La question que je me pose encore en écoutant ces discours et cette référence au potentiel du tourisme, c’est de comprendre ce qu’on entend par potentiel. - Depositphotos.com Auteur nednapa
Il y a un mot qui revient invariablement dans tous les discours des élus locaux et nationaux en charge du tourisme dans les inaugurations, ou les journées professionnelles et autres colloques dédiés au tourisme, c’est de parler du « potentiel » que représente le tourisme pour le territoire.
En soi c’est plutôt positif de voir dans le tourisme, un facteur de développement pour les territoires, et tout particulièrement les territoires ruraux, mais la question que je me pose encore en écoutant ces discours et cette référence au potentiel du tourisme, c’est de comprendre ce qu’on entend par potentiel.
Cette question il y a de quoi se la poser en 2024, année qui aura vu exploser les prises de paroles et les articles sur le surtourisme qui s’y on en croit certains experts du sujet, toucherait toutes les destinations et territoire de l’hexagone.
Parler de potentiel du tourisme dans un pays ravagé par les effets du surtourisme, a quelque chose de contradictoire, mais je sais bien que les élus des territoires ruraux qui y font référence, abordent ce sujet des marges de progrès du tourisme pour leur destination, plutôt sous l’angle du développement économique, de l’emploi, et le plus souvent de l’aménagement du territoire.
A lire aussi : Le tourisme... combien de "divisions" ?
Sur ce dernier point j’ai toujours été frappé dans mes différents postes, et tout particulièrement en Auvergne, par cette volonté, et cette énergie des élus locaux à se battre pour « faire plus de tourisme », dans leur commune, qui avait tout pour réussir en développant une offre nature qui collerait avec l‘appétence des urbains pour le tourisme vert.
En soi c’est plutôt positif de voir dans le tourisme, un facteur de développement pour les territoires, et tout particulièrement les territoires ruraux, mais la question que je me pose encore en écoutant ces discours et cette référence au potentiel du tourisme, c’est de comprendre ce qu’on entend par potentiel.
Cette question il y a de quoi se la poser en 2024, année qui aura vu exploser les prises de paroles et les articles sur le surtourisme qui s’y on en croit certains experts du sujet, toucherait toutes les destinations et territoire de l’hexagone.
Parler de potentiel du tourisme dans un pays ravagé par les effets du surtourisme, a quelque chose de contradictoire, mais je sais bien que les élus des territoires ruraux qui y font référence, abordent ce sujet des marges de progrès du tourisme pour leur destination, plutôt sous l’angle du développement économique, de l’emploi, et le plus souvent de l’aménagement du territoire.
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Sur ce dernier point j’ai toujours été frappé dans mes différents postes, et tout particulièrement en Auvergne, par cette volonté, et cette énergie des élus locaux à se battre pour « faire plus de tourisme », dans leur commune, qui avait tout pour réussir en développant une offre nature qui collerait avec l‘appétence des urbains pour le tourisme vert.
Faire du tourisme l’économie de la dernière chance n’a jamais été la bonne approche
Faire du tourisme l’alibi de l’aménagement du territoire est une erreur, en tout cas faire du tourisme l’économie de la dernière chance n’a jamais été la bonne approche, et j’ai dans mes souvenirs des dizaines de réunions dans lesquelles je jouais le rôle du technicien qui venait casser le rêve des élus, convaincus que leur projet de musée des vieux outils ou de la vie rurale au siècle dernier dans les villages de montagne d’Auvergne, auraient beaucoup de succès.
Ce rôle de fossoyeur d’idée, c’était vraiment le coté le plus dur du job, pour autant je garde en tête ce projet de parc à thème dans le Cantal dédié à l’élevage bovin qui avait pourtant vu le jour malgré nos avis négatifs … pour 3 ans après son ouverture fermer ses portes définitivement après avoir engagé 7M€ d’investissement ! J’avais dit à l’époque que faire payer 12€ l’entrée du parc pour voir des vaches dans le Cantal relevait soit du génie marketing, soit d’une vision politique mégalo, et on connait donc la suite.
En fait la référence au potentiel touristique d’un territoire, elle part d’un principe juste qui consiste à considérer à l’analyse des données de fréquentation qu’on pourrait faire beaucoup mieux, et donc faire progresser l’offre, la fréquentation et l’économie.
Sur le fond cette analyse est juste, mais là où cela devient plus compliqué, c’est quand il s’agit de formaliser le potentiel, lui donner un volume, des perspectives, et en un mot, valider des objectifs.
Ce rôle de fossoyeur d’idée, c’était vraiment le coté le plus dur du job, pour autant je garde en tête ce projet de parc à thème dans le Cantal dédié à l’élevage bovin qui avait pourtant vu le jour malgré nos avis négatifs … pour 3 ans après son ouverture fermer ses portes définitivement après avoir engagé 7M€ d’investissement ! J’avais dit à l’époque que faire payer 12€ l’entrée du parc pour voir des vaches dans le Cantal relevait soit du génie marketing, soit d’une vision politique mégalo, et on connait donc la suite.
En fait la référence au potentiel touristique d’un territoire, elle part d’un principe juste qui consiste à considérer à l’analyse des données de fréquentation qu’on pourrait faire beaucoup mieux, et donc faire progresser l’offre, la fréquentation et l’économie.
Sur le fond cette analyse est juste, mais là où cela devient plus compliqué, c’est quand il s’agit de formaliser le potentiel, lui donner un volume, des perspectives, et en un mot, valider des objectifs.
Parler de potentiel, c’est aussi relier à plusieurs ambitions...
