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Consommation, (géo)politique... le tourisme peut-il tenir le cap ? [ABO]

Un été 2025 secoué par quelques faillites d'agences de voyages


En cette rentrée 2025, les Français sont un peu dans l’expectative, alors que François Bayrou a mis son sort entre les mains des parlementaires et que plusieurs mouvements de contestation appellent à bloquer la France, les 10 et 18 septembre. De leur côté, les Entreprises du Voyage, le SETO et l'APST se montrent attentifs en cette période qui pourrait marquer un tournant après presque 4 ans de croissance.


Rédigé par le Mardi 2 Septembre 2025

Un été secoué par quelques faillites d'agences de voyages et une rentrée qui s'annonce chaotique pour les pros du tourisme - Depositphotos.com, eamesBot
Un été secoué par quelques faillites d'agences de voyages et une rentrée qui s'annonce chaotique pour les pros du tourisme - Depositphotos.com, eamesBot
Après une année 2024 où la politique nationale s’est "belgisée", plongeant le pays dans une forme de paralysie gouvernementale, l’année suivante n'est pas forcément meilleure.

Un peu moins de neuf mois après son arrivée à Matignon, François Bayrou semble connaître les mêmes difficultés que son prédécesseur pour faire passer son budget, tout en devant affronter une grogne sociale assourdissante.

Le 10 septembre 2025, un obscur mouvement soupçonné d’être soutenu et alimenté par la Russie, menace de bloquer la France, tandis que le 18 septembre, ce seront les syndicats qui descendront dans la rue.

"La rentrée s’annonce très compliquée politiquement et ce n’est pas quelque chose de confortable pour notre clientèle. Même si tous les budgets sont représentés, une partie non négligeable des clients des agences sont des chefs d’entreprise, des commerçants, etc.

Des personnes qui se projettent peu en raison du climat attentiste lié au budget de l’État et à la fiscalité. Avec les grèves et le vote du 8 septembre, nous avons une alerte concernant le voyage d'affaires, le secteur est plus impacté par ce climat anxiogène.

Je ne suis pas inquiète outre mesure, nous sommes habitués. Mais je reste attentive et concentrée
", analyse Valérie Boned, la présidente des Entreprises du Voyage (EDV).


"Nous ne sommes pas aussi sereins qu'à la même époque en 2024"

Les patrons et agents de voyages se montrent davantage inquiets concernant le remplissage des carnets de commandes, notamment en cas de renversement du gouvernement de François Bayrou.

Et encore, difficile de savoir à quoi s’attendre les 10 et 18 septembre 2025. En cas de mobilisation d’une ampleur comparable à celle des Gilets jaunes, les conséquences sur le commerce seraient dramatiques. Mais ne nous aventurons pas dans la politique-fiction et revenons dans les bureaux des agences de voyages.

"Nous sommes prêts à attaquer la fin de l’année. L’IFTM arrive plus tôt que l’année dernière, il sera un révélateur de l’état du marché, poursuit la présidente des EDV.

Malgré cette incertitude générale, il y a quand même une belle dynamique dans notre industrie qui s’est réunie régulièrement avec la CAT ; le Club Affaires se réunira aussi.

Ces signaux me font dire qu’il ne faut pas non plus être trop pessimiste. Nous avons connu une dynamique de progression depuis la sortie de la crise sanitaire et ce, jusqu’en avril. Nous allons faire un focus sur les réservations des fêtes de fin d’année dans notre prochain baromètre, pour obtenir une indication.

Le vote du budget préoccupe les Français, tout comme les grèves. La projection est compliquée pour les acteurs et nous ne sommes pas aussi sereins qu’à la même époque en 2024
", ajoute Valérie Boned.

Agence de voyages : faut-il s'inquiéter d'une petite vague de faillites ?

Ce ralentissement des réservations n’a pas été sans conséquence. Plusieurs petits points de vente ont fait faillite durant l’été, un mouvement que nous n’avions plus observé depuis les remous du Covid et, notamment, la gestion des avoirs et des PGE.

"Concernant les faillites, il n’y a rien de particulier à dire. Cela fait partie du quotidien de l’APST, il ne faut pas y voir un signe inquiétant, ni être alarmiste. C’est une situation habituelle.

Par contre, pour l’avenir et notamment cette rentrée, nous restons prudents, sachant que certains n’ont pas vraiment réalisé une bonne année
", commente Mumtaz Teker, le président du principal garant financier de la profession.

Les syndicats et institutionnels restent donc sur le qui-vive.

D’autant qu’il existe un indicateur qui doit alerter les patrons, qu’ils soient tour-opérateurs ou agents de voyages : l’indice de la consommation.

Les dépenses sont régulièrement dans le rouge depuis le début de l’année. Face à l’incertitude, les Français préfèrent épargner.

"Nos compatriotes ont bien compris que le pays est fortement endetté et qu’il faudra redresser la situation, ce qui passera sans doute par une contribution financière accrue.

