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Emploi : faut-il aujourd’hui tout céder aux candidats ?

La Chronique de Frédérik Cousin, expert en recrutement cabinet Refea


Les entreprises font face à des difficultés de recrutement. Pour attirer les candidats faut-il être prêt à tout et tout céder ? Frédérik Cousin, dirigeant du cabinet Refea met en garde les employeurs sur des pratiques qui pourraient... à terme se retourner contre eux !


Rédigé par le Mardi 7 Juin 2022

Ce qui m’inquiète est que les candidats demandent beaucoup sans proposer d’avantages de contreparties comme par exemple l’engagement, l’implication, la résilience et le résultat ! - Depositphotos.com Auteur IgorVetushko
Ce qui m’inquiète est que les candidats demandent beaucoup sans proposer d’avantages de contreparties comme par exemple l’engagement, l’implication, la résilience et le résultat ! - Depositphotos.com Auteur IgorVetushko
Depuis la reprise post Covid, le marché de l’emploi est clairement à l’avantage des candidats. Moins nombreux en raison de la frilosité à changer d’entreprise, de l’augmentation ou du nombre de volontaires à la reconversion et à l’auto-entreprenariat, et aussi à la générosité du système social français, le vivier de candidats disponible n’a jamais été aussi faible.

Ceci est complexifié par un hause sensible, qui ralentit actuellement, du nombre d’offres d’emplois générés par la volonté des entreprises à rattraper le retard accumulé ainsi qu’à l’afflux massif d’argent frais des investisseurs dans les start-ups.

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En résumé, la baisse récurrente du nombre de candidats disponible ajoutée à la hausse des offres d’emplois caractérisent l’équation du marché de l’emploi à l’avantage des candidats.

5 nouveaux critères

Par ailleurs, j’observe de plus en plus une multiplication des exigences des candidats, la première est la rémunération. Il devient courant d’entendre des demandes de plus de 20% d’augmentation de salaire. Le temps de trajet entre le domicile et le travail devient un critère fondamental.

Il y a certains candidats qui limitent leurs recherches aux villes avoisinantes ! Le télétravail est également une attente forte. Il faut que les 2 premiers critères correspondent aux attentes pour outrepasser l’absence du télétravail, mais cela reste rare.

Certains candidats réclament 100% de télétravail, notamment depuis la province. Le temps partiel revient aussi en force. La réactivité fait également partie des nouvelles attentes.

Ces derniers mois, le manque de rythme du processus de recrutement et de disponibilités rapides des employeurs pour rencontrer les candidats génèrent des sorties prématurées et surprenantes !

Leur téléphone sonne tellement que le moindre grain de sable dans le parcours candidat les dissuade de poursuivre.

In fine, le quête de l’équilibre entre la vie privée et professionnelle est la nouvelle donne des attentes des candidats.

La tension du marché de l’emploi suscite beaucoup d’excès

J’ai l’impression parfois d’assister à une liste de courses. La tension du marché de l’emploi suscite beaucoup d’excès dans les revendications des candidats. Plus grave, parallèlement, je ressens une baisse du goût de l’effort pour travailler.

Chez mes clients, j’entends souvent l’expression qui dit que les candidats souhaitent le beurre, l’argent du beurre et la crémière ! Ce qui m’inquiète est que les candidats demandent beaucoup sans proposer d’avantages de contreparties comme par exemple l’engagement, l’implication, la résilience et le résultat !

Face à cette situation complexe, les entreprises doivent pourtant se staffer pour bien fonctionner et croître. Alors faut-il tout accepter ?

Quelques entreprises américaines rémunèrent les candidats dans l’IT juste pour qu’ils assistent au premier entretien. Et la prime augmente au fur et à mesure de l’avancée dans le processus du recrutement, jusqu’à verser une prime de bienvenue à l’embauche, assortie d’une durée de présence dans l’entreprise d’un an minimum ! Incroyable !

Attention au politique à court terme !

Et là je me dis que c’est trop ! Cette politique à court terme est dangereuse non seulement pour l’économie actuelle mais c’est aussi un mauvais message adressé aux candidats.

Les risques sont de :

- Transformer les salariés en mercenaires se vendant au plus offrant

- Fragiliser la valeur travail

- Réduire l’intérêt d’un projet et d’un épanouissement professionnel face à celui de l’argent

- Compliquer la vie de l’entreprise, surtout en cas de retournement de marché, inéluctable à terme

Je comprends qu’il soit tentant « d’acheter » les candidats afin d’accélérer le processus de recrutement. Mais si les entreprises cèdent, elles alimentent une mécanique néfaste à l’équilibre des comptes et aux investissements de demain.

