
"1% des mĂ©nages les plus aisĂ©s ont une empreinte carbone seulement liĂ©e au transport aĂ©rien de 22 tonnes dâĂ©quivalent CO2 par an et par personne. Câest 3 fois plus important que lâempreinte carbone moyenne, dâun EuropĂ©en," selon AurĂ©lien Bigo - Depositphotos @tbtb
TourMaG : Vous avez rĂ©digĂ© une thĂšse, sur la façon dont le secteur des transports peut atteindre la neutralitĂ© carbone dâici 2050. Vous lâavez Ă©crite en 2019. Quels sont les freins vers la neutralitĂ© ?
Aurélien Bigo : La transition est assez focalisée, que ce soit pour les transports et le tourisme, sur la technologie.
Elle lâest assez peu sur les leviers de sobriĂ©tĂ©, aussi bien dans les pratiques, les modes de vie ou dâimaginaires de mobilitĂ©. Nous pourrions imaginer un tourisme plus respectueux dâun point de vue environnemental et climatique.
Les pratiques sont toujours trÚs impactantes, les visions de la transition ne remettent pas vraiment en cause nos pratiques : à savoir que demain, sans rien changer et juste grùce à des technologies plus vertes, tout sera réglé.
La rĂ©alitĂ© c'est que les solutions ne sont pas toujours prĂȘtes Ă temps et pas nĂ©cessairement neutres en carbone.
Bien quâil y ait des progrĂšs dâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique dans lâaĂ©rien, la croissance du trafic surpasse ces gains Ă©nergĂ©tiques et les Ă©missions augmentent.
Sauf que les émissions des prochaines années dépendront essentiellement du volume du trafic. Les innovations compensent de maniÚre marginale l'augmentation du nombre de vols dans le monde.
Sur les biocarburants, la technologie la plus disponible Ă court terme, prĂ©voit un objectif dâincorporation de 5% Ă horizon 2030. Câest trĂšs faible. Les carburants de synthĂšse nâen sont quâĂ leur balbutiement.
Pour lâhydrogĂšne ce sera, au mieux, un appareil en 2035. Et seulement en moyen-courrier. De plus, vous ajoutez une concurrence dâusage de ces ressources avec dâautres secteurs et modes de transport pour se dĂ©carboner.
Aurélien Bigo : La transition est assez focalisée, que ce soit pour les transports et le tourisme, sur la technologie.
Elle lâest assez peu sur les leviers de sobriĂ©tĂ©, aussi bien dans les pratiques, les modes de vie ou dâimaginaires de mobilitĂ©. Nous pourrions imaginer un tourisme plus respectueux dâun point de vue environnemental et climatique.
Les pratiques sont toujours trÚs impactantes, les visions de la transition ne remettent pas vraiment en cause nos pratiques : à savoir que demain, sans rien changer et juste grùce à des technologies plus vertes, tout sera réglé.
La rĂ©alitĂ© c'est que les solutions ne sont pas toujours prĂȘtes Ă temps et pas nĂ©cessairement neutres en carbone.
Bien quâil y ait des progrĂšs dâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique dans lâaĂ©rien, la croissance du trafic surpasse ces gains Ă©nergĂ©tiques et les Ă©missions augmentent.
Sauf que les émissions des prochaines années dépendront essentiellement du volume du trafic. Les innovations compensent de maniÚre marginale l'augmentation du nombre de vols dans le monde.
Sur les biocarburants, la technologie la plus disponible Ă court terme, prĂ©voit un objectif dâincorporation de 5% Ă horizon 2030. Câest trĂšs faible. Les carburants de synthĂšse nâen sont quâĂ leur balbutiement.
Pour lâhydrogĂšne ce sera, au mieux, un appareil en 2035. Et seulement en moyen-courrier. De plus, vous ajoutez une concurrence dâusage de ces ressources avec dâautres secteurs et modes de transport pour se dĂ©carboner.