Comme souvent, dès qu’il y a des vents contraires, les Français préfèrent épargner. Nous risquons de vivre quelques semaines compliquées
", estime Patrice Caradec, le président du SETO.

"Nous devons être encore plus présents pour nos adhérents"

Historiquement bien classée parmi les pays qui épargnent le plus au monde, la France se situe juste derrière l’Allemagne, avec un taux de thésaurisation de 18,6% au premier trimestre 2025, contre 19,4% pour nos voisins d’outre-Rhin.

Et dans cette période de tensions, où la société paraît bousculée, tout comme nos repères internationaux, le syndicat entend se positionner comme un phare, ou du moins un bastingage sur lequel s’appuyer quand le bateau tangue.

"Pour cette rentrée, nous devons, en tant qu’organisation professionnelle, b[nous recentrer sur le service et l’accompagnement de nos adhérents, les entreprises et leurs salariés," explique Valérie Boned.

"i[Ce n’est pas une nouvelle priorité, loin de là, mais c’est la principale aujourd’hui. ]bJe veux que nous soyons extrêmement attentifs aux besoins des professionnels du tourisme. Puisque septembre ne pourra être que chaotique, à tous les niveaux - géopolitique, où tout peut basculer du jour au lendemain, mais aussi sur la scène nationale -, tout cela aura un impact sur l’économie et le social]i".

Il va donc falloir s’accrocher et traverser la tempête.

En espérant, pour les entrepreneurs, que l’exécutif tricolore retrouve un semblant de stabilité et d’optimisme, alors qu’Éric Lombard a, à deux reprises, laissé entendre que la France pourrait être placée sous tutelle du FMI en cas d’éviction de François Bayrou de Matignon.

Une affirmation contestable, puisque le FMI intervient uniquement sur demande d’un État et non de force.

En attendant d’en savoir plus sur le régime fiscal qui attend entreprises et citoyens français, les EDV veulent épauler leurs adhérents face aux problématiques actuelles.

"Nous allons essayer d’exploiter au mieux notre adhésion à la CPME, via les services qu’elle propose. Je le répète, et je ne l’ai jamais dit avec autant de force par le passé : nous devons être encore plus présents pour nos adhérents.

Nous allons mettre en place le maximum d’outils pour répondre à leurs attentes, communiquer davantage, car beaucoup de sujets polluent les équipes et leurs dirigeants, à l’image de l’IA ou de la cybersécurité.

L’objectif est que chacun puisse rester concentré sur son travail,
" fixe comme cap la présidente du syndicat.

En période de crise, les agences peuvent-elles en profiter pour s'approprier la France ?

Si ce focus sur le quotidien sera l’élément clé de cette rentrée, l’Europe n’est pas en reste.

Dans les prochaines semaines, la profession devrait connaître la position de la France concernant la réforme de la directive sur les voyages à forfait.

Les agents de voyages feront-ils face à une nouvelle surtransposition pénalisante ? Réponse d’ici peu.

"Je pense que la ministre comprend bien le secteur et nos problématiques. Et lors du dernier rassemblement de la Confédération des Acteurs du Tourisme (CAT) à Barbizon, chacun a pu prendre la parole. Nous avons beaucoup parlé de l’offre France, mais pas du tout de sa distribution.

Il y a clairement un sujet de distribution des produits France. Nous avons un rôle à jouer : nous maillons parfaitement le territoire, nous sommes des spécialistes de cette activité.

Nous ne traitons pas notre pays comme nous le faisons avec l’étranger, ce n’est pas aussi élaboré.
Je vais ajouter ce point à ma feuille de route,
" constate Valérie Boned.

Et si, dans cette période délicate où les Français peinent à se projeter, la première destination mondiale reparlait à ses citoyens ?

Une réflexion qui rejoint celle de Guillaume Linton, qui avait philosophé, durant un énième pic de contaminations dû au Covid-19, sur l’avenir des agences de voyages.

Pour le patron d’Asia, celles-ci doivent évoluer comme de véritables gestionnaires du temps libre de leurs clients.

"Les agences doivent réfléchir à la façon d’accompagner leurs clients toute l’année : planifier par exemple les 5 ou 6 week-ends en famille dans l’année, qui permettent de faire un break pas loin de la maison, tout comme les vacances au ski ou le voyage long-courrier.

Au même titre que notre patrimoine ou notre santé sont gérés par des professionnels, nous devons envisager notre temps libre comme un bien précieux, optimisé et géré lui aussi tout au long de l’année par le professionnel expert qu’est l’agent de voyages.

L’agent de voyages doit réfléchir ce temps libre en 3D : détente, découverte et dépaysement
," nous avait-il invités à méditer.

Un dossier essentiel pour renforcer l’attractivité de la France auprès des agences, cher également à la présidente du syndicat, et qui pourrait marquer un tournant vers une évolution durable de l’activité de ces acteurs.


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