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Univairmer : neuf mois après, quel est le bilan pour les repreneurs ?

Malgré les pertes conséquentes, les repreneurs sont satisfaits


Fin mars 2025, après six mois d'une chute sans fin, les salariés d'Univairmer savaient enfin ce que leur réservait l'avenir. Les points de vente repris étaient dévoilés et une majeure partie des effectifs pouvait souffler : ils ne se retrouveraient pas au chômage. Près de neuf mois plus tard, nous avons appelé les repreneurs pour faire un point sur cette aventure entrepreneuriale, humaine et aussi financière. Alors, quel bilan pour les ex-Univairmer ?


Rédigé par le Lundi 24 Novembre 2025

Malgré les pertes conséquentes, les repreneurs des 47 agences Univairmer sont satsifaits - Depositphotos @VectorMine
Malgré les pertes conséquentes, les repreneurs des 47 agences Univairmer sont satsifaits - Depositphotos @VectorMine
Fin mars 2025, des larmes coulaient sur les joues des équipes d'Univairmer.

Pour une majorité, ce fut des larmes de bonheur, de savoir que demain, ils allaient pouvoir reprendre leur travail sans la boule au ventre qui s'était installée les mois précédents, à cause d'une gestion rocambolesque et que certains observateurs qualifieront d'amatrice, pour rester polis.

Puis quelques autres se sont retrouvés du jour au lendemain sans contrat. C'est le lot des liquidations, même si les repreneurs ont tout fait pour limiter la casse sociale.

D'une façon générale, le soulagement de refermer cette page douloureuse primait sur les autres sentiments.

La reprise n'a pas été pas de tout repos, mais rien n'est venu troubler la remise en route des 47 agences, pas même la prise de poste de Thibaut Aufort, celui par qui la chute du réseau est arrivée.

Parti prendre la direction générale de Captain, une agence spécialisée dans la transmission d'entreprises en France, l'ancien dirigeant a tourné le dos au secteur.

S'il semble avoir tourné la page, neuf mois plus tard, les agences se sont-elles relevées, tout comme les salariés ?


Univairmer : les raisons des motivations d'un rachat à fortes pertes

"Ils ont vécu des choses difficiles, avec des rachats qui se sont mal passés et un management qui n'a pas été présent pendant les évènements qui ont entraîné la liquidation.

Sur le plan humain, l'intégration se passe très bien, et ces premiers mois ne font que confirmer l'image positive que nous avions des équipes lors des échanges au tribunal.

Il a fallu reconstruire derrière en partant de ces bases.
Cependant, plusieurs points sont extrêmement positifs dans cette aventure,
" analyse François Piot, à la tête de l'offre victorieuse.

Autour du patron Meurthois, nous retrouvons une floppée d'acteurs du tourisme qui ont répondu présent pour arracher la décision et ne pas voir les 52 agences tomber dans l'escarcelle du puissant dirigeant lyonnais.

L'enjeu n'était pas personnel, mais bien de maintenir un minimum de concurrence dans le paysage de plus en plus oligopolistique.

"Quand on voit certains acteurs prendre autant d'ampleur sur le marché, bien sûr que ça fait peur.

Je suis tellement petite que j'ai peu d'opportunités de grandir. Les rachats se font à l'intérieur des réseaux et même, ils sont intra-générationnels. Bien souvent, ce sont des départs à la retraite, ils en parlent à leurs copains lors des congrès.

Je n'existe pas sur ce marché, personne ne pense à moi.

À la base, je ne voulais qu'une agence, mais dans l'emballement général, et aussi parce que François (Piot) en avait pris beaucoup, nous devions le soutenir,
" explique Tiphaine Heem-Fihey, la présidente de Kit Voyages et heureuse propriétaire de 3 nouvelles agences de voyages, dont un service billetterie.

Dans le dossier victorieux déposé par Objectif Lune, nous retrouvons des noms bien connus de l'industrie comme Verdié Voyages, Avita Voyages et d'autres qui le sont un peu moins.

Au premier rang desquels nous retrouvons Carré Voyages et son dynamique dirigeant, qui a découvert la distribution touristique en 2017 après un passé de directeur financier.

"Je me suis retrouvé dans cette liste un peu par hasard.

