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Défaillances d'entreprises : faut-il craindre la sortie de l'été ?🔑

L'interview de Thierry Millon, directeur des études Altarès


Selon l'étude Altarès le nombre de défaillances augmente de 35 % au 2 trimestre 2023 par rapport à la même période 2022. Le secteur du tourisme et du voyage s'inscrit dans cette tendance avec une différence de taille : le niveau des faillites reste toujours en deçà des niveaux pré-covid. Nous avons fait le point avec Thierry Millon, directeur des études Altares.


Rédigé par le Jeudi 13 Juillet 2023

Défaillances d'entreprises dans le tourisme et les voyages : le cabinet Altarès dresse le bilan du 2e trimestre 2023 - Depositphotos.com Auteur siraanamwong
Défaillances d'entreprises dans le tourisme et les voyages : le cabinet Altarès dresse le bilan du 2e trimestre 2023 - Depositphotos.com Auteur siraanamwong
TourMaG - Selon l'étude Altarès, les défaillances d’entreprises au 2e trimestre 2023 sont hausse de 35 % (13 266 défaillances au total). La restauration, les petits commerces, le transport routier sont fragilisés. Qu'en est il du tourisme et du voyage ?

Thierry Millon :
Dans le voyage, cela ne se passe pas si mal, notamment si nous nous référons à d'autres métiers comme le commerce.

La situation est assez simple. Dans l'ensemble du secteur agences, voyagistes et activités de service de réservations, nous avons sur le 2e trimestre 2023 à peu près autant de défaillances que le trimestre précédent soit respectivement 26 et 28.

Nous avions seulement 19 défaillances au 2e trimestre 2022. C'est une hausse de l'ordre de 37% mais il ne faut pas s'alarmer. Cela peut paraître beaucoup dans la moyenne nationale, toutefois les chiffres sont identiques à ceux que nous avions avant la phase Covid.

Il n'y a pas de dégradation comme sur les autres métiers : la restauration, les garagistes, le commerce d'habillement sur lesquels les chiffres sont très mauvais.

Défaillances d'entreprises : "nous sommes très dessous des niveaux de 2019"

TourMaG - Si nous regardons un peu plus loin dans le rétroviseur, quel est le constat ?

Thierry Millon :
Pendant la période covid-19, les aides ont permis de maintenir un niveau de défaillance très bas.

Nous retrouvons sur le secteur voyages et tourisme, les chiffres de début 2020 au 1er trimestre et sur les agences, nous sommes un peu en dessous.

Et nous sommes très dessous des niveaux de 2019 : en début d'année nous étions à 36 défaillances et au 4e trimestre nous avions 35 défauts. Sur les trimestres précédents, en 2017 et 2018, nous avions en moyenne 25 défauts par trimestre.




TourMaG - L'inflation est tout de même une contrainte qui pèse sur le secteur...

Thierry Millon :
Oui évidemment. Et les ménages doivent arbitrer, mais nous restons sur un secteur plaisir. Les budgets sont contraints globalement, mais pas individuellement.

L'inflation est très forte sur l'alimentation. Il y a eu des efforts fournis par les entreprises pour donner du pouvoir d'achat ainsi que l'exécutif. Malheureusement une grande partie de ce bonus est versée en épargne, plutôt qu'en consommation.

Quand nous sommes sur une dépense de loisirs, elle s'anticipe et il n'y a pas de mauvaises surprises, même s'il peut y avoir des départs de dernière minute. Toutefois nous pouvons dire assez tôt, si l'activité est plutôt bien engagée ou pas.

TourMaG - Le tourisme est également sensible aux évènements politiques, et géopolitiques. Très récemment, nous avons vu que les émeutes, suite à la mort de Nahel, ont eu un retentissement à l'international.

Thierry Millon :
Effectivement sur le marché français domestique, ces évènements handicapent très clairement le tourisme local en provenance d'acteurs étrangers.

En 2023, l'environnement semble moins tendu que celui que nous avions l'an dernier à l'international avec des reliquats de covid et le début de la guerre en Ukraine.

L'atmosphère n'est pas forcément détendue mais d'une façon générale, nous avons plutôt le sentiment que ça se présente plutôt mieux dans ce secteur que dans beaucoup d'autres.

TourMaG - L'activité touristique a aussi été portée par le phénomène de revenge travel. Toute la question est de savoir si cet engouement va se poursuivre dans le contexte inflationniste ?

Thierry Millon :
<span class="podle-arthur"> L'inflation, c'est un point important qui peut avoir un impact assez naturel sur les activités connexes dans un contexte de tourisme intérieur : les dépenses sur place, les activités...

