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François Piot (Prêt-à-Partir) : "Nous avons gagné un point en taux de marge, c'est énorme" 🔑

L'interview de François Piot, PDG de Prêt-à-Partir


Prêt-à-Partir signe une belle saison été. Le réseau va même terminer l'exercice qui sera clos fin septembre avec un résultat d'exploitation positif. De quoi rebooster le moral des équipes pour la saison automne-hiver 2022-2023. En cette rentrée, TourMaG a fait un point avec François Piot, PDG Prêt-à-Partir.


Rédigé par le Mardi 30 Août 2022

François Piot (Prêt-à-Partir) : "Sur l'exercice 2021- 2022, clos fin septembre, nous aurons un résultat d'exploitation positif. C'était loin d'être acquis il y a un an" - DR : Prêt-à-Partir
François Piot (Prêt-à-Partir) : "Sur l'exercice 2021- 2022, clos fin septembre, nous aurons un résultat d'exploitation positif. C'était loin d'être acquis il y a un an" - DR : Prêt-à-Partir
TourMaG - Comment s'est déroulé l'été 2022 ?

François Piot :]b Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu un été aussi bon. Il est même un peu meilleur qu'en 2019.

Nous allons clôturer l'exercice fin septembre. Le volume devrait atteindre 75% à 80% de l'année 2019. Nous sommes plutôt très contents de cette performance. Nous aurons un résultat d'exploitation positif, notamment car nous avons un peu moins de charges.

C'était loin d'être acquis il y a un an.


TourMaG - L'été a été marqué par les problèmes opérationnels et notamment les annulations de vols...

François Piot :
Oui juillet a été très compliqué, notamment en raison des annulations de vols.

Il y a des hôteliers qui ont profité des retours des touristes et qui n'étaient pas à la hauteur. Nous avons eu aussi des cas où les clients se sont rendus à l'aéroport sans papiers d'identité.

Sur l'été nous aurons davantage de litiges que d'habitude. Mais quelque part, quand on a des litiges c'est que l'activité est repartie.


Prêt-à-Partir : "Nous avons gagné un point en taux de marge, c'est énorme"

TourMaG - Jean-Pierre Mas m'indiquait dans une précédente interview que le volume d'affaires était en hausse de 20% pour l'été pour un nombre de dossiers équivalents à 2019. Etes-vous sur la même tendance ?

François Piot :
Nous enregistrons la même tendance : un nombre de dossiers équivalents avec aussi une hausse du panier moyen mais qui s'établit aux alentours de 10%.

Ce que nous constatons, c'est une amélioration du taux de marge qui s'explique essentiellement par l'assurance qui est un peu plus chère, et par moins de promotions et d'offres spéciales.

Nous avons gagné un point en taux de marge, c'est énorme.


TourMaG - Quelles sont les perspectives pour l'automne-hiver ?

François Piot :
Comme j'ai pu le lire, nous avons aussi un peu de mal à redémarrer. Nous sentons que le mois d'août est assez mou. Les gens étaient en vacances et les voyages sont un peu plus chers.

Nous avons des réservations, mais il est encore tôt pour dire si la saison sera bonne ou pas. Mais je ne suis pas plus inquiet que cela.

TourMaG - Est-ce que la hausse des prix est une préoccupation ?

François Piot :
L'inflation est générale et portée par le prix de l'énergie mais pas que. A partir du moment où l'énergie flambe, le prix des billets suit la même courbe.

Est-ce que cela va modifier le comportement des clients ? Je n'ai pas la réponse. Sur la destination France, il y a une énorme pénurie dans l'hôtellerie-restauration et les prix vont augmenter. Voyager en France va coûter plus cher qu'avant pour financer les hausses de salaires.

Très égoïstement pour les agences de voyages, cela pourrait générer des reports sur les destinations à l'étranger.

Mais je fais partie des personnes qui ne sont pas en phase avec un billet d'avion à 30 euros ou 50 euros. Il faut arrêter de faire croire n'importe quoi aux clients. Il y a un juste un prix. Je milite même pour une taxation du transport aérien en fonction des émissions de CO2. Ce n'est pas normal que le kérosène ne soit pas taxé.

Quand nous allons à la pompe pour nos voitures, nous payons 70% de taxe. Ce n'est pas normal que le kérosène ne soit pas taxé. Mais le problème n'est pas français, mais mondial.

"Globalement nous revenons à une situation normale en terme de recrutement"

TourMaG - Sur les ressources humaines, avez-vous enregistré de nouveaux départs et où en êtes-vous des recrutements qui étaient un véritablement point noir avant l'été ?

François Piot :
Nous avons eu encore un ou deux départs. Mais je suis satisfait car nous avons fait quelques bons recrutements de collaborateurs qui viennent du métier, cette fois-ci. Nous n'avions pas vu cela depuis longtemps.

Ce sont des personnes qui viennent d'autres réseaux. Autre point positif : aucun de nos anciens collaborateurs n'est parti à la concurrence.