Il est faux de croire que plus les rémunérations et les avantages sont élevés, plus les collaborateurs seront performants. Pire, en acceptant leurs conditions, les entreprises prennent le risque de créer des barrières à la sortie.

En effet, le candidat démotivé qui veut changer d’entreprise ne pourra pas partir facilement car il ne trouvera pas forcément le même niveau de rémunération. La conséquence est que les entreprises conserveront les collaborateurs moins performants qui, potentiellement, auront une mauvaise influence sur le niveau de motivation de leurs collègues.

L’immobilité professionnelle sera encore plus forte que celle que nous subissons actuellement. Le risque est de fonctionnarisé les salariés du privé.

En conclusion, tout d’abord je préconise de concéder seulement l’acceptable avec une vison long terme, de considérer les candidats comme des clients, de soigner le parcours candidat et surtout de valoriser les collaborateurs fidèles et loyaux déjà présents dans l’entreprise.

Ensuite, l’idéal serait de transformer les collaborateurs en ambassadeurs, de les inclure dans le processus de recrutement. Il est intéressant et utile de les inciter à ce qu’ils donnent naturellement envie aux candidats de les rejoindre. Le témoignage de pairs rassure toujours.

Enfin, concernant la rémunération, réintroduire la notion de variable sur des objectifs quantitatifs et/ou qualitatifs récompensant la performance individuelle et/ou collective est psychologiquement un vecteur de motivation pour attirer et fidéliser les collaborateurs. C’est aussi une manière d’évaluer leur capacité à s’engager.

Retrouvez tous les articles de Frédérik Cousin en cliquant ici.

Frédéric Cousin - DR
Frédéric Cousin - DR
Passionné par le recrutement, entrepreneur et dirigeant du cabinet Refea, Frédérik Cousin s’attache à partager ses conseils et anecdotes en matières de recrutement, depuis la stratégie à l’intégration à ses clients et candidats. Soucieux de contribuer à l’amélioration des pratiques et des outils liés au marché de l'emploi, il écrit et délivre ses idées et positions notamment dans une chronique bimestrielle.

fc@refea.fr

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Commentaires

1.Posté par Sebastien Le Caro le 08/06/2022 08:44 | Alerter
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Bonjour,
Cela fait tellement longtemps que la pression sur le marché du travail était inverse, c'est donc une bonne chose, n'en déplaise aux recruteurs.
Ce n'est pas parce que la rémunération est importante aux yeux des candidats que cela fait d'eux pour autant des mercenaires. Et quand bien même, dans le salariat, l'employé fournit un service ; il n'est pas propriétaire de l'entreprise, il doit travailler avec conscience professionnelle mais n'a pas à le faire pour la gloire.
Enfin, il serait temps que les multiples offres d'emploi mentionnent de suite la rémunération, ce qui est encore trop peu souvent le cas. Idem dans un processus de recrutement quand on est sollicité par un cabinet qui est choqué lorsqu'on parle de salaire dès la première conversation.
Ne vous formalisez pas ! Si c'est pour l'apprendre au bout de 3 ou 4 entretiens (véridique), ça fait perdre du temps à tout le monde !
D'ailleurs pourquoi ne pas en parler de suite ? c'est culturel ? parce qu'en France on n'aime pas parler de ce qu'on gagne ? c'est parce qu'on veut le candidat soit d'abord motivé par le job ? ainsi, si il lui fait envie, il sera moins gourmand ?
En effet, le rapport s'inverse un peu actuellement, après des dizaines d'années de forte pression du chômage. Ne nous en plaignons pas.

2.Posté par Christian Jean le 09/06/2022 07:02 | Alerter
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Bonjour,
Il est très clair que ce sont les employeurs qui rémunèrent et font vivre l'auteur de cet article. D'où sont "objectivité" débordante.
Cordialement.

3.Posté par Zoe le 13/06/2022 23:15 | Alerter
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Normal, sans les employés les patrons ne sont rien

4.Posté par Agv v le 06/09/2022 05:41 | Alerter
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Est ce que Frederik Cousin, travaille pour la gloire ? Et certainement avec un salaire nettement supérieur à celui d'un AGV. , parce que c'est pas difficile d'avoir une rémunération plus forte vu la moyenne dans notre secteur. Alors oui, bien fait pour ces patrons qui profitent depuis tant d'année, l'investissement personnel, le stress, les heures sup jamais payées. La roue tourne, vous voulez des bons employés, payez les dignements.

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