"LâaĂ©rien est une façon de se dĂ©placer essentiellement pour le loisir"

AurĂ©lien Bigo : Tous les secteurs doivent faire des efforts. En ordre de grandeur la voiture est 3 fois plus Ă©mettrice que lâaĂ©rien.
AprĂšs si nous considĂ©rons que lâaĂ©rien a dâautres effets rĂ©chauffants, allant de 3 Ă 4 fois plus selon les estimations, alors ce mode se rapproche de celui de la voiture, mais pour un faible nombre dâutilisateurs.
A lire : Avion sobre : voici venu le temps du Macron ultra vert !
La grande diffĂ©rence entre les deux c'est que lâaĂ©rien est une façon de se dĂ©placer essentiellement pour le loisir, pour des raisons de vacances.
En plus dâĂȘtre des trajets non contraints, ce type de transport est l'apanage des populations les plus aisĂ©es, alors que la voiture a un usage bien plus rĂ©pandu et structurant dans la sociĂ©tĂ©.
LâaĂ©rien reprĂ©sente beaucoup dâĂ©missions, pour des usages se concentrant sur une trĂšs faible part de la population. Voici ce qui explique les critiques pesant sur lâaĂ©rien.
Câest un peu la mĂȘme chose lorsque nous faisons la comparaison entre lâavion et le numĂ©rique, sauf que ce deuxiĂšme a un usage bien plus important, frĂ©quent et indispensable Ă nos modes de vie actuels.
"En termes de justice sociale, le transport aĂ©rien devra faire sa part dâeffort"
TourMaG : Dans votre thĂšse vous avancez le fait que les perspectives technologiques sont insuffisantes et que la dĂ©croissance du trafic doit ĂȘtre envisagĂ©e. Pour vous la technologie nâest pas l'unique solution ?
Aurélien Bigo : Cela dépend du type de trajectoire que nous souhaitons.
Si nous voulons limiter le rĂ©chauffement climatique, dans les clous des Accords de Paris, atteindre le point dâarrivĂ©e seulement en 2050 ne suffira pas.
Les baisses pour rester sous les +2 degrĂ©s, voire mĂȘme 1,5 degrĂ©, sont extrĂȘmement fortes. Pour atteindre le 1er cap, au niveau mondial nous devrons baisser de 4 Ă 5% les Ă©missions chaque annĂ©e.
En sachant que nous nâavons pas de solution technologique pour atteindre cet objectif, la transformation doit ĂȘtre radicale.
Et si nous regardons la façon de rĂ©partir lâeffort au sein de la population, en termes de justice sociale, alors le transport aĂ©rien dont la vocation principale est le loisir, devra faire cette part dâeffort.
AprĂšs, comparativement au secteur de lâalimentation, faire diminuer les Ă©missions de 4 ou 5% sera compliquĂ©, mais il sera tout de mal venu de se priver de manger pour atteindre des objectifs climatiques.
Certains secteurs et populations ont plus dâefforts Ă faire que d'autres. Dans cette logique, le transport aĂ©rien devrait ĂȘtre visĂ© plus fortement.
En Europe, 1% des mĂ©nages les plus aisĂ©s ont une empreinte carbone liĂ©e au transport aĂ©rien de 22 tonnes dâĂ©quivalent CO2 par an et par personne. Câest 3 fois plus important que lâempreinte carbone moyenne dâun EuropĂ©en.
(Tout en sachant que pour atteindre les objectifs des Accords de Paris, nous devrions émettre pas]b plus de 2 tonnes b[équivalent CO2 par an et par habitant.)
Dans toutes les enquĂȘtes, pour savoir Ă quelle condition les personnes sont prĂȘtes Ă faire des efforts pour rĂ©duire lâimpact environnemental, la critique de la justice sociale arrive en premier.
Alors si nous partons du postulat que les plus aisĂ©s ont plus de moyens pour sâadapter, ils devront faire davantage dâefforts.
