques principes pour le début de cette nouvelle ère d’Air Caraïbes et qui vient de commencer en cette année 2024.

Christophe Hardin Publié par Christophe Hardin Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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