Globalement nous revenons à une situation normale en terme de recrutement. Nous avons encore quelques villes en tension à la frontière suisse ou luxembourgeoise, mais c'est un phénomène que nous connaissons, c'est assez récurent.

L'entreprise est en ordre de marche pour une année normale. Nous commençons à repenser à des plans marketing, à certains déménagements d'agences pour avoir des points de vente mieux placés.

La vie normale reprend.


TourMaG - Vous restez optimiste pour les mois à venir malgré quelques incertitudes économiques, géopolitiques et sanitaires...

François Piot :
Vous savez, à chaque jour suffit sa peine.

Ce qui est certain, c'est que les entreprises qui ont traversé cette crise d'une façon résiliente sur la partie économique et humaine seront bien armées pour la suite.

Cette période a soudé les équipes. Les remboursements des PGE vont démarrer et il va falloir s'attendre à quelques défaillances cet automne.

TourMaG - Prêt-à-Partir a souscrit un PGE, est-ce que l'échéance du remboursement vous inquiète ?

François Piot :
Nous avons souscrit un PGE de 6M€ que nous avons remboursé, puis nous en avons resouscrit par prudence. Notre PGE est donc récent. Je me poserai la question dans un an si nous le remboursons ou pas.

TourMaG - Où en êtes-vous de votre réseau, regardez-vous toujours les opportunités de rachat qui pourraient se présenter ?

François Piot :
Nous avons fermé en début de crise sanitaire deux ou trois agences qui étaient déjà malades. Le réseau est resté relativement stable avec près de 90 points de ventes pour un volume de 150 M€.

Nous sommes toujours à l'écoute d'opportunités mais nous restons prudents compte tenu des 3 ans que nous venons de vivre.

"Remettre en route la machine à réaliser nos packages"

TourMaG - Etes-vous plus vigilants pour cette reprise sur le choix de vos partenaires aériens ou prestataires ?

François Piot :
Nous restons vigilants avec les compagnies aériennes low cost. Ce que nous avons freiné depuis deux ou trois ans ce sont les voyages sur-mesure fabriqués par nos équipes. Nous nous sommes davantage tournés vers les tour-opérateurs.

L'année qui vient, nous allons à nouveau remettre en route la machine à réaliser nos packages. Nous allons aussi reprendre les grands chantiers en cours avant le Covid : le voyage sur-mesure mais aussi les croisières.

Les croisières cela va aussi être un vrai sujet car elles ont été très marquées par le covid.


TourMaG - Toute la chaîne "voyage" a été fragilisée pendant la crise sanitaire. Est-ce qu'il n'est pas plus rassurant de travailler avec des tour-opérateurs implantés en France plutôt qu'avec des DMC basées à l'étranger ?

François Piot :
Vous savez, nous n'avons jamais eu le cas de faillite de DMC, alors que certaines défaillances de tour-opérateurs nous ont couté cher.

Le problème avec les tour-opérateurs c'est que sur le voyage à la carte, nous n'avons pas le sentiment qu'ils ont mis des moyens pour répondre à la demande. J'ai de nombreuses remontées de mes équipes qui trouvent que les TO manquent de réactivité.

Nous avons l'impression que les TO n'ont pas tous repris à 100% le travail, même si cela dépend des partenaires. Il faut aussi qu'ils se remettent en ordre de marche.

TourMaG - Un dernier mot sur le tourisme durable. Est-ce un sujet sur lequel vous avez avancé ces dernières années ?

François Piot :
Nous avons mis en place il y a un peu plus d'un an l'information aux clients en matière d'impact CO2 du voyage acheté.

Sur les devis, nous transmettons une estimation de l'impact carbone de leur voyage. Ce que nous pouvons proposer aux clients, c'est de compenser ces émissions en faisant un don à une ONG qui œuvre au Niger. Mais dans la pratique, l'information sur l'impact CO2 passe relativement inaperçue. Cela ne perturbe pas les clients.

Nous ne sentons pas particulièrement sensibles les clients des agences de voyages aux problèmes environnementaux. Le sujet vient rarement sur la table. Nous ne sommes pas là pour culpabiliser les clients mais pour les informer.

Aujourd'hui nous n'avons pas de demande de voyages responsables ou neutre en carbone. Est-ce que ces clients là ne passent pas par des agences traditionnelles car ils estiment que nous n'avons pas cette offre ? Est-ce que demain il faudra étoffer ce type d'offres pauvre en carbone ?

Certainement, mais j'ai aussi envie de dire que nous l'avons déjà avec les voyages en autocar ou en train. Par passager/km, l'avion n'émet pas plus de CO2 que la voiture. Mais sur l'autocar nous sommes à 6 à 7 fois moins.

Cette information aux clients reste une première étape. Je suis toujours un peu agacé par les acteurs du voyage qui font croire que pour 3 euros nous pouvons compenser un voyage.

Notre devoir est d'informer le client.

Céline Eymery Publié par Céline Eymery Rédactrice en Chef - TourMaG.com
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