Il nâest le seul mode de transport impactant. RĂ©duire lâaĂ©rien ne rĂ©soudra pas tout. Par contre, il faut de lâexemplaritĂ© chez les secteurs les plus Ă©metteurs, car les efforts seront plus compliquĂ©s Ă faire accepter.
Aurélien Bigo : Cela dépend du type de trajectoire que nous souhaitons.
Si nous voulons limiter le rĂ©chauffement climatique, dans les clous des Accords de Paris, atteindre le point dâarrivĂ©e seulement en 2050 ne suffira pas.
Les baisses pour rester sous les +2 degrĂ©s, voire mĂȘme 1,5 degrĂ©, sont extrĂȘmement fortes. Pour atteindre le 1er cap, au niveau mondial nous devrons baisser de 4 Ă 5% les Ă©missions chaque annĂ©e.
En sachant que nous nâavons pas de solution technologique pour atteindre cet objectif, la transformation doit ĂȘtre radicale.
Et si nous regardons la façon de rĂ©partir lâeffort au sein de la population, en termes de justice sociale, alors le transport aĂ©rien dont la vocation principale est le loisir, devra faire cette part dâeffort.
AprĂšs, comparativement au secteur de lâalimentation, faire diminuer les Ă©missions de 4 ou 5% sera compliquĂ©, mais il sera tout de mal venu de se priver de manger pour atteindre des objectifs climatiques.
Certains secteurs et populations ont plus dâefforts Ă faire que d'autres. Dans cette logique, le transport aĂ©rien devrait ĂȘtre visĂ© plus fortement.
En Europe, 1% des mĂ©nages les plus aisĂ©s ont une empreinte carbone liĂ©e au transport aĂ©rien de 22 tonnes dâĂ©quivalent CO2 par an et par personne. Câest 3 fois plus important que lâempreinte carbone moyenne dâun EuropĂ©en.
(Tout en sachant que pour atteindre les objectifs des Accords de Paris, nous devrions émettre pas]b plus de 2 tonnes b[équivalent CO2 par an et par habitant.)
Dans toutes les enquĂȘtes, pour savoir Ă quelle condition les personnes sont prĂȘtes Ă faire des efforts pour rĂ©duire lâimpact environnemental, la critique de la justice sociale arrive en premier.
Alors si nous partons du postulat que les plus aisĂ©s ont plus de moyens pour sâadapter, ils devront faire davantage dâefforts.
Il nâest le seul mode de transport impactant. RĂ©duire lâaĂ©rien ne rĂ©soudra pas tout. Par contre, il faut de lâexemplaritĂ© chez les secteurs les plus Ă©metteurs, car les efforts seront plus compliquĂ©s Ă faire accepter.
"Pas de raison que lâimpact sur les Ă©missions change trĂšs radicalement"
TourMaG : A lâavenir, nous nâavons dâautre choix que dâencadrer les usages de lâaĂ©rien et des bateaux de croisiĂšres ?
Aurélien Bigo : Nous ne devons pas négliger cet aspect.
Il y a un grand tabou de maniĂšre gĂ©nĂ©rale sur la demande de transport. Ce qui ressort de ma thĂšse, en regardant lâĂ©volution des tendances passĂ©es des Ă©missions de CO2 des transports en France, la demande de transport drive les Ă©missions.
Le covid a fait baisser les Ă©missions, car il nây avait quasiment plus aucune demande.
Câest un facteur prĂ©pondĂ©rant sur lâĂ©volution des Ă©missions, sauf quâil nây a pas de politique publique structurĂ©e pour aller vers une modĂ©ration de la demande de transport.
Nous devons faire en sorte quâil y ait plus de proximitĂ© dans lâamĂ©nagement du territoire, au quotidien.
Donc tout un tas de questions se pose sur les transports du quotidien, mais aussi ceux de plus longue distance, notamment sur les niveaux de trafic.
Tout comme de questionner sur la durabilitĂ© de traverser la France en voiture. Il existe 4 autres leviers pour dĂ©carboner. Par exemple la baisse des Ă©missions par kilomĂštre parcouru mĂȘme si depuis 1960, elle est trĂšs limitĂ©e.
