
Jean-Pierre Sauvage : "les passagers aériens, idiots utiles du financement des mobilités" - Depositphotos.com Auteur AndreyPopov
Lors d’une interview faite en juillet sur une chaine d’information nationale, le Ministre des Transports, Philippe TABAROT a formulé le souhait « qu’une taxe appliquée au secteur des Transports revienne aux Transports » ajoutant « qu’ aujourd’hui, le fléchage ne se fait pas automatiquement. »
Lors de ce même entretien radiophonique il n’hésitait pas également à alerter sur les effets d’un alourdissement fiscal pesant sur l’industrie du transport aérien dans notre pays pourtant pilier essentiel de la prospérité économique et sociale en France contribuant avec plus de 1,3 millions d’emplois pour 4,8%du PIB français et allant même à rejeter fermement toutes nouvelles mesures fiscales visant notre secteur d’activité.
Citant le verbatim repris dans la presse nationale notre Ministre a déclaré « qu’il n’était pas favorable à ce qu’on taxe de nouveau l’avion parce qu’il avait été taxé ces deux dernières années de manière importante » faisant sans doute référence non seulement à la Taxe sur les entreprises d’infrastructures de transport à longue distance dénommée TEIT-LD et à la très controversée Taxe sur les billets d’avions-TSBA -mais aussi vraisemblablement aux velléités récurrentes de certains ministères de vouloir taxer le kérosène et d’appliquer un doublement de la TVA sur les vols intérieurs.
Lors de ce même entretien radiophonique il n’hésitait pas également à alerter sur les effets d’un alourdissement fiscal pesant sur l’industrie du transport aérien dans notre pays pourtant pilier essentiel de la prospérité économique et sociale en France contribuant avec plus de 1,3 millions d’emplois pour 4,8%du PIB français et allant même à rejeter fermement toutes nouvelles mesures fiscales visant notre secteur d’activité.
Citant le verbatim repris dans la presse nationale notre Ministre a déclaré « qu’il n’était pas favorable à ce qu’on taxe de nouveau l’avion parce qu’il avait été taxé ces deux dernières années de manière importante » faisant sans doute référence non seulement à la Taxe sur les entreprises d’infrastructures de transport à longue distance dénommée TEIT-LD et à la très controversée Taxe sur les billets d’avions-TSBA -mais aussi vraisemblablement aux velléités récurrentes de certains ministères de vouloir taxer le kérosène et d’appliquer un doublement de la TVA sur les vols intérieurs.
Ambition France Transports : un fléchage partiel des taxes vers d'autres modes de transports
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Nous ne pouvons qu’applaudir à l’annonce de ces propos toutefois nuancés par l’expression « pause » formulée par Philippe TABAROT dans la perspective du PLF 2026 et qui d’ores et déjà pose un certain nombre d’interrogations sur sa signification.
Mais alors, à ce stade, que penser du contenu du rapport AMBITION FRANCE TRANSPORTS publié en juillet 2025 sous la présidence de Dominique BUSSEREAU, ancien ministre des transports et sur le thème « Finance l’avenir des mobilités » avec pour objectif de définir un modèle pérenne de financement du secteur des transports pour les vingt prochaines années et devant répondre à un triple défi dans un cadre budgétaire contraint ?
– assurer la performance et la résilience des infrastructures de transports, qu’elles soient routières, ferroviaires ou fluviales, qui souffrent pour nombre d’entre elles d’un sous-investissement depuis plusieurs décennies ;
– atteindre nos objectifs de décarbonation ;
– répondre aux besoins de mobilité croissants des Français sur l’ensemble du territoire publié sous la présidence
Cette initiative pourrait avoir un caractère louable et vertueux si à la lecture des 180 pages de ce rapport nous ne découvrions pas avec étonnement le fléchage partiel du produit de la TEILD et de la TSBA citées plus haut vers le budget de l’AFITF- l’Agence de financement des infrastructures de transports de France chargée de prélever des ressources sur le secteur des transports et d’alimenter directement et exclusivement les transports fluviaux, routiers et surtout ferroviaires.
Mais alors, à ce stade, que penser du contenu du rapport AMBITION FRANCE TRANSPORTS publié en juillet 2025 sous la présidence de Dominique BUSSEREAU, ancien ministre des transports et sur le thème « Finance l’avenir des mobilités » avec pour objectif de définir un modèle pérenne de financement du secteur des transports pour les vingt prochaines années et devant répondre à un triple défi dans un cadre budgétaire contraint ?
– assurer la performance et la résilience des infrastructures de transports, qu’elles soient routières, ferroviaires ou fluviales, qui souffrent pour nombre d’entre elles d’un sous-investissement depuis plusieurs décennies ;
– atteindre nos objectifs de décarbonation ;
– répondre aux besoins de mobilité croissants des Français sur l’ensemble du territoire publié sous la présidence
Cette initiative pourrait avoir un caractère louable et vertueux si à la lecture des 180 pages de ce rapport nous ne découvrions pas avec étonnement le fléchage partiel du produit de la TEILD et de la TSBA citées plus haut vers le budget de l’AFITF- l’Agence de financement des infrastructures de transports de France chargée de prélever des ressources sur le secteur des transports et d’alimenter directement et exclusivement les transports fluviaux, routiers et surtout ferroviaires.