J’y allais pour apprendre le process de reprise d’une entreprise au tribunal de commerce, et pas nécessairement pour reprendre des agences. J'ai fait mes calculs, en cas de reprise, puis lors de l'offre valorisée, j'ai dû tout reprendre, notamment réfléchir à ce qui se passerait si tout se passait mal.

Puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvé avec deux agences,
" nous partage Marc de Navacelle.

Univairmer : "Les salariés se sont rendus compte que nous n'étions pas des rapaces"

Ce n'est pas tout, car l'administrateur des Entreprises du Voyage Île-de-France se retrouve aussi avec deux salariés en dehors de ces points de vente : une personne du service groupes et un comptable.

"Nous devions aussi reprendre du staff du siège social.

Je ne vais pas vous mentir, au début je me demandais où j'allais. Il fallait surenchérir pour le bien du collectif ; finalement, le pari s'est avéré gagnant.

Comme nous avons grossi très rapidement, avoir un comptable supplémentaire et qui connaît le secteur, c'était plus que bienvenu. Puis, finalement, par le passé, nous avions des demandes groupes que nous ne pouvions pas honorer.

Et donc, gros coup de chance bis, nous nous retrouvons avec une perle qui travaille super bien et qui complète parfaitement l'équipe,
" poursuit le dirigeant de Carré Voyages.

Il n'est pas le seul à s'être retrouvé avec des salariés ou des métiers qui sortaient totalement du quotidien des repreneurs.

Kit Voyages a dû intégrer un service de billetterie, quand Adriana Minchella a elle dû absorber le plateau affaires, composé de 6 salariés, dans des locaux situés à plus de 800 km de ses bases historiques.

Un autre défi qui a finalement été rapidement relevé.

"C'est François qui m'a forcé la main et je lui en remercie.

Au départ, je ne voulais prendre que le plateau, puis je me retrouve avec l'agence de Dieppe, que je ne connaissais pas du tout, et Divonne, que je ne savais pas du tout situer sur une carte (rires, ndlr).

Finalement, ce sont des activités qui fonctionnent maintenant très bien. Les salariés se sont rendus compte que nous n'étions pas des rapaces, que nous avons participé au sauvetage d’autant de salariés.

Effacer tout le passif humain n'a pas été facile. J'ai repris une équipe qui ne voulait pas être reprise. Après une présence au quotidien, ils nous disent qu'ils n'avaient jamais vécu cette réassurance et ce soutien que nous leur apportons,
" nous partage, soulagée, la présidente d’Ellipse Voyages

Univairmer : des agences en "décrépitude totale"

Les premières semaines ont été dédiées à soigner les plaies, en rassurant les équipes.

Au regard du traumatisme laissé par un management qui avait fait miroiter monts et merveilles, alors même que la trésorerie se vidait à vitesse grand V et que les fournisseurs voyaient les impayés s'empiler, on pourrait se dire que ce travail de réassurance a été compliqué.

Pourtant, la réalité a été tout autre.

"La procédure a été très rapide. En six semaines, tout le monde savait de quoi serait fait leur avenir.

Je ne veux pas parler pour tout le monde, les 12 repreneurs, mais je pense que mes camarades partageront aussi cela : le gros point positif, c'est que nous avons récupéré des équipes motivées.

Même si elles ont traversé des difficultés, elles se réjouissaient que ce soit nous
les repreneurs,
" estime François Piot.

Tous les patrons sont unanimes, ils sont heureux de leurs recrues, sans distinction.

"Nous sommes en train de finaliser le changement des enseignes.

Il n'y a pas eu un énorme entretien de fait par le passé sur les points de vente. C'était plutôt du cache-misère. Ils n'investissaient pas sur l'avenir. J'ai ramené des objets pour arranger les agences et les égayer. Pour celle de Creil, l'historique, il faut faire de gros travaux, ses bureaux sont pourris, donc cela nécessite de remettre un billet important.

L'état est tel que je préfère repartir de zéro, et nous avons déjà visité des locaux dans le centre-ville,
" nous annonce Tiphaine Heem-Fihey.

Et ce cas n'est pas isolé, loin de là.

Marc de Navacelle a dû investir pas mal d'argent pour remettre à niveau ses deux agences, alors que l'une d'entre elles partait de très loin. Il a aussi dû investir en communication et dans les événements locaux, pour rassurer les clients qui avaient déserté après la liquidation.