Et je ne sais pas pourquoi, mais jamais dans un marché public qui a pour objet de chercher un cabinet de conseils pour accompagner les collectivités dans l’élaboration de leur schéma de développement touristique territorial, il est fait référence à des OBJECTIFS qui permettent de préciser ce qui est attendu en termes de développement. Dis autrement, le tourisme pèse 100 de nuitées, 30 d’emploi et 20 en termes d’acceptation des habitants, et on aimerait avec ce schéma améliorer nos performances pour atteindre tels ou tels résultats dans 5 ans, dites-nous comment faire.
Sur ce sujet, quand on pose la question en utilisant la matrice d’Ansolff, afin de savoir qui des nouveaux marchés, des nouveaux produits ou d’actions plus importantes sur les marchés existants portent le plus de potentiel de progrès, les représentants des Organismes de Gestion de Destination valideront comme un seul homme, les nouveaux marchés quand les socios pro valideront les nouveaux produits ! Une opposition culturelle qui en 20 ans n’a pas bougé !
Mais parler de potentiel, c’est aussi relier l’ambition qu’on a pour le développement du tourisme pour son territoire, avec des ambitions politique, donc financières.
Et là en général ça coince, et de citer un commentaire d’un de mes présidents d’OGD, qui avait cette formule très imagée mais au final très juste, « le tourisme on en parle tous les jours sauf le jour du budget » ! Pas mieux, et ça devrait se vérifier encore plus cette année par des coupes budgétaires estimées à plus de 50M€ tous OGD confondus ! Sans parler d’Atout France.
Sur ce sujet, quand on pose la question en utilisant la matrice d’Ansolff, afin de savoir qui des nouveaux marchés, des nouveaux produits ou d’actions plus importantes sur les marchés existants portent le plus de potentiel de progrès, les représentants des Organismes de Gestion de Destination valideront comme un seul homme, les nouveaux marchés quand les socios pro valideront les nouveaux produits ! Une opposition culturelle qui en 20 ans n’a pas bougé !
Mais parler de potentiel, c’est aussi relier l’ambition qu’on a pour le développement du tourisme pour son territoire, avec des ambitions politique, donc financières.
Et là en général ça coince, et de citer un commentaire d’un de mes présidents d’OGD, qui avait cette formule très imagée mais au final très juste, « le tourisme on en parle tous les jours sauf le jour du budget » ! Pas mieux, et ça devrait se vérifier encore plus cette année par des coupes budgétaires estimées à plus de 50M€ tous OGD confondus ! Sans parler d’Atout France.
La souveraineté industrielle pèsera toujours plus que la souveraineté touristique
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Et c’est vrai que très souvent dans les prises de paroles dans les rendez-vous professionnels et autres assemblés générales ayant trait au tourisme, on va parler du potentiel en rappelant les chiffres clés qui permettent de donner une idée de que ce pèse le tourisme. On le rappelle comme une sorte d’obligation qui aurait pour objectif de préciser que ça pèse beaucoup dans l’économie locale, mais comme la production est diffuse, et bien ça ne se voit pas. Donc il faut le rappeler inlassablement dans toutes les prises de paroles publiques, pour finalement se justifie, et ce n’est jamais bon de se justifier.
Je pense que si prenait le temps de faire une analyse assez simple, qui aurait pour objet de corréler les aides publiques avec chaque filière de l’économie française, on s’apercevrait que le tourisme serait la filière la moins aidée proportionnellement à son poids, parce que l’investissement qui, dans 20 gîtes et 3 hôtels va permettre de créer 30 emplois, passera toujours inaperçu face à l’implantation d’une usine qui créera elle aussi 30 emplois.
La souveraineté industrielle pèsera toujours plus que la souveraineté touristique, parce qu’à force de raconter que le tourisme ce sont des emplois non délocalisables, il y a peu de chance que cette situation évolue.
Elle évoluera quand on se rendra compte que l’offre d’hébergement notamment des grandes stations du littoral et de la montagne, aura tellement vieilli, qu’elle sortira du marché, pendant que nos voisins européens plus pragmatique et réalistes sur ce que le tourisme peut rapporter économiquement, nous grignoterons des parts de marchés.
En France on pense que le tourisme ça marche tout seul, et que parce que nous sommes leader mondial, et bien c’est là où on peut faire des économies. Je ne connais aucune entreprise leader mondial dans son secteur, arrêter d’investir dans la Recherche et Développement, et pourtant parce que ce le tourisme performe, qu’on va lui couper les ailes.
Je pense que si prenait le temps de faire une analyse assez simple, qui aurait pour objet de corréler les aides publiques avec chaque filière de l’économie française, on s’apercevrait que le tourisme serait la filière la moins aidée proportionnellement à son poids, parce que l’investissement qui, dans 20 gîtes et 3 hôtels va permettre de créer 30 emplois, passera toujours inaperçu face à l’implantation d’une usine qui créera elle aussi 30 emplois.
La souveraineté industrielle pèsera toujours plus que la souveraineté touristique, parce qu’à force de raconter que le tourisme ce sont des emplois non délocalisables, il y a peu de chance que cette situation évolue.
Elle évoluera quand on se rendra compte que l’offre d’hébergement notamment des grandes stations du littoral et de la montagne, aura tellement vieilli, qu’elle sortira du marché, pendant que nos voisins européens plus pragmatique et réalistes sur ce que le tourisme peut rapporter économiquement, nous grignoterons des parts de marchés.
En France on pense que le tourisme ça marche tout seul, et que parce que nous sommes leader mondial, et bien c’est là où on peut faire des économies. Je ne connais aucune entreprise leader mondial dans son secteur, arrêter d’investir dans la Recherche et Développement, et pourtant parce que ce le tourisme performe, qu’on va lui couper les ailes.
Jean Pinard - Mini Bio
Président de la société de conseils Futourism :
Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.
Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.