"Les chiffres sont édifiants"
Vous aurez noté qu’a aucun moment l’aérien n’a été convié à participer à cette « conférence » qui semble disposer allègrement des produits de la taxation appliquée au transport aérien pour des modes sans aucune relation avec ses activités faisant de ses usagers les idiots utiles des mobilités.
Les chiffres sont édifiants et, sans vouloir offenser Philippe TABAROT ne correspondent aucunement à l’affirmation du fléchage prônée par lui-même.
A vous de juger :
- 250 millions d’euros découlant de la TEIT-LD -taxe perçue sur les entreprises d’infrastructure de transports à longue distance à savoir les concessionnaires d’autoroutes et les gestionnaires d’aéroport.
Pour une meilleure appréciation de ce tour de passe-passe budgétaire il est peut-être utile de savoir qu’en matière d’infrastructures aéroportuaires les usagers, compagnies et clients, en assument le financement intégral sans demander un seul euro public.
- 270 millions prélèves sur la TSBA montant apparemment insuffisant aux yeux des auteurs de ce rapport qui proposent qu’une partie plus importante de ces recettes prélevées actuellement sur le secteur aérien soit affectée aux trois modèles de transports précités afin de favoriser les alternatives à l’avion supposées moins émettrices de gaz à effet de serre.
Les chiffres sont édifiants et, sans vouloir offenser Philippe TABAROT ne correspondent aucunement à l’affirmation du fléchage prônée par lui-même.
A vous de juger :
- 250 millions d’euros découlant de la TEIT-LD -taxe perçue sur les entreprises d’infrastructure de transports à longue distance à savoir les concessionnaires d’autoroutes et les gestionnaires d’aéroport.
Pour une meilleure appréciation de ce tour de passe-passe budgétaire il est peut-être utile de savoir qu’en matière d’infrastructures aéroportuaires les usagers, compagnies et clients, en assument le financement intégral sans demander un seul euro public.
- 270 millions prélèves sur la TSBA montant apparemment insuffisant aux yeux des auteurs de ce rapport qui proposent qu’une partie plus importante de ces recettes prélevées actuellement sur le secteur aérien soit affectée aux trois modèles de transports précités afin de favoriser les alternatives à l’avion supposées moins émettrices de gaz à effet de serre.
Flécher entièrement le produit de la TSBA vers le financement de la mobilité durable
GES ! le mot est lancé comme s’il devait être le marqueur stigmatisant perpétuel faisant de l’aérien l’éternel et seul coupable du changement climatique malgré la démonstration permanente des efforts faits par notre industrie pour réduire, avec des résultats probants, ses émissions gazeuses et sans, là aussi, couter un centime au contribuable.
Rappelons toutefois seulement qu’entre 2000 et 2020 les émissions du transport aérien ont enregistré une diminution de 25,6% par passager kilomètre transporté (source DGAC-TARMAAC).
Il est d’ailleurs curieux d’entendre toujours la même litanie depuis plus de 20 ans quand le pourcentage de CO2 dû au transport aérien demeure toujours au même niveau de l’ordre de 2,5% quand dans le même temps le trafic a plus que doubler.
Mais l’appétit vient en mangeant et la voracité financière de l’AFTIF n’a pas de limites si nous en jugeons par sa volonté de « voir entièrement fléché le produit de la TSBA vers le financement de la mobilité durable tel qu’il apparait dans ce rapport ce qui serait cohérent avec les objectifs climatiques du pays. »
Rappelons toutefois seulement qu’entre 2000 et 2020 les émissions du transport aérien ont enregistré une diminution de 25,6% par passager kilomètre transporté (source DGAC-TARMAAC).
Il est d’ailleurs curieux d’entendre toujours la même litanie depuis plus de 20 ans quand le pourcentage de CO2 dû au transport aérien demeure toujours au même niveau de l’ordre de 2,5% quand dans le même temps le trafic a plus que doubler.
Mais l’appétit vient en mangeant et la voracité financière de l’AFTIF n’a pas de limites si nous en jugeons par sa volonté de « voir entièrement fléché le produit de la TSBA vers le financement de la mobilité durable tel qu’il apparait dans ce rapport ce qui serait cohérent avec les objectifs climatiques du pays. »
Allez, pour faire bon poids dans nos propos je ne peux résister à vous livrer in extenso ce qui est rédigé pour justifier cette insatiabilité budgétaire.
« Le secteur aérien bénéficie aujourd’hui d’un traitement fiscal dérogatoire en matière d’accises. Ce régime, historiquement motivé par la compétitivité internationale, est devenu climatiquement incohérent, avec une croissance continue du trafic.
ne proposition de révision de cette dérogation est en cours, dans le cadre du volet « Fit for 55 ». Elle vise à : – supprimer les exonérations pour l’avion ; – instaurer des taux minimums progressifs sur le carburant ; – aligner la taxation du kérosène sur celle des carburants routiers. »
Sans plus de commentaires sinon s’interroger sur le niveau de connaissances des auteurs de ce rapport en matière d’accords internationaux et directives ou règlement européens auxquels sont déjà soumis les acteurs du transport aérien.
