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Réchauffement climatique, intempéries... Quel tourisme en 2100 ? [ABO]

Provence Tourisme a ouvert son cycle de prospective sur le tourisme en 2100


La prospective peut faire peur, d'autant plus en ces temps troublés. Tandis que notre logiciel interne nous incite davantage à regarder la fin du mois plutôt que la fin du siècle, et que nous restons passifs face au réchauffement climatique, le tourisme va devoir s’adapter... à marche forcée ! Dans ce contexte, Provence Tourisme a tenu une conférence pour imaginer, grâce aux contributions de scientifiques, le tourisme sur le territoire en 2100.


Rédigé par le Vendredi 2 Mai 2025

Provence Tourisme a décidé de réfléchir au futur du tourisme, impacté par le réchauffement climatique - Crédit photo : visuel généré à l'aide d'une IA @Sora
Provence Tourisme a décidé de réfléchir au futur du tourisme, impacté par le réchauffement climatique - Crédit photo : visuel généré à l'aide d'une IA @Sora
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Le tourisme n’est pas la cause, mais il contribue aussi au réchauffement climatique.

Fortement dépendant d'une mobilité carbonée, le secteur va devoir faire mieux et vite, très vite. D'autant plus qu'il subit depuis déjà quelques années les conséquences de ce dérèglement : incendies à répétition, cyclones toujours plus puissants, canicules intenses et globalement, une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.

Bien que le sujet figure dans tous les médias, les réseaux sociaux, les congrès et séminaires, les actions sont parfois lourdes à supporter ou mettre en place.

"Nous allons devoir réinterroger notre usage de l'eau et penser à la nécessaire sobriété, a introduit Antoine Nicault, le coordinateur général de l'association AIR climat, en guise d'avertissement, lors de la conférence de prospective de Provence Tourisme le 29 avril 2025, à Marseille.

Il y a quelques semaines se tenait à Marseille, le Sommet Climate Chance. Le climatologue français Christophe Cassou a expliqué qu’à mesure que les températures augmentent et que la gestion de l'eau se complexifie, nous serons contraints de faire des choix, d’abord ponctuels, puis sans doute de façon permanente.

Il faudra arbitrer entre agriculture et tourisme, ou encore entre cultures vivrières et plantes à parfum".


Pour éviter cette situation, nous devons anticiper et faire évoluer nos pratiques très rapidement.

Lire aussi : Gestion de l’eau : la filière touristique française s’engage pour la sobriété hydrique


Réchauffement climatique : "une réalité que nous vivons déjà "

C'est dans ce contexte que - chose rare et à saluer - l'agence de développement touristique des Bouches-du-Rhône a rassemblé la presse locale, non pas pour parler de chiffres ou de politique de développement, mais bien... du réchauffement climatique.

Elle voulait surtout mettre en exergue son impact sur l’industrie.

"Il s'agit d'un sujet fondamental, exigeant et nécessaire. Le voyage en Provence en 2100, c'est loin, mais nous devons résoudre l’équation complexe qui lie tourisme et dérèglement climatique. C'est une réalité que nous vivons déjà dans nos paysages, dans nos activités et dans nos choix quotidiens, a lancé Danielle Milon, la présidente de Provence Tourisme.

Nous devons désormais nous poser les questions suivantes : quel paysage, quelle saison et quels équilibres devons-nous préserver ? Comment le tourisme peut-il faire partie de la solution et contribuer à construire ce futur ?" a-t-elle ajouté.

Pour la présidente de Provence Tourisme, il sera indispensable de passer d’un tourisme de conquête à un tourisme de préservation, sans appauvrir les ressources, ni éloigner les habitants.

Car, chaque année, 9 millions de touristes et 44 millions de nuitées sont enregistrés au sein du 3e parc hôtelier de France.

Aux Saintes-Maries-de-la-Mer, tous les ans, deux mètres de rivage disparaissent face à la montée des eaux. Confronté à cette situation, le secteur doit évoluer. L'urgence est internationale, nationale et même régionale. Spoiler alerte : comme pour le ski en montagne, il n'y aura pas de palliatif économique si jamais le tourisme disparait.

"Il représente 8% de l'économie de notre territoire. Nous parlons là de l’une des rares activités à bien se porter dans notre pays. Nous devons préserver cette dynamique," a complété Danielle Milon, rappelant l’urgence de travailler sur le monde d’après.

A lire sur le sujet : La décroissance, seul projet vraiment durable pour le tourisme ?

Réchauffement climatique : "Nous allons dépasser les +5 degrés à Marseille"

Cet impératif d'action est bien réel, l'année 2024 vient de nous le rappeler.

Pour la première fois, nous avons dépassé le seuil stratégique du réchauffement climatique fixé à + 1,5 degré par l’Accord de Paris. Presque tous les mois de l’année, les capteurs de la planète ont été dans le rouge.

Lors de la conférence, Joël Guiot, directeur de recherche émérite au CNRS et contributeur au GIEC, a remis le thermomètre au centre du débat.

"Quand le monde dépasse ce seuil, à Marseille le réchauffement est de +2 degrés. La ville dispose de l’une des plus anciennes séries de données météorologiques de France, commencée en 1750.

Après des oscillations au cours des dernières décennies, les températures ont augmenté en moyenne de +2 degrés en janvier et +3,5 en juillet. La moyenne annuelle est de +2,8 degrés.

Si nous continuons sur cette trajectoire, nous allons dépasser les 5 degrés de réchauffement à la fin du siècle,
" annonce, données à l'appui, le chercheur.

