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GreenGo en pleine croissance : "nous tenons notre business plan" 🔑

Interview de Guillaume Jouffre, PDG de GreenGo


Encore jeune mais dĂ©jĂ  trĂšs bien portante, la plateforme d’hĂ©bergement durable GreenGo annonce une forte croissance et prouve que le voyage responsable et les entreprises Ă  mission sont bel et bien des facteurs de croissance pour le secteur du tourisme.


Rédigé par le Lundi 9 Janvier 2023

Bien installée entre croissance et sobriété, la start-up GreenGo avance vite et bien. Crédit : GreenGo
Bien installée entre croissance et sobriété, la start-up GreenGo avance vite et bien. Crédit : GreenGo
L’annĂ©e 2022 a Ă©tĂ© forte pour GreenGo. LevĂ©e de fonds, ouverture du capital au micro-actionnariat, rachat de Vaovert, engagement contre les entreprises du tourisme en flagrant dĂ©lit de greenwashing
 Et des chiffres qui feraient rougir d’envie n’importe quel entrepreneur.

Pas peu fiĂšre de son bĂ©bĂ©, Guillaume Jouffre PDG de l’entreprise, annonçait en effet sur les rĂ©seaux sociaux dĂ©but janvier 2023 quelques rĂ©sultats prouvant l’excellente santĂ© de GreenGo.

Hausse des ventes, du nombre d’offres rĂ©pertoriĂ©es, un nombre de clients qui augmente aussi... On a voulu en savoir un peu plus sur l’évolution de GreenGo, et sur ses attentes.

Lire aussi : GreenGo se voit en marketplace Ă©cologique face Ă  Booking et Airbnb 🔑

Car la plateforme compte bien continuer sur sa lancĂ©e et conquĂ©rir aussi 2023. Guillaume Jouffre, qui ne validerait sans doute pas le terme de conquĂȘte, nous explique comment, en toute humilitĂ©.


Skyscanner : « créer un précédent » contre le greenwashing

TourMaG - Avant de parler de votre actualité, revenons un peu sur votre action contre Skyscanner, avez-vous du nouveau ?

Guillaume Jouffre :
Nous n’en sommes pas encore Ă  l’étape de la dĂ©cision du Jury DĂ©ontologique de la PublicitĂ© (JDP). On attend l’avis, il est possible qu’il arrive trĂšs bientĂŽt, mais pour le moment, on est dans l’attente.

Quelle que soit la dĂ©cision, il n’y a pas d’obligation lĂ©gale et les dĂ©cisions du JDP ne sont pas toujours trĂšs comprĂ©hensibles, comme dans cette affaire rĂ©cente entre l’aĂ©rien et la SNCF mais on va mĂ©diatiser. Nous n’en resterons pas lĂ . C’est un levier d’influence que nous expĂ©rimentons.

Notre pĂ©tition contre les pratiques de Skyscanner a rĂ©uni prĂšs de 7 300 signatures, ce qui fait vraiment du monde et qui peut mettre la pression. Cela s'est dĂ©jĂ  vu avec des pĂ©titions plus petites que la nĂŽtre. C’est toute la force d'une communautĂ©.

Ce que nous voulons, c'est créer un précédent réplicable dans d'autres cas de greenwashing. Nous n'allons rien lùcher, nous sommes patients, nous attendons.

« Ne pas faciliter la vie des entreprises qui font du greenwashing »

TourMaG - Toujours sur le volet Ă©coblanchiment, vous parliez en dĂ©cembre dernier d’une proposition commerciale qui vous avez Ă©tĂ© faite ?

Guillaume Jouffre : Oui, je ne veux pas citer l’entreprise, ça n’est pas le but. Mais c’était dans le secteur de l’automobile. Elle nous proposait vraiment beaucoup d’argent contre un message en totale contradiction avec nos valeurs. À l’unanimitĂ©, nous avons dit "non".

J’en ai parlĂ©, non pas pour faire le buzz, mais pour montrer qu’il n’y a pas que l’argent et qu’avec les valeurs, nous ne faisons pas de compromis. Nous ne pouvons pas faciliter la vie de ces gens qui font du greenwashing. Et c’est assez inattendu que ce message ait Ă©tĂ© si fortement vu et commentĂ©.


TourMaG - Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?

Guillaume Jouffre :
Je me suis rendu compte qu’il y a beaucoup d'autres professionnels dans la mĂȘme situation. C’est assez gĂ©nĂ©ralisĂ© : les entreprises Ă  mission sont souvent sollicitĂ©es par de grosses machines. Ils n’ont pas les codes, ils sont Ă©normes... Ils arrivent comme des Ă©lĂ©phants dans un magasin de porcelaine, ils ne maĂźtrisent pas du tout ces sujets.

C’est assez intĂ©ressant de voir que ces entreprises sont « demandeuses » ou en tout cas sollicitent les entreprises moins impactantes telles que nous.

Communiquer sur les valeurs, « notre arme de soft power »

TourMaG - Votre engagement, c’est peut-ĂȘtre votre force, face aux structures qui ne le sont pas et n’ont pas les codes, comme vous dites ?