Si les agences et les salariés sont maintenant bien intégrés, la remise en route a aussi été poussive pour Yves Verdié.

Univairmer : une reprise difficile financièrement, mais aucun arbitrage en 2025 !

"La décrépitude était totale. On a repris le bail des agences, et il faut qu'on aille au bout pour changer de lieux.

On a déjà rééquipé les bureaux en bureautique, avec double écran pour tout le monde. Il faut imaginer qu'ils avaient des installations informatiques datées et totalement obsolètes ; même le contrat de wi-fi coûtait très cher en raison de son ancienneté.

Nous avons mis les équipes dans des conditions optimales. Elles partent en voyages d'études, elles peuvent participer à des événements, ce n'était pas quelque chose d'habituel.

Ils ne se sont pas rendus compte qu'ils avaient un personnel en or, que ce niveau de compétence est rare,
" affirme la patronne du Cediv.

Cette reprise est humainement belle, mais coûteuse pour les repreneurs.

Non seulement il a fallu remettre en état de marche 47 agences, tourner la page douloureuse de la liquidation et réamorcer l'activité quasiment au pire moment.

Début avril 2025, lors de la remise des clés, la haute saison des ventes est terminée, et cela coïncide avec un net tassement de l'activité partout dans l'Hexagone.

L'addition est salée pour tout le monde. François Piot avoue perdre 6 000 euros par mois et par agence, quand Carré Voyages affiche un peu plus au bilan, autour de 9 000 euros.

Pour Ellipse Voyages, cela ne sera pas neutre, mais comme pour tous.


"Nous aurons plus de visibilité dans 6 mois, une fois que janvier et février seront passés.

Au niveau du Cediv, l'arrivée de ces nouvelles agences va nous permettre de combler les départs et d'afficher un bon résultat en 2026. Je suis très confiante sur mes agences, d'ores et déjà, j'en ai trois qui carburent, donc il n'y a aucune raison que ça ne soit pas le cas pour les autres,
" poursuit Adriana Minchella.

Pour les repreneurs interrogés, le bilan des intégrations ne se fera pas à la fin de l'année.

Il faut laisser passer la haute saison des ventes et une année complète d'exploitation, en espérant aussi que le contexte politique et économique soit plus favorable pour la distribution touristique.

"Commercialement, il faut évidemment relancer tout ça.

Il y a des agences qui repartent plus vite que d'autres. Nous avons commencé à travailler à la reconquête de la clientèle avec des soirées clients : chaque point de vente en a organisé une.

Ensuite, on a repris seulement le portefeuille, puisque les commandes ne nous appartenaient pas : elles étaient la propriété de la procédure.

On ne s'attendait pas à faire des scores phénoménaux à la reprise, il n'y aura pas d'arbitrage, il faut laisser le temps au temps
,
" se veut philosophe François Piot.

Univairmer : Borsi Reibenbger aura été de tous les sauvetages

Le constat est le même pour Carré Voyage, il n'est pas l'heure de tirer une quelconque conclusion.

"Nous allons très rapidement arriver dans les renouvellements des baux.

Si je vois que ça ne marche pas dans un an, je ne vais pas repartir sur un contrat de trois ans, mais ça ne veut pas dire pour autant que je vais licencier,
" imagine Marc de Navacelle.

Et si la reprise a été délicate pour les finances des uns et des autres, les dirigeants ont pu bénéficier d'une petite bouffée d'oxygène.

Grâce à un accord avec Groupama, par l'intermédiaire de Boris, ils ont pu toucher une partie des marges réalisées avant la faillite, contre la gestion des dossiers.

Et ce n’est pas le seul coup de pouce du président d'Xplorassur, très engagé durant toute la descente aux enfers d'Univairmer.


"Son intervention auprès de Groupama a permis de fluidifier et faciliter notre travail.

Les dossiers de voyages qui étaient encore en cours, dont l'un dramatique nous concernant, Boris est intervenu et a permis de tout débloquer. Ces dossiers en souffrance, sans lui, n’auraient jamais été solutionnés.

Je lui tire mon chapeau,
" reconnaît Adriana Minchella.

Finalement, la chute d'Univairmer, dont la gestion de l'ancien management a été dramatique, s'avère être pour d'autres une formidable aventure humaine.

Il reste maintenant aux équipes de transformer l'essai.

Tout notre dossier sur Univairmer :



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