Pendant ce temps, le gouvernement a lancé un plan d’adaptation national pour préparer la France à +4 °C en 2100. Un chiffre dont les conséquences restent difficiles à appréhender.

Tout d'abord, plus nous attendons avant d'agir et plus il sera compliqué de s'adapter, voire impossible.

Les inondations et les incendies seront de plus en plus fréquents, comme les épidémies. La montée des eaux, pourrait atteindre un mètre partout sur le globe, entrainant la disparition de certains lieux. Les assurances ne seront plus en mesure de couvrir entre 40 et 50% des dommages causés par ces phénomènes.

"Il faudra délocaliser les Saintes-Maries-de-la-Mer. Ce n'est pas un message très optimiste poursuit Joël Guiot.

Nous sommes à Marseille, une ville qui a célébré l'arrivée de l'eau en construisant le Palais Longchamp, afin de lutter contre de grandes sécheresses et épidémies. Si nous nous projetons dans le futur, sur ce sujet, le problème est bien plus important. Les Alpes sont le château d'eau de la ville. Un réservoir fragilisé par la baisse du niveau d'enneigement".

Mesures de sobriété : "La perception est parfois négative"

Pour rendre la ville plus vivable à un horizon que beaucoup ne connaitront pas - ce qui favorise sans doute l'inaction - les seuls leviers que nous pouvons actionner sont de réduire et nous adapter.

"La ville se réchauffe plus fortement que les campagnes environnantes. Pour y faire baisser les températures, nous devons végétaliser. Une action qui rendra ces lieux plus attractifs. L’écologie ne doit pas être perçue comme punitive.

Il existe des solutions acceptables et capables d’offrir une meilleure qualité de vie,
" affirme le directeur de recherche émérite au CNRS.

C'est aussi tout le problème : la sobriété a mauvaise presse.

Le patron du Sofitel du Vieux Port, présent lors de cette conférence, a bien expliqué que les clients ne perçoivent pas toujours très bien les efforts visant à réduire la consommation d’eau et ceux pour permettre de maintenir un climat tout juste supportable.

A lire : Gaz à effet de serre : le tourisme doit (vite) agir ou mourir ?

Les plastiques ont été supprimés aussi bien pour les clients que les salariés. La direction a décidé de supprimer le saumon de son petit-déjeuner pour le remplacer par le mulet, une espèce locale ; les pots de confiture individuels ont eux aussi été remplacés.

Il n'y a plus de buffet chaud pour limiter le gaspillage. La consommation d'électricité est suivie en temps réel et les équipes objectivées tout au long de l'année pour la réduire.

"Nous devons travailler avec tout notre écosystème pour que nos fournisseurs soient engagés. Le zéro plastique n'a pas toujours été évident pour eux.

Pour revenir sur la sobriété, si demain j’enlève notre piscine, je perds 40 ou 50% de nos clients, donc nous devons revoir nos usages. La perception est parfois négative, les client ont l'impression d'être punis. Nous devons expliquer notre démarche,
" a ainsi illustré Vincent Gaymard, le directeur général de l'établissement.

Provence Tourisme : "Développer des indicateurs plus durables"

Si le bassin est maintenu, il permet depuis l'année dernière à des petits Marseillais d'apprendre à nager, grâce à l'association le Grand Bleu. Dans une ville largement tournée vers la mer, mais où 40% de ses jeunes ne savent pas nager, l'organisme contribue progressivement à combler cette lacune.

"Ce sont de très bonnes actions. Nous devons consommer mieux, plutôt que plus. Les gens exposés médiatiquement, que ce soit les personnalités, les responsables politiques ou les dirigeants d’entreprise, doivent montrer l’exemple.

Il n’y a rien de pire que des milliardaires s'offrant 10 minutes dans l’espace, pour un coût de 15 tonnes de CO2, soit ce qu'un individu devrait émettre sur 8 ans.


La vertu de l’exemple est la meilleure manière pour embarquer tout le monde, car nous devons agir sur tous les tableaux en même temps,
" affirme Joël Guiot.

Pour faire face au défi du siècle, politiques et industriels reportent la responsabilité de l’inaction sur les citoyens. Un déplacement du débat qui permet de maintenir le système actuel.

En attendant une prise de conscience générale, il est possible d'agir. Les professionnels du tourisme doivent rénover les bâtiments, pour en améliorer l'isolation, rendre la mobilité plus douce, favoriser la consommation locale... En somme : promouvoir une sobriété joyeuse.

A lire en complément : Gaz à effet de serre : le technosolutionnisme ne sauvera pas le tourisme !

Et alors qu'Antoine Nicault, le coordinateur général de l'association AIR climat, a rappelé que pour faire changer les choses, il est indispensable de partager les expériences, les actions, mais surtout renforcer les connaissances scientifiques, Provence Tourisme semble avoir entendu le conseil, en créant ce cycle de conférences.

Ce n'est pas tout : l'agence de développement a décidé de changer de lunettes pour observer son impact.

"Dans le secteur, nous parlons toujours de chiffres et de croissance, des fameux 100 millions de touristes. Nous faisons un important travail pour développer des indicateurs plus durables, totalement éloignés des seuls indicateurs économiques.

Nous allons intégrer des sujets météorologiques, d'intensité touristique, pistes cyclables et bien d'autres pour intégrer le volet environnemental principalement, mais également celui social et économique,
" a conclu Isabelle Bremond, la directrice générale de Provence Tourisme.


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