Guillaume Jouffre :
Nous avons montĂ© GreenGo parce qu’il y a peu d’initiatives sur le tourisme durable et Ă  impact positif. Nous voulions amorcer une transition. Nous sommes une entreprise Ă  mission, et nous portons des valeurs, auxquelles nous voulons rester fidĂšles. Aller sur LinkedIn ou ailleurs pour en parler, c’est notre arme de soft power.

Les grosses machines dont nous parlons provoquent le doute chez le voyageur. Beaucoup de gens sont mĂ©fiants dĂšs que nous Ă©voquons l’engagement. Donc, nous, nous ne laissons rien passer, et nous communiquons sur ce que nous faisons, sur notre dĂ©marche.

Mais attention, nous restons modestes. Nous ne prĂ©tendons pas ĂȘtre les meilleurs. Nous dĂ©marrons Ă  peine. Nous avons beaucoup de progression Ă  faire, nous essayons de rester dans l’humilitĂ©.

C’est une ligne de crĂȘte un peu instable oĂč les valeurs nous servent de boussole et nous capitalisons dessus.

Cela ajoute des contraintes, mais elles nous tirent aussi vers le haut.

« Nous avons multipliĂ© par 5 notre volume d’affaires »

TourMaG - Vous avez publiĂ©, il y a quelque jours, un post trĂšs positif sur le bilan de GreenGo pour l’annĂ©e 2022 ?

Guillaume Jouffre :
Oui, je ne donnerai pas les chiffres, mais nous avons multipliĂ© par 5 notre volume d’affaires. C’est un beau palier, et nous tenons notre business plan, avec un gros rĂ©servoir de croissance sur 2023.

En termes de nombre de ventes, nous avons multipliĂ© par 6 et pour ĂȘtre transparent, l’annĂ©e 2023 commence bien : la premiĂšre semaine a Ă©tĂ© la meilleure semaine depuis la crĂ©ation de GreenGo, et lĂ  en 9 jours (ndlr : l’interview a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© lundi 9 janvier 2022), nous avons pratiquement doublĂ© janvier dernier !

Nous pensions qu’en augmentant les ventes, il y aurait forcĂ©ment une Ă©rosion dans les avis sur internet, ce qui aurait Ă©tĂ© normal. Mais la satisfaction client elle aussi a augmentĂ© ! C’est une vraie source de motivation pour la suite.

Cela signifie que notre produit plaĂźt, que les clients sont contents, reviennent et nous recommandent.
GreenGo en pleine croissance : "nous tenons notre business plan" 🔑

« En termes de croissance, nous avons franchi un mur »

TourMaG - N’est-ce pas parfois compliquĂ© Ă  tenir, cette volontĂ© de croissance quand on tient un discours de sobriĂ©tĂ© ?

Guillaume Jouffre :
Nous n'en sommes pas encore là. Nous sommes en pleine croissance, mais nous n'avons pas atteint encore le seuil de rentabilité. Ce qui et normal pour une start-up.

Il faudrait multiplier par 5 ou 6 notre volume de vente pour pouvoir investir dans le commercial, le marketing, dans la technologie pour la plateforme, pour couvrir les coĂ»ts fixe
 Nous avons besoin d’une base de volume plus importante. En termes de croissance, Nous avons franchi un mur, mais il y en a un 2e qui vient !

Greengo est une entreprise Ă  mission, mais c’est avant tout une entreprise. Si les revenus ne couvrent pas les coĂ»ts, elle est vouĂ©e Ă  disparaĂźtre. Nous serons rentables, mais lĂ , c'est encore trop tĂŽt.

Nous voulons ĂȘtre une entreprise durable dans tous les sens du terme. Pour durer dans le temps, il faut faire de la croissance, mais la vraie question, c'est : Ă  quel rythme ?

C’est ça le vrai sujet : nous ne voulons pas d’une courbe de croissance agressive, nous ne voulons pas d’une hypercroissance qui aurait pour but de faire une plus-value financiĂšre. Nous avons besoin d’une certaine Ă©chelle pour ĂȘtre rentable, durable, pour toucher un maximum de monde et faire passer nos messages.

« Nous sommes en plein changement d’échelle »

Guillaume Jouffre est le Président-Fondateur de Greengo - DR
Guillaume Jouffre est le Président-Fondateur de Greengo - DR
TourMaG - Vous avez aussi largement augmentĂ© le nombre d’hĂ©bergements ?

Guillaume Jouffre :
Nous sommes en plein changement d’échelle. Notre offre d’hĂ©bergements a triplĂ© et Nous voulons continuer sur cette lancĂ©e : tripler en 2023 et encore en 2024.

Lire aussi: HĂ©bergements responsables : GreenGo rachĂšte Vaovert

La communautĂ© s’agrandit, sur la plateforme, sur les rĂ©seaux sociaux et en comptant la newsletter
 GreenGo est de plus en plus connue, nous sommes reconnus et forcĂ©ment ça gĂ©nĂšre des performances qui rendent GreenGo plus visible. Nous nous faisons connaĂźtre, nous attirons aussi des partenaires qui voudraient peut-ĂȘtre travailler avec nous.