Il faut, semble-t-il, considérer que le monde a changé. Les repères que nous avions avant covid sont sans doute définitivement bouleversés. Quoi qu'il en soit, il y a un besoin de retrouver du plaisir et le tourisme porte cette "récompense". </span>

TourMaG - Reste une spécificité, le tourisme et le voyage sont portés par des acteurs de très petite taille, est-ce un point sensible ?

Thierry Millon :
<span class="podle-arthur"> Effectivement et ces acteurs peuvent effectivement basculer du vert au rouge très rapidement. Si la saison n'est pas satisfaisante, cela peut naturellement mener à une mise en défaut.

Il est important de garder cela en tête. </span>

TourMaG - C'est d'autant plus important que les entreprises doivent aussi faire face aux remboursements des aides. Est-ce là aussi un point de vigilance ?

Thierry Millon :
Pour beaucoup d'acteurs, il y a une sorte de pari qui est engagé sur cet été. Ils souhaitent profiter du regain de l'activité touristique pour entamer un mois de septembre plus serein.

Si vous attendez 100 et que vous faites 75, cela ne suffira pas à passer le cap. La concurrence souffre parfois d'une iniquité mise en place, par effet de bord, à cause des aides.

Il y a le cas d'entreprises très fragilisées qui semblent tenir et dont on pourrait avoir confiance, mais quand les comptes sont portés par la dette, il faut rester prudent. Pour le moment, ça tient.

URSSAF : les assignations amenées à s'accélérer

TourMaG - Quid de la fin d'année ?

Thierry Millon :
Attention, la bonne tenue de ce T2 ne doit pas nous faire baisser notre vigilance, car il y a encore des dettes à rembourser. Il faudra que l'été soit bon pour que certains acteurs puissent anticiper la suite.

Dans le cas inverse, nous verrons arriver des défauts sur le T4 qui est traditionnellement la période la plus difficile du semestre qui arrive. Le mois d'octobre pourrait être particulièrement compliqué, car nous saurons si les échéances de fin septembre seront passées ou pas.

C'est aussi le premier mois du dernier trimestre et vous savez si vous avez encore une chance d'y arriver ou pas.


TourMaG - Parmi les dettes à rembourser, il y a les PGE pour certains, mais aussi l'URSSAF ?

Thierry Millon :
Sur la première partie de l'année, concernant l'URSSAF les assignations ont démarré timidement. Elles sont appelées à s'accélérer à partir de septembre.

Ces assignations pourraient faire gonfler le nombre de faillites. C'est le scénario du pire. Aujourd'hui il y a une précaution de l'exécutif sur une action discriminée pour aider les entreprises à se relever, ou à changer de modèle.

La difficulté dans le voyage, c'est que l'accompagnement est davantage collectif qu'individuel, en raison de la typologie des entreprises qui sont plutôt de petite taille.


TourMaG - Quelle est la situation chez les autocaristes qui étaient en difficulté fin 2022 ?

Thierry Millon :
Dans la région lyonnaise, nous avons l'exemple d'autocaristes qui répondent à une activité de délégation de service public sur les transports en commun de proximité, à côté de l'activité loisirs.

J'ai notamment en tête un opérateur qui n'a pas été en mesure d'assurer ces lignes sous délégation de service public en raison du manque de main-d'œuvre.

Les pénalités ont été lourdes. Résultat, l'entreprise a choisi une procédure de sauvegarde. C'est quand même une société qui est dans le top 10. Cet exemple là nous le voyons tous les jours.

Il y a des métiers qui sont contraints faute de trouver les talents nécessaires à leur bonne marche. Nous sommes sur un paradoxe d'entreprises qui pourrait mourir en bonne santé.

A ce stade, il y a une forte incertitude

TourMaG - Pour terminer, êtes vous plutôt optimiste pour la suite ?

Thierry Millon :
Prudence et vigilance. J'attire l'attention car il faut aussi regarder devant et pas toujours derrière. Cela ne suffit pas, il ne faut pas s'arrêter seulement sur les comparaisons avec les périodes passées mais il faut se dire : quel est le signal aujourd'hui ?

A ce stade, il y a une forte incertitude. Toutefois, je suis optimiste car l'exécutif ne baisse pas les bras et continue de soutenir les sociétés solvables telles que les autocaristes, qui sont en souffrance faute de talents.

Ce soutien peut nous amener à avoir des réponses adaptées, efficaces et immédiates lorsqu'il y a des difficultés comme pendant la crise sanitaire, énergétique et aussi pendant les émeutes récentes.

Et ce sera le cas demain, s'il y avait une situation dangereuse qui pourrait affecter le secteur du voyage.

Baromètre des défaillance Altarès sur le tourisme et les voyages 2e Trimestre 2023

Télécharger le fichier excel en cliquant ci-dessous.

Céline Eymery Publié par Céline Eymery Rédactrice en Chef - TourMaG.com
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