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Facturation électronique : la réforme qui fait peur [ABO]

La facturation électronique, dossier chaud du tourisme... notamment d'affaires


Cela va devenir une réalité pour une partie des entreprises françaises dans moins d'un an. La facturation électronique commence à causer quelques crises d'urticaire dans bien des sociétés. Pour y voir plus clair et surtout accélérer le mouvement, afin de se conformer à une réglementation qui sera effective dès le 1er septembre 2026, les Entreprises du Voyage ont tenu une visioconférence d'information sur le sujet. Alors, à quelle sauce allez-vous être facturés ?


Rédigé par le Jeudi 18 Septembre 2025

La facturation électronique est le dossier chaud du tourisme, notamment d'affaires - Depostiphotos @AndreyPopov
La facturation électronique est le dossier chaud du tourisme, notamment d'affaires - Depostiphotos @AndreyPopov
Le tourisme regorge de sujets "sexy"... et d'autres, plus compliqués à appréhender.

Clairement, la facturation électronique fait partie de la deuxième catégorie. Et pourtant, ce sont bien souvent ces sujets-là qui sont les plus impactants pour l'industrie.

Comme bien souvent, les révolutions administratives et réglementaires sont impulsées par l'Europe. Il faut remonter à 2014 pour trouver trace de la directive 2014/55/UE du Parlement européen relative à la facturation électronique dans le cadre des marchés publics.

Une impulsion qui a donc entraîné, en 2020 et en France, l'obligation pour toutes les entreprises d'éditer des factures numériques afin d’adresser leurs demandes de paiement lors de contrats conclus par l'État.

Six ans après son instauration dans le public, la facturation électronique va devenir une réalité dans le monde privé. Sauf que, du côté des professionnels du tourisme, cette révolution cause quelques crises d'urticaire, en raison des spécificités du secteur.

"C'est un sujet brûlant. Ce rendez-vous n'est que le premier d'une longue série, tant les attentes et les incompréhensions sont nombreuses", a introduit Marie Allantaz au début de la visioconférence de la commission digitale des Entreprises du Voyage, le 16 septembre dernier.


Facturation électronique : non, envoyer un PDF ne suffira pas !

Pour ceux qui redoutent encore de plonger dans le sujet, il suffisait de compter le nombre de participants à cette visioconférence pour comprendre qu'il y a urgence dans la profession.

Ils étaient plus d'une centaine, et quasiment autant à la fin, à écouter religieusement les différents intervenants. Un record pour la commission digitale du syndicat.

Catherine Pigeon, experte-comptable et commissaire aux comptes chez ARAGOR, a pris la parole.

"Bien avant que la France ne s’empare du sujet, c'est l'Union européenne qui a ouvert le bal. L'enjeu pour l'instance était de lutter contre la fraude à la TVA ainsi que d’autres défis pour les services fiscaux des États. On parle d'une fraude qui représente entre 20 et 25 milliards d’euros par an en France.

La facturation électronique existe déjà en Italie depuis 2019 et depuis un an en Roumanie, donc la France n'est pas la seule à transpirer face à sa mise en place.
"

Concrètement, cette évolution ne signifie pas que les entreprises vont simplement s'envoyer des fichiers PDF pour solder des contrats.

Tout un protocole officiel va être mis en place et le format sera spécifiquement établi en XML. L'Extensible Markup Language (XML) étant le langage de référence pour définir et stocker des données de manière à pouvoir les partager.

Facturation électronique : acronymes et anglicismes en pagaille !

Si cet acronyme peut faire peur, il n'est pourtant pas le plus important à retenir dans cet article.

Mais avant de poursuivre sur le nouveau champ lexical, commençons par détailler les anglicismes primordiaux à comprendre pour bien saisir la réforme, notamment pour les professionnels du tourisme.

b[""Toutes les structures qui seront assujetties à la TVA et qui travailleront en B2B, c'est-à-dire dont les clients sont des entreprises, devront émettre des factures sous le format e-invoicing (cliquez ici pour en savoir plus).