Les hĂ©bergeurs fonctionnent beaucoup en rĂ©seaux, de maniĂšre communautaire et se parlent beaucoup. Si l’un d’eux est satisfait de travailler avec GreenGo, il va faire circuler l’information.

« Nous allons aller plus loin dans l’accompagnement »

TourMaG - Vous trouvez que la conscience Ă©cologique avance dans le secteur de l’hĂ©bergement ?

Guillaume Jouffre :
Je trouve qu’il y a une prise de conscience de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, chez le consommateur lambda. Les hĂ©bergeurs sont, eux aussi, des consommateurs lambda, avec la mĂȘme prise de conscience. Ils font Ă©voluer leur business dans ce sens. Nous sentons un effet sur le marchĂ©, des actions se dĂ©veloppent petit Ă  petit.

Dans le mĂȘme temps, nous sentons que l’écosystĂšme institutionnel bouge aussi, c’est plus lent, mais ça vient, avec des actions de l’ADEME auprĂšs des campings, l’intĂ©gration de critĂšres de durabilitĂ© dans les classements hĂŽteliers... On valorise davantage le volet Ă©cologique des hĂ©bergeurs.


TourMaG - Vous, comment prenez-vous votre part dans cet Ă©cosystĂšme ?

Guillaume Jouffre :
En tant qu’entreprise Ă  mission, nous avons des objectifs sociaux et environnementaux, qui viennent avec des piliers opĂ©rationnels, dont le fait d’informer et de sensibiliser le grand public et les hĂ©bergeurs.

Nous sommes aller plus loin dans l’accompagnement de nos parties prenantes, vers des actions plus vertueuses et toujours plus de durabilitĂ©.

Nous évaluons les hébergeurs, mais cet hiver, nous allons lancer un certain nombre de solutions pour les accompagner et renforcer leurs actions.

Inclure sa communauté dans la gouvernance

TourMaG - Cette année, vous avez aussi levé des fonds, notamment via une plateforme de financement participatif ?

Guillaume Jouffre :
En 2022 on a fait une levĂ©e de fonds avec la BPI qui a complĂ©tĂ© celle de 2021 et l’a amenĂ© Ă  1,5 million d’euros, les investisseurs nous ont fait confiance. Cette opĂ©ration nous a permis d'accĂ©lĂ©rer.

Nous avançons calmement avec force et motivation, avec engagement. Nous suivons notre business plan, ce n’est pas toujours simple, l’objectif cette annĂ©e va ĂȘtre dur Ă  aller chercher, mais nous sommes sur la bonne voie.

Et nous n'oublions pas que la moitié de notre levée de fond, ce sont 418 micro-actionnaires, via la plateforme lita, qui propose du financement collaboratif de projet à impact.

C’était une maniĂšre d’aller au bout de nos idĂ©es : inclure la communautĂ© dĂšs le premier tour de valorisation de l’entreprise pour qu’elle bĂ©nĂ©ficie des rĂ©sultats et soit inclue dans la gouvernance.

Les micro-actionnaires dĂ©tiennent 10 % de l’entreprise, symboliquement, c'est fort.

Ils ont leur mot Ă  dire dans les dĂ©cisions stratĂ©giques et les orientations de notre dĂ©veloppement. Nous en sommes trĂšs fiers, c’est rare dans l’écosystĂšme start-up.

« Vigilant sur le greenwashing, exigent dans ses offres et actif au niveau institutionnel.»

TourMaG - Pour bien commencer cette année, plus globalement, que souhaitez-vous pour le tourisme en 2023 ?

Guillaume Jouffre :
Nous avons besoin que le tourisme prenne ses responsabilitĂ©s, dĂ©veloppe des offres de transition et entre vraiment dans une dĂ©marche proactive de dĂ©fense de l’environnement.

Le secteur du tourisme doit ĂȘtre vigilant sur le greenwashing, exigent dans ses offres et actif au niveau institutionnel.

Parce que les institutions ne sont pas toujours au niveau de l’enjeu : c’est une aberration que le train ne soit pas subventionnĂ© quand le kĂ©rosĂšne des avions n'est pas taxĂ©.

Il faut qu’on soit tous ambitieux, parce que c’est un sujet de vie ou de mort pour le tourisme.

Les consommateurs sont prĂȘts Ă  aller plus loin, mais ils manquent d’offre. Il faut qu’on s’y mette ensemble. Nous voyons des choses qui se dĂ©veloppent, nous devons collaborer les uns avec les autres, trouver des solutions collectives, faire des compromis.

Le tourisme a largement explosĂ© les limites. Il faut arrĂȘter de se dire « on verra plus tard » ou de croire au « zĂ©ro carbone », ça ne marchera pas.

Il va falloir rĂ©duire, mettre Ă  jour notre logiciel, arrĂȘter de croire que les Maldives, c'est le rĂȘve ou qu’aller au 4 coins de l’Europe pour 10 € c’est acceptable.

Mon souhait, ce serait celui-lĂ , que le secteur travaille au quotidien pour rĂ©duire l’impact global de son offre, tout le temps Ă  tous les niveaux.

Que ça soit vraiment au centre de notre réflexion collective.</span>

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