Les progrĂšs technologiques sont gommĂ©s par un report modal qui nâest pas allĂ© dans le bon sens.
De plus, dans la baisse de lâintensitĂ© carbone de lâĂ©nergie, les agrocarburants sont loin dâĂȘtre vertueux au niveau climatique. Et lâĂ©lectrique constitue encore une fraction trĂšs faible du parc automobile.
TourMaG : Y-a-t'il a un manque de courage politique pour faire baisser les émissions ?
AurĂ©lien Bigo : Oui, les politiques publiques climatiques ont assez peu dâeffet sur les Ă©missions.
Cela montre que par rapport à la rupture envisagée dans les prochaines années, nous allons devoir aller beaucoup plus loin dans nos prises de décision.
Ce nâest pas vraiment une bonne nouvelle.
Il nây a pas de raison que lâimpact sur les Ă©missions change trĂšs radicalement. LâĂ©lectrification des vĂ©hicules va changer les choses, sauf que nous ne sommes pas Ă la hauteur sur les autres leviers. AprĂšs ce nâest pas que lâEtat, mais les rĂ©gions et les citoyens qui ont aussi leur part de responsabilitĂ©.
Sur le transport aĂ©rien par exemple, le changement viendra peut-ĂȘtre davantage de changements de pratique de la part des usagers plutĂŽt que des politiques publiques.
Le retard ne peut pas ĂȘtre seulement imputĂ© Ă lâEtat, surtout que les politiques Ă©tatiques dĂ©pendent des individus Ă©lus par les citoyens.
Aurélien Bigo : Nous ne devons pas négliger cet aspect.
Il y a un grand tabou de maniĂšre gĂ©nĂ©rale sur la demande de transport. Ce qui ressort de ma thĂšse, en regardant lâĂ©volution des tendances passĂ©es des Ă©missions de CO2 des transports en France, la demande de transport drive les Ă©missions.
Le covid a fait baisser les Ă©missions, car il nây avait quasiment plus aucune demande.
Câest un facteur prĂ©pondĂ©rant sur lâĂ©volution des Ă©missions, sauf quâil nây a pas de politique publique structurĂ©e pour aller vers une modĂ©ration de la demande de transport.
Nous devons faire en sorte quâil y ait plus de proximitĂ© dans lâamĂ©nagement du territoire, au quotidien.
Donc tout un tas de questions se pose sur les transports du quotidien, mais aussi ceux de plus longue distance, notamment sur les niveaux de trafic.
Tout comme de questionner sur la durabilitĂ© de traverser la France en voiture. Il existe 4 autres leviers pour dĂ©carboner. Par exemple la baisse des Ă©missions par kilomĂštre parcouru mĂȘme si depuis 1960, elle est trĂšs limitĂ©e.
Les progrĂšs technologiques sont gommĂ©s par un report modal qui nâest pas allĂ© dans le bon sens.
De plus, dans la baisse de lâintensitĂ© carbone de lâĂ©nergie, les agrocarburants sont loin dâĂȘtre vertueux au niveau climatique. Et lâĂ©lectrique constitue encore une fraction trĂšs faible du parc automobile.
TourMaG : Y-a-t'il a un manque de courage politique pour faire baisser les émissions ?
AurĂ©lien Bigo : Oui, les politiques publiques climatiques ont assez peu dâeffet sur les Ă©missions.
Cela montre que par rapport à la rupture envisagée dans les prochaines années, nous allons devoir aller beaucoup plus loin dans nos prises de décision.
Ce nâest pas vraiment une bonne nouvelle.
Il nây a pas de raison que lâimpact sur les Ă©missions change trĂšs radicalement. LâĂ©lectrification des vĂ©hicules va changer les choses, sauf que nous ne sommes pas Ă la hauteur sur les autres leviers. AprĂšs ce nâest pas que lâEtat, mais les rĂ©gions et les citoyens qui ont aussi leur part de responsabilitĂ©.