Ce sont ces fameuses factures qui seront transmises aux entreprises clientes par les plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) que nous allons détailler plus loin.

Pour ceux dont les clients sont des particuliers ou des structures qui ne sont pas soumises à la TVA, ils n'ont pas l'obligation de se soumettre à la facturation électronique. Pour autant, ils devront transmettre des données dématérialisées à l'administration fiscale, une procédure
appelée e-reporting," poursuit l'expert-comptable.

Les informations regrouperont le montant des opérations commerciales de l'entreprise, la TVA facturée, puis l'encaissement du paiement.

Une transmission qui ne se fera pas sous la forme d’une facture électronique, mais d'un flux informatique dématérialisé qui transitera obligatoirement par une plateforme de dématérialisation partenaire (PDP).

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Le transit des factures et des informations se fera donc obligatoirement via une PDP exclusivement accréditée par l'administration fiscale. La liste est consultable en cliquant ici.

"Ce sont des intermédiaires entre les entreprises et les services fiscaux. Tous les éditeurs de logiciels ne peuvent pas se prévaloir d'être une PDP : il faut répondre à un cahier des charges très strict.

À côté des PDP, il existe des OD, pour opérateurs de dématérialisation.
Ce sont les acteurs qui n'ont pas été retenus comme plateforme de dématérialisation partenaire.

Si, en tant qu'agent de voyages, vous travaillez avec un opérateur qui n’a pas obtenu la certification, vous devrez donc passer par un intermédiaire disposant d'une API (Interface de Programmation d’Applications), afin que votre prestataire puisse communiquer avec l'administration fiscale.
"

Facturation électronique : quel est le calendrier ?

Pour couronner le tout, "il existe aussi le PPF - le portail public de facturation - un outil qui porte bien mal son nom", poursuit Catherine Pigeon.

Initialement, ce dernier acronyme devait avoir pour but de proposer un logiciel de facturation gratuit aux entreprises, ou du moins à celles qui n'en avaient pas encore.

Sauf que les services fiscaux n'ont pas réussi à mettre en place cette fonction. Finalement, le PPF est devenu un concentrateur des données de transactions et fera le lien direct avec l’administration fiscale, en plus de gérer l’annuaire des entreprises.

Un maillon essentiel de la facturation électronique qui, elle, se résume par le schéma ci-dessous.

Cette réforme a entraîné quelques remue-méninges parmi les éditeurs de logiciels de gestion tels que ViaXoft ou MB3M.

Pour Eric Barthélémy, l'intérêt de rentrer dans les détails de cette novlangue est plus que limité, car, finalement, les professionnels seront assistés par les solutions existantes.

"En tant que logiciel de gestion, nous ne sommes pas habilités comme PDP, donc nous ne pouvons pas déposer les factures. Nos clients vont devoir forcément passer par des PDP.

En revanche, ces plateformes ne feront pas de factures, c'est juste un tiers.

Ensuite, à nous de savoir, chez ViaXoft, si on automatise la dépose des fichiers, des factures sur les PDP via des API ou pas, mais ça, c'est notre tambouille interne,
" a poursuivi le dirigeant.

Son intervention a permis de comprendre que le nerf de la guerre sera de contractualiser avec une plateforme de dématérialisation partenaire (PDP). Un process qui s'annonce coûteux : pour l'heure, le business model repose majoritairement sur une facturation à l'acte, et surtout, cette charge sera permanente.

Facturation électronique : les bons conseils pour se lancer

Quant au calendrier, les aiguilles tournent, et vite.

La facturation électronique, pour ceux qui y seront assujettis en fonction de leur type de clientèle, sera obligatoire à partir du 1er septembre 2026 pour les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire. Les PME, les TPE et les micro-entreprises disposeront d’une année supplémentaire.