« Le secteur aérien bénéficie aujourd’hui d’un traitement fiscal dérogatoire en matière d’accises. Ce régime, historiquement motivé par la compétitivité internationale, est devenu climatiquement incohérent, avec une croissance continue du trafic.
ne proposition de révision de cette dérogation est en cours, dans le cadre du volet « Fit for 55 ». Elle vise à : – supprimer les exonérations pour l’avion ; – instaurer des taux minimums progressifs sur le carburant ; – aligner la taxation du kérosène sur celle des carburants routiers. »
Sans plus de commentaires sinon s’interroger sur le niveau de connaissances des auteurs de ce rapport en matière d’accords internationaux et directives ou règlement européens auxquels sont déjà soumis les acteurs du transport aérien.
Qu’en pense notre Ministre des transports ?
Qu’en pense notre Ministre des transports après avoir déclaré que « ces taxes supplémentaires vont ralentir l’activité économique de notre pays appelant à une pause fiscale dans un secteur stratégique et rayonnant au niveau mondial » ?
Pour notre part, et cela ne surprendra pas le lecteur de cette chronique, nous nous sommes toujours élevés contre la taxation permanente transport aérien et de ses usagers face à ce que nous considérons comme des mesures injustes frappant une industrie génératrice d’emplois et qui ne peut être considérée comme une variable d’ajustement budgétaire n’en déplaise à Madame la Ministre des Comptes publics en charge du dernier PLF 2025 et qui n’hésitait pas à évoquer une mesure de justice fiscale et écologique (sic).
N'était-ce pas alors une nouvelle fois l’affirmation de la vieille antienne stigmatisant le transport aérien comme un moyen de transport réservé aux riches ?
Alors un peu de sérieux et relisez la dernière étude produite par la Direction générale de l'aviation civile mettant en exergue l'importance des CSP - heureuses de profiter au même titre que toutes les autres catégories socio-professionnelles des facilités offertes par le transport aérien.
Pour notre part, et cela ne surprendra pas le lecteur de cette chronique, nous nous sommes toujours élevés contre la taxation permanente transport aérien et de ses usagers face à ce que nous considérons comme des mesures injustes frappant une industrie génératrice d’emplois et qui ne peut être considérée comme une variable d’ajustement budgétaire n’en déplaise à Madame la Ministre des Comptes publics en charge du dernier PLF 2025 et qui n’hésitait pas à évoquer une mesure de justice fiscale et écologique (sic).
N'était-ce pas alors une nouvelle fois l’affirmation de la vieille antienne stigmatisant le transport aérien comme un moyen de transport réservé aux riches ?
Alors un peu de sérieux et relisez la dernière étude produite par la Direction générale de l'aviation civile mettant en exergue l'importance des CSP - heureuses de profiter au même titre que toutes les autres catégories socio-professionnelles des facilités offertes par le transport aérien.
Lors du dernier Salon du Bourget le Président Emmanuel MACRON a évoqué la nécessité « de redonner de la compétitivité et lisibilité à la filière aéronautique française » et nous adhérons pleinement à ces propos qui dans une certaine mesure font échos à ceux formulés par Mario DRAGHI, ancien président de la BCE, dans un rapport édifiant sur justement le manque de compétitivité et de productivité de l’Europe face aux deux géants économiques que sont les USA et la Chine.
A certains égards ce rapport sonnait comme un signal d’alarme pertinent pour que la France agisse afin de préserver les bénéfices de la connectivité soumise à un excès de taxes punitives freinant le développement du vecteur essentiel à l’économie nationale qu’est le transport aérien et poussant les compagnies aériennes à se détourner de notre pays comme l'a déclaré récemment le Président de l'Union des Aéroports Français (UAF).
Alors comme tous les acteurs œuvrant dans notre secteur d'activité nous ne pensons pas qu'augmenter drastiquement le prix du billet et les couts d’exploitation d’aéroportuaire par une adjonction effrénée de taxes soit vraiment une solution compatible avec les enjeux socio-économiques portés par le transport aérien dans notre pays.
A certains égards ce rapport sonnait comme un signal d’alarme pertinent pour que la France agisse afin de préserver les bénéfices de la connectivité soumise à un excès de taxes punitives freinant le développement du vecteur essentiel à l’économie nationale qu’est le transport aérien et poussant les compagnies aériennes à se détourner de notre pays comme l'a déclaré récemment le Président de l'Union des Aéroports Français (UAF).
Alors comme tous les acteurs œuvrant dans notre secteur d'activité nous ne pensons pas qu'augmenter drastiquement le prix du billet et les couts d’exploitation d’aéroportuaire par une adjonction effrénée de taxes soit vraiment une solution compatible avec les enjeux socio-économiques portés par le transport aérien dans notre pays.
Jean-Pierre SAUVAGE, Président du Board of Airlines Representatives (
BAR France 1949-2024
Depuis 75 ans au service des compagnies aériennes fédère les dirigeants des compagnies aériennes de toutes nationalités opérant en France et couvrant les cinq continents
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