Sur le transport aĂ©rien par exemple, le changement viendra peut-ĂȘtre davantage de changements de pratique de la part des usagers plutĂŽt que des politiques publiques.
Le retard ne peut pas ĂȘtre seulement imputĂ© Ă lâEtat, surtout que les politiques Ă©tatiques dĂ©pendent des individus Ă©lus par les citoyens.
"Il sera nécessaire de changer les destinations, donc le type de voyage"
TourMaG : La taxation de lâaĂ©rien est-ce LA solution pour faire inflĂ©chir la demande ? Que ce soit au sujet des jets privĂ©s ou du kĂ©rosĂšne.
AurĂ©lien Bigo :Il est important que cette taxation ait lieu pour le principe dâĂ©quitĂ© pour les autres carburants, ce qui dĂ©couragera lâusage des carburants les plus carbonĂ©s.
Cela fournira une incitation aux énergies alternatives. Une taxe permet aussi de financer la transition du secteur.
AprĂšs câest un moyen parmi dâautres : sur les jets privĂ©s, il est lĂ©gitime de se demander si les millionnaires ou les milliardaires vont changer leurs pratiques en raison dâune taxe.
Dâun point de vue climatique, la seule chose qui compte c'est le changement des pratiques.
Les quelques initiatives politiques pour modĂ©rer le transport aĂ©rien ont Ă©tĂ© spĂ©cifiquement calibrĂ©es pour ne pas avoir dâimpact sur les trafics et donc sur les Ă©missions.
Si vous prenez par exemple lâinterdiction des vols intĂ©rieurs de moins de 2h30, lâimpact concret dâune telle mesure est extrĂȘmement faible.
Un article de loi visant Ă interdire les agrandissements des aĂ©roports, stipule quâil y ait une dĂ©claration dâutilitĂ© publique, donc cela Ă©limine les projets en cours.
TourMaG : Dans le mĂȘme temps, la proposition du patron de la SNCF de taxer lâaĂ©rien pour financer le train a Ă©tĂ© trĂšs mal reçue...
Aurélien Bigo : Nous allons devoir changer certaines pratiques de mobilités courtes ou moyennes distances.
Il sera nĂ©cessaire de changer les destinations, donc le type de voyage Ă lâavenir.
LâaĂ©rien est le seul mode permettant de passer 5 jours en Chine ou un week-end Ă New York, etc. Ce genre de pratique doit changer Ă lâavenir afin de rĂ©duire les Ă©missions.
A lire : Dans 3 ans, tout le monde voyagera en train en Europe"
Il y a eu une promotion d'autres modes de transport moins carbonĂ©s, par le passĂ©, sauf que ce ne sont pas de rĂ©elles politiques de report modal. Ceci dans le sens oĂč nous avons la promotion du ferroviaire d'un cĂŽtĂ©, puis de l'autre cĂŽtĂ© des projets d'agrandissement des aĂ©roports et de construction de nouvelles autoroutes.
Il n'y a pas de cohérence et, in fine, cela a débouché sur une hausse de la demande de transport, donc des émissions. Pour baisser les émissions, le report modal doit se faire au détriment de la voiture et l'aérien.
AurĂ©lien Bigo :Il est important que cette taxation ait lieu pour le principe dâĂ©quitĂ© pour les autres carburants, ce qui dĂ©couragera lâusage des carburants les plus carbonĂ©s.
Cela fournira une incitation aux énergies alternatives. Une taxe permet aussi de financer la transition du secteur.
AprĂšs câest un moyen parmi dâautres : sur les jets privĂ©s, il est lĂ©gitime de se demander si les millionnaires ou les milliardaires vont changer leurs pratiques en raison dâune taxe.
Dâun point de vue climatique, la seule chose qui compte c'est le changement des pratiques.
