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Reconnaissance faciale : pourquoi les voyagistes attaquent Ryanair ? 🔑

L'EU Travel Tech a saisi la CNIL en France


Après les menaces, les acteurs du tourisme passent à l'action. Depuis le 8 décembre, Ryanair exige que les clients sans compte sur son site ou passant par une agence de voyages, se soumettent à une vérification biométrique (reconnaissance faciale). Une décision qui a été attaquée en justice par l'EU TravelTech et l'ECTAA, sur le fonds de non-respect du RGPD (Règlement général sur la protection des données).


Rédigé par le Jeudi 23 Mai 2024

Reconnaissance faciale : l'EU Travel Tech a saisi la CNIL en France contre Ryanair - Crédit PIOTR MILTELSKI Ryanair
Reconnaissance faciale : l'EU Travel Tech a saisi la CNIL en France contre Ryanair - Crédit PIOTR MILTELSKI Ryanair
Dans la guerre que mène Ryanair contre les agences de voyages, nous vous livrons un nouvel épisode.

La firme dirigée par Michael O'leary veut éliminer toute intermédiation au niveau de la distribution de ses billets d'avion et ne cesse de réaliser des actions médiatiques à l'encontre des agences de voyages qu'elles soient physiques ou digitales.

Sauf que ces dernières ont décidé de se rebiffer.

Après la plainte déposée en Italie, auprès l'autorité de la concurrence par diverses associations représentant les agences de voyages de la Botte, nous venons d'apprendre une nouvelle action en justice à l'encontre de la compagnie low cost.

Depuis décembre 2023, Ryanair exige des passagers n'ayant pas de compte ou passant par une agence de voyages de se soumettre à une vérification biométrique.

"Outre le dénigrement que subissent nos adhérents, le sujet prioritaire à nos yeux sur la reconnaissance faciale est le respect de la réglementation relative à la protection des données des passagers qui sont également nos clients," nous expliquait en début d'année Valérie Boned.

Le message a bien été reçu.

L'EU TravelTech appuyée de l'ECTAA, a décidé de passer à la vitesse supérieure, en saisissant les "autorités françaises et belges de protection des données (APD) contre Ryanair," au sujet de la reconnaissance faciale.


Ryanair : "Cette vérification faciale est injustifiée !"

Au-delà de l'atteinte à la vie privée, mais aussi d'une possible entorse à la règlementation européenne sur les données, la compagnie est aussi accusée par les professionnels du tourisme de leur savonner la planche, afin de limiter l'intermédiation de la distribution de son offre.

La plainte actuelle vise donc Ă  mettre fin Ă  cette discrimination.

"Cette vérification faciale est injustifiée. Ryanair ment quand ils invoquent des questions de sécurité, d'ailleurs ce sont les seuls à faire cela. Si c’était une question de sécurité, les autres compagnies le feraient.

La compagnie ment aussi quand elle parle de “fake email adresses” utilisées par les agents de voyage pour faire des réservations sur le site de la compagnie,
" dénonce un responsable engagé dans le bras de fer.

En effet, il n'est plus possible pour les professionnels d'utiliser ni la carte bancaire de l'agence, ni le mail professionnel, pour réserver un billet Ryanair, même dans le cadre d'un forfait.

Et dire que tous les acteurs en ligne se plaignaient de NDC, Ryanair va encore plus loin, pour passer sous le joug les intermédiaires.

Seuls quelques acteurs sont toutefois autorisés à procéder librement à des ventes de billets bleus et jaunes, en raison d'accords totalement "disproportionnés" signés avec la low cost.

A lire : Ryanair conclut un accord de distribution avec Kiwi.com

Pour en revenir à notre affaire, cette plainte des instances européennes rejoint une autre action en justice menée sur le même sujet en angle, l'année passée.

Ryanair : qu'est-ce qui cloche ?

Déjà en juillet 2023, le NOYB (Centre européen pour les droits numériques) avait assigné Ryanair en Espagne sur la même requête de la violation du RGPD.

"Quand vous réservez un billet et que vous n'avez pas de compte client antérieur à décembre 2023, il est demandé dans certains cas, de façon aléatoire de passer par un processus de reconnaissance biométrique.

Il est demandé soit un selfie, soit une photo du passeport ou la signature de la personne, pour voir si tout correspond.

Avec cette mesure, les techniques de scraping sont devenues impossibles, car le client doit ĂŞtre directement sur le site de la compagnie,
" nous explique Emmanuel Mounier, le secrétaire général de l'EU Traveltech.

Sauf que cette première procédure ouverte par l'organisme autrichien de protection de la vie privée a été envoyée à l'autorité de protection des données irlandaise, comme le prévoit la loi.

Depuis plus personne n'a de nouvelles de celle-ci,
donnant l'impression que les équipes de Michael O'leary jouissent d'une totale impunité sur son sol et en Europe d'une façon générale.

"i[Nous avons engagé cette procédure pour accroitre la pression.

Outre le fait que la CNIL et l'autorité belge soient les seules à recevoir les plaintes de personnes morales, l'instance française est aussi combative sur ces sujets, sans oublier qu'elle a adopté]b des recommandations claires sur l'utilisation des procédés de reconnaissance biométrique notamment dans les aéroports, donc le transport aérien," espère le responsable du syndicat.

Ryanair : "la reconnaissance faciale a pour objectif d'empĂŞcher les ventes via les OTA"

Et cette stratégie de harcèlement envers ldes OTA porte ses fruits... ou pas.

La distribution indirecte a vu ses ventes baisser, entrainant par la même occasion une chute des résultats... de la compagnie.