D'ici là, les sociétés qui n'ont pas encore de logiciel de facturation, mais qui utilisent Word ou Excel, devront nécessairement choisir et maîtriser un logiciel de facturation au plus tard d'ici deux ans.

Pour celles déjà équipées, "il faudra vérifier avec votre éditeur si le logiciel est capable d'émettre des factures au format électronique.

Si tel n'est pas le cas, soit vous changez de logiciel de facturation pour en choisir un qui émet des factures au
format Factur-X, soit vous choisissez une PDP qui pourra transformer la facture émise dans le bon format", a ajouté Catherine Pigeon.

De plus, les professionnels doivent vérifier que leur éditeur s'est positionné pour devenir une PDP ou s'il doit souscrire auprès d'une entreprise certifiée par l'État français, afin de permettre l'envoi des informations aux services fiscaux.

La mise en conformité s'annonce fastidieuse, d'autant plus que la législation n'est pas encore totalement arrêtée.

"C'est un sujet qui concerne d'abord la direction générale de toute entreprise, ce n'est pas celui du comptable ou de la DSI. Au sein du groupe Marietton, Laurent Abitbol a impulsé le mouvement.

Je conseille de désigner au sein de vos organisations une personne en charge de la mise en conformité et, si vous faites partie d'un réseau, de travailler avec les têtes de réseau pour imaginer des synergies.
a indiqué Sandrine Reymond, la directrice financière de Havas Voyages, en charge de l'application de la réforme pour les différentes entreprises du groupe Marietton Développement.

Concernant le choix des PDP, il vous est propre, personne ne peut vous l'imposer. L'analyse doit se faire au cas par cas, en fonction de vos besoins.

De plus, je suggère de se renseigner et de se tourner vers une PDP qui connaisse un tant soit peu le secteur du tourisme, du fait de sa fiscalité particulière, comme la TVA sur marge.
"

Il est aussi indispensable de se questionner sur les outils et les process où il existe de la TVA, puisque la question de la connexion à une plateforme qui transmettra les données à l'État se posera à chaque fois.

D'ores et déjà, selon la responsable de Havas Voyages, il est primordial de créer des fichiers clients et fournisseurs, afin d'y référencer toutes les données importantes les concernant, comme le SIREN de l'entreprise ou du client, l'adresse de livraison et la nature de l'opération.

Il n'y a plus de temps à perdre, le secteur doit s'approprier cette réforme !

La facturation électronique pour les nuls :

1. Une obligation légale et progressive

À partir du 1er septembre 2026, toutes les grandes entreprises et entreprises de taille intermédiaire devront passer à la facturation électronique. Les PME, TPE et micro-entreprises auront un an de plus.

2. Un nouveau format de facturation, place au XML

Envoyer un simple PDF ne suffira pas. Les factures devront être émises et transmises dans un format électronique standardisé (XML), pour être exploitées directement par l’administration fiscale.

3. Rôle central des PDP et du PPF

Les PDP (plateformes de dématérialisation partenaires) sont les intermédiaires certifiés pour transmettre et recevoir les factures des clients, sous le format XML, puis extraire les données utiles à l'administration, mais aussi réceptionner et transmettre les données de transactions et de paiement.

Le PPF (portail public de facturation) centralisera les données et servira de lien direct avec l’État.

4. E-invoicing et e-reporting

Les entreprises travaillant en B2B assujetties à la TVA devront passer à l’e-invoicing.

Celles dont les clients sont des particuliers ou des non-assujettis devront effectuer de l’e-reporting, c’est-à-dire transmettre certaines données de leurs transactions à l’administration.

5. Un chantier organisationnel et coûteux

Les entreprises doivent vérifier si leurs logiciels actuels sont compatibles ou basculer vers des outils adaptés (Factur-X, API, etc.), choisir une PDP et préparer leurs fichiers clients et fournisseurs (SIREN, adresses, TVA, nature des opérations, etc.).

La mise en conformité est jugée lourde et coûteuse à vie, mais obligatoire.



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