Les quelques initiatives politiques pour modĂ©rer le transport aĂ©rien ont Ă©tĂ© spĂ©cifiquement calibrĂ©es pour ne pas avoir dâimpact sur les trafics et donc sur les Ă©missions.
Si vous prenez par exemple lâinterdiction des vols intĂ©rieurs de moins de 2h30, lâimpact concret dâune telle mesure est extrĂȘmement faible.
Un article de loi visant Ă interdire les agrandissements des aĂ©roports, stipule quâil y ait une dĂ©claration dâutilitĂ© publique, donc cela Ă©limine les projets en cours.
TourMaG : Dans le mĂȘme temps, la proposition du patron de la SNCF de taxer lâaĂ©rien pour financer le train a Ă©tĂ© trĂšs mal reçue...
Aurélien Bigo : Nous allons devoir changer certaines pratiques de mobilités courtes ou moyennes distances.
Il sera nĂ©cessaire de changer les destinations, donc le type de voyage Ă lâavenir.
LâaĂ©rien est le seul mode permettant de passer 5 jours en Chine ou un week-end Ă New York, etc. Ce genre de pratique doit changer Ă lâavenir afin de rĂ©duire les Ă©missions.
A lire : Dans 3 ans, tout le monde voyagera en train en Europe"
Il y a eu une promotion d'autres modes de transport moins carbonĂ©s, par le passĂ©, sauf que ce ne sont pas de rĂ©elles politiques de report modal. Ceci dans le sens oĂč nous avons la promotion du ferroviaire d'un cĂŽtĂ©, puis de l'autre cĂŽtĂ© des projets d'agrandissement des aĂ©roports et de construction de nouvelles autoroutes.
Il n'y a pas de cohérence et, in fine, cela a débouché sur une hausse de la demande de transport, donc des émissions. Pour baisser les émissions, le report modal doit se faire au détriment de la voiture et l'aérien.
"Besoin de faire évoluer les imaginaires et des normes sociales"
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TourMaG : En rĂ©sumĂ© en 2050, nous n'aurons plus la mĂȘme relation aux transports que celle actuelle ?
AurĂ©lien Bigo : Exactement. Cela fait partie des choses Ă revoir pour ĂȘtre Ă la hauteur des enjeux.
Pour diminuer les Ă©missions de l'ordre de 4 ou 5% afin d'ĂȘtre dans les clous d'un rĂ©chauffement de +2 degrĂ©s, ce qui est dĂ©jĂ trĂšs important, la transition devra ĂȘtre extrĂȘmement forte, mĂȘme Ă trĂšs court terme.
Sans mĂȘme parler de 2050, nous aurions dĂ» avoir ces tendances depuis de nombreuses annĂ©es. Le secteur des transports est globalement trĂšs en retard, par rapport Ă d'autres secteurs.
Si nous comparons par rapport à 1990, en France, c'est le seul secteur dont les émissions sont à la hausse, l'international encore plus.
Nous allons devoir faire évoluer les imaginaires et des normes sociales, pour réussir la transition, aussi bien sur la place de l'avion et de la voiture.
AurĂ©lien Bigo : Exactement. Cela fait partie des choses Ă revoir pour ĂȘtre Ă la hauteur des enjeux.
Pour diminuer les Ă©missions de l'ordre de 4 ou 5% afin d'ĂȘtre dans les clous d'un rĂ©chauffement de +2 degrĂ©s, ce qui est dĂ©jĂ trĂšs important, la transition devra ĂȘtre extrĂȘmement forte, mĂȘme Ă trĂšs court terme.
Sans mĂȘme parler de 2050, nous aurions dĂ» avoir ces tendances depuis de nombreuses annĂ©es. Le secteur des transports est globalement trĂšs en retard, par rapport Ă d'autres secteurs.
Si nous comparons par rapport à 1990, en France, c'est le seul secteur dont les émissions sont à la hausse, l'international encore plus.
Nous allons devoir faire évoluer les imaginaires et des normes sociales, pour réussir la transition, aussi bien sur la place de l'avion et de la voiture.