"En janvier dernier, le PDG de la compagnie a justifié cette réduction, par la décision des agences de voyages en ligne de ne plus vendre Ryanair.

Sauf qu'un mois avant, il avait raconté que la reconnaissance faciale avait pour objectif d'empêcher les ventes via "les pirates" (OTA). Il est très contradictoire,
" poursuit le secrétaire général.

Alors que les OTA représentent entre 10 et 15% du volume des ventes, de l'aveu même du PDG du transporteur, et pour rassurer ses actionnaires, il a décidé de signer des accords avec d'importants acteurs du web, comme Kiwi ou OnTheBeach.

D'ailleurs la première ratification a été annoncée la veille de la publication des résultats de la plus grande compagnie en Europe. Rien n'est dû au hasard.

A noter que ces partenariats ne sont pas toujours opérant à l'heure actuelle et ne valent que pour les plateformes qui proposent des packages.

"Ils (dirigeants de Ryanair, ndlr) doivent apporter une solution à un problème économique, car ils se sont rendus compte qu'ils ne sont pas gagnants économiquement avec cette stratégie de distribution" analyse Emmanuel Mounier.

Ryanair, le cas d'Ă©cole d'une guerre entre transporteurs et distributeurs ?

Et cette bataille à plusieurs bandes pourrait avoir des répercussions bien au-delà du seul cas Ryanair.

Si le harcèlement tous azimuts est unique, ses pratiques commerciales et de distribution mises en place se retrouvent un peu partout en Europe et même avec les compagnies ferroviaires.

"Ryanair est quand mĂŞme la plus jusqu'au-boutiste.

Pour la suite, nous attendons la réponse de l'autorité de la concurrence en Italie aussi bien sur les mesures intérimaires et définitives. Face à ces multiples pressions, la low cost pourrait changer d'elle-même ces pratiques.

La dernière voie pourrait être celle autour d'un possible règlement européen sur le MDMS (Multimodal Digital Mobility Services),
" égrène le secrétaire général.

Cette dernière solution est plutôt dans un temps long, puisque la Commission européenne est à l'arrêt du fait des prochaines élections.

Le texte pourrait obliger les opérateurs de transport dominant sur leurs marchés, comme Air France, la SNCF en France ou la RENFE en Espagne, Ryanair en Italie de donner accès à leurs inventaires aux acteurs de la distribution indirecte.

"Si vous regardez les sujets qui sont traités par l'autorité de concurrence italienne contre Ryanair, les décisions prises par les équivalents allemand et suédois de l'autorité de la concurrence à l'encontre de Finnair et la Deutsch Bahn, mais aussi la récente prise de position de la Commission contre Renfe... le sujet est toujours le même : un acteur dominant qui cherche à désintermédier son activité et qui limite la concurrence," conclut Emmanuel Mounier.

Finalement ancien ou nouveau monde, jamais rien ne change, chacun joue sa partition.

Retour de Ryanair sur le sujet :

"Les OTA Pirates piratent l'inventaire de Ryanair (un acte de piratage numérique) et utilisent ces données obtenues illégalement pour tromper et escroquer les consommateurs peu méfiants en vendant à tort nos vols et les services auxiliaires avec des marges cachées et des surcharges importantes, ainsi qu'en nous fournissant de fausses informations de contact client et des détails de paiement, ce qui signifie que nous ne pouvons pas nous assurer que les passagers sont bien informés des protocoles de sécurité et de sûreté des vols ou contacter directement le passager concernant des informations importantes de leur vol ( informations avant le départ, termes et conditions de Ryanair,…)

Par conséquent, et afin de protéger les consommateurs, tous les passagers qui réservent par l'intermédiaire d'une OTA Pirate sont tenus de remplir un simple processus de vérification des clients pour s'assurer qu'ils puissent, en tant que passager, faire les déclarations de sécurité nécessaires et être informés directement de tous les protocoles de sécurité et de réglementation comme l'exige la loi, ce qui est entièrement conforme à toutes les réglementations GDPR.

Ryanair continue de faire campagne pour la protection des consommateurs contre les OTA Pirates comme eDreams, et a récemment déposé une plainte auprès du ministre espagnol de la consommation (Pablo Bustinduy) le 29 avril, lui demandant d'interdire l’option trompeuse eDreams « Prime » qui continue de duper et de surfacturer les consommateurs espagnols peu méfiants. eDreams « Prime » promet des « réductions sur 100 % de vos vols, hébergements et locations de voiture » mais utilise une combinaison de majorations cachées et de « réductions » fictives sur les tarifs aériens de Ryanair pour appâter les consommateurs peu méfiants et les inciter à payer un abonnement annuel (actuellement de 64,99 euros), alors que les consommateurs continuent de payer les majorations cachées d'eDreams sur les prix de Ryanair - ne bénéficiant ainsi d'aucun avantage pour leur abonnement « Prime » de 65 euros. eDreams « Prime » est la définition même d'une escroquerie anti-consommateur et le ministre Bustinduy devrait la rendre illégale.

Ryanair a signé des accords « OTA Approuvée » avec plusieurs OTA, dont El Corte Inglés, Loveholidays, Kiwi, TUI, On the Beach et eSky. Ces partenariats garantissent la transparence des prix pour les consommateurs, comme l'exige la législation européenne. Cela contraste avec le modèle OTA Pirate utilisé par eDreams et d'autres, qui implique le piratage numérique illégal (screenscraping) du site Ryanair.com, puis le gonflement des prix Ryanair avec des surcharges cachées ou des « frais » inventés qui nuisent gravement aux